Billet : Si vis pacem, para bellum : Celui qui veut la paix doit préparer la guerre.

L’heure est au grand changement géopolitique mais nous nous y refusons. Partout sur terre, l’ordre occidental est contesté mais nos dirigeants ne le voient pas ou s’y refusent à l’admettre. Petit billet d’humeur.

Comme le disait, Végèce in Epitoma Rei Militaris

« Ainsi, celui qui désire la paix devrait préparer la guerre. Celui qui désire la victoire devrait entraîner soigneusement ses soldats. Celui qui désire des résultats favorables devrait combattre en se fiant à ses habiletés et non à la chance. »

Cette phrase décrit clairement la situation de notre monde actuel. Un monde multipolaire, divisé où les alliances ne seront jamais stables. Chaque puissance jouera de sa partition en fonction de ses intérêts. Ainsi, l’ennemi de mon ami peut être mon ami, l’ennemi de mon ennemi est mon ami mais mon ami peut devenir mon ennemi. Le droit international sera quant à lui bafoué et les populations en grande souffrance.

Chinese President Xi Jinping (R) prepares to shake hands with Venezuela’s President Nicolas Maduro before their meeting at the Great Hall of the People in Beijing on September 1, 2015. Maduro is in Beijing to attend China’s huge military parade on September 3 marking Japan’s defeat in World War II. AFP PHOTO / POOL (Photo by Parker Song / POOL / AFP)

De nouvelles puissances, pas si nouvelles que ça, reviennent sur le devant de la scène géopolitique et avec elles, leur vision du Monde. On peut parler de la Russie, de la Chine, de l’Iran, de l’Inde et de la Turquie, jadis de grands Empires, défaits durant les siècles précédents par la puissante machine industrialo militaire de l’Occident. La Turquie fut le berceau du grand Empire Ottoman qui disparu après la Ie Guerre Mondiale en 1922 et l’avènement de la République de Turquie en 1923 par Mustapha Kemal dit Atatürk. Membre actif de l’OTAN, abritant des bases militaires occidentales sur son territoire, Ankara joue clairement un double jeu. Alliée de l’Occident mais rivale de Pékin, elle exerce une influence de plus en plus grande dans le Monde arabo musulman depuis qu’elle s’est positionnée contre la politique sioniste du gouvernement de Benjamin Netanyahu. Elle a commencé à reprendre son hégémonie en Asie Centrale avec des alliances naturelles avec les pays de la Région par exemple l’Azerbaïdjan comme on a pu le voir avec la guerre au Haut-Karabagh opposant Erevan à Bakou qu’elle a armée. Aujourd’hui, la Turquie se déploie même hors de sa sphère géolinguistique comme en Libye où elle soutient et équipe l’armée nationale libyenne. En Somalie, Ankara tient à être présente dans cette zone stratégique du globe et pourquoi pas ? Nous occidentaux ainsi que les Chinois, les Japonais, nous sommes à Djibouti.

La Chine surnommée l’Empire du Milieu fut l’un des plus grands empires que l’humanité n’ait jamais connu. Sa puissance commerciale et sa maitrise de l’argent suscitait des convoitises. Il a fallu deux Guerres de l’Opium en 1839 et 1856 pour mettre à genoux le géant chinois. Toutefois, il est de retour plus fort que par le passé. A la fois partenaire et rivale, avec la Chine, nous ne savons pas sur quel pied danser. Elle mène sa propre diplomatie, n’hésite pas à interférer dans les affaires du Monde et poursuit son ascension à tous les niveaux ( économiques, sportifs, militaires, scientifiques.)

Pendant des millénaires, l’Iran fut le berceau d’une grande civilisation, l’Empire Perse qui s’étala sur plusieurs millénaires avec plusieurs dynasties toutes plus puissantes les unes que les autres. Il disparu définitivement en 1979 au profit de la République Islamique d’Iran lors de la révolution conduite par l’Ayatollah Khomeini, balayant la monarchie. Néanmoins, malgré les sanctions qui minent son économie depuis 1979, l’Iran est bien une puissance régionale qui montre sa détermination à défier l’Occident avec la question du nucléaire ou encore ses proxys comme le Hezbollah, les milices Shiites d’Irak, les Houthis du Yémen et le Hamas à Gaza.

La Russie, on le sait fut le territoire d’un grand empire qui disparu à plusieurs reprises mais a cette chance de se reconstruire. On pense à l’Empire des Tsars puis l’URSS aujourd’hui, la Fédération de Russie conduite par Vladimir Poutine. Forte ses alliances nouées au fil des décennies passées avec les pays anciennement colonisés par l’Occident ou ceux sous influence directe depuis des siècles, la Russie est une actrice majeure de la scène mondiale. Guerre catastrophique en Ukraine ou pas, elle est toujours à la manœuvre. Vladimir Poutine, tel un Tsar tient fermement la barre et continue de nous déstabiliser même sur des terres qui nous étaient acquises, l’Afrique Subsaharienne et même chez nous avec son appareil de désinformation, ses hackers et ses pétrodollars pour aider des partis politiques ( de gauche ou d’extrême droite) acquis à sa cause.

Quant à l’Inde, elle fut aussi l’une des terres du plus grand Empire de l’histoire de l’Humanité, l’Empire Mongol dont l’ordre fut renversé par la colonisation britannique. Dirigée par l’ultranationaliste hindou, Narendra Modi, l’Inde entend jouer un rôle dans ce siècle bouleversé. Alliée historique indéfectible de la Russie mais aussi d’Israel, elle est opposée à la Chine. Pourtant, cela ne l’empêche pas d’être dans les BRICS ( Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud et désormais Ethiopie) où se trouve pourtant son éternel ennemi chinois. Elle use de son influence planétaire grâce notamment aux communautés indiennes installées parfois depuis au moins un siècle dans nos pays. En guerre mi froide/mi chaude avec le Pakistan, elle entretient des relations très chaleureuses avec Téhéran et soude depuis 1947 des relations diplomatiques et économiques avec nos chancelleries dans des rapports ambigus au point où l’on peut se demander si nous sommes des alliés ou de potentiels ennemis ?

Toutes ces puissances sont de retour pour reprendre leur dû. Chacune à son agenda et défendra ses intérêts. Cela se fera par les armes ou par la diplomatie. Espionnage, développement technologique, développement des agences de presse nationales, augmentation des budgets militaires, retour de l’ordre militaire dans les sociétés jadis pacifiques, utilisation des communautés installées dans les pays ennemis et alliés sont une simple mise en bouche de ce que le XXIe siècle est : le siècle de la Terra Bellum.