Après deux élections où son parti a perdu et deux mois de suspens, de consultations, Emmanuel Macron a fait son enfin choix. Celui qui aura la charge de former un gouvernement est Michel Barnier. Un homme de droite dans une France qui a voté à Gauche.
Ce fut la plus grande transition politique de l’histoire de la Ve République. Pour rappel, après les élections européennes où son parti a été clairement battu, Emmanuel Macron avait enclenché une dissolution de l’Assemblée Nationale en convoquant les Français dans de nouvelles élections législatives qui là encore n’ont pas réussi au clan présidentiel puisque c’est la gauche regroupée au sein du NFP qui l’avait remporté. Ce désaveu des citoyens avait poussé le président Macron a revoir sa politique intérieur et générale en envisageant comme la tradition le voulait à une cohabitation avec le groupe politique qui est arrivé en tête, comme ce fût le cas sous Mitterrand en cohabitation avec Jacques Chirac ou encore quand Jacques Chirac était en cohabitation avec Lionel Jospin.
Après deux mois de suspens, de consultations faites entre les Jeux Olympiques et les Paralympiques qui continuent, on connait le nom de celui qui aura la charge de former un gouvernement. Son nom : Michel Barnier. L’homme n’est pas un novice en matière de politique. Il est même très connu puisqu’il a été quatre fois ministre, deux fois commissaire européen, député, sénateur, conseiller spécial du président de la Commission. A 73 ans, il signe donc son grand retour sur l’échiquier du pouvoir. L’insaisissable et ultra-tenace nouveau Premier ministre Barnier se targue d’une carrière politique d’une rare longévité. Maitre des dossiers qu’il a géré, homme de pouvoir et de connexions. Il aura donc la lourde tâche de former un gouvernement unitaire qui devra satisfaire l’ensemble des Français à travers ses représentants politiques.
Ainsi, le chef de l’État, qui semblait prêt à nommer Xavier Bertrand ou encore Bernard Cazeneuve encore jusqu’à mercredi, a fait marche arrière et a donc choisi l’ex-commissaire européen de droite.
Il est vrai que comme nous l’écrivions en début d’article, on aurait pu s’attendre à une nomination d’un chef de file issu de la Gauche mais rappelons que le résultat des élections législatives n’a pas permis de dégager une majorité à l’Assemblée nationale. Tripartite, cette dernière n’a pas non plus pour le moment de perspective de coalition. Droite républicaine et bloc central seraient prêts à travailler avec les socialistes. Mais ces derniers excluent pour l’instant toute sortie de l’alliance du Nouveau Front populaire qui l’unit à La France insoumise.
La décision du Chef de l’état fait clairement pas que des heureux, particulièrement à gauche tandis que d’autres y voit le retour d’un dinosaure de la droite car oui, Michel Barnier est dans les arcanes du pouvoir depuis qu’il a 22 ans, une époque où il fut désigné comme le plus jeune ministre de l’histoire. Désormais à 73 ans plus vieux Premier ministre de la République après avoir exercé à peu près toutes les fonctions disponibles dans la République, d’élu local, à ministre, en passant par la Commission ou encore la négociation du Brexit On peut qu’il est un poids lourd de la politique nationale et même européenne. L’homme a aussi tenté une percée comme chef de file des Républicains lors des élections présidentielles de 2022. Il remplace donc Gabriel Attal qui lui fut le plus jeune premier ministre.
Figure historique de la droite française
Membre du RPR et de l’UMP, Michel Barnier, 73 ans, est une figure historique de l’actuel parti « Les Républicains », dont il avait brigué la primaire en vue de l’élection présidentielle de 2022. Il avait alors terminé troisième avec 23,93 % des voix, derrière Éric Ciotti et Valérie Pécresse. Sa feuille de route présidentielle prévoyait entre autres mesures un « moratoire » sur l’immigration. D’une fidélité à sa famille politique jamais démentie, Michel Barnier entretiendrait de bons rapports avec Laurent Wauquiez, actuel président de La Droite républicaine à l’Assemblée nationale.
Contrairement à d’autres profils pressentis au cours des dernières semaines pour Matignon, il n’aurait plus d’ambition présidentielle, ce qui rend le poste de Premier ministre moins périlleux le concernant.
Ministre à plusieurs reprises
Son histoire politique est jalonnée de mandats en tant que député national, européen et sénateur. Michel Barnier a également été partie prenante de plusieurs gouvernements. Ministre de cohabitation à l’Environnement de 1993 à 1995 sous François Mitterrand, il a également été ministre délégué aux Affaires européennes (1995-1997), des Affaires étrangères (2004-2005), de l’Agriculture et de la Pêche (2007-2009), sous Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy.
Commissaire européen et négociateur du Brexit
Commissaire européen, il s’est occupé de la Politique régionale dès 1999 avant d’hériter du stratégique portefeuille du Marché intérieur et des Services à partir de 2010. C’est à lui qu’est revenue la délicate mission de négocier le Brexit pour l’Union européenne.
Nommé en 2016 par le président de la Commission européenne d’alors, Jean-Claude Juncker, Michel Barnier a été l’artisan en 2021 de l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Quels nouveaux pouvoirs pour Michel Barnier?
C’est l’article 21 de la Constitution qui fixe les missions du Premier ministre. Au locataire de Matignon revient la direction de l’action du gouvernement. Ce dernier se compose des ministres et des secrétaires d’État nommés par le Président de la République sur proposition du Premier ministre. C’est au gouvernement de déterminer et conduire la politique de la nation.
Michel Barnier est également responsable de la défense nationale en sa qualité de Premier ministre. Il assure l’exécution des lois et veille à l’application des ordonnances et décrets. Enfin, il coordonne l’action gouvernementale en arbitrant les politiques décidées dans les différents ministères et en les priorisant.
Toutefois, le Premier ministre n’est pas le supérieur hiérarchique des autres ministres. Et il ne peut pas leur imposer de prendre une décision qu’ils ne veulent pas assumer.
Ce dernier, composé de ministre et de secrétaires d’État, est en charge de déterminer et de conduire la politique de la nation. Dans ce cadre, le Premier ministre devient un chef d’orchestre politique et doit éviter, via des arbitrages, que les actions des différents ministres aillent dans des sens opposés.
Le Premier ministre peut proposer la révocation de n’importe quel ministre au président de la République en cas de faute grave.
Pouvoir réglementaire et initiative législative
Le Premier ministre est aussi responsable de l’exécution des lois et exerce le pouvoir réglementaire en pouvant prendre des dispositions pour traiter d’un sujet qui ne relève pas du domaine de la loi.
Il détient l’initiative législative et peut donc, par définition, présenter des projets de loi au Parlement. Le décret de présentation qui accompagne les projets de loi déposés à l’Assemblée nationale ou au Sénat est d’ailleurs signé par le Premier ministre.
Le Premier ministre peut, de manière exceptionnelle, remplacer le Président pour présider le Conseil des ministres. Enfin, il est aussi responsable de la défense nationale, même si, les grandes orientations demeurent fixées par le président de la République.
L’une des missions de Michel Barnier sera de satisfaire les députés de l’Assemblée Nationale qui sont en grande majorité issus de la Gauche. Comme laissait entendre la députée Ensemble pour la République (ex-Renaissance), Aurore Bergé, traçait le 4 août dernier dans le Figaro les gros traits de la mission du futur Premier ministre dans cette période particulière: il doit être capable de naviguer avec le Parlement et « avoir une solide expérience du compromis » tout en étant « respecté des députés ».
En cas d’opposition aux futures Lois à venir, il existe tout un tas de règles avant le recours au 49-3. Il existe aussi en effet « un pouvoir réglementaire autonome, avec son propre lot de décrets, d’arrêtés, d’ordonnances, de circulaires », comme le rappelait début juillet dans Le Monde, le professeur de droit public à l’université Paris-Saclay Julien Boudon. Et ce dernier souligne le « rôle majeur » du Premier ministre, « au cœur de la machine administrative ».
Beaucoup de dispositions existent qui autorisent ainsi le contournement des débats de l’Assemblée nationale pour permettre le passage de quelques réformes. Ainsi au sein de l’Éducation nationale par exemple, peu de réformes éducatives nécessitent une loi. Les changements dans l’organisation des enseignements, les évolutions des programmes scolaires ou les modifications de la formation des professeurs ne demandent qu’un texte réglementaire, arrêté ou décret.
Puis si le futur Gouvernement ne parvient à faire consensus, le 49-3 utilisé à son maximum par l’ancienne première ministre Elisabeth Borne.
Michel Barnier et les Outremers :
Parmi les nombreux dossiers qu’il aura à gérer, les Outremers et les différentes problématiques propres à chacun des onze territoires. Vie chère qui mobilise des citoyens principalement en Martinique, évolution statutaire pour d’autres, transition écologique, autonomie agricole et alimentaire, démographie. Autant de dossiers qu’il a déjà eu à gérer par le passé et en tant que Premier Ministre, il devra choisir une personne apte à gérer ces dossiers qui attendent d’être traités en profondeur.
Homme de droite, gaulliste et chiraquien, Michel Barnier est clairement contre toutes formes d’indépendance de ces territoires notamment la Nouvelle-Calédonie qui connait depuis plusieurs mois des flambées de violence sporadiques depuis le 3e Referendum sur l’évolution statutaire du Caillou. Pour rappel, Conformément à l’accord de Nouméa, la demande officielle pour un troisième vote ne pouvant avoir lieu qu’à partir du 4 avril 2021, elle intervient le 8 avril, les deux groupes FLNKS au Congrès, l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) et l’UC, demandant la convocation d’un troisième référendum pour 2022 (l’UNI ayant initialement défendu un scrutin dès 2021). Le gouvernement français fixe au 12 décembre 2021 la date de ce troisième référendum. Toutefois, une partie des organisations indépendantistes appelle à la non-participation au scrutin, et moins de 44 % des électeurs se déplacent pour voter. Il donne comme résultat 96 % de non à l’indépendance et 3,5 % de oui. Depuis 2024, face à l’échec des négociations entre les différents partis sur le dossier, l’archipel est en feu. Michel Barnier et le futur Ministre des Outremers de pleins exercice ou pas, devront trouver un compromis avec la population Kanak.
Dès 1996, Michel Barnier parlait déjà de l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. « La nature du lien entre la Nouvelle-Calédonie et l’ensemble français, l’accroissement de la responsabilité locale, les moyens d’assurer à la Nouvelle-Calédonie un développement économique et social équilibré sont les principaux sujets discutés. »
À l’époque, le statut du Caillou était fixé par les accords de Matignon en attendant l’organisation d’un référendum d’autodétermination en 1998, qui arrivera finalement bien plus tard. 25 ans après, dans une tribune intitulée L’Outre-mer, ce cœur battant de la France et publiée dans le cadre des primaires des Républicains pour l’élection présidentielle de 2022, le discours de Michel Barnier est beaucoup plus clair. « Sans détour ni faux semblant, j’apporte mon plein soutien à ceux qui voteront pour que la Nouvelle-Calédonie reste française« , écrit-il, quelques semaines avant le 3e et dernier référendum sur l’indépendance prévu par l’accord de Nouméa.
Comme le souligne nos confrères de La 1ère, Michel Barnier avait publié une Tribune sur le média ultramarin nommé » Outremer, ce coeur battant de la France. » Tribune dans laquelle, il affirmait comprendre les difficultés de ces territoires ultrapériphériques : : « Comme ministre, en particulier de l’agriculture de l’alimentation et de la pêche, mais aussi comme commissaire européen en charge de la politique régionale, je m’y suis très souvent rendu pour défendre des dossiers très concrets et veiller à ce que ces territoires soient bien pris en compte dans le cadre des politiques des régions ultrapériphériques de l’Union européenne. »
En 2022, candidat à la primaire LR, @MichelBarnier avait publié une tribune "L’Outre-Mer, ce cœur battant de la France" @la1ere pic.twitter.com/z9WJa00aVP
— Serge Massau (@Sergemassau) September 5, 2024
En 2007 et 2008, Michel Barnier s’était en effet déplacé trois fois en Guadeloupe et une fois en Martinique en tant que ministre de l’Agriculture et de la Pêche. En septembre 2007, il avait ainsi rencontré les pêcheurs guadeloupéens du Gosier après le passage du cyclone Dean
À l’époque, il avait déjà donné son nom au fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM), dit fonds Barnier, créé lorsqu’il était ministre de l’Environnement. Un fonds qui a pris en compte depuis les spécificités des Outre-mer comme les risques sismiques aux Antilles.
Le nouveau Premier ministre a également eu l’occasion de se rendre dans l’océan Indien, à Mayotte et à La Réunion pour défendre sa candidature à la primaire des Républicains avant la présidentielle de 2022.
Toujours cette même Tribune, il soulignait les manquements faits par les différents gouvernements qui se sont succédés et invitait à un changement de politique générale entre l’Hexagone et ces régions éloignées :
Les promesses financières de plans massifs sans lendemain ne doivent plus tenir lieu de politique. L’Outre-mer mérite une attention, une prise en compte dans toutes les politiques nationales, un traitement interministériel attentif et de tous les instants jusqu’au plus haut sommet de l’État. La France de l’Outre-mer doit être considérée et respectée. C’est à cela que je m’engage.
Entre les promesses et les actions concrètes, nous verrons ce qu’il en est.
Des réactions divisées et la colère gronde :
Après l’annonce de la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre, les voix du Nouveau Front Populaire (NFP) – formation arrivée en tête à l’issue des législatives anticipées – n’ont pas tardé à s’élever pour fustiger ce choix du président de la République. « L’élection a été volée » par Emmanuel Macron, a dénoncé ce jeudi 5 septembre le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. « Le Premier ministre porte un message de négation de la volonté du peuple français et ce n’est pas la première fois », a-t-il également assuré. Et de rappeler : « Après le vote contre la Constitution européenne en 2005, il a préparé le vote par la force du même texte au Congrès du Parlement ».
Jean-Luc Mélenchon a appelé dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux « à la mobilisation la plus puissante que possible » ce samedi 7 septembre. Et l’insoumis de pointer le vote de l’ex-ministre et ancien commissaire européen de droite Michel Barnier « contre la décriminalisation de l’homosexualité ».
Michel Barnier a déjà volé une élection.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) September 5, 2024
Après le vote contre la Constitution européenne en 2005, il a préparé le vote du même texte au Congrès du Parlement.
Il a voté contre la décriminalisation de l'homosexualité. Quel est le sens d'un tel message ?#PremierMinistre pic.twitter.com/W5i2gjWweE
Olivier Faure décrit de son côté sur X un « déni démocratique porté à son apogée : un Premier ministre issu du parti qui est arrivé en 4e position et qui n’a même pas participé au front républicain ». Le patron du Parti socialiste a estimé que « nous entrons dans une crise de régime ». Emmanuel Macron a fait son choix après deux mois d’attente, et une succession de noms évoqués, après avoir refusé de désigner Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire, l’alliance de gauche arrivée en tête, mais sans majorité, aux élections législatives.
Dans toutes les démocraties du monde, c’est la coalition arrivée en tête qui est appelée à former un gouvernement. Jamais le parti qui a perdu l’élection. Créer ce précédent serait dramatique et dangereux pour les institutions elles mêmes.
— Olivier Faure (@faureolivier) September 5, 2024
Le déni démocratique porté à son apogée : un premier ministre issu du parti qui est arrivé en 4e position et qui n’a même pas participé au front républicain. Nous entrons dans une crise de régime.
— Olivier Faure (@faureolivier) September 5, 2024
« De qui se moque-t-on ? », s’est également interrogée Marine Tondelier. « Le président a envoyé valser le Front républicain, il n’a fait que faire les yeux doux à l’extrême droite, il est allé chercher toujours plus à droite sur l’arc politique », a déploré dans une vidéo publiée sur X la secrétaire nationale des Écologistes, se disant « extrêmement inquiète de ce qui vient de se passer ».
Nomination de Michel Barnier à Matignon : de qui se moque t'on ?
— Marine Tondelier (@marinetondelier) September 5, 2024
Tout ça pour ça …
Réaction @EELV ⤵️
[ Message de service à tous les électeurs du #NouveauFrontPopulaire : surtout ne vous résignez pas. C'est exactement ce qu'ils attendent.
Et @CastetsLucie on continue ! ] pic.twitter.com/8mm5SzB6pU
Le chef des communistes Fabien Roussel a pour sa part décrié dans un communiqué « le choix de la droite pour poursuivre la politique du président » et son objectif « clair » : « la construction d’une coalition avec les députés de son camp qui a été battu et la complicité du Rassemblement national pour appuyer la politique menée ».
« C’est la certitude que rien ne changera », note également le député élu dans la Somme et ex-insoumis François Ruffin qui avait été à l’origine de la création du Nouveau Front Populaire (NFP), en demandant sur X : « Michel Barnier va-t-il revenir sur la retraite à 64 ans ? Rétablir l’ISF ? Non, bien sûr que non : Macron l’a choisi à ces conditions. Donc nous le censurerons ».
L’ancien locataire de Matignon, Edouard Philippe qui a annoncé être candidat en 2027, a quant à lui félicité son ancien camarade politique car tous deux sont issus du même parti Les Républicains : « Félicitations chaleureuses à Michel Barnier ! Sa tâche s’annonce rude mais la difficulté ne lui a jamais fait peur. Et nous serons nombreux à l’aider » Comme le souligne Marianne l’ex-Premier ministre d’Emmanuel Macron (2017-2020), prône depuis 2022 une coalition entre le camp présidentiel et la droite. Après Édouard Philippe et Jean Castex, Michel Barnier est donc le troisième Premier ministre d’Emmanuel Macron issu de LR. D’ailleurs, sur BFM TV, Laurent Wauquiez, président de la famille politique de Michel Barnier, Les Républicains, a salué « un homme d’une grande qualité » estimant que le nouveau locataire de Matignon avait « tous les atouts pour réussir ». Xavier Bertrand, président de la région des Hauts-de-France et dont le nom circulait avec insistance ces derniers jours pour le poste de Premier ministre, a adressé ses vœux de succès à Michel Barnier « au service de la France et dans l’intérêt des Français face aux nombreux défis qui s’annoncent ».
De leur côté, le patron du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella et la présidente de ses députés Marine Le Pen ont assuré ce jeudi 5 septembre que leur parti jugerait Michel Barnier sur son « discours de politique générale », avant de se déterminer sur une censure, après sa désignation comme Premier ministre. « Nous plaiderons pour que les urgences majeures des Français, le pouvoir d’achat, la sécurité, l’immigration, soient enfin traitées, et nous nous réservons tout moyen politique d’action si ce n’était pas le cas dans les prochaines semaines », a affirmé Jordan Bardella sur X
A la question d’une possible motion de censure, le parti de la famille Lepen botte en touche et préfère analyser les choix du futur gouvernement comme s’est exprimé Marine Lepen sur LCI. « Michel Barnier semble répondre au moins au premier critère que nous avions réclamé, c’est-à-dire un homme qui soit respectueux des différentes forces politiques et capable de pouvoir s’adresser au Rassemblement national, qui est le premier groupe de l’Assemblée nationale, de la même façon qu’aux autres groupes. Nous attendons de voir quel est le discours de politique générale de Monsieur Barnier et la manière dont il mène les compromis qui vont être nécessaires sur le budget à venir ».
Pour autant, le Rassemblement national (RN) ne participera pas au nouveau gouvernement de la France sous la direction de Michel Barnier. Marine Le Pen, soulignant que Michel Barnier « ne partage pas les idées » du Rassemblement national. Notre exigence première était que le nouveau premier ministre soit capable de s’adresser au Rassemblement national, premier groupe politique de l’Assemblée nationale. Nous jugerons sur pièce son discours de politique générale, ses arbitrages budgétaires et son action a-t-elle ajouté. Mme Le Pen n’a pas indiqué que son parti exprimerait une motion de censure automatique à l’égard du nouveau premier ministre et a appelé à attendre qu’il annonce son programme politique.
Pour de nombreuses voix, la nomination de Michel Barnier est un choix de connivence entre le président Emmanuel Macron et Le RN mais aussi une volonté pour le Chef de l’Etat d’obtenir une majorité relative dans une Assemblée Nationale dominée par le NFP qui avait obtenu 194 voix contre 166 pour l’ancienne majorité présidentielle et 143 voix Rassemblement National tandis que Les Républicains sabordés par le départ de leur ancien président Eric Ciotti (partit avec le RN) étaient arrivés bon derniers avec que 66 voix. Pour les opposants à ce choix, il s’agit d’un énième coup de force du Président désavoué à plusieurs reprises par le peuple et ses représentants. Pour eux, Michel Barnier est certaines membre de Les Républicains mais il a surtout des thèses politiques assez semblables à celles prônées depuis des années par le RN comme, la question de l’immigration où RN et Michel Barnier sont d’accord pour un moratoire sur la question de l’immigration légale, la lutte accentuée contre les clandestins, mais aussi le nouveau Premier ministre est pour le retour du service militaire obligatoire en France comme Marine Lepen. Durant la campagne interne des LR avant les Elections de 2022, il avait revendiqué l’armement des Polices Municipales. De plus, comme le RN, Michel Barnier a eu des positions assez fermes sur l’homosexualité comme dans sa jeunesse, alors qu’il n’avait à peine 30 ans, il avait voté contre plusieurs lois sur la question LGBTQIA+ comme en décembre 1981 où il avait voté contre la décriminalisation de l’Homosexualité. Une nomination donc qui fait débat et qui a choqué les associations de défense des Droits LGBTQIA+ comme Inter-LGBT qui s’est exprimé sur son Twitter en étant « consternée » par la nomination de Barnier à Matignon,
« Un signe plus que jamais clair que le gouvernement sera hostile à nos droits et existences ! Tout gouvernement s’opposant ouvertement à nos luttes et nos vies n’est pas une alternative envisageable ! Nous intensifions notre résistance dès maintenant et appelons la société civile à ne pas lâcher ! », a-t-elle ajouté.
L’Inter-LGBT est consternée de la nomination en tant que Premier Ministre de Michel Barnier qui s’était opposé à la dépénalisation de l’homosexualité en 1981. Un signe plus que jamais clair que le gouvernement sera hostile à nos droits et existences!
— Inter-LGBT (@InterLGBT) September 5, 2024
Michel Barnier, qui a voté contre la dépénalisation de l’homosexualité, remplace par ailleurs Gabriel Attal, premier locataire de Matignon « assumant ouvertement son homosexualité ».
La suite donc à la rentrée politique qui s’annonce dores et déjà chaude et même brulante, car, les membres du NFP appellent à une grande manifestation dans les rues de Paris et des villes Françaises contre ce qu’ils appellent un coup d’Etat législatif, ces mêmes députés parlent déjà de censurer le futur Gouvernement Barnier.