Ils avaient une vie, un travail, une famille. Ils sont jeunes ou ils ont la cinquantaine, qu’ils soient des hommes ou des femmes, désormais ils ne sont plus que l’ombre d’eux-même. Des ombres qui marchent dans les rues de Pointe-à-Pitre, Fort-De-France ou de Cayenne, à la recherche du moindre centimes pour acheter leur caillou . Aux antilles-guyane on les appelle les zombies, ou les pawo. Ils sont addicts au crack, cette drogue qui les détruit à petit feu. Le crack est le fléau de la société antillo-guyanaise.
» Excusez-moi, madame/ monsieur, vous n’auriez pas 2€ ? » Généralement, on répond » NON. j’ai pas d’argent pour acheter ton crack. Si tu veux je t’achète à manger » ou on ne répond pas et l’on continue notre route. Deuxième situation, nous sommes stationnés à un feu rouge, un homme débraillé s’approche et commence à laver le pare-brise de notre véhicule sans qu’on lui demande de le faire. Une fois son action terminée, il demande 2€. Troisième situation, tu marches au centre-ville de Pointe-à-Pitre, de Basse-Terre, de Fort-de-France ou de Cayenne et là tu croises un homme ou une femme, d’apparence frêle voire maigre qui parle tout(e) seul(e) ou qui crie comme posséder par un démon. Quand on vient des Antilles-Guyane, ces situations on les à toutes vécues. Pourtant, que l’on vienne d’un quartier défavorisé ou que l’on soit de bonne famille, personne n’est à l’abri.
Selon L’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies, la consommation de crack reste très marginale. Seul 1% de la population en fait usage régulier mais ces 1% avaient une vie, un travail, une famille. Ils sont jeunes ou la cinquantaine, qu’ils soient des hommes ou des femmes, désormais ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Des ombres qui marchent dans les rues de Pointe-à-Pitre, Fort-De-France ou de Cayenne, à la recherche du moindre centimes pour acheter leur caillou. Un jour, ces hommes, ces femmes sont sortis du chemin droit pour s’approcher du crack. Ils l’ont fumé, ils l’ont aimé, mais le caillou leur a tout volé : foyer, santé, métier, argent, dignité. Certains se sont relevés grâce à la foi, grâce à des associations de réinsertion. D’autres continuent leur descente aux enfers. Dans les départements français perdus d’Amérique, le phénomène est récurrent et devrait être considéré comme problème national, pourtant les autorités de Paris continue de fermer les yeux. Aux Antilles Guyane on les appelle les zombies, ou les pawo. Ils sont addicts à cause cette drogue qui les détruit à petit feu. Le crack empoisonne leur vie.
Cette drogue est la moins chère du marché donc, elle est facile d’accès. Triste de constater que ces hommes, ces femmes, ces jeunes, ces pères ou ces mères qui avaient une vie, un travail, une famille ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Des ombres qui marchent dans les rues de Pointe-à-Pitre, Fort-De-France ou de Cayenne, à la recherche du moindre centimes pour acheter leur caillou.
Tous vous diront qu’il suffit d’une seule fois pour tomber dans l’addiction. Une seule prise et votre vie bascule. Certains vous avoueront avoir commencer par la cigarette, puis ils sont passés au cannabis avant d’enchaîner par le shit (résine de cannabis). Ensuite, ils ont mélangé les deux substances pour finir avec le crack. Les autres ont commencé par hinnaler de la cocaïne pour après la fumer jusqu’au jour, ils ont choisi le crack. Puis, il y a les anciens dealers qui confesseront avoir goûter par envie afin de comprendre les raisons pour lesquelles leurs clients achetaient « le diable ». Une dose et tout votre univers change. Vous perdez votre femme, vos enfants, vos amis vous tournent le dos, vous vous endettez, vous perdez votre logement et vous finissez à la rue. Les témoignages s’enchaînent et sont les mêmes.
La genèse du Crack :
L’apparition du crack dans ces petits bouts de France remonte au début des années 1980, au plus fort du trafic de cocaïne auquel s’adonnaient les deux principaux cartels colombiens : le cartel de Medelin dirigé par Pablo Escobar et le Cartel de Cali avec à sa tête les frères Rodríguez Orejuela et leur associé José Santacruz Londoño. Ces deux organisations mafieuses ont pendant plus de vingt ans régné sur ce juteux trafic. Fabriquants, transporteurs, importateurs, les cartels colombiens engrangaient des milliards de dollars de recette. La cocaïne fabriquée en Amérique Latine dans les territoires reculés de Colombie, du Pérou et du Venezuela est transportée par avion, par bateau ou avec l’aide de mules, vers les Etats-Unis et l’Europe où elle se répand comme une traînée de poudre. Elle devient même la substance favorite des personnalités du showbizz.
Malgré la guerre engagée par les différents gouvernements des Etats-Unis, d’Amérique Latine et d’Europe, malgré la mort de Pablo Escobar et la traque des chefs du cartel Cali, le narcotrafic ne s’est jamais porté aussi bien.
Longtemps réservée aux riches, aux artistes, la cocaïne s’est démocratisée aux classes moyennes et aux classes populaires.
Parallèlement à la cocaïne, chez les pauvres s’est développé la « pasta » qui n’est autre que le nom donné au dépôt qui se fait lors de l’extraction de la cocaïne des feuilles de coca. La »pasta » est très répandue dans les zones de culture traditionnelle où elle se consomme dans des cigares faits de papier journal. On trouve des traces du « crack » dès le début des années 1970 dans les quartiers défavorisé des villes de Colombie, du Pérou et du Venezuela. Dans la foulée, le crack fait son apparition dans les quartiers pauvres mais notamment les quartiers noirs ou latinos des villes américaines, de Miami à New-York, de Chicago à Détroit, de San-Francisco à Los-Angeles. Le crack devient même dans les années 1980 une préoccupation nationale.
Longtemps épargnés par le trafic de drogue, les départements français d’Amérique habitués au cannabis, découvrent la cocaïne mais aussi crack à la fin des années 1980 début des années 1990. De paroles d’antillais, ces drogues seraient arrivées après le cyclone Hugo et l’arrivée des immigrés anglophones de l’île de la Dominique ou de Sainte-Lucie. Depuis, ces territoires minés par le chômage notamment chez les jeunes ( 56,3 % en Guadeloupe, 50,6 % à la Martinique et 40% en Guyane) sont devenus des territoires pour la criminalité et le narcotrafic. Selon l’OCRTIS, 20% de la cocaïne saisie en France Hexagonale passe par les Antilles-Guyane.
Alors qu’elle est essentiellement consommée en France-Hexagonale, donc réservée à l’exportation, le crack, lui, a trouvé preneurs sur place. Dès son arrivée, il fait des ravages au sein des populations locales. Il continue d’en faire.
Qu’est-ce que le Crack ?
Dans un langage simple, le crack est un dérivé de la cocaïne. L’origine du mot « crack » provient du craquement sonore qu’il produit en chauffant, car oui, le crack est le résultat d’une préparation particulièrement nocive. Il se présente sous forme de petits cailloux (cristaux) tandis que la cocaïne est à l’état de poudre. Il résulte d’un mélange de cocaïne, d’ammoniaque et de bicarbonate de soude. Ce procédé de purification est simplifié par les utilisateurs des Caraïbes qui chauffent la pasta avec du bicarbonate de sodium parfois de l’ammoniaque solubilisé dans du rhum en solution aqueuse. La cristallisation obtenue permet d’avoir accès à une forme fumable de cocaïne.
Le crack est la forme la plus puissante du produit puisqu’il est composé de 70% à 100% de cocaïne pure (contre 20 à 30 % pour la cocaïne dites « traditionnelle »). Il est donc la forme la plus dangereuse de la cocaïne. Du fait de sa plus grande teneur en produit brut, il provoque des effets et des dangers similaires à la cocaïne mais de manière plus immédiate, plus violente et plus rapide. L’état dépressif qui lui succède est encore plus poussé.
Le consommateur chauffe le produit et en inhale les vapeurs. Cette manœuvre engendre des « craquements », d’où son nom « crack ». Lorsque le crack (ou free base) est consommé par inhalation, le cerveau est très vite atteint ce qui rend donc les effets immédiats et très puissants, mais d’assez courte durée, environ 10 à 20 minutes contre 1h environ pour la cocaïne sous sa forme classique. Sa consommation régulière tout comme la descente, peuvent entraîner des crises d’hallucinations, des comportements violents, des pensées suicidaires et des crises de paranoïa, un mal être constant. La montée quasi instantanée, procure une grande sensation de bien-être éphémère qui ne peut continuer qu’avec une autre prise de crack.
Son usage régulier provoque rapidement une forte accoutumance psychique ainsi qu’une dégénérescence très importante des neurones.
Les consommateurs, même après l’arrêt définitif du produit, sont de manière général très longtemps exposés à des altérations de l’humeur ainsi qu’à une très forte envie de reprendre du crack (craving), à l’origine de fréquente rechutes.
L’usage régulier :
Un usage régulier peut causer des dommages rapides et irréversibles sur le cerveau. De sévères dégradations des voies respiratoires mais aussi des arrêts cardiaques et ou des arrêts respiratoires pouvant provoquer le décès. D’un état de fatigue psychique et physique intense et bien souvent les consommateurs tombent dans la paranoïa. Autre conséquence et non des moindre, le développement de cancers. Ecoutez les témoignages de ces zombies :
Vous l’aurez compris, le crack représente un défi majeur pour les Antilles, mais avec une action concertée et des ressources adéquates, il est possible de surmonter cette crise.
En investissant dans la prévention, le traitement et le soutien communautaire, les Antilles peuvent espérer réduire l’impact du crack et créer un avenir plus sain et plus prospère pour leurs habitants. Encore faudrait-il que les politiques sanitaires soient menées à bien dans des territoires si éloignés de l’Hexagone où la santé des » zombies » n’est pas vraiment la première préoccupation des autorités locales.