Les hommages s’enchaînent depuis le décès de Maryse Condé. Ainsi, après la sollicitation d’Ary Chalus et avec l’accord de la famille enthousiaste, le Président de la République a décidé de renommer l’aéroport de Pointe-à-Pite Raizet-Pôle Caraïbes, aéroport Maryse Condé.
Depuis l’annonce de son décès et son enterrement mondain à l’église Saint-Germain-des-Prés suivi d’une inhumation en stricte intimité familiale au cimetière du Père Lachaise, les hommages s’enchaînent tant dans son territoire d’origine qu’ailleurs comme en France Hexagonale où elle résidait. Pour rappel, l’écrivaine au plus de soixante-dix ouvrages, tous un succès est décédée dans la nuit de lundi 1er au mardi 2 avril. L’auteure de Ségou, épopée romanesque en deux volumes qui l’a fait connaître dans les années 1980, s’est éteinte à l’hôpital à 90 ans. Avec Aimé Césaire et Édouard Glissant, la Guadeloupéenne Maryse Condé a longtemps incarné le renouveau de la littérature francophone venue de la Caraïbe.
Ce lundi 15 avril, le Président de la République Emmanuel Macron a officié une cérémonie d’hommage nationale en l’honneur de l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé au sein de la Bibliothèque Nationale Richelieu, en présence de la famille de Maryse Condé.
«Symbole d’affranchissement et d’émancipation». «Par les pouvoirs de sa propre voix, de sa langue, Maryse Condé n’écrivait ni en français, ni en créole mais en Maryse condé. Elle écrivait à sa manière, sans fards. Maryse Condé sublimait notre langue»,
Emmanuel Macron-président de La République Française.
De nombreuses personnalités ont assisté à cette cérémonie empreinte d’émotions ponctuée par des lectures de plusieurs œuvres de Maryse Condé et de chants comme La vie en rose d’Edith Piaf et la Marseillaise. On peut citer le Premier ministre Gabriel Attal, la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet, la ministre de la Culture Rachida Dati, la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot, la ministre chargée des Relations avec le Parlement Marie Lebec et la ministre chargée des Outre-mer Marie Guévenoux. Les anciens Premiers ministres Jean-Marc Ayrault, de l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira, de plusieurs académiciens, des élus ultramarins Christian Baptiste, Annick Petrus et le president de la Région Guadeloupe Ary Chalus étaient notamment présents.
Ainsi, après la sollicitation d’Ary Chalus et avec l’accord de la famille enthousiate, le Président de la République a décidé de renommer l’aéroport de Pointe-à-Pite Raizet-Pôle Caraïbes, aéroport Maryse Condé. La nouvelle nomination de l’aéroport Maryse Condé pourrait intervenir d’ici le 4 octobre.
Retour en images sur l’hommage national à Maryse Condé à la Bibliothèque National de France Richelieu à Paris. Photos : Outremer 360
Maryse Condé, récit d’une vie sans fards.
Avec sa mort, on peut dire que la Guadeloupe, sa terre natale mais plus largement la France, ont perdu un monument, une bibliothèque sacrée. Grande voix de la littérature francophone, depuis 2013, elle s’était retirée dans le sud de la France avec son mari Richard Philcox, après avoir séjourné un temps dans le Marais, à Paris. Elle s’était installée en France, à son retour des États-Unis où elle a vécu et enseigné pendant près de trois décennies. Fondatrice du Centre des études françaises et francophones à l’université Columbia, elle avait contribué à faire connaître la littérature francophone aux Américains.
Écrivaine, mais aussi professeure et journaliste, la Guadeloupéenne a fait de sa vie une épopée mouvementée, rythmée par ses nombreux voyages entre l’Afrique de l’Ouest, sa Guadeloupe natale et les États-Unis. Une carrière longue de soixante ans durant laquelle, Maryse Condé, à travers son oeuvre, aborde inlassablement l’esclavage, le colonialisme, le féminisme, l’identité noire mais surtout créole et la maternité.
Avec sa mort, on peut dire que la Guadeloupe, sa terre natale mais plus largement la France, ont perdu un monument, une bibliothèque sacrée. Grande voix de la littérature francophone, depuis 2013, elle s’était retirée dans le sud de la France avec son mari Richard Philcox, après avoir séjourné un temps dans le Marais, à Paris. Elle s’était installée en France, à son retour des États-Unis où elle a vécu et enseigné pendant près de trois décennies. Fondatrice du Centre des études françaises et francophones à l’université Columbia, elle avait contribué à faire connaître la littérature francophone aux Américains.
Écrivaine, mais aussi professeure et journaliste, la Guadeloupéenne a fait de sa vie une épopée mouvementée, rythmée par ses nombreux voyages entre l’Afrique de l’Ouest, sa Guadeloupe natale et les États-Unis. Une carrière longue de soixante ans durant laquelle, Maryse Condé, à travers son oeuvre, aborde inlassablement l’esclavage, le colonialisme, le féminisme, l’identité noire mais surtout créole et la maternité.
Plusieurs fois récompensée à l’international, l’auteure de Moi, Tituba Sorcière…noire de Salem a été pendant longtemps, boudée par les autorités françaises. Présidents après présidents, la guadeloupéenne Maryse Condé était tout simplement » boycottée » des divers gouvernements. La raison étant liée, sans aucun doute à ses prises de position anticolonialistes et anti-impérialistes. Il faut dire que Maryse Condé, au commencement d’une carrière qui semblait chaotique, a séjourné de nombreuses années dans plusieurs pays qui s’opposaient à toutes les formes d’impérialisme, on peut citer la Guinée de Sékou Touré, seul président qui avait eu l’audace de s’opposer au Général De Gaulle suite au Référendum de 1958 ce qui entraîna une relation trouble entre l’ancienne puissance coloniale et son ancienne colonie. Condé vécut également au Ghana à l’époque dirigé par le leader panafricaniste Kwame Nkrumah.
De plus, tout au long de sa carrière littéraire, elle n’aura de cesse de s’exprimer ouvertement en faveur de l’indépendance de son île natale la Guadeloupe, une position qui déplaisait, il faut le dire à cette France, pays des Droits de L’homme et du Citoyen et qui pourtant, a encore du mal à parler de son passé colonial violent !
Tout ceci lui valut d’être purement et simplement surveillé, étiqueté comme indépendantiste par les différents présidents qui se succédèrent à la tête de l’Etat français, malgré les nombreux succès littéraires, ce qui ne l’empêcha pas de recevoir plusieurs prix à l’étranger. Par exemple, elle est membre honoraire de l’Académie des lettres du Québec de 1998.
Ce n’est qu’à partir de 2001 que Maryse Condé l’indépendantiste reçoit ses premières distinctions nationales, année où elle fut distinguée du titre Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres par le président Jacques Chirac. D’autres distinctions nationales suivront, Chevalier de la Légion d’honneur en 2004, Commandeur de l’ordre national du Mérite en 2007, Grand officier de l’ordre national du Mérite en 2011, Grand officier de la Légion d’honneur en 2014, Grand-croix de l’ordre national du Mérite en 2019 puis en 2020.
Lauréate de nombreux prix, Grand prix littéraire de la Femme – prix Alain-Boucheron, pour Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem ( 1987), Prix Anaïs-Ségalas de l’Académie française, pour La Vie scélérate ( 1988), Prix LiBeratur (Allemagne), pour Ségou : Les Murailles de terre ( 1988) , Prix LiBeratur (Allemagne), pour l’ensemble de son oeuvre (1993) et plus récemment elle a obtenu le Prix de l’Académie française, Prix Carbet de la Caraïbe, Prix Marguerite Yourcenar, Grand Prix Littéraire de la femme, Prix Tropiques) et en 2018, elle a reçu le prix Nobel alternatif de littérature pour son roman Le fabuleux et triste destin d’Ivan et Ivana (2017). Organisé de manière plus démocratique que le Nobel classique, avec un jury populaire de 32 000 personnes à travers le monde appelées à voter pour déterminer le lauréat, le Nobel alternatif a contribué au rayonnement international de l’œuvre de Maryse Condé, en attirant l’attention du grand public à l’écriture singulière et riche de la romancière.
Portrait de Maryse Condé:
Née le 11 février 1937 à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe dans une famille de la bourgeoisie noire pointoise. Ses parents appartenaient à la première génération de noirs qui, grâce au républicanisme égalitaire à la française, avaient su s’arracher à la misère et la pauvreté qui étaient le lot des enfants et des petits-enfants des anciens esclaves. était l’une des premières institutrices noires de l’île et son père, Auguste Boucolon, pupille de la nation, était banquier, un « self-made man ». Il était connu pour avoir fait partie des dix-neuf commerçants qui, en 1915, créent la Caisse Coopérative des Prêts – en 1955, celle-ci prend le nom de Banque Antillaise avant d’entrer, en 1979, « dans le giron » de la Banque Française Commerciale (BFC) après une première prise de participation par la filiale d’Indosuez en 1975
De part leur réussite sociale, ses parents se désignaient comme de « Grands Nègres » et avait inculqué à leurs huit enfants l’ambition de réaliser leurs rêves et l’amour de la grande culture, leur interdisant, comme il était convenu à l’époque, de parler le créole, la langue des » petits nègres ». D’ailleurs, très jeune, Maryse Condé s’intéresse à la littérature. « Mon père commandait des livres de littérature française […]. Lui ne les lisait pas, mais mon frère et moi, on coupait les pages et on lisait. Petits, on a été imprégnés de littérature et de culture française », racontait la romancière guadeloupéenne sur France Culture en 2018. Déjà petite, elle affectionnait les auteurs français, comme elle aimait à le dire, à 10 ans, elle avait lu tous les classiques français « À 12 ans, je connaissais tout Victor Hugo… ».
Son amour pour l’écriture débute alors qu’elle n’avait que 12 ans. Comme l’écrivent nos confrères de RFI, la jeune fille avait reçu de la part d’une amie de sa mère Les Hauts de Hurlevent, le grand roman de la Britannique Emily Brontë. Le lendemain, après avoir passé toute la nuit à dévorer ce classique des lettres mondiales, elle s’était empressée pour aller remercier l’amie de sa mère pour son cadeau. Mais, son enthousiasme se solda par une déconvenue. Dans une interview, Maryse Condé, adulte était revenue sur cet épisode marquant de sa vie qui la poussera à s’engager vers la voie qu’on lui a connu.
« Je lui ai dit, se souvient Maryse Condé : « Un jour, moi aussi j’écrirai des livres. Je serai aussi connue et je ferai des livres aussi beaux que ceux d’Emily Brontë. » Elle m’a dévisagée avec une sorte d’étonnement outré : « Mais tu es folle ! Les gens comme nous n’écrivent pas ! » Pour elle, écrire c’était l’affaire des blancs, des hommes, éventuellement celle des femmes blanches qui vivent dans des grands pays comme l’Angleterre, les États-Unis ou la France. Cette remarque m’avait complètement anéantie. »Maryse Condé
Sa scolarité secondaire se déroule à Pointe-à-Pitre avant qu’elle ne vienne à Paris à ses 16 ans où elle intègre le lycée Fénelon, rêvant d’intégrer l’Ecole Normale Supérieure mais c’est à partir de ce moment là que la jeune femme choyée par des parents » aliénés » et « embourgeoisés » comprend que la couleur a un sens. Un jour, se souvient-elle, une professeure, sensible à son malaise vis-à-vis des comportements racistes qu’elle endure sans encore en comprendre l’origine et le fonctionnement, lui propose de faire un exposé sur « les Antilles ». C’est là qu’elle se rend compte de son ignorance des réalités antillaises et qu’elle lit, sur les conseils de son grand frère, La Rue Cases-Nègres de Joseph Zobel. Cette lecture lui permet de prendre conscience de ce qu’elle ne faisait qu’entrevoir de la fenêtre de la voiture de ses parents lorsqu’ils sortaient donner le bonjour à de la famille ou passer quelques jours dans leur « maison de changement d’air »
Ce sont les années 1950 : les colonies s’émancipent, les intellectuels noirs sont en pleine effervescence. Une fois, son BAC en poche, elle décide d’étudier l’Histoire puis Lettres Classiques à la Sorbonne en 1953, Mais son rêve de faire carrière dans l’enseignement s’effondre rapidement lorsqu’elle se retrouve enceinte à 19 ans, abandonnée par son amant haïtien et rejetée par sa famille. Elle était réduite à s’occuper seule de son fils.
Seule, délaissée, Maryse Condé se plonge dans la lecture. La future autrice découvre la négritude du Martiniquais Aimé Césaire et les récits anticolonialistes du psychiatre et philosophe Frantz Fanon, lui aussi Martiniquais.
En 1960, elle se marie au comédien guinéen Mamadou Condé et part pour la Guinée où elle affronte les problèmes inhérents aux États nouvellement indépendants. Elle débarqua en Côte d’Ivoire où elle travailla un temps pour la Coopération française, pour ensuite devenir professeure de français dans un lycée. Puis, elle rejoint son mari à Conakry en Guinée, en 1961, période où le pays s’embrase et réclame son indépendance. Puis, elle part s’installer en Guinée, au moment de la prise de pouvoir de Sékou Touré, chantre francophone du Panafricanisme. Ce moment exaltant l’inspire : elle rédige alors son premier roman, Heremakhonon, qui revient sur ses désillusions dans la Guinée de Sékou Touré. De son union avec Condé naquirent trois filles, Sylvie-Anne en 1960, Aïcha en 1961 et Leïla en 1963.
Après son divorce, elle continue de séjourner en Afrique (au Ghana et au Sénégal notamment) avec ses quatre enfants. D’ailleurs, en février 1966, alors qu’elle est au Ghana, elle vit le coup d’état militaire à Accra qui renverse le régime politique en place. Soupçonnée d’espionnage, son passeport guinéen la rend suspecte – Maryse Condé est expulsée. L’autrice de Ségou fait un court séjour en prison avant de s’envoler pour Londres avec ses quatre enfants. Là-bas, elle reprend sa casquette de journaliste pour travailler à la BBC Afrique.
Elle a puisé dans l’Afrique l’inspiration de ses premiers livres, car, après Hérémakhonon, un récit quasi autobiographique de sa vie en Guinée sous Sékou Touré. Elle poursuit avec un roman historique en deux volumes, Ségou (1984-1985), lequel a ouvert à Maryse Condé la porte de la notoriété.
Dans son récit de mémoires, La Vie sans fards, Maryse Condé a raconté avec moult détails ses douze années de souffrances et de galères dans une Afrique plongée dans ses drames post-coloniaux. Les Africains n’avaient que faire de la quête d’origines d’une Antillaise qui ne portait ni pagnes ni boubous et refusait obstinément de parler les langues du pays. Ce séjour en Afrique fut aussi, pour la jeune Guadeloupéenne, l’occasion de découvrir le fossé qui la séparait des Africains. Alors qu’en s’installant sur le continent noir, elle pensait voir s’instaurer spontanément les liens rompus par l’esclavage, sa présence ne suscitait que l’incompréhension et le rejet. Ce constat douloureux conduit la future romancière à s’interroger sur la validité des thèses de la négritude et à prendre ses distances par rapport à sa vision romantique de l’Afrique. « La couleur est un épiphénomène », aimait répéter Maryse Condé, faisant écho aux propos de Frantz Fanon, qui a exercé une influence majeure sur son propre devenir intellectuel.
Après son passage à Londres, Maryse Condé retourne une nouvelle fois en Afrique, au Sénégal. Elle travaille comme traductrice à l’Institut américain de développement économique et dans un lycée. Là-bas, elle rencontre Richard Philcox, un professeur d’anglais, en 1973 avec qui elle entretiendra une relation adultérine. Ce dernier devient son second époux en 1981.
L’imagination de la romancière quitte désormais les rivages du continent noir pour investir les Antilles et l’Amérique. C’est une nouvelle étape dans son écriture. Elle veut cartographier l’identité antillaise dans son ici et maintenant. Elle met en scène les tensions sociales à travers les sagas des grandes familles caribéennes (La Vie scélérate), évoque la résistance anti-impériale (Moi, Tituba, sorcière et La Migration des cœurs), élargit l’expérience antillaise en y faisant entrer celle d’une diaspora constamment confrontée à l’autre et appelée à se redéfinir (Desirada, Pays mêlé).
Après être retournée sur son île natale, elle s’installe aux États-Unis en 1979 pour y faire des reportages. Maryse Condé va finalement enseigner Outre-Atlantique, d’abord à l’université de Californie, à Santa Barbara et Los Angeles, puis à l’université Columbia, où elle fonde le Centre des études françaises et francophones. La Guadeloupéenne décide de prendre sa retraite universitaire en 2002. De retour dans l’Hexagone, Maryse Condé préside le comité pour la mémoire de l’esclavage créé en 2004, après l’adoption de la loi Taubira, qui reconnaît l’esclavage comme un crime contre l’humanité.
Pour des raisons de santé, la romancière s’exile à Gordes, un petit village du Vaucluse, dans le sud de l’Hexagone, avec Richard Philcox. Elle écrit le Fabuleux et triste destin d’Ivan et Ivana depuis chez elle, en faisant la dictée du roman à son mari. À 87 ans, Maryse Condé publie L’Évangile du nouveau monde, son dernier roman, en 2021 écrit sous la dictée par son époux.
Les personnages de Maryse Condé sont souvent des femmes fragiles, plurielles, hétérogènes comme l’auteure elle-même. Marginalisées, elles tentent inlassablement, à travers les vicissitudes de la vie et du monde, de prendre leur destin en main et d’affirmer leur liberté. Elles ont pour nom Tituba, Rosélie, Célanire ou encore Victoire, la grand-mère maternelle à laquelle la romancière a consacré l’un de ses livres les plus émouvants, à mi-chemin entre biographie et fiction, Victoire, les saveurs et les mots.
« Ma grand-mère était une cuisinière hors pair, servante chez des Békés, analphabète, mais déterminée à donner à sa fille les outils de l’instruction pour qu’elle puisse se battre à armes égales dans l’arène de la vie. Je ne l’ai pas connue. Et comme j’ai perdu ma mère très tôt, l’écriture de ce livre m’a permis de les connaître toutes les deux et de me connaître à travers elles. C’était une expérience merveilleuse, car j’avais enfin l’impression de faire partie d’une famille, et, au-delà, d’une histoire, celle de la Guadeloupe et des Antilles. »
Maryse Condé
Enfin la reconnaissance de sa terre : la Guadeloupe.
En Guadeloupe, Maryse Condé profondément indépendantiste, ne partageait pas toute l’idéologie véhiculée par les partis nationalistes de l’époque. De plus, avec son positionnement politique et sa vie de femme libre, elle n’a pas toujours été reconnue comme un monument de la littérature, ce qui l’affectait. Depuis, son œuvre est enseignée dans les écoles guadeloupéennes. Lorsqu’elle retourne sur son île en 2018, récompensée par le prix Nobel alternatif de littérature, l’autrice est reçue comme une véritable icône.
« Je suis heureuse, simplement, bêtement, naïvement. Heureuse et aussi fière pour le pays. C’est d’abord la Guadeloupe. C’est pour elle que j’ai travaillé, pour elle que je suis récompensée »
Maryse Condé
Le 27 mars 2024, quelques jours avant sa mort, la ville de Pointe-à-Pitre a fait installer une plaque sur la façade de la maison de son enfance. On peut y lire : « Ici est née l’auteure guadeloupéenne Maryse Condé, le 11 février 1934, un jour de carnaval. »