La Guadeloupe et la Martinique sont désormais les régions les plus âgées de France.

Personnes âgées

La question du vieillissement de la population est un sujet régional et même national sérieux. Il est d’autant plus important pour des territoires comme la Guadeloupe et la Martinique qui voient une grande partie de leur jeunesse partir pour des raisons économiques. Pour les deux territoires caribéens, en 2022, le recul démographique se poursuit et la population continue de diminuer bien qu’en Guadeloupe, la situation est sensiblement différente.

Population vieillissante, natalité faible, les Antilles sont confrontées depuis plusieurs décennies à la problématique du renouvellement de sa population. Il faut rajouter à cela, le départ massif de la jeunesse vers l’Hexagone par manque de perspectives professionnelles ou le manque de filières pour leurs études supérieures. Malgré des chiffres alarmants, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir rentrer chez eux, mais la peur de se confronter à la réalité locale, les en empêche.

Disons le clairement, la question du vieillissement de la population est un sujet régional et même national sérieux. Il est d’autant plus important pour les deux territoires caribéens puisqu’en 2022, le recul démographique se poursuit et la population continue de diminuer bien qu’en Guadeloupe, la situation est sensiblement différente.

Les chiffres de la Martinique :

Selon les nouvelles données de l’,INSEE, sur ces dix dernières années, le recul de la population est plus prononcé qu’en Guadeloupe (-0,7 % en moyenne par an), tandis qu’en Guyane la population augmente sans discontinuer (+2,1 % en moyenne par an) et qu’en France Hexagonale la population augmente en moyenne de 0,3 % par an. « La conjonction d’un solde naturel négatif et d’un solde migratoire déficitaire, renforce la baisse de la population de la Martinique ».

En effet, selon l’institut national des sondages, au 1er janvier 2023, la population martiniquaise est estimée à 347 686 habitants, soit 4 519 habitants de moins que l’année précédente. Le recul démographique se poursuit et la région perd 1,0 % de sa population en moyenne par an : depuis 2013, l’île a perdu 37 865 habitants soit l’équivalent des communes de Ducos et de Schoelcher réunies. Sur ces dix dernières années, le recul de la population est plus prononcé qu’en Guadeloupe (-0,7 % en moyenne par an) tandis qu’en Guyane la population augmente sans discontinuer (+2,1 % en moyenne par an). Sur la même période, la population de la France hexagonale augmente en moyenne de 0,3 % par an. La conjonction d’un solde naturel négatif et d’un solde migratoire déficitaire renforce la baisse de la population de la Martinique.

Le site de sondages souligne qu’en 2022, 3 490 enfants sont nés en Martinique, soit 137 de moins qu’en 2021. Après une année de regain, le recul des naissances observé entre 2019 et 2020 reprend. La Martinique est la deuxième région française après la Guyane où la baisse du nombre de naissances est la plus importante entre 2021 et 2022. Le taux de natalité régresse en conséquence de 0,2 point pour atteindre 10,0 naissances pour mille habitants. Ce taux, inférieur à celui de France métropolitaine (10,4 ‰), est le plus faible des départements et régions d’outre-mer (Drom).

nL’une des conséquences de la diminution de la natalité est le fait que les personnes en âge de procréer part, notamment la population féminine âgée de 20 à 39 ans, période où les femmes ont le plus souvent des enfants, diminue. En Martinique, le nombre de femmes de cette tranche d’âge passe de 58 000 à 36 000 entre 2003 et 2023. Les femmes en Martinique ont cependant plus d’enfants que dans l’hexagone.

Par ailleurs, l’âge moyen des mères martiniquaises à l’accouchement est de 30,3 ans en 2022, proche de celui des Guadeloupéennes (30,6 ans). Les femmes accouchent en moyenne plus tôt en Guyane (29,1 ans) et plus tard en France (31,1 ans).

Autre problématique pointée par l’INSEE et que nous avions déjà abordée, celle du départ massif des jeunes vers l’Hexagone ou d’autres destinations au choix soit pour trouver un emploi plus stable ou poursuivre leurs études après le BAC. Selon les sondages; en Martinique, le solde migratoire est déficitaire. Par solde migratoire, comprenez, la différence entre le nombre d’arrivées et le nombre de départs du territoire. Ainsi, comme depuis quinze ans, en 2022, l’île a perdu -3 844 habitants ce qui a des conséquences sur la société martiniquaise puisque la part de jeunes continue de diminuer. Toujours selon l’Institut des sondages, la Martinique se classe au deuxième rang des régions françaises avec la plus faible part de jeunes de moins de 25 ans (26 % au 1er janvier 2023), derrière la Corse (24 %). Ils représentaient 31 % de la population en 2013.

Alors que l’île manque de jeunes, elle se retrouve avec donc une population vieillissante et une part très importante de personnes âgées sur le territoire. Les séniors issus du Babyboom sont de pus en plus nombreux. Là encore, l’INSEE est claire, en 2023, l’île est la région française avec la part la plus élevée de personnes de 60 ans et plus (33 %), devant la Nouvelle-Aquitaine (32 %). Ainsi le vieillissement de la population se poursuit, à un rythme plus marqué qu’en France. L’indice de vieillissement martiniquais est de 1,14 (114 personnes âgées de 65 ans ou plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans), contre 0,92 pour la France.

Evidemment qui dit vieillissement de la population dit, mortalité. Là encore la Martinique figure en tête des départements enregistrant le plus de décès. En effet, en 2022, 4 175 personnes sont décédées en Martinique, bien que comme l’explique l’INSEE, il y a eu 467 décès de moins que l’année précédente marquée par l’épidémie de Covid-19. Néanmoins, le taux de mortalité baisse par rapport à 2021 pour atteindre 11,9 ‰, soit 1,2 point de moins que l’année précédente. En France, il augmente légèrement passant de 9,8 ‰ en 2021 à 10,0 ‰ en 2022. Le nombre élevé de décès et la baisse des naissances conduisent à un solde naturel négatif (-685) pour la troisième année consécutive après n’avoir cessé de chuter depuis 2008. La Martinique est le seul DROM qui enregistre un solde naturel déficitaire en 2022, mais point positif, si la population est vieillissante, elle vit plus longtemps.

En 2022, l’espérance de vie s’établit à 76,7 ans chez les hommes (+1,8 an par rapport à 2021) et 82,8 ans chez les femmes (+1,5 an). Tandis qu’en France Hexagonale, l’espérance de vie est passée de 79,3 ans en 2021 à 79,4 ans chez les hommes en 2022 et reste stable à 85,3 ans chez les femmes pour les mêmes périodes.

Une situation légèrement différente en Guadeloupe :

Même si, les chiffres sont légèrement différents et en deçà de ceux de l’île voisine, la Guadeloupe connait elle aussi un vieillissement accéléré de sa population et aussi, sa jeunesse préfère quitter le territoire pour un avenir meilleur. Selon le dernier recensement, au 1er janvier 2023, la population de l’archipel est estimée à 375 845 habitants, soit 2 631 habitants de moins que l’année précédente. Une baisse observée depuis 2012.

Selon les récentes données de l’INSEE, en dix ans, l’île a perdu 0,7 % de sa population en moyenne par an soit une baisse totale de 26 274 habitants, l’équivalent de la commune du Gosier. À l’inverse elle continue d’augmenter en Guyane (+2,1 % en moyenne par an), et en France (+0,3 %).

La baisse de la population est aussi dû à une baisse de la natalité. En 2022, 4 196 enfants sont nés en Guadeloupe, soit 148 de moins qu’en 2021. C’est la troisième région française, après la Martinique et la Corse où la baisse du nombre de naissances est la plus importante entre 2021 et 2022. Le taux de natalité diminue de 0,3 point pour atteindre 11,1 naissances pour mille habitants.

Comme pour l’île sœur, cette baisse des naissance est dû au fait que le nombre de femmes en âge de donner vie est en diminution. Comme l’indique l’INSEE, la population féminine âgée de 20 à 39 ans, période où les femmes ont le plus souvent des enfants, diminue depuis 2000. En Guadeloupe, le nombre de femmes de cette tranche d’âge passe de 60 000 en 2003 à 40 000 en 2023. L’indice conjoncturel de fécondité diminue également entre 2020 (2,29) et 2022 (2,04). Il reste toutefois centré autour du seuil de renouvellement des générations, estimé à 2,1 dans les pays développés. L’Institut National des Sondages indique que l’âge moyen des mères guadeloupéennes augmente. Il est de 30,6 ans en 2022, contre 29,2 ans en 2012. Les femmes accouchent en moyenne à un âge comparable en Martinique (30,3 ans), plus tôt en Guyane (29,1 ans) et plus tard en France (31,1 ans).

En ce qui concerne le vieillissement de la population, comme nous le disions, il continue et comme pour la Martinique, le solde migratoire est faible voire même déficitaire. Oui, la Guadeloupe perd des habitants principalement les jeunes adultes. En 2022, l’archipel a perdu 2843 habitants. Ces jeunes en âge de procréer finissent par quitter le territoire pour soit finir leurs études soit trouver un emploi ailleurs, notamment vers la France Hexagonale par manque de travail sur place. L’INSEE indique que les moins de 25 ans représentaient 33 % de la population guadeloupéenne en 2013, ils n’en représentent que 28 % en 2022. L’archipel occupe le deuxième rang des départements et régions d’outre-mer (DROM) dont la part des moins de 25 ans est la plus faible, derrière la Martinique (26 %). En France, la part des jeunes dans la population totale est passée de 31 % à 29 % au cours de la même décennie.

Cependant, tout comme pour l’île soeur, les seniors sont de plus en plus nombreux : en 2023, les Guadeloupéens de 60 ans et plus représentent 30 % de la population contre 21 % dix ans plus tôt. La Guadeloupe est le 2e DROM dont la part des 60 ans et plus est la plus élevée derrière la Martinique (33 %). Ainsi, le processus de vieillissement de la population se poursuit. L’indice de vieillissement guadeloupéen est de 0,97 (97 personnes âgées de 65 ans et plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans) en 2023, contre 0,92 pour la France.

Point positif, comme dans l’ensemble du territoire national, l’espérance de vie a augmenté. L’espérance de vie à la naissance est de 76,2 ans pour les hommes et de 83,5 ans pour les femmes. En France, l’espérance de vie passe de 79,3 ans en 2021 à 79,4 ans chez les hommes en 2022 et reste stable à 85,3 ans chez les femmes pour les mêmes périodes.