Le Salvador déclare la guerre au MS13

Le Salvador, petit pays d’Amérique Central de six millions d’habitants est l’un des pays les plus criminels du Monde. En cause, la Guerre sanglante que se livrent deux célèbres gangs le MS13 et le 18Th Gang. Deux gangs ultra-violents, qui n’hésitent pas à éliminer les siens quand ils sont menacés. Tous les gouvernements ont essayé de lutter contre les Maras, tous ont échoués pourtant un homme semble déterminer à les éliminer totalement, le controversé président Nayib Bukele engager dans une lutte à mort contre les groupes criminels qualifiés de : terroristes.

Depuis plus de deux décennies, le Salvador petit pays d’Amérique Central qui borde le sud-ouest du Honduras et le sud-est du Guatemala, connaît une criminalité sans précédent. Deux gangs sont à l’origine de cette flambée de violence. Le MS13 et le 18th Street dont les activités criminelles vont au delà des frontières Salvadorienne. Créés au milieu des années 80, par des réfugiés Salvadoriens installés à Los Angeles, les gangs MS et 18th sont le fruit d’un héritage de violence, de misère et du racisme que les immigrés latinos connurent aux Etats-Unis.

Avec leurs signes distinctifs comme le signe de la  » tête du diable  » mimé avec leurs doigts et leurs nombreux tatouages qui couvrent la quasi totalité de leur corps, les membres du MS13 et du Barrio 18 font régner la terreur partout où ils sont.

En véritable pieuvre, l’organisation criminelle a noué des liens avec les différents groupes criminels mexicains et même avec les colombiens. L’empire du crime maras est immense. En effet, ayant pour racine la Californie, le Texas ou la Virginie Occidentale et leurs métropoles comme Los Angeles, Oakland, San Francisco, Dallas et Washington DC, les maras sont désormais présentes dans quarante états (sur 50) des Etats-Unis mais surtout dans leur pays d’origine Le Salvador mais aussi au Mexique, au Honduras, au Guatémala, au Nicaragua. Les criminels salvadoriens auraient même des liens aux Philippines, en Espagne, au Portugal des pays où existent de petites communautés salvadoriennes, honduriennes et guatémaltèques.

Pour le contrôle de leur territoire, les différentes clicas ou cliques n’hésitent pas à faire d’une brutalité extrême. On parle de viols, , de victimes brûlées vives mais la véritable signature des gangs salvadoriens est bien la dégradation de cadavre et les mutilations faites avec des machettes, arme de prédilection du criminel marero ( nom donné au membre du cartel).

Alors que le Salvador tentait de se relever après douze ans de guerre civile, le pays doit donc faire face à la violence de ses enfants, souvent jeunes, généralement entre 12 et 25 ans, car l’espérance de vie dans les Maras ne dépasse pas les 30 ans. On dénombre officiellement cinquante meurtres par jour, faisant de ce petit pays d’Amérique Centrale, l’un des pays avec le plus fort taux d’homicide volontaire dans le monde. Une hécatombe pour un pays de six millions d’habitants.

Les Origines des Maras :

Au début des années 80 le Salvador petit d’Amérique Centrale ouvert sur le Pacifique, connait une guerre civile meurtrière où de violents combats opposaient la junte militaire d’idéologie d’extrême droite aidée par la CIA, qui lui fournissait armes et moyens technique et le FMLN (Front Farabundo Martí de libération nationale) d’idéologie marxiste,soutenu par Cuba et le Nicaragua qui le fournissaient notamment en armes notamment en AK-47, en RPK et en PKM. Durant douze ans qui paraissaient interminables, 100 000 personnes dont de nombreux civils perdirent la vie et plus d’un millions trouvèrent refuge dans les pays voisins mais surtout aux Etats-Unis, plus particulièrement à Los Angeles, dans le quartiers de Pico-Union, connu pour abrité de nombreuses communautés : des coréens, des vietnamiens, des chinois, des noirs et des latinos qui constituent la plus forte communauté (85,4% de la population.) mais Pico-Union est surtout connue pour son extrême violence entre les gangs des différents communautés.

C’est dans ce contexte d’immigration et de ségrégation qu’apparaissent les premiers Maras dont le but premier étaient la protection de la communauté Salvadorienne. Très vite, ils sont nombreux à adhéré au groupe, qui devient rapidement un gang aux activités criminelles violentes, allant du trafic de drogue, au braquage, en passant par le proxénétisme, le blanchiment d’argent, les assassinats ciblés et l’immigration clandestine vers les Etats-Unis. Le MS13, s’associa à plusieurs organisations mafieuses Sud-Américaines, dont les mexicains et leurs cartels ultra-violents.

Face à l’ampleur que prenait le MS13, un autre groupe le Clanton 14 vit le jour. Leur objectif était de contrer le MS13, mais parmi le Clanton 14, quelques uns firent sécession et se nommèrent, le 18th Street Gang ou Barrio 18 en espagnol. Nom éponyme de la 18th Street (18e Rue) près d’Union Avenue à Los Angeles. Le groupe prit de l’ampleur et les adhésions étaient nombreuses. Comme son rival, le 18th Street Gang est fortement implanté auprès de la communauté Salvadorienne et plus largement de la communauté latino, regroupant aussi bien des Salvadoriens que des Mexicains, des Honduriens, des Costa-Ricians, des Guatémaltèques et même des Béliziens. Comme son rival le 18th Street gang à ses codes, ses signes et son langage. Comme son rival, il s’adonne aux activités criminelles, tel que le trafic de drogue, le proxénétisme, le blanchiment d’argent, les extorsions de fonds et les attaques à main armée dans Los Angeles et l’ensemble des villes où il est présent et comme son rival, le Barrio 18 a des connexions internationales avec d’autres organisations mafieuses sud-américaines, européennes et même asiatiques.

Dès la fin des années 1990, le MS13 et le 18th Street Gang recrutèrent de plus en plus de nouveaux membres, tous très jeunes. Certains sont au Collège, au Lycée, d’autres sont dans des centres pour jeunes délinquants. Les membres ont parfois 8 Ans, 10 ans, 13 ans, 15 ans ou 20 ans. Malgré leur jeune âge, les membres sont des meurtriers aguerris qui n’ont peur de rien et se sacrifient pour leur gang. Leur progression est si grande qu’on estime que les gangs Maras représentent 1% des 1,5 millions de membres de gangs comptabiliser aux Etats-Unis.

Les deux gangs commencèrent à s’affronter dans des bagarres de rues, suite à des petits « clashs ». Bien vite, ses petits clashs devinrent des affrontements violents, parfois armer, où les victimes se comptaient par centaines. Le nombre d’assassinats dans la communauté paisible latino, tripla.

Face à l’hécatombe de cette guerre rangée, dans les rues de Los Angeles, les Etats-Unis votèrent une loi permettant l’expulsion vers le Salvador ou les pays d’Amérique Centrale, tous les criminels endurcis, issus de ces communauté désormais crainte. Ils sont des centaines, des milliers de criminels ou d’apprentis criminels issus de ces gangs à se retrouver dans un pays meurtri par douze ans de guerre, certains d’entre eux, l’ont quitté alors qu’ils étaient très jeunes. Sur place, dans un pays qu’ils avaient à peine connu, ils développèrent rapidement de nouvelles activités illégales, bénéficiant de la corruption de certains agents de police et de la complicité d’une partie de la population. Les deux gangs, se retrouvèrent de nouveau face à face dans les rues de San-Salvador et redoublèrent de violence.

Alors qu’aux Etats-Unis, du fait la Loi Fédérale extrêmement sévère contre le crime organisé, au Salvador, les Mareros n’hésitent pas à décapiter ou émasculer leurs rivaux pour s’accaparer des « barrios » (quartiers). Sont aussi visés ceux qui décident de quitter le gang mais aussi celles et ceux qui refusent de payer l’argent du racket ou tout simplement ceux qui auraient eu le malheur d’importuner leurs copines.

Une effusion de sang qui place le Salvador en tête des pays les plus criminogènes au monde. Bien souvent, le pays et notamment sa capitale sont placés sous alerte constante. Selon les données officielles, il y aurait 7000 assassinats par année, près de cinquante homicides par jour.

La méthode choc de Nayib Bukele

Les maras sont un véritable défi pour l’Etat salvadorien, à la fois en termes de sécurité et de politiques sociales. D’une part, leur existence et leur contrôle de certains territoires remettent en question le monopole de la violence légitime des institutions. L’Etat est défié dans ses capacités à assurer la sécurité et la tranquillité des citoyens, une mission fondamentale des Etats modernes. La difficulté à maintenir la paix sociale contribue à éroder la confiance et la légitimité des institutions auprès des citoyens. Pauvre, sans véritable ressource financière, le gouvernement tente bien que mal à lutter contre ces bandes criminelles qui n’hésitent à affronter violement les forces de l’ordre, qui en payent le prix.

Tous les gouvernements ont essayé de lutter contre les Maras, tous ont échoué pourtant un homme semble déterminer à les éliminer totalement, l’ancien maire de San Salvador et désormais, très controversé président Nayib Bukele. Le chef de l’Etat s’est engagé dans une lutte à mort contre les groupes criminels qu’il qualifie de : terroristes. Tout comme son prédécesseur, le jeune président de 42 ans, a opté pour la lutte frontale contre les criminels. La lutte contre les groupes armés criminels était même sa principale priorité de campagne du jeune maire. Dès son accession au pouvoir, le plus jeune président de l’histoire du Salvador a lancé son Plan de Contrôle Territorial pour

  • Sortir le Salvador de la liste des pays les plus violents au monde en 2021
  • Posséder les éléments pour rendre la guerre contre les gangs possible
  • Garantir la paix à long terme.

Selon le site ,Unherd, plus de 4 000 personnes ont été arrêtées au cours des premières semaines seulement. La mise en œuvre du Plan a coïncidé avec une baisse spectaculaire du taux d’homicides, qui est passé de 53 pour 100 000 en 2018 à 18 pour 100 000 en 2021. Toujours, selon le Wall Street Journal, le taux d’homicides au Salvador est passé d’un pic de 106 pour 100 000 habitants en 2015 à 7,8 en 2022, « bien en dessous de certaines grandes villes américaines ».

Pour y parvenir, le gouvernement salvadorien a recourt à l’armée tout en plaçant l’ensemble du pays en Etat d’urgence. Une confrontation qui semble porter ses fruits puisque la même année le nombre d’homicides avait atteint 38 pour 100.000, toujours selon les statistiques du ministère. Alors que le pays enregistrait en 2022, le taux d’homicides le plus bas de son histoire.

En 2021, le taux d’homicides atteint son plus bas niveau depuis la fin de la guerre civile en 1992, avec 18 homicides pour 100 000 habitants. Ce qui a permis au Salvador de quitter la triste liste des pays les plus violents au monde, faisant de 2022 l’année la plus sûre de son histoire. En effet, selon les chiffres divulgués par le ministre de la Justice et de la Sécurité Gustavo Villatoro, le taux de meurtres est tombé à 7,8 pour 100 000 habitants. En 2022, 495 homicides ont ainsi été recensés, contre 1.147 l’année précédente (18,1 cas pour 100.000 habitants en 2021).

La lutte contre les cartels aurait des résultats en matière judiciaire avec des peines de prison plus sévères que par le passé. Selon le ministère de la justice salvadorien, sur les 70 000 membres que comptent les gangs maras, une grande majorité serait aujourd’hui derrière les barreaux. Les principaux chefs de bandes sont eux aussi en prison avec des peines allant de 40 à 50 ans tandis que les autres membres sont condamnés à 20 ou 30 ans de détention. Qui plus est, alors qu’ils échappaient à des sentences sévères du fait de leur jeune âge, les adolescents ou enfants membres de la MS13 ou de la Mara 18, subissent le même sort que leurs aînés et une fois condamnés, ils sont conduits dans les prisons surpeuplées pour adultes.

Les opérations de l’armée et de la police aurait conduit à l’arrestation de plus de 60.000 personnes depuis mars 2022 pour des liens présumés avec des organisations criminelles, selon des chiffres officiels. Selon le Wall Street Journal, l’ancienne capitale mondiale du meurtre a maintenant le taux d’incarcération le plus élevé au monde, a déclaré le, Wall Street Journal – « presque le double de celui des États-Unis ». Plus de 71 000 personnes ont été arrêtées, soit environ 7% de la population masculine du pays âgée de 14 à 29 ans, selon ,The Economist. « Toute personne soupçonnée d’avoir des liens avec un gang criminel peut être jetée indéfiniment dans une prison surpeuplée », avec peu de preuves ou de procédure régulière.

Une guerre totale contre les maras qui soulève de vives critiques tant au Salvador qu’à l’international. La première des critiques vient du principal partenaire économique et sécuritaire, les Etats-Unis. Le gouvernement des États-Unis accuse certains responsables du gouvernement du Salvador d’avoir un accord secret avec les gangs pour favoris. De plus, en décembre 2021, le département du Trésor des États-Unis sanctionne deux responsables gouvernementaux salvadoriens qui, selon lui, mènent des pourparlers avec les principaux gangs du pays.

La deuxième critique vient des médias salvadoriens qui accusent Nayib Bukele d’être impliqué, d’abord lorsqu’il est maire de San Salvador, puis plus tard lorsqu’il prend ses fonctions de président, négociant une réduction de la violence en échange d’avantages économiques et pénitentiaires. Critiques reprises par leurs homologues américains et internationaux. Par exemple, le journal espagnol El Pais dans une longue enquête a révélé que « en septembre 2020 que Nayib Bukele négocie secrètement depuis un an un accord avec le plus puissant gang du pays, la Mara Salvatrucha. ,Le journal El Faro estime que la baisse des homicides dans le pays n’est pas due à la politique sécuritaire du gouvernement mais « à un échange de bons services » : en contrepartie d’un assouplissement des conditions de détention de ses membres et d’autres promesses, le gang se serait engagé à réduire le nombre d’assassinats et à soutenir la formation politique de Nayib Bukele lors des élections. Evidemment le président Bukele a nié toutes ces accusations :

La troisième accusation émane des ONG comme Human Rights Watch ou l qui parlent notamment d’arrestations arbitraires avec de nombreuses personnes innocentes mises derrière les barreaux par les forces de l’ordre salvadoriennes dans un objectif de chiffres. En avril 2022, la trève entre les groupes criminels et l’Etat est rompue, entraînant une nouvelle vague de violence ensanglantant le Salvador et sa capitale. En trois jours, 87 personnes ont été assassinées. Le pays est placé en état d’urgence. Période durant laquelle 5747 personnes auraient été détenues sans aucune forme de procès. Par ailleurs, dans les prisons salvadoriennes, les ONG évoquent des cas de torture, de traitement inhumain et de mauvaises conditions de détention dû à une surpopulation carcérale. De plus, durant cette période exceptionnelle, de nombreuses libertés civiles ont été tout simplement suspendues.

Pour ne rien arranger, les déclarations du président Bukele auraient inquiété les Institutions internationales. Celui-ci aurait menacé les membres maras de privation de nourriture en prison si ces derniers voudraient se venger des personnes (civiles comme professionnels de justice) qui les auraient dénoncés ou condamnés. De plus, selon le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU, certains présumés coupables n’auraient simplement pas la possibilité de pouvoir se défendre lors des procès. Procès qu’ils peuvent attendre des mois voire des années. A été aussi dénoncé par Liz Throssel ( représentante de l’organisme onusien) l’usage excessif de la force par l’armée et la police salvadorienne qui n’hésitent pas à tuer, torturer ou faire disparaître un(e) suspect(e). Ce sont donc plusieurs centaines de personnes, apparemment innocentes qui seraient détenues dans les prisons les plus violentes et les plus surpeuplées d’Amérique Centrale.

A ce sujet, plusieurs témoignages de personnes ayant été incarcérées en vertu de l’état d’exception rapportés par l’Institut des droits de l’homme de l’Université centraméricaine font état de techniques controversées déjà employées par l’armée américaine à Guantanamo ou par les dictatures sud-américaines des années 1970, telles que le simulacre de noyade ou le pressage des ongles avec des pinces. Ces techniques visent à faire avouer aux jeunes qu’ils sont membres de gangs. Certaines victimes sont incarcérées dans des cellules avec des membres de gangs et subissent des sévices, tant des membres de gangs que des gardiens.

De plus, depuis le début du mois de juin 2023, l’Organisation des Nations unies demande à l’État salvadorien des explications sur ce qui se passe dans les centres de détention du pays en raison de « la possibilité d’un schéma de détentions arbitraires, ainsi que d’éventuels abus pouvant constituer de la torture ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Des accusations une nouvelle fois démenties par le gouvernement. En guise de réponse, l’Etat salvadorien a publié un rapport qui ne contient aucune reconnaissance d’abus, dissimule des données et qui comporte des ambiguïtés.

Toutes ces situation ont entraîné de vives critiques à l’encontre du chef de l’état salvadorien qualifié de dictateur par certains opposants ou journalistes : comme le notait Juan Pappier représentant de Human Rights Watch pour les Amériques, Bukele is “highly undemocratic, highly abusive – and highly popular” traduction,  » Bukele est hautement antidémocratique, très abusif mais il est très populaire « . Il est vrai que selon les sondages, 93% des salvadoriens approuvent la politique du jeune président. En juin 2023, un sondage réalisé par le Think Thank ( groupe de réflexion) salvadorien Fundaungo a révélé que 53 % des personnes interrogées avaient une opinion positive de l’état d’urgence. Seulement 9% avaient une opinion négative. Environ 40% des répondants ont déclaré que la réduction de la criminalité était la plus grande réalisation du mandat de Bukele. De quoi placer le président comme le favori des prochaines élections de 2024. La politique sécuritaire de Bukele y est même saluée ailleurs sur le continent. Des pays comme le Honduras ou l’Equateur ont décidé de copier les méthodes radicales salvadoriennes tandis qu’au Pérou, au Costa Rica, en Colombie et au Guatemala ce sont les citoyens qui ont manifesté dans les rues pour demander à une répression des groupes armés.

En ce qui concerne le principal concerné, le président Nayib Bukele est loin de mettre un terme à sa politique ultra-répressive. Au contraire, au début de l’année 2023, la plus grande prison du pays a été inaugurée par le président en personne. Son nom veut tout dire : El Centre de Confiniamento del Terrorismo. D’une superficie de 23 hectares, ce centre de détention ultra sécurisé peut accueillir jusqu’à 40 000 détenus. 12 000 prisonniers occuperaient déjà ses murs.