Au Guyana, les descendants britanniques d’un ancien propriétaire d’esclaves demandent pardon

Durant quatre cent ans, l’Afrique a été saignée à blanc. Des millions de ses enfants sont partis de force vers les Amériques. Quatre cent ans de misère, de racisme, de violence, de travail forcé pour le plus grand plaisir de propriétaires, de compagnies d’assurances ou de compagnies commerciales venues du Royaume-Uni, de France, des Pays-Bas, d’Espagne, du Portugal, du Brésil et même du Danemark. Un crime resté dans les mémoires communes où le tabou, le silence et la négation ont longtemps primé. Pourtant, quelques uns ont entrepris le chemin. C’est le cas de ces descendants britanniques d’un ancien propriétaire d’esclaves au Guyana ont demandé pardon, vendredi 25 août à Georgetown, pour l’action de leur ancêtre.

Les Etats-Unis, Le Royaume-Uni, la France, les Pays Bas, le Portugal et l’Espagne ont en commun un passé douloureux, celui de l’esclavage et de la traite négrière. Dès la découverte des Amériques et le début des explorations du littoral de l’Afrique, les européens s’adonnèrent à un commerce juteux en profits mais inhumain dans la forme.

Durant quatre cents ans, l’Afrique a été saignée à blanc. Des millions de ses enfants sont partis de force vers les terres d’Amérique afin d’abreuver les bouches occidentales. Quatre cent ans de misère, de racisme, de violence, de travail forcé pour le plus grand plaisir de l’Europe, des Etats Unis et de certaines grandes familles du Brésil. Ces pays ce se sont enrichis considérablement tandis que l’Afrique, les Caraïbes et les populations noires des USA ou du Brésil sont encore très pauvres. Aujourd’hui encore l’Afrique et les terres d’Amérique peine à décoller économiquement. Nombreuses sont les voix qui s’élèvent de part et d’autre de l’océan Atlantique qui réclament des réparations. Ce que l’Europe feint d’ignorer.

Disons-le, l’esclavage est un crime resté dans les mémoires communes où le tabou, le silence et la négation ont longtemps primé. Pourtant, quelques uns ont entrepris le chemin. C’est le cas de ces descendants britanniques d’un ancien propriétaire d’esclaves au Guyana ont demandé pardon, vendredi 25 août à Georgetown, pour l’action de leur ancêtre.

Crédit Photo: Kenny Bacchus / AFPTV / AFP

« L’esclavage a été un crime contre l’humanité et ses conséquences néfastes continuent d’être ressenties dans le monde aujourd’hui. C’est avec une profonde honte et du regret que nous reconnaissons l’implication de notre ancêtre dans ce crime, et que nous présentons avec sincérité nos excuses aux descendants des esclaves du Guyana », a déclaré Charles Gladstone, arrière-arrière-arrière-petit-fils de John Gladstone, propriétaire d’esclaves à Demerara, ancienne colonie où se trouve actuellement Georgetown, la capitale du pays.

S’exprimant lors du lancement du Centre international pour l’étude des migrations et de la diaspora de l’université de Guyana, M. Gladstone et sa famille ont donc présenté leurs excuses pour cet épisode qui a conduit à des « injustices manifestes et multiples ». Ils ont annoncé la création d’un fonds pour soutenir divers projets au Guyana et ont appelé le Royaume-Uni à engager des discussions avec la Communauté des Caraïbes (Caricom) pour des dédommagements de l’esclavage et « afin que les deux parties puissent s’acheminer ensemble vers un avenir meilleur ».

John Gladstone, père du Premier ministre britannique du XIXe siècle, William Gladstone (1809-1898), n’a jamais posé les pays aux Amériques pourtant, il fut propriétaire de plusieurs plantations de coton et de canne à sucre au Guyana et en Jamaïque dans lesquelles travaillaient des esclaves. Une fois l’esclavage abolit, il aurait également participé au transport de milliers d’Asiatiques pour travailler comme ouvriers sous contrat après l’abolition de 1833. Il est aussi accusé d’avoir ordonné la répression de la célèbre révolte d’esclaves de 1823 qui a éclaté sur dans sa plantation de Success Village située sur la côte est du Guyana à environ 11 km de la capitale Georgetown. Les archives historiques montrent que des centaines d’esclaves révoltés ont été tués et leurs têtes coupées et alignées sur des poteaux jusqu’à la capitale pour rappeler à d’autres personnes nourrissant des ambitions similaires alors que les colonisateurs étouffaient la rébellion de deux jours.

Des excuses qui ont du mal à passer pour une grande majorité vu le taux de pauvreté de la communauté noire présente dans les pays d’Amérique notamment au Guyana. Lors du discours de Charles Gladstone, ils étaient nombreux a manifesté leur colère. Comme le rapporte le site d’actualité ,Nouvelle Aube, : Sur des pancartes, on pouvait lire: « Votre culpabilité est réelle, Charlie. Les Gladstone sont des meurtriers » ou « Justice pour l’esclavage! Réparations maintenant ».

Ou encore « Nos ancêtres méritent une vraie justice », « Chers héritiers Gladstone, est-ce là ce que valent nos ancêtres à vos yeux? Quelle honte! »

Parmi ces manifestants, la militante afro-guyanienne Nicole Cole a estimé dans des déclarations faites qu‘ « aucune excuse ne peut suffire ».

« Mais c’est un pas vers la reconnaissance qu’un crime a été commis et que la vie des gens en a été bouleversée », a-t-elle ajouté, soulignant « la marque indélébile que l’esclavage a laissée ».

Le leader de la manifestation, Cedric Castellow, a rejeté les excuses comme « superficielles » et a déclaré que la Grande-Bretagne et d’autres pays européens devaient au Guyana et aux Caraïbes des milliards de dollars en paiements de réparations.

Ni le président du Guyana ni aucun membre de son gouvernement n’a participé à la rencontre entre les descendants de Charles Gladstone, des centaines d’étudiants, des universitaires et les membres de plusieurs associations engagées dans la cause des réparations.

A ce sujet, le président du Guyana, dans un discours a évoqué la difficile question des réparations de l’esclavage. Il s’en est pris jeudi aux descendants des marchands d’esclaves européens, affirmant que ceux qui ont profité de la cruelle traite négrière transatlantique devraient offrir de payer des réparations aux générations d’aujourd’hui. De plus, il a aussi proposé que les personnes impliquées dans la traite des esclaves soient inculpées à titre posthume de crimes contre l’humanité.

Pour le chef de l’état guyanien, le plan de réparations favorisé par de nombreux pays des Caraïbes comprend des excuses officielles et un investissement de milliards de dollars dans l’éducation, la santé, les infrastructures et la revitalisation culturelle pour s’assurer que « les générations futures sont libérées des chaînes de l’histoire ».

Sur la majorité des nations qui se sont enrichies grâce à l’esclavage, seul les Pays-Bas, par la voix de leur monarque ont exprimé des excuses. Dans les autres pays, on voit même un retour en arrière avec la volonté d’inscrire dans les manuels scolaires, les bienfaits de l’esclavage et de la colonisation comme c’est le cas en Floride ou même en France du côté de certains bords politiques de la droite ou de l’esclavage. Dans d’autres pays comme l’Espagne, les pays d’Amérique Latine ou même le Brésil la question de l’esclavage est quasi passée à la trappe et oubliée.