Le 11 novembre 2024-11 novembre 1918, il y a cent-sept ans se terminait la plus Grande Guerre que le Monde a eu à vivre. Un conflit meurtrier auquel ont pris part des millions d’hommes et des femmes de tous horizons confondus. Parmi eux, un Martiniquais. Son nom Pierre Réjon, méconnu des jeunes générations, pourtant, l’homme a été l’uun des As de l’aviation française et à ouvert la voie de l’aérien à de nombreux pilotes originaires des vieilles colonies.
Il y a des héros qui ne portent pas des capes et pourtant leur vie et leur destinée est digne d’un romain épique. En ce 11 novembre 2024, la France commémore ces millions d’hommes ( et de femmes) qui ont sacrifié leur jeunesse et leur vie pour que nous puissions vivre en liberté. Une grande guerre qui marque encore les esprits tant les ouvrages et les témoignages de ceux qui l’auront vécu dans leur chair sont nombreux.
Durant quatre ans, la France et ses alliés Italiens, Belges, l’Empire Britannique et ses Dominions, Serbes, Portugais, Russes, Japonais, ont affronté les Empires Centraux qu’ont été l’Empire Allemand, l’Empire Austro-Hongrois, le Royaume de Bulgarie ainsi que l’Empire Ottoman. Un conflit mondial qui a broyé des millions de jeunes vies à travers des batailles toutes plus meurtrières les unes que les autres. Une guerre durant laquelle, la France et le Royaume-Uni ont puisé dans leurs immenses viviers de soldats issus des colonies et dominions. Des hommes d’origines géographiques différentes qui se sont retrouvés à combattre d’autres hommes qu’ils ne connaissaient même pas pour des questions géopolitiques qu’ils ignoraient.
Les Antilles-Françaises de Guadeloupe, Martinique ainsi que la Guyane-Françaises, nommées les vieilles colonies, ont aussi payé le prix du sang lors de cette Première Guerre Mondiale moderne, où les corps étaient broyés dans les km de tranchées de ce front figé. Parmi ces soldats des colonies, il y a eu un homme, son nom, Pierre Réjon, engagé volontaire, il devint l’un des As de la toute naissante armée de l’air française. Un héro national tombé pourtant dans l’oubli.

Pierre Réjon : de la Martinique à l’armée de l’air
Né à Trinité en 1895, Pierre Réjon, ce fils d’anciens esclaves est parmi les premières générations d’afro-descendants à pouvoir faire des études supérieures à la Métropole. Il intègre l’École des Arts et Métiers de Paris lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Il n’a seulement 19 ans quand il décide de s’engager volontairement, le 22 août 1914, au sein du 33ᵉ régiment d’infanterie.
Trois ans plus tard, en juillet 1917, il se tourne vers l’aéronautique militaire, un domaine encore naissant. Comme l’Afro-Américain Eugene Bullard ou le martiniquais André Parsemain, il devient l’un des rares pilotes noirs de l’époque. Après une formation à Avord (Cher), il décroche son brevet de pilote de chasse à la fin de l’année.
Affecté successivement aux escadrilles N160, N64 puis aux Coqs, il baptise affectueusement chacun de ses avions « Zaza », du prénom de sa petite sœur Isadie. Audacieux et intrépide, il participe à de nombreux combats aériens et revendique 11 appareils ennemis touchés, dont 4 abattus.
Le 20 septembre 1918, il est cité à l’ordre de l’Armée :
« Pilote d’un courage à toute épreuve. Le 10 août, au cours d’une mission à basse altitude, à 12 km dans les lignes ennemies, a engagé un combat très dur contre des adversaires supérieurs en nombre et abattu un avion allemand. »
Le journal La France coloniale, dans son édition du 23 novembre 1918, saluera « un pilote d’exception », précisant qu’il avait contraint plusieurs avions allemands à atterrir en catastrophe derrière leurs lignes.
Récompensé de la Médaille militaire, de la Croix de guerre française avec palme et de la Croix de guerre belge, Pierre Réjon sort indemne du conflit, avant de trouver la mort prématurément, le 15 août 1920 en Guyane, à l’âge de 25 ans.
Ami du lieutenant Guibert Jean-Marie, autre pionnier martiniquais de l’aviation, Pierre Réjon reste aujourd’hui l’un des visages méconnus mais essentiels de l’histoire militaire antillaise.
Sorti indemne de la Grande Guerre, il trouva la mort le 15 août 1920 suite à un accident d’avion, alors qu’il survole la Guyane.

