Il y a 79 ans, la guerre la plus meurtrière de l’Histoire européenne et mondiale prenait fin. Des millions d’hommes et de femmes originaires de tous les pays confondus ont pris part à des combats sanglants aux quatre coins de la planète. Ils étaient américains, britanniques, canadiens, australiens, néo-zélandais, polonais, grecs, français, originaires des anciens Empires coloniaux britanniques, français, néerlandais ou belges etc. Parmi ces soldats à peine sortis de l’adolescence, on comptait des Guadeloupéens, des Martiniquais et des Guyanais. Ils ont bravé la répression et traverser les océans pour libérer la » mère patrie » qui une fois libérée, a sitôt oublié leurs actions héroïques. Retour sur ce pan de notre histoire commune.
Le 8 Mai est une date importante pour la majorité des pays européens. Elle marque fin de la guerre la plus meurtrière de l’histoire, la Seconde Guerre Mondiale. A l’image de la Grande Guerre de 14-18, le second conflit mondial de 1939-1945, comme son nom l’indique fut mondial. En effet, durant six ans, des millions d’hommes et de femmes ont affronté dans différents théâtres d’opération, répartis aux quatre coins de la planète les puissances de l’Axe ( Allemagne, Italie, Japon). A travers les dunes du Sahara en Afrique du Nord, en Sicile, en Italie, en Sardaigne, en Corse, avant de mener de débarquer en Provence( Sud de la France) et en Normandie, en Grèce comme dans les Balkans, aux portes de Moscou et de Stalingrad, même dans le nord de l’Europe et dans l’immense Pacifique, partout, sur terre comme sur les mers, les combats faisaient rage au prix de pertes humaines effroyables.
Ils combattaient dans l’armée rouge soviétique, ils étaient Britanniques, Américains, Polonais, Yougoslaves, Français ( français de la résistance, Forces Françaises Libres), Grecs, Norvégiens, Finlandais, Brésiliens, Colombiens, Chinois ( Chinois communistes/ Chinois du Kuomintang). Beaucoup provenaient de l’immense réservoir colonial de la couronne britannique et de l’Empire colonial français. Ces combattants d’Afrique, des Indes, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Indochine et du Canada se sont ralliés derrière les leaders charismatiques que furent Winston Churchill premier ministre de la Grande Bretagne, Tchang KaÎ Chek, Franklin Delano Roosvelt. En France, c’est le Général De Gaulle, suite à son appel radiophonique du 18 Juin 1940, devint la figure majeure de la résistance française dans la lutte contre la domination nazie et le régime collaborateur de Vichy. Animés par le fort désir de justice, de paix et de liberté pour leurs peuples et les territoires qui les ont vu naître, ces combattants souvent très jeunes, à peine sortis de l’adolescence quittèrent leurs familles pour combattre à des milliers de kilomètres de chez eux, au péril de leur vie.
Cependant, parmi ces millions de combattants, les résistants originaires des premières colonies français, les Antiilles-Guyane. Ils ont eux aussi joué un rôle déterminant dans cette guerre contre le totalitarisme. Pourtant, ces hommes et ces femmes ont été oubliés de l’histoire nationale. Au même titre que leurs camarades algériens, marocains, tunisiens et africains, ils ont participé à la libération de la France, mais leur action a été minimisée voire complètement effacée du roman national français.
Au commencement, il y avait le Régime de Vichy…
Comme dans l’Hexagone, l’histoire de la résistance antillo-guyanaise commence dès les premiers jours du régime de Vichy dirigé par le Maréchal Pétain, naguère héro de la Grande Guerre de 14-18, Suite à la débâcle militaire de 1939-1940, il signa l’armistice avec Adolf Hitler chancelier du Reich.
Bien plus qu’une simple reddition, c’est l’instauration d’une politique de collaboration et de soumission à l’Allemagne nazie qui a engendré la partition du territoire hexagonal en deux zones. Une zone occupée par les soldats de la Wehrmacht totalement sous contrôle nazi et une zone dite libre, contrôlée par les hommes de Vichy avec à sa tête Philippe Pétain épaulé par Laval. Il obtint les pleins pouvoirs le 10 Juillet de cette même année. Dans la foulée, l’ancien héro de guerre supprime toutes les prérogatives démocratiques durement acquises par les français. Son programme politique » la Révolution Nationale », se résume au slogan » Travail, Famille, Patrie » copié collé de celui appliqué par les régimes fascistes proches ou sous domination de l’Allemagne Nazie. Pour l’appliquer, le régime pétainiste s’appuie sur les services de police et les services de renseignements aidés par la Gestapo allemande. Pétain met aussi en place une politique antisémite à l’encontre des juifs français comme étrangers.
Dès l’annonce de la fin des combats par les troupes françaises, De Gaulle qui, à ce moment n’était pas encore un personnage marquant dans la hiérarchie militaire française, décide de fuir la France, le 17 Juin et s’installe à Londres. Dans la capitale britannique, il commença à organiser la résistance d’abord des anciens militaires qui ont eux aussi l’envie de poursuivre la guerre puis des civils qui décident de rallier la résistance à l’oppression. Le 18 juin 1940, il prononce sur les ondes de la BBC (Radio Londres) un discours dans lequel il appelait les soldats français « à se mettre en rapport » avec lui. De fait ce discours, que peu de personnes ont entendu en direct (il sera diffusé en secret les jours suivants) fut considéré comme l’acte de naissance de la résistance française qui s’organisa à la fois à Londres, clandestinement sur le territoire français et même dans les colonies.
En effet, à des kilomètres de la Métropole coloniale, les colonies d’Afrique réunies autour du charismatique gouverneur Félix Eboué se rallient à De Gaulle. Les Antilles-Françaises et à la Guyane, plus vieilles colonies de l’Empire, ne sont pas en reste. Bien qu’épargnées par la violence des combats en Europe, les Antilles-Françaises et la Guyane-Française passent sous le contrôle total du régime pétainiste et ce dès les premières semaines de la défaite de 1940. Il faut dire que la position stratégique qu’occupe ces petits bouts de territoires de l’Empire, n’est pas négligeable. La Martinique et la Guadeloupe sont situées dans la Caraïbe, proche des Etats-Unis et ceinturées d’îles anglophones, à l’époque colonies de l’a Couronne ( la Dominique, Montserrat, Saint-Lucie, Antigua etc), une possible invasion des troupes britanniques ou américaines était une option à envisager, car, du côté des alliés, notamment les américains, ils craignaient que la zone de combat ne s’étende à proximité de leurs côtes.
Pour Pétain, il fallait surtout s’assurer la totale maîtrise de ces vieilles colonies et contrer le vent de liberté porté par le puissant parti communiste qui avait des bases solides dans la classe populaire mais également dans les milieux ouvriers et agricoles. C’est la raison pour laquelle en Juin 1940, les Antilles-Françaises ( Guadeloupe, Martinique) deviennent l’une des principales navales de la marine nationale. Un important détachement y est envoyé pour éviter qu’elles ne tombent aux mains des Allemands. Arrive dans les eaux antillaises plusieurs fleurons de la marine de guerre, le Béarn, le Barfleur et surtout l’Emile Bertin qui transporte dans ses cales pas moins de 300 tonnes d’or de la Banque de France. Au total, ce sont 5000 marins qui vont alors stationner en Guadeloupe, à la Martinique et en Guyane, pour ramener le calme dans les colonies et assurer leur fidélité à Vichy, qui nomme l’amiral Robert au poste de haut-commissaire de France aux Antilles et en Guyane. Les pleins pouvoirs lui ont donc été octroyés.
…. Puis la dissidence ou la résistance tropicale :
Installé à Fort-de-France, à la Martinique, cet homme ultraconservateur, vichyste convaincu, antisémite et même raciste est secondé par un état-major de commandement ainsi que par des gouverneurs tels que Yves Nicol basé à la Martinique, ou encore Constant Sorin en Guadeloupe. Suivant l’exemple de la métropole coloniale, le programme de la Révolution Nationale est appliqué dans les colonies d’Amérique. Embrigadement de la jeunesse, culte de la personnalité, chants patriotiques à la gloire du Maréchal Pétain. Tout y passe. L’amiral Robert appuie son pouvoir sur les trois régions grâce aux forces de police et militaire (gendarmerie), aux services de renseignements locaux qui traquent avec violence l’opposition et reçoit aussi le soutien d’une partie des planteurs de la caste Béké. La société est muselée, la classe politique locale est révoquée, dès Juin 1940, une grande partie des conseillers généraux de la Guadeloupe et de la Martinique tente de dire non à l’abandon des combats et à la signature d’un armistice. Ils expriment à l’Amiral Robert et aux gouverneurs leur désir de poursuivre la guerre et que leur soit conféré le pouvoir comme le prévoit la l’article 1 de la loi du 15 Février 1872, en cas de pression extérieure exercée sur l’Assemblée Nationale. Nombre d’entre eux sont arrêtés, subissent un interrogatoire musclé puis sont déportés au bagne en Guyane ou mis aux fers dans les cales de la Jeanne d’Arc.
Encore aujourd’hui, les antillais (jeunes comme vieux) parlent de cette période spéciale comme d’un souvenir douloureux de l’histoire dont les plus anciens ont tenté d’oublier. Oui, » lavi an tan sorin » ( la vie au temps du Gouverneur Sorin) » lavi an tan Robè » ( la vie au temps de l’Amérial Robè) fut très difficile, puisque ce fut une période d’auto-suffisance, la censure était accompagnée par un fort rationnement des denrées de première nécessité à destination de la population qui devait redoubler d’ingéniosité pour produire tout par eux-même. Craignant un retour de la société archaïque, patriarcal, esclavagiste, raciste et la perte de leur statut de citoyen ( comme ce fut le cas en 1802), mais surtout lassés des difficultés du quotidien, une opposition commence à s’organiser au sein des civils. Elle commença d’abord par les intellectuels et les journalistes locaux qui grâce leurs plumes acérées critiquaient le régime vichyste et son représentant au niveau local, l’Amiral Robert. Des articles critiques furent publiés dans la revue Tropiques dirigée par Aimé Césaire et sa femme. Se joignirent à eux, des écrivains, des artistes peintres, des chanteurs locaux qui appelèrent à la résistance. Beaucoup de guadeloupéens, de martiniquais et de guyanais joignirent les actes aux mots. Ils décidèrent tout simplement de quitter la colonie pour rallier l’Europe afin de prendre part aux violents combats.
La dissidence ou la perpétuation de la tradition du marronnage :
Rejoindre les troupes de la France Libre relevait d’un véritable périple pour ces jeunes hommes (et quelques jeunes femmes) animés de cette volonté de défendre la liberté. Le début de l’aventure consistait à aller dans les îles anglophones voisines de la Dominique, de Sainte-Lucie ( pour la Guadeloupe et la Martinique), Trinidad & Tobago pour les guyanais. Puis, traverser les canaux séparant les îles françaises des territoires britanniques n’est pas une mince affaire. En effet, les obstacles étaient nombreux, mouchards de la police, descente de la police à la moindre suspicion de départ. Ils devaient déjouer les patrouilles des bateaux de la marine nationale et se méfier des passeurs eux-mêmes qui pouvaient les dénoncer aux forces de l’ordre en échange d’une somme d’argent. Puis, la traversée n’était pas sans risque. Large d’une quarantaine de kilomètres, ces canaux où se croisent l’Océan Atlantique et la Mer des Caraïbe sont assez dangereux surtout quand on fait la traversée dans de petites embarcations traditionnelles. Quelques dissidents ont d’ailleurs trouvé la mort durant le voyage. Une fois arrivée à destination, ils sont dirigés dans les bureaux de recrutement des FFL ( Forces Françaises Libres) commandés par le lieutenant colonel Jean Massip basé à la Dominique et Pierre Adigard des Gaustries stationné à Sainte-Lucie.
Par la suite, les résistants tropicaux étaient envoyés en formation militaire aux États-Unis, au Canada ou en Grande-Bretagne. Une sélection était opérée en fonction de leurs compétences : il y a les marins ou pêcheurs de carrière qui rejoignirent les Forces Navales françaises libres, ceux qui étaient considérés comme plus expérimentés ( en fonction de leurs diplômes) sont incorporés aux Forces aériennes françaises libres au Canada, les plus physiques sont intégrés aux unités d’élites ou vont à l’Ecole militaire des Cadets de la France Libre en Angleterre. Quant aux femmes, elles se mirent au service de recrutement FFL, intégrèrent les auxiliaires féminines de l’armée de terre, ou furent affectées à des fonctions non combattantes ( formation d’officiers, agent de liaison, recrutement de soldats pour la France Libre.)
Ainsi, en octobre 1942, fut créé le Bataillon Antilles n°1 (BA1), formé aux États-Unis, qui rejoignit les forces alliées en Afrique du Nord. Il devint par la suite le Bataillon de Marche des Antilles (BMA1), puis le 21eGroupe antillais de Défense contre avions (GADCA) intégré à la 1èreDivision française libre. Aux côtés de leurs compatriotes hexagonaux et des colonies d’Afrique, ces résistants antillo-guyanais participèrent aux campagnes d’Afrique du Nord,( Maroc, Algérie, Campagne de Tunisie. En Libye puis en Egypte, ils prirent part aux combats acharnés qui opposaient les troupes britanniques aux forces nazies et italiennes. Une fois le nord de l’Afrique libéré du fascisme, ils participèrent à la campagne d’Italie, Opération en Sicile, débarquement de Naples, percée de la Ligne Gustav, la sanglante bataille de Monte Cassino et la prise de l’abbaye (où se réfugièrent les troupes allemandes du fait de la position stratégique) au prix de très nombreuses pertes. Par la suite, les combattants antillo-guyanais prirent part aux combats en Corse. Des guadeloupéens, les martiniquais et les guyanais débarquèrent en Normandie en Juin 1944, tandis que d’autres combattirent les allemands en Provence ( débarquement de Provence).Bien des batailles à travers l’Europe de l’Ouest, toutes plus meurtrières les unes que les autres, durant lesquelles des guadeloupéens, des martiniquais et des guyanais s’illustrèrent courageusement.
L’oubli et le mépris de la République :
La reddition allemande le 7 mai 1945 et la signature de l’armistice le lendemain ( 8 Mai 1945) marqua la fin du conflit en Europe, l’heure est à l’euphorie. Acclamés par des foules en liesses, les militaires alliés, toutes les origines confondues étaient les grands héros de ce conflit généralisé et brutal. Après des années de violence, la paix faisait sont grand retour. Cependant, du côté du haut commandement allié, l’heure est plutôt à la méfiance. Les grandes Conférences Internationales se succèdent et déjà, dessinèrent ce que sera le monde d’après-guerre. Dès la signature du Traité de Paix, l’alliance que formèrent américains, britanniques, français, russes, éclate. Les alliés deviennent les ennemis. Les uns accusent les autres de vouloir diviser le Monde en deux blocs. Très vite, la rivalité idéologique qui, avant la guerre opposait les soviétiques aux occidentaux; reprend.
Du côté des soldats,(non blancs) africains, maghrébins, afro-américains, et surtout les antillais francophones, de retour au pays c’est la douche froide. Racisme et ségrégation pour certains, colonialisme pour d’autres, le retour à la réalité est brutal. Lorsqu’ils sont rapatriés en Guadeloupe, à la Martinique ou en Guyane, l’accueil est plutôt glacial. La France pour qui ils se sont battus, ne les considère plus comme des héros mais désormais comme de potentielles menaces à la stabilité de l’ordre colonial rétablit. Les vents de l’autonomie et de l’indépendance soufflent sur les vieux empires coloniaux fragilisés par ces années de conflit. De plus, il faut le dire, les dissidents antillais ne répondaient pas à la conception du résistant français en béret faisant sauter les ponts à la veille du Débarquement. Ainsi, après avoir sacrifié l’innocence de leur jeunesse dans des combats violents, leurs noms et leurs faits d’armes ont été complètement rayés des livres d’histoire.
Comme le soulignait SLATE dans son article sur le sujet daté de 2015 : « S’ensuit une période d’ombre pour la Dissidence. Aux Antilles, on célèbre bien les résistants à leur retour. En 1947, un monument à la mémoire des dissidents antillais est même érigé sur l’île de la… Dominique. Dans les îles françaises, il faudra attendre plus de soixante ans pour qu’un monument en mémoire des dissidents voie le jour, tout comme pour voir des combattants antillais aux commémorations annuelles du Mont-Valérien.
Quant au Mémorial du débarquement de Toulon, qui ouvre en 1964, aucune mention du Bataillon Antillais, qui avait pourtant participé aux combats ayant eu lieu à proximité, au Mont-Faron, d’après l’historien Julien Toureille, qui a consacré un article à la mémoire de la Dissidence. Il y constate que «la Dissidence apparaît ainsi longtemps absente du paysage local antillais, elle qui était oubliée des hommages officiels et se faisait très rare dans les librairies».
À l’instar de Robert Paxton et du renouvellement historiographique de la période vichyste que son travail d’historien américain entraîna, ce sont des chercheurs anglo-saxons qui s’intéressent les premiers à Vichy dans les Antilles. Et cela, dès les années 1970, avec des historiens comme Richard Burton.
«L’histoire de la colonisation française a du succès dans le monde anglophone. Et les études coloniales et postcoloniales y sont plus développées, explique Eric Jennings. L’histoire des colonies françaises pendant la Seconde Guerre mondiale est ainsi à la croisée de l’histoire coloniale et de celle de Vichy.» D’ailleurs pour cet historien, «l’intérêt pour cette histoire est lié à l’idée d’un laboratoire de Vichy sans les Allemands. Au moment où [il s]’y intéresse, l’histoire de la Seconde Guerre mondiale dans les Antilles se retrouve dans la littérature. C’était une période beaucoup évoquée dans les mémoires locales et qui ressortait en littérature. Cela [l]’a interrogé.»
Il a fallu attendre l’année 2009 pour que le récit national de la résistance aux nazis intègre enfin les combattants Antillo-guyanais.
« Je veux dire aux Martiniquais et aux Guadeloupéens que l’histoire des dissidents est un exemple pour tous les Français et c’est pourquoi j’ai voulu que leur soit rendu l’hommage de toute la Nation. Je veux dire à ces femmes et à ces hommes que la France n’oublie pas ce qu’elle leur doit. »
Nicolas Sarkozy (2009)
S’ensuit l’inauguration de la première stèle commémorant la Dissidence en Martinique érigée en 2010 dans la commune des Trois-Ilets. Les anciens combattants d’outre-mer ont dû attendre 2011 avant d’être officiellement invités à la commémoration du 18-Juin au Mont-Valérien et aux Invalides. Ces dernières années, les différents présidents et gouvernements ont tous rendu hommage aux combattants antillo-guyanais, formulant au passage des promesses pour perpétuer la mémoire de ces jeunes hommes et ces jeunes femmes. Pourtant, jusqu’à ce jour, ces promesses n’ont pas été tenues. Aujourd’hui encore, le recensement des dissidents n’est toujours pas achevé. Certains avances des chiffres, de 3000, 4000 voire 5000 guadeloupéens, martiniquais et guyanais partis sur les fronts européens. Décidément, tout comme l’esclavage, dès qu’il s’agit de l’Outre-mer, le devoir de mémoire collectif a du mal à s’établir.
Seuls les écrivains, les poètes originaires de ces régions ultramarines continuent décrire sur l’héroïsme de leurs aînés qui bravèrent l’autorité de leurs parents, subirent le racisme dans les camps militaires américains, traversèrent un océan pour endurer la violence des combats face à des nazis qui ne les épargnaient pas quand ils se rendaient. On peut parler du roman de Raphaël Confiant Le Nègre et l’amiral publié en 1988, dans lequel il met en scène un dissident martiniquais qui décide de quitter la Martinique Vichyste. La dissidence intéressa notamment les militants, (souvent jugés indépendantistes) des universitaires et des historiens locaux. Par la suite, dans les années 2000, les cinéastes ( originaire de la Martinique, de la Guadeloupe) vont s’emparer du sujet et plusieurs documentaires destinés au grand public ont été réalisés, comme la Dissidence aux Antilles et en Guyane,de Barcha Bauer, ou Parcours de dissidents d’Euzhan Palcy.
Les survivants de cette page de notre Histoire sont aujourd’hui presque tous disparus et il est urgent , ce plus que jamais, de leur rendre l’hommage qu’ils méritent.
Cet article permet de réparer les oublis des hommes qui y auront laissé leurs vies.