Une histoire de la dissidence aux Antilles-Françaises durant la Seconde Guerre Mondiale.

Le 8 Mai est une date importante pour la majorité des pays européens. Elle marque fin de la guerre la plus meurtrière de l’histoire, la Seconde Guerre Mondiale. A l’image de la Grande Guerre de 14-18, le second conflit mondial de 1939-1945, comme son nom l’indique fut mondial. En effet, durant six ans, des millions d’hommes et de femmes ont affronté dans différents théâtres d’opération, répartis aux quatre coins de la planète les puissances de l’Axe ( Allemagne, Italie, Japon). A travers les dunes du Sahara en Afrique du Nord, en Sicile, en Italie, en Sardaigne, en Corse, avant de mener de débarquer en Provence( Sud de la France) et en Normandie, en Grèce comme dans les Balkans, aux portes de Moscou et de Stalingrad, même dans le nord de l’Europe et dans l’immense Pacifique, partout, sur terre comme sur les mers, les combats faisaient rage au prix de pertes humaines effroyables.

Ils combattaient dans l’armée rouge soviétique, ils étaient Britanniques, Américains, Polonais, Yougoslaves, Français ( français de la résistance, Forces Françaises Libres), Grecs, Norvégiens, Finlandais, Brésiliens, Colombiens, Chinois ( Chinois communistes/ Chinois du Kuomintang). Beaucoup provenaient de l’immense réservoir colonial de la couronne britannique et de l’Empire colonial français. Ces combattants d’Afrique, des Indes, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Indochine et du Canada se sont ralliés derrière les leaders charismatiques que furent Winston Churchill premier ministre de la Grande Bretagne, Tchang KaÎ Chek, Franklin Delano Roosvelt. En France, c’est le Général De Gaulle, suite à son appel radiophonique du 18 Juin 1940, devint la figure majeure de la résistance française dans la lutte contre la domination nazie et le régime collaborateur de Vichy. Animés par le fort désir de justice, de paix et de liberté pour leurs peuples et les territoires qui les ont vu naître, ces combattants souvent très jeunes, à peine sortis de l’adolescence quittèrent leurs familles pour combattre à des milliers de kilomètres de chez eux, au péril de leur vie.

Cependant, parmi ces millions de combattants, les résistants originaires des premières colonies français, les Antiilles-Guyane. Ils ont eux aussi joué un rôle déterminant dans cette guerre contre le totalitarisme. Pourtant, ces hommes et ces femmes ont été oubliés de l’histoire nationale. Au même titre que leurs camarades algériens, marocains, tunisiens et africains, ils ont participé à la libération de la France, mais leur action a été minimisée voire complètement effacée du roman national français.

( Les Dissidents n’ayant pu rejoindre les États-Unis sont rapatriés aux Antilles à l’été 43, après le ralliement des îles à De Gaulle, surnommé le Général Micro. Ils intègrent le Bataillon de Marche des Antilles n°5, qui défile ici devant le général De Gaulle, le 14 juillet 1944 à Alger. )
Au commencement, il y avait le Régime de Vichy…

…. Puis la dissidence ou la résistance tropicale :

La dissidence ou la perpétuation de la tradition du marronnage :
(Pour s’évader des îles contrôlées par l’amiral Robert, représentant du régime de Vichy, les Dissidents empruntaient ce type de canots à voile.)

L’oubli et le mépris de la République :

La reddition allemande le 7 mai 1945 et la signature de l’armistice le lendemain ( 8 Mai 1945) marqua la fin du conflit en Europe, l’heure est à l’euphorie. Acclamés par des foules en liesses, les militaires alliés, toutes les origines confondues étaient les grands héros de ce conflit généralisé et brutal. Après des années de violence, la paix faisait sont grand retour. Cependant, du côté du haut commandement allié, l’heure est plutôt à la méfiance. Les grandes Conférences Internationales se succèdent et déjà, dessinèrent ce que sera le monde d’après-guerre. Dès la signature du Traité de Paix, l’alliance que formèrent américains, britanniques, français, russes, éclate. Les alliés deviennent les ennemis. Les uns accusent les autres de vouloir diviser le Monde en deux blocs. Très vite, la rivalité idéologique qui, avant la guerre opposait les soviétiques aux occidentaux; reprend.

Comme le soulignait SLATE dans son article sur le sujet daté de 2015 : « S’ensuit une période d’ombre pour la Dissidence. Aux Antilles, on célèbre bien les résistants à leur retour. En 1947, un monument à la mémoire des dissidents antillais est même érigé sur l’île de la… Dominique. Dans les îles françaises, il faudra attendre plus de soixante ans pour qu’un monument en mémoire des dissidents voie le jour, tout comme pour voir des combattants antillais aux commémorations annuelles du Mont-Valérien.

Quant au Mémorial du débarquement de Toulon, qui ouvre en 1964, aucune mention du Bataillon Antillais, qui avait pourtant participé aux combats ayant eu lieu à proximité, au Mont-Faron, d’après l’historien Julien Toureille, qui a consacré un article à la mémoire de la Dissidence. Il y constate que «la Dissidence apparaît ainsi longtemps absente du paysage local antillais, elle qui était oubliée des hommages officiels et se faisait très rare dans les librairies».

À l’instar de Robert Paxton et du renouvellement historiographique de la période vichyste que son travail d’historien américain entraîna, ce sont des chercheurs anglo-saxons qui s’intéressent les premiers à Vichy dans les Antilles. Et cela, dès les années 1970, avec des historiens comme Richard Burton.

«L’histoire de la colonisation française a du succès dans le monde anglophone. Et les études coloniales et postcoloniales y sont plus développées, explique Eric Jennings. L’histoire des colonies françaises pendant la Seconde Guerre mondiale est ainsi à la croisée de l’histoire coloniale et de celle de Vichy.» D’ailleurs pour cet historien, «l’intérêt pour cette histoire est lié à l’idée d’un laboratoire de Vichy sans les Allemands. Au moment où [il s]’y intéresse, l’histoire de la Seconde Guerre mondiale dans les Antilles se retrouve dans la littérature. C’était une période beaucoup évoquée dans les mémoires locales et qui ressortait en littérature. Cela [l]’a interrogé.»

Il a fallu attendre l’année 2009 pour que le récit national de la résistance aux nazis intègre enfin les combattants Antillo-guyanais.

Nicolas Sarkozy (2009)

Les survivants de cette page de notre Histoire sont aujourd’hui presque tous disparus et il est urgent , ce plus que jamais, de leur rendre l’hommage qu’ils méritent.

Un commentaire

  1. Cet article permet de réparer les oublis des hommes qui y auront laissé leurs vies.

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