Yaël Braun-Pivet réélue présidente de l’Assemblée nationale

C’est sans surprise mais après un bras de fer tendu que Yaël Braun-Pivet est réélue ce jeudi 18 juillet à la présidence de l’Assemblée nationale. Bénéficiant du retrait du candidat des Républicains Philippe Juvin la députée macroniste des Yvelines a récolté 220 voix au troisième tour du scrutin, loin de la majorité absolue, mais suffisant pour retrouver le Perchoir. Le communiste André Chassaigne, représentant du Nouveau Front populaire, est arrivé deuxième avec 207 voix, suivi par Sébastien Chenu du Rassemblement national (141 voix).

Onze jours après les législatives anticipées et dans un climat « extrêmement tendu« , on connait enfin le nom du président de l’Assemblée Nationale. Et c’est sans surprise que Yaël Braun-Pivet présidente sortante de l’Assemblée nationale a été réélue grâce à une entente entre la droite et la macronie. Entente est bien le mot puisque, l’ancien présidente a bénéficié du retrait du candidat des Républicains Philippe Juvin ce qui lui a permis de récolter 220 voix au troisième tour du scrutin, loin de la majorité absolue, mais suffisant pour retrouver le Perchoir.

Face à elle, le candidat unique du Nouveau Front populaire, André Chassaigne n’a pas pu faire grand-chose pour contrer les alliances de circonstance. Le communiste a recueilli le soutien de 207 députés au troisième tour du scrutin… Soit une quinzaine de voix récupérées hors du NFP. Mais ce n’était pas assez. L’autre candidat de ce scrutin interne aux députés est Sébastien Chenu du Rassemblement National qui n’a obtenu que 141 voix insuffisant pour s’imposer. Cependant, aucun des candidats ne parvenant à obtenir la majorité absolue, fixée à 288 voix, les députés ont dû s’y reprendre à trois fois pour élire le quatrième personnage de l’État à la fin d’une longue après-midi.

À l’annonce des résultats du 1er tour vers 17 h, le communiste André Chassaigne arrivait en tête avec 200 voix, suivi par le candidat du RN Sébastien Chenu (142 voix) et la candidate Ensemble Yaël Braun-Pivet (124 voix).

Les candidats Philippe Juvin (LR) et Naïma Moutchou (Horizons) se désistaient à l’issue du 1er tour après avoir respectivement obtenu 48 et 38 voix. Malgré ses 18 voix, Charles de Courson (Liot), lui, souhaitait se maintenir pour le 2e tour.

Après une seconde session de vote, les résultats du deuxième tour ont été annoncés aux alentours de 19 heures. Bénéficiant probablement du report des voix des députés LR et Horizons, Yaël Braun-Pivet arrivait légèrement en tête avec 210 voix, suivie d’André Chassaigne 202 voix, seulement deux de plus qu’au tour précédent. Sébastien Chenu était troisième avec 143 voix. N’ayant obtenu que 12 voix au 2e tour, Charles de Courson se retirait de la course au perchoir.

BERTRAND GUAY / AFP Braun-Pivet reconduite au Perchoir, au prix d’une alliance qui méprise le résultat des législatives

Le 3e tour allait être décisif. Plus besoin d’une majorité absolue pour élire l’un des trois candidats encore en lice. En cas d’égalité parfaite, le plus âgé des deux candidats aurait été élu, en l’occurrence le communiste André Chassaigne âgé de 74 ans. Finalement, c’est Yaël Braun-Pivet qui a été élue mais avec seulement treize voix d’écart.

A la fin du vote, la nouvelle ( pas si nouvelle) présidente de première chambre du Parlement a regagné son siège où elle s’est exprimée, consciente de la fracture entre Français retranscrite dans l’Assemblée. « une nouvelle méthode dans cette Assemblée plus divisée que jamais », en reprenant possession de son fauteuil. « Nous devons être capables de dialoguer, de nous écouter, d’avancer », a-t-elle encore clamé, en saluant la participation massive des Français aux élections législatives anticipées.

Aux yeux de son adversaire André Chassaigne, le vote des Français aux élections législatives « a été volé » lors de la réélection de Yaël Braun-Pivet par une « alliance contre nature » entre le camp présidentiel et la droite.

L’alliance de gauche est arrivée en tête en sièges aux législatives devant le camp présidentiel et le Rassemblement national, mais sans majorité absolue. 

Du côté d’Emmanuel Macron, ce résultat – sans doute cher payé – est en tout cas une victoire cruciale, après de nombreuses défaites électorales. Le chef de l’État, qui misait beaucoup sur ce scrutin pour renverser le discours faisant du Nouveau Front populaire les vainqueurs des élections législatives peut être satisfait. Son camp démontre qu’une coalition avec Les Républicains est possible, et qu’elle ferait mieux que la gauche en termes d’effectifs. Bref qu’il n’a pas perdu les législatives.

À gauche, la défaite est encore plus amère. À peine sorti de l’hémicycle, André Chassaigne a dénoncé « une combinaison qui a permis de ne rien changer alors que le peuple a demandé que ça change. » Des manœuvres, selon lui, d’autant plus « malsaines et nauséabondes » que Les Républicains se sont déclarés comme « groupe d’opposition. » Une subtilité qui leur permet de briguer des postes réservés… Après avoir œuvré à réinstaller Yaël Braun-Pivet au Perchoir.

Ce désarroi teinté de colère parcourt tous les rangs de la gauche. Le président du groupe socialiste Boris Vallaud a même estimé devant les caméras que « les Françaises et les Français ont été volés », pendant que sa collègue du PCF Elsa Faucillon évoquait « un cadenassage du pouvoir par les perdants, par les battus. » Dans la foulée, François Ruffin s’est lui aussi indigné sur les réseaux sociaux contre un chef de l’État qui « n’a rien appris, agit comme si les urnes n’avaient pas parlé » et « préfère le bidouillage à la clarté. »

la gauche veut croire malgré tout qu’elle a perdu une bataille – majeure – mais pas la guerre. Nombreux dirigeants du Nouveau Front populaire appellent effectivement le président de la République à reconnaître sa défaite aux législatives et à se tourner vers le Nouveau Front populaire pour former un gouvernement, malgré la reconduction de Yaël Braun-Pivet au Perchoir.

« On a perdu une bataille qui était perdue d’avance », a ainsi soufflé la cheffe des écologistes Marine Tondelier, sur BFMTV en fin de journée. Et d’ajouter : « Tout continue pour Matignon. Cela ne change rien à notre détermination pour gouverner. On voit mal comment Emmanuel Macron pourrait à ce point maltraiter la démocratie. »

Car la victoire de la macronie ce jeudi après-midi n’indique, pas forcément, qu’elle peut garder la main sur le gouvernement. Malgré un accord tacite pour le Perchoir, les Républicains n’ont pas prévu de soutenir une coalition avec le « bloc central » revendiqué, restant, pour l’instant, dans le même esprit d’indépendance relative qui est le sien depuis 2022. Et quand bien même les deux camps s’accorderaient, le scrutin de ce jeudi montre qu’ils seraient soumis au même risque de censure que le Nouveau Front populaire

Vendredi et samedi auront lieu le vote des six vice-présidents, des trois questeurs et des douze secrétaires, postes clés de l’Assemblée nationale.