L’ancien président du Honduras, Juan Orlando Hernandez  condamné à 45 ans de prison aux États-Unis pour trafic de drogue.

Le Honduras petit pays d’Amérique Central, bordé par la Mer des Caraïbes avec une petite ouverture sur l’Océan Pacifique. Comme pour ses sulfureux voisins du Nicagua, du et du Guatemala et du Salvador, L’Honduras qui a longtemps été dirigé par des juntes militaires proches de Washington, est depuis les années 1980, un pays de transit pour le trafic international de cocaïne à destination de l’Amérique du Nord, Etats-Unis en tête. Avec ce trafic est arrivée la violence des gangs qui opèrent à toutes les échelles de la société. Même les membres de l’élite politique et économique ont des liens avec les narcotrafiquants et, il n’est pas rare que des membres issus de la sphère dirigeante soient incriminés dans des affaires de trafic de drogue.

C’est le cas de l’ancien président Juan Orlando Hernandez, au pouvoir entre 2013 et 2022 et qui malgré son statut d’ancien chef de l’Etat a été extradé vers les Etats-Unis en 2022 pour y être jugé au motif de participation à un trafic de drogue international. On a pu voir, l’ancien homme politique qui a aussi été avocat de grande renommée dans son pays et un homme d’affaire respecté, les mains menottées et escorté par des membres des forces de polices hondurienne pour être embarqué sur un avion de la DEA.

JOH comme on le surnommait était suspecté d’avoir participé à un énorme trafic de 500 tonnes de cocaïne entre 2004 et 2022, un tribunal de New York entend le juger. L’ancien chef de l’Etat a été arrêté le 15 février 2022 dans sa résidence de la capitale.

Deux ans après son arrestation, la sentence est donc tombée. L’ancien président du Honduras a été reconnu coupable de trafic international de drogue et à payer une amende de huit millions de dollars.

Avec sa condamnation, Juan Orlando Hernández rejoint ainsi d’autres anciens dirigeants latino-américains jugés et reconnus coupables aux États-Unis, comme le Panaméen Manuel Noriega en 1992 pour trafic de drogue et le Guatémaltèque Alfonso Portillo en 2014 pour blanchiment d’argent.

Juan Orlando Hernandez a clamé son innocence, affirmant être « victime d’une vengeance des cartels ».  Mais selon les procureurs américains, il a participé à et protégé un réseau qui a expédié environ 400 tonnes de cocaïne aux États-Unis entre 2004 et 2022, alors qu’il était membre du Congrès, président du Congrès puis président de la République. En retour, il aurait reçu des millions de dollars des cartels, dont celui de Sinaloa, dirigé par le célèbre narcotrafiquant mexicain Joaquin « Chapo » Guzman, condamné depuis aux États-Unis.

Comme l’indiquent nos confrères de RFI, le président Juan Orlando Hernández avait d’abord été vu par les États-Unis comme un allié dans le combat contre le trafic de drogue. Washington avait été en 2017 l’une des premières capitales à reconnaître sa réélection alors que l’opposition dénonçait des fraudes sur fond de manifestations qui avaient fait une trentaine de morts.

En échange de ces pots-de-vin, Juan Orlando Hernández a « protégé les narcotrafiquants des enquêtes, (évitant leur) arrestation et leur extradition », assurent les autorités américaines.

L’ancien chef de l’Etat du deuxième pays le plus pauvre de l’Hémisphère nord américain était accusé d’avoir pris part à un vaste trafic de cocaïne entre 2004 et 2022. Il avait été élu en 2014 avec un programme axé sur la réforme du pays gangrené par les gangs, leur violence et le trafic de cocaïne, son pays servant de destination de transit avant de gagner les Etats-Unis et pourtant lui-même trempait dans le trafic de drogue.

FILE PHOTO: Honduras former President Juan Orlando Hernandez is escorted by authorities as he walks towards a plane of the U.S. Drug Enforcement Administration (DEA) for his extradition to the United States, to face a trial on drug trafficking and arms possession charges, at the Hernan Acosta Mejia Air Force base in Tegucigalpa, Honduras April 21, 2022. REUTERS/Fredy Rodriguez

Un frère déjà condamné à la perpétuité aux Etats-Unis :

Ce n’est pas la première fois que la famille Hernandez est citée dans ce type d’affaire. Comme l’a précisé le procureur fédéré de Manhattan, Damian Williams, le frère de l’ancien chef de l’Etat, Juan Antonio Tony Hernandez, a également été condamné en 2021 à la perpétuité aux Etats-Unis pour sa participation à des trafics de stupéfiants.

Tony Hernandez, un ex-député de 42 ans, avait été arrêté à Miami en novembre 2018. Un an plus tard, il avait été jugé coupable d’avoir expédié quelque 185 tonnes de cocaïne aux Etats-Unis, trafic pour lequel il avait obtenu la protection de son frère à l’époque au pouvoir, selon les procureurs américains. Tony était aussi poursuivi pour faux témoignage et de possession d’armes à feu.