C’est historique ! La gauche rassemblée au sein du Nouveau Front Populaire a remporté les élections législatives anticipées. A l’image de l’Hexagone, les Outremers français ne sont pas en reste puisque c’est le Nouveau Front Populaire qui remporte les suffrages. hormis Mayotte où la droite républicaine et le RN ont gagné. Après un long week end électoral survolté et trépidant, on connait les noms de celles et ceux qui représenteront la Guadeloupe et les Îles du Nord, la Martinique, la Guyane, La Réunion Mayotte, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie. Certains députés candidats à leur réélection sont parvenus à leur fin tandis que d’autres ont perdu leur mandat pour faire place à de nouveaux candidats. En somme, un paysage politique ultramarin quasi-similaire mais avec quelques surprises comme le RN qui gagne deux députés dans l’Océan Indien. Tour d’horizon.
Depuis dimanche soir, la France a viré de bord. Alors que l’on prédisait une victoire écrasante du Rassemblement National de Marine Lepen et Jordan Bardella, c’est finalement le bloc de gauche rassemblé en Nouveau Front Populaire qui s’est imposé dans les urnes. L’alliance de toutes les gauches a raflé la mise avec près de deux cent députés qui siègeront à l’Assemblée. Le Nouveau Front populaire (NFP) devrait obtenir entre 185 et 205 sièges si l’on compte les parlementaires issus des autres bords politiques de la gauche. Un résultat qui devrait permettre à la gauche d’augmenter le nombre de sièges obtenus comparé au scrutin de 2022, qui était de 151. Comme le précisent nos confrères de Cnews, à l’époque, la Nupes regroupait 75 députés insoumis à l’Assemblée nationale, 31 députés socialistes, dont 4 apparentés, 23 députés écologistes ainsi que 22 députés de la gauche démocrate et républicaine. La gauche s’impose donc comme l’unique alternative face à Emmanuel Macron qui devra composer avec elle. Le Nouveau Front populaire (NFP) est composé, entre autres, du Parti socialiste, des Écologistes, du Parti communiste français et de La France Insoumise ( LFI). Malgré leurs divergences marquées sur plusieurs questions, les partis ont décidé de s’allier – en retirant plusieurs candidats du centre et de gauche – pour unifier le vote et affronter le parti d’extrême droite du Rassemblement National (RN) de la leader Marine Le Pen.
S’il y a bien des malheureux, c’est bien du côté du camp présidentiel qu’ils sont. Ensemble-Renaissance a chuté de son pied piédestal en n’étant plus la première force politique à diriger le pays. En effet, le groupe présidentiel n’arrive qu’en deuxième position pour occuper des sièges dans l’Hémicycle. C’est un véritable rejet des politiques libérales macronistes de ces sept dernières année et qui ont été menées à coup de 49-3, de confrontations musclées entre les forces de l’ordre et les syndicats ou encore des passes d’armes mémorables entre les différents blocs. Une opposition farouche qui s’est retranscrite dans les urnes par des séries de défaites politiques comme les Municipales de 2020, les Régionales suivies des Législatives de 2022 et puis plus récemment il y a eu l’écrasante défaite aux Elections Européennes où c’est le RN qui a remporté les suffrages. Ce qui pour rappel avait entraîné une dissolution de l’Assemblée Nationale par le président Macron mais ce » coup de poker » du chef de l’Etat s’est au final retourné contre lui puisqu’avant les résultats de dimanche soir, son groupe parlementaire était majoritaire avec deux cent cinquante parlementaires élus en juin 2022, aujourd’hui, le groupe présidentiel, n’alliera que cent cinquante cix députés dans cette nouvelle assemblée qui ne leur est plus favorable.
Cette victoire inattendue de la gauche déjoue tous les pronostics et autres sondages portés par les médias via des instituts d’enquête qui donnaient le RN gagnant. Poussé par le protéger de Marine Lepen, le parti d’extrême droite ne termine qu’en troisième position de ces Législatives. Certains diront qu’il s’agit d’une douche froide pour le parti de la droite radicale rejoint dès le début de la campagne éclaire par une minorité de Républicains regroupés autour d’Eric Ciotti mais calmons les critiques, le RN n’est pas parti bredouille puisqu’il effectue une percée historique dans la sphère politique nationale en passant de quatre-vingt députés à cent quarante deux représentants au Palais Bourbon. En 2017, le parti fondé sur les ruines de l’ancien Front National n’avait obtenu que huit députés. Viennent ensuite Les Républicains et les divers droite avec 66 députés.
Ces élections législatives permettent aux Français de désigner les 577 députés de l’Assemblée nationale. Ils sont élus pour une durée de 5 ans, sauf, comme dans le cas présent, dissolution de l’Assemblée nationale. Contrairement aux sénateurs, ces parlementaires sont élus au suffrage universel direct. Chacun représente une des 539 circonscriptions de l’Hexagone. Ils sont par ailleurs 27 dans les régions, départements et collectivités d’outre-mer et 11 pour les Français vivant à l’étranger.
D’ailleurs, dans les Outremers où l’on votait soit le samedi pour ceux situés en Amérique et le dimanche pour ceux répartis dans l’Océan Indien et dans le Pacifique, la victoire revient à la gauche. A l’image de l’Hexagone, les Outremers français ne sont pas en reste puisque hors Mayotte où l’extrême droite et la droite républicaine se sont imposées, c’est la gauche ou du moins le Nouveau Front Populaire qui remporte les suffrages. Après un long week end électoral survolté et trépidant, les résultats définitifs des élections législatives anticipées en Guadeloupe et les Îles du Nord, à la Martinique, en Guyane, à La Réunion, à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie, sont connus. Certains députés candidats à leur réélection sont parvenus à leur fin tandis que d’autres ont perdu leur mandat pour faire place à de nouveaux candidats. En somme, un paysage politique ultramarin quasi-similaire mais avec quelques surprises comme le RN qui gagne deux députés dans l’Océan Indien.
Guadeloupe, Martinique et Guyane-Française des territoires traditionnellement à gauche :
Ainsi d’un territoire à un autre, l’orientation du vote change. Certaines régions sont dans la constance et on vote par tradition pour la gauche, c’est le cas en Guadeloupe, à la Martinique et en Guyane où ce sont les partis orientés à gauche qui ont remporté les suffrages, même si cette année, le Rassemblement National, porté par cette vague de mécontentement durant la période covid a pu aligner des candidats dans des territoires qui lui étaient plutôt hostiles, des candidats RN qui ont pu accéder au second tour comme c’est le cas de Rody Tolassy opposé à Max Mathiasin ou encore Laurent Petit qui affrontait l’ancien et député sortant Christian Baptiste. A la Martinique, Grégory-Michel Roy-Larentry un candidat du Rassemblement National a aussi accédé au deux tours de l’élection.
De manière générale, en Guadeloupe, le taux de participation du second tour des élections législatives en Guadeloupe qui s’est déroulé ce samedi 6 juillet 2024 est de 34, 67 %. Pour mémoire, il était en 2022 , de 28,23 %.Sans surprise, la règle du primo sortant a prévalu dans l’archipel où dans la 1re circonscription, le député LIOT Olivier SERVA (DVG) a été élu avec 77,59 % des voix. Chantal LERUS (DVG)
arrive seconde avec 22,41 % des voix. Même cas de figure dans la 2e circonscription où Christian BAPTISTE (DVG) est élu avec 72,38 % des voix tandis que Laurent PETIT (RN) arrive second avec 27,62 % des voix. Ce fut le cas aussi dans la 3e circonscription avec un Max MATHIASIN (DVG) plébiscité avec 69,15 % des voix face à Rody TOLASSY (RN) qui termine second avec 30,85 % des voix. Les électeurs de la 4e circonscription ont opté pour la confiance en réélisant Élie CALIFER (SOC) à 71,09 % des voix tandis que la jeune Jennifer LINON (DVC) apparanté au GUSR n’a fini que deuxième avec 28,91 % des voix.
A la Martinique, la règle fut la même. La majorité des députés de l’ancienne Assemblée Nationale ont été réélus avec des scores à faire palir d’envie n’importe quel homme politique, sauf, Johnny Hajjar qui a perdu face à la candidate surprise Béatrice Bellay du Parti Socialiste de Martinique. C’est même une victoire historique puisque cela faisait soixante-six ans que le PPM remportait toutes les élections à Fort-de-France. La victoire de Béatrice Bellay s’est matérialisée par un écart de 1702 voix. Elle a obtenu 10 243 voix (54,43% des suffrages) contre 8541 voix pour Johnny Hajjar (45,47% des suffrages). La candidate NFP parvient à dépasser la barre des 10 000 voix grâce à une participation qui frôle les 40% à Fort-de-France (39,90%). Une participation en hausse de plus de 8 points par rapport au 1er tour.
Vainqueur surprise en 2022 où il avait remporté les suffrages, voici que Jiovanni William s’est porté candidat à sa réélection après la dissolution de l’Assemblée Nationale voulue par le président Macron, le candidat du Nouveau Front Populaire avait en face de lui, un vieux brisquard de la politique martiniquaise lui aussi ancien député, Philippe Edmond-Mariette, candidat du Gran Sanblé mais ce dernier avait trop de retard et il a du concédé sa défaite. En même temps, les scores sont sans appel, Jiovanni William s’est imposé avec 81,97% des suffrages exprimés (18 552 voix) tandis que Philippe Edmond-Mariette n’a eu que 22,30% des voix.
De son côté, Marcelin Nadeau a été réélu et ce n’était pas une surprise. Le député qui défendait son bilan face à Yan Monplaisir maire de la commune de Saint-Joseph, a été largement choisi par les électeurs de sa circonscription. A l’issue du second tour des élections législatives il a conforté son avance du premier tour en se plaçant en tête dans 14 des 17 communes de la circonscription avec 48,31% des suffrages, soit près de 5300 de plus que son principal adversaire. Pour ce second tour, il a comptabilisé 17 229 voix (65,68 %) sur l’ensemble de la circonscription, contre 9003 voix à Yan Monplaisir (34,32 %).
Le cas de Jean-Philippe Nilor est similaire à ceux évoqués en amont. Le député de la 4e circonscription de la Martinique est réélu face au jeune candidat Rassemblement National, Gregory-Michel Roy-Larentry. Investi par le Nouveau Front Populaire, Jean-Philippe Nilor, 59 ans, obtient 21 620 voix soit 86,58% des votes exprimés. Loin derrière, Grégory Roy-Larentry, candidat du Rassemblement National (RN) comptabilise seulement 3 350 voix soit 13,42%. Jean-Philippe Nilor n’est pas un novice de la politique puisque depuis mardi, il a commencé son quatrième mandat de député vu que le précédent fut écourté par la dissolution survenue après les Elections Européennes. Ancien membre du Mouvement Indépendantiste Martiniquais, Jean-Philippe Nilor a quitté le MIM pour cofonder Péyi-A, son propre parti. Il est élu à l’Assemblée depuis 2012.
Dans les îles du Nord, Saint-Martin et Saint-Barthélémy, Frantz GUMBS déjà élu avant la dissolution était opposé à Alexandra Questel représentante de Saint-Barthélémy. A l’image de la Guadeloupe et de la Martinique, c’est sans surprise que le député sortant a été reconduit par les populations des deux îles à son poste de député. Il obtient 3 942 voix sur l’ensemble de la circonscription, soit 56,02 % des suffrages exprimés. Il devance de 847 voix Alexandra Questel qui rassemble 43,98 % des suffrages exprimés avec 3 095 votes.
Selon les détails apportés par nos confrères du SOUALIGAPOST à Saint-Martin, Frantz Gumbs récolte 3 429 voix (69,27 % des suffrages exprimés). Il gagne 1 024 votes par rapport au premier tour et 32 par rapport au second tour de juin 2022. (Pour voir sa progression entre les deux tours : cliquez ici). Il devance Alexandra Questel de 1 908 voix sur Saint-Martin. A Saint-Barth, le candidat saint-martinois récolte 513 voix (24,58% des suffrages exprimés). Il gagne 51 votes par rapport au premier tour et 53 par rapport au second tour de juin 2022. Sa rivale, quant à elle, n’a récolté que 30,73 % des suffrages exprimés à St Martin soit 1 521 voix alors que sur l’île voisine où elle réside, la candidate Divers Droite n’a récolté que 1 574 voix (75,42% des suffrages exprimés). Elle gagne 400 votes par rapport au premier tour. Elle devance Frantz Gumbs de 1 061 voix à Saint-Barth. L’île de Saint-Martin étant la plus peuplée des deux, c’est donc Frantz Gumbs qui retrouve son poste au Palais Bourbon.
Du côté de la Guyane-Française, les électeurs ont fait le choix de la continuité en réélisant leurs deux députés sortant d’avant la dissolution de l’Assemblée Nationale. Jean-Victor Castor (76,11 %) le député de la 1ère Circonscription a recueilli 12 895 voix soit 21,77% des inscrits et donc 62,78% des votes exprimés tandis que son adversaire, Boris Chong-Sit arrivé en seconde position a, lui, obtenu 3308 suffrages soit 5,58% des inscrits et 16,10% des exprimés. En ce qui concerne Davy Rimane, le député de la deuxième circonscription a aussi bénéficié de la Prime au sortant et mieux encore, en remportant 100% des suffrages car il était le seul candidat du second tour. après que Sophie Charles, pourtant qualifiée, se soit désistée. La Guyane reste l’un des départements français avec la plus forte abstention. Sur les 108 654 inscrits, seuls 26,24 % d’entre eux se sont rendus aux urnes pour ce second tour et au total l’abstention monte au taux de 73,76 %.
Paysage politique quasi identique mais victoire du RN dans l’Océan Indien.
Vous l’aurez compris, le paysage politique ultramarin est quasi identique mais comme dans l’Hexagone, la plus grande surprise est la percée du parti d’extrême droite RN dans les Outremers, des territoires qui lui étaient jadis hostiles mais on a pu constater et on peut dire que le temps où Jean-Marie Lepen était interdit de poser un pied en Martinique ou dans n’importe quel territoire ultramarin est révolu puisque comme nous l’évoquions le RN a su positionner des candidats en Guadeloupe, à la Martinique, à Mayotte et sur l’île de La Réunion et certains sont parvenus à s’imposer à l’issue du second tour des Législatives. Nous pouvons citer notamment la victoire de Joseph Rivière élu député de la 7e circonscription de l’île ou encore celui de Anchya Bamana candidat RN et élue député de la 2e circonscription de Mayotte.
Le constat est similaire pour la 1ere circonscription de l’île de la Réunion où le député Philippe Naillet se représentait à sa réélection et il l’a fait bien que talonné dès le premier tour des élections par le candidat RN, Jean-Jacques Morel qui comptabilise 35,3% et passe de 10 000 à 15 000 voix. Philippe Naillet a été réélu hier soir avec 64,7% des suffrages va donc retrouver son siège au Palais Bourbon.
De façon générale, Karine Lebon s’est imposée dans la deuxième circonscription avec un fort plus que confortable de 67,46% des suffrages exprimés soit 10 000 voix récoltées face à la candidate Rassemblement National, Christelle Bègue, qui améliore néanmoins son score du premier tour. Avec le vote du 6 juillet, Karine Lebon remporte une troisième fois son siège à l’Assemblée nationale, réalisant par ailleurs la meilleure performance des candidats du Nouveau Front populaire dans l’île. Elle aura la tâche de représenter les électeurs de sa circonscription de l’île. Son adversaire, Christelle Bègue, encore inconnue en politique il y a trois semaines, a récolté 5 000 voix de plus qu’au premier tour, passant de 8 513 à 13 749 voix exprimées. Preuve que le RN progresse sur le territoire.
Comme nous vous le disions, Joseph Rivière est l’unique candidat Lepeniste à avoir remporté ces élections. L’homme politique de la troisième circonscription a remporté le cœur des habitants, avec 51,43 % des voix. Il était déjà arrivé en tête lors du premier tour et affrontait un candidat du Nouveau Front populaire, Alexis Chaussalet jugé trop jeune par les électeurs qui lui ont préféré Joseph Rivière qi s’était qualifié pour le second tour avec 31,56% des voix dimanche 30 juin. Le nouveau député tamponnais, âgé de 53 ans, s’engage à travailler dès aujourd’hui sur la “sécurité, les hôpitaux, l’éducation, la vie chère, etc”. Il promet d’“offrir un bon résultat à la population”.
Candidate à sa réélection, Emeline K/BIDI était opposée à un candidat RN Jonathan Rivière fils de Joseph Rivière. La députée sortante de la quatrième circonscription, Émeline K/Bidi (Le progrès), a confirmé sans difficulté son élan du premier tour en étant réélue à l’Assemblée nationale avec 60,59 % des voix contre 39,41% des suffrages pour Jonathan Rivière mais elle ne peut nier que le Rassemblement National prend une place prépondérante dans l’échiquier politique réunionnais.
L’appel au barrage contre le RN a été entendu dans la cinquième circonscription de l’Île de la Réunion permettant à Jean-Hugues Ratenon, député de la gauche radicale membre de la LFI et de l’ancienne NUPES de s’imposer dans les urnes. Il est réélu pour la troisième fois avec 53,75% des suffrages soit 7196 voix et près de 3 000 voix d’avance sur Joan Doro du RN qui a obtenu 43.04% soit 5438 voix. Le parlementaire a joué son rôle de « rempart contre le RN » que plusieurs leaders de la gauche voyaient en lui. Le report des voix a fonctionné à plein. Là encore, le parti d’extrême droite a su engendrer de bons résultats malgré la défaite. De son côté, au lendemain des élections législatives, Jean-Hugues Ratenon nouvellement réélu député de la 5e circonscription réélu s’exprimait sur la question de l’entente entre l’élu RN à La Réunion : « le diable débarque toujours avec ses habits, la réponse est non, de là à dire qu’on peut travailler ensemble quand on sait l’orientation du RN avec une division de la population… » Selon l’élu, « gérer le pays en famille c’est l’objectif du RN, pour moi ça va être extrêmement difficile. Par contre, travailler avec les électeurs et électrices RN pour tenter de les ramener sur nos idées de progrès et de justice sociale de paix oui ça c’est possible. Et c’est un objectif ».
Plus jeune député de l’île, Frédéric Maillot siégeait déjà à l’Assemblée Nationale pour représenter la sixième circonscription de lîle. C’est donc normal qu’il s’est représenté à sa réélection et le score est sans appel avec 58,23 % des voix face à la candidate RN, Valérie Legros (41,77 %). Un nouveau plébiscite marqué encore une fois par la progression du RN puisque la représentante RN a le mérite d’être passée d’un peu moins de 9 % en 2022 à près de 42 % en 2024.
Sur la 7e circonscription, c’est Perceval Gaillard, député sortant, qui tire son épingle du jeu. Déjà en tête du premier tour, il obtient à la fin du comptage des voix du second tour 57,33% des voix. Le député de la gauche radicale était opposé à Jean-Luc Poudroux du Rassemblement National qui a eu 42,7% des suffrages. Lors du premier tour des élections législatives anticipées de 2024 où il avait obtenu 29,55% des suffrages exprimés et a devancé son adversaire du second tour, le candidat du Rassemblement national, Jean-Luc Poudroux (25,57%). En 2022, Perceval Gaillard s’était imposé au second tour avec 51,23%. Le taux de participation à l’époque était de 34,08%. Encore une fois, l’élection dans la 7e circonscription démontre que le RN peut en toute liberté présenter des représentants qui rivalisent avec ceux de partis ou de blocs politiques plus traditionnels.
Toutefois, les victoires du Nouveau Front Populaire ( NFP) dans l’île est en demi teinte, puisque encore une fois, le parti de la famille Lepen a progressé et peut se targuer d’avoir engendrer de bons résultats. De plus, le RN entend bien peser dans les affaires courantes de l’île qui, pour la première fois voit un député réunionnais membre du RN siéger à l’Assemblée National par le suffrage populaire, mais Joseph Rivière n’est pas le premier membre de l’extrême droite française à avoir un mandat, comme nous le rappellent nos confrères de La 1ère, entre 1984 et 1986, Jean Fontaine avait en effet siégé parmi les membres du Front national à la fin de son mandat après avoir été élu sous l’étiquette de la droite classique.
Même son de cloche dans l’archipel de Mayotte, qui a vu la réélection de la candidate LIOT Estelle Youssoupha députée sortante de la 1ʳᵉ circonscription de l’archipel mahorais, avait été réélue au premier tour avec 79 % des voix. L’archipel maorais a aussi vu la victoire d’un membre RN Anchya Bamara qui a battu le député sortant Mansour Kamardine (LR) dans la seconde circonscription de Mayotte. La fille du célèbre homme politique mahorais Younoussa Bamana, ancien président du Conseil général de Mayotte (1977-2004), Départementaliste de la première heure et figure de Mayotte française avec Zena Mdere, accède donc à l’Assemblée nationale avec 53,8 % des voix et siègera aux côtés de Joseph Rivière. Alors que la rentrée parlementaire s’effectue, elle siègera sur les bancs du Rassemblement National aux côtés du réunionnais Joseph Rivière.
Néanmoins, selon nos confrères de Mayotte la 1ère, au lendemain du second tour des élections législatives, le Conseil constitutionnel a été saisi ce lundi 8 juillet au sujet de la deuxième circonscription de Mayotte. Il s’agit d’une requête formée contre les opérations électorales. Cette démarche visant à contester l’élection d’Anchya Bamana est menée par L’Association Unis Contre l’Injustice, représentée par son président Idrissa Sanda. Cette association basée dans l’Hexagone est présidée par un jeune étudiant de 19 ans. Ce dernier avait déjà affiché à plusieurs reprises son soutien pour Mansour Kamardine. Sur son site le Conseil constitutionnel précise que l’examen de ce contentieux électoral est en cours. L’association aurait visiblement dénoncé « des irrégularités dans les opérations électorales des 30 juin et 7 juillet« .
On terme ce petit tour d’horizon dans le Pacifique, principalement en Nouvelle-Calédonie récemment secouée par des tensions entre indépendantistes et loyalistes, des troubles qui ont fait à ce jours dix morts dont deux gendarmes. A l’image de la situation actuelle du Cailloux, il y a eu la réélection d’un loyaliste Nicolas METZDOR qui avait décidé de se présenter dans la 1ʳᵉ circonscription de Nouvelle-Calédonie, jusqu’alors tenue par Philippe Dunoyer, battu au premier tour. Le rapporteur de la réforme constitutionnelle sur le dégel du corps électoral est élu avec 52,41 % contre 47,59 % à Omayra Naisseline, soit 34 557 voix contre 31 399.
Dans le camp d’en face, les kanaks et indépendantistes ont choisi le régionaliste et indépendantiste Emmanuel TJIBAOU, fils de Jean-Marie TJIBAOU leader kanak assassiné en 1989 et symbole de l’indépendance Kanak. Il a obtenu un résultat honorable de 57,4% des voix au point de devenir le premier député indépendantiste de l’archipel de l’Océan Pacifique. Une victoire d’autant plus notable que la deuxième circonscription était réputée impossible à prendre par un indépendantiste, au vu du découpage électoral datant de Charles Pasqua au ministère de l’Intérieur, justement en 1986. L’accession de l’homme de 48 ans au Palais Bourbon revêt un fort caractère politique alors que la crise liée à la réforme constitutionnelle sur le dégel du corps électoral quia fait, rappelons dix morts, signe que la crise sévit toujours sur l’île.
Si nous poursuivons notre listing des députés élus ou réélus, en Polynésie-Française, le coeur des électeurs a penché vers des candidats autonomistes et même indépendantistes. Ainsi,
- Dans la première circonscription, Moerani Frebault, candidat autonomiste, a largement dominé le scrutin avec 53,85% des voix, assurant ainsi son élection dès le premier tour. Le député sortant Tematai Le Gayic a été battu avec 35,72% des voix.
- Dans la deuxième circonscription, Nicole Sanquer, également autonomiste, a remporté 49,09% des voix, devançant le député sortant indépendantiste Steve Chailloux qui a obtenu 42,19% des voix. Ils sont tous les deux qualifiés pour le second tour.
- Dans la troisième circonscription, la députée sortante indépendantiste Mereana Reid-Arbelot est arrivée en tête avec 42,71% des voix, suivie de Pascale Haiti-Flosse, autonomiste, qui a recueilli 41,08% des voix. Elles se sont toutes les deux qualifiées pour le second tour.
Trois élus qui sont loin d’adhérer à l’idéologie de Renaissance et qui à coup sûr siègeront du côté du NFP consolidé avec 193 sièges.
Le Nouveau Front populaire (NFP) est composé, entre autres, du Parti socialiste, des Écologistes, du Parti communiste français et de La France Insoumise ( LFI). Malgré leurs divergences marquées sur plusieurs questions, les partis ont décidé de s’allier – en retirant plusieurs candidats du centre et de gauche pour unifier le vote et affronter le parti d’extrême droite du Rassemblement National (RN) de la leader Marine Le Pen. Le parti de la droite radicale vu par les médias et politologues comme le parti qui relèverait la France est bien loin des résultats que les sondages lui prédisait. Contre toute attente, le RN passe de la nette première place obtenue au premier tour il y a une semaine à la troisième place au deuxième tour. Le parti dirigé par Jordan Bardella porté par le vent médiatique ( tv et réseaux sociaux) n’a pas gagné l’élection, bien que plébiscité par plus de dix millions d’électeurs mais il se rapproche lentement de la majorité. Encore une fois, le RN a été empêché d’accéder au pouvoir grâce à ce front républicain institué dès l’annonce des résultats du Premier Tour. Marine Le Pen fraîchement réélue présidente de son groupe a elle même salué l’arrivée de deux élus RN originaires d’Outre-Mer : « Je suis particulièrement heureuse de l’élection de deux députés Rassemblement National en Outre-Mer, à Mayotte et à La Réunion. C’est le début de quelque chose qui se construit au fur et à mesure, un lien de confiance avec nos compatriotes d’Outre-mer.«
Au moment où nous publions cet article, la rentrée des parlementaires s’effectue par groupe politique. Cependant, une chose est sure, tous qu’ils siègent au sein du Nouveau Front Populaire ou au sein du Rassemblement National ont à même de défendre les intérêts de leurs circonscriptions et bien plus encore, ils souhaitent porter la voix de l’ensembles des territoires ultramarins. Nicolas METZDORF est l’unique candidat Renaissance du président Emmanuel Macron. Pour l’heure, comme le veut la tradition depuis que la création de la Ve République, Gabriel Attal, alors premier ministre sortant et réélu député à présenter sa démission lundi mais le président Emmanuel Macron la lui a refusé pour la stabilité du pays en prétextant qu’après les élections législatives, aucun camp ne semble en mesure de gouverner seul : ni le Nouveau Front populaire (196 sièges), ni le camp présidentiel (autour de 168 sièges), ni le RN et ses alliés (environ 146 sièges) n’ont obtenu la majorité absolue à l’Assemblée nationale (289 députés). Une situation inédite dans l’histoire de la Ve République mais le refus présidentiel de voir le premier ministre partir est dénoncée par les membres du NFP qui invitent le président, partit mardi pour le grand sommet de l’OTAN, à nommer un premier ministre représentatif du choix du peuple français. Certains parlent d’une nouvelle manipulation du président Macron qui n’a pas accepté les cuisantes défaites aux Municipales, aux Régionales, aux Européennes et là encore aux Législatives anticipées. Le concernant Emmanuel Macron s’est exprimé sur la situation, invitant les responsables de la gauche arrivée en tête à discuter ensemble.
Chères Françaises, chers Français, pic.twitter.com/r5k2RzDEaT
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 10, 2024
Les tractations pour trouver un potentiel premier ministre issu du Nouveau Front Populaire continue puisque chaque parti associé peut présenter un candidat à ce poste. NFP a promis d’abroger les réformes des retraites et de l’immigration adoptées par le gouvernement actuel , de créer une agence de sauvetage pour les immigrants sans papiers et de faciliter les demandes de visa. Il souhaite également limiter les prix des matières premières pour lutter contre la crise du coût de la vie et augmenter le salaire minimum.
Mais on ignore encore ce qui pourrait se passer en France dans les semaines à venir.