Des soldats de la Jamaïque et du Bélize sont arrivés en Haïti

Après les soldats Kenyans voici que la Jamaïque et le Bélize ont envoyé policiers et militaires en Haïti. Au total, ce sont vingt militaires et quatre policiers jamaïcains, ainsi que deux soldats du Belize qui ont rejoint jeudi les 400 officiers kényans déjà déployés pour renforcer la sécurité en Haïti. Kingston promet plus de soldats sur le terrain.

Le groupe, composé de 20 militaires et quatre policiers jamaïcains, ainsi que de deux soldats du Belize, vient s’ajouter aux 400 officiers kényans déjà déployés sur le terrain et va devoir préparer l’arrivée d’autres troupes de pays de la Communauté des Caraïbes (Caricom).

« Je suis heureux que l’équipe avancée de la Caricom soit maintenant là, et nous allons mener d’autres opérations de sécurité car ils arrivent avec une force spéciale », a déclaré le commandant kényan Godfrey Otunge, lors d’une cérémonie de bienvenue à l’aéroport de Port-au-Prince.

La Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) est « désormais une mission entièrement multinationale » avec l’arrivée des officiers provenant de ces deux nations des Caraïbes, s’est-il réjouit.

Selon le Premier ministre de la Jamaïque, l’envoi des 24 militaires jamaïcains, n’est que le début de la mobilisation. Il a nécessité un an de formation pour préparer ce premier contingent pour les conditions en Haïti. Pour Andrew Holmes, la lutte contre les gangs en Haïti doit être une nécessité car des liens étroits existeraient entre les gangs haïtiens et ceux de la Jamaïque. Il convient donc pour Kingston de mettre fin à l’instabilité chez son voisin pour endiguer le trafic d’armes entre les deux pays ce qui entraîne une flambée de violence armée sur son sol.

En dépit de certains succès obtenus dans des opérations ciblées, la situation sécuritaire reste très critique en Haïti, car, les routes nationales sont toujours occupées par les gangs armés, qui contrôlent plus de 80% de la capitale.

Haïti pâtit depuis longtemps des violences de bandes criminelles, mais ces derniers mois, elles ont redoublé et provoqué une grave crise humanitaire, le pays comptant près de 600.000 déplacés, selon l’ONU. Ces gangs sont accusés de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon.

Des soldats et policiers jamaïcains arrivent à Port-au-Prince le 12 septembre 2024.© Clarens Siffroy, AFP

Avant la fin de septembre 2024, les Bahamas, Barbade, le Bangladesh, le Benin, Bélize et le Chad devraient également déployer des contingents en Haïti.

Au total 2500 militaires et policiers devraient être sur le terrain. Aujourd’hui, 400 policiers du Kenya travaillent avec les forces armées d’Haïti pour reprendre les territoires contrôlés par les gangs. 

Godfrey Otunge, le commandant kenyan de la Mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti, (MSS) affirme qu’il faut créer de nouvelles bases opérationnelles pour maintenir les zones et les infrastructures gouvernementales qui ont été reprises du contrôle des gangs.

Mais le mandat de la mission se termine à la fin du mois de septembre. Ses objectifs ne sont pas atteints. Pour poursuivre ses activités, la MSS mission a besoin de renforts et de financements.

Le budget de la mission est estimé à 600 millions de dollars par an, soit 543 millions d’euros mais les Nations-Unies n’ont reçu que 61 millions d’euros des sommes promises. C’est le Canada et les États-Unis qui contribuent à la majorité des financements.

Fin septembre 2024, le Conseil de sécurité des Nations-Unis se penchera sur le renouvellement de la mission en Haïti.

Une intervention internationale favorisée par Washington :

Les Etats-Unis de leur côté, véritable tête pensante de cette mission internationale continue de fournir armes et matériels aux soldats Kenyans et à la PNH qui a grand besoin de matériel. Comme l’indiquent nos confrères Vant Bèf Info, en l’espace de trois mois, 34 véhicules blindés MaxxPro ont été livrés à la Police Nationale d’Haïti (PNH), comme annoncé le 10 septembre 2024 par l’ambassade américaine sur sa page Facebook officielle. Ces véhicules, conçus pour résister aux mines et aux embuscades, sont destinés à renforcer les opérations de sécurité menées contre la criminalité qui terrorise la population, notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.

Ces livraisons font partie d’une mission multinationale pour soutenir la sécurité en Haïti. Les États-Unis soulignent l’importance de la coopération avec leurs partenaires haïtiens et la communauté internationale afin d’élaborer des solutions locales pour restaurer la sécurité. Cela fait écho aux déclarations du secrétaire d’État américain Antony Blinken, lors de sa visite en Haïti le 5 septembre 2024, réaffirmant que l’avenir du pays doit être déterminé par le peuple haïtien, et non par les gangs.
« Nous continuerons à travailler avec nos partenaires haïtiens et la communauté internationale pour mettre en œuvre des solutions dirigées par les Haïtiens afin de ramener la sécurité au peuple haïtien », écrit l’ambassade des USA sur sa page Facebook officielle. Les États-Unis déclarent s’engager à renforcer les capacités sécuritaires du pays.

L’objectif global de cette aide américaine est de renforcer les capacités opérationnelles des forces de l’ordre haïtiennes face à une criminalité croissante qui entrave la stabilité du pays.

Vide politique et violence armée

Haïti a tenu sa dernière élection présidentielle en novembre 2016, la violence des gangs et les bouleversements politiques ont empêché toute élection depuis.

L’ancien président Jovenel Moïse a été assassiné en juillet 2021 et les violences se sont accrues dans le vide politique qui a suivi. En février dernier, des gangs ont lancé des attaques coordonnées ciblant les principales infrastructures gouvernementales pour empêcher le retour de l’ancien premier ministre Ariel Henry, qui était au Kenya pour parler de la mission à venir.

Les gangs ont attaqué plus d’une vingtaine de commissariats, ouvert le feu sur le principal aéroport international, le forçant à fermer pendant près de trois mois, et pris d’assaut les deux plus grandes prisons d’Haïti, libérant des milliers de détenus.

M. Henry, incapable de rentrer en Haïti, a démissionné en avril. Un conseil présidentiel de transition a ensuite été créé et a nommé M. Conille premier ministre.

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