Il y a 15 ans disparaissait Patrick Saint-Eloi, mais sa voix résonne encore

Patrick Saint Eloi

18 septembre 2010 – 18 septembre 2025 : voilà quinze ans que Patrick Saint-Eloi, icône du zouk-love, s’est éteint, laissant derrière lui un vide béant. Quinze ans plus tard, son absence se fait toujours sentir. Sa voix suave, ses textes en créole et son charisme unique continuent de faire de lui le véritable “crooner” de la musique antillaise. Un héritage vivant, célébré aujourd’hui encore.

Le 18 septembre 2010, les amateurs de zouk apprenaient avec stupeur la disparition de Patrick Saint-Éloi, emporté par une longue maladie.

Icône du zouk et membre incontournable de Kassav’, il est considéré comme le véritable pionnier du zouk love. Sa voix suave, ses textes en créole et son charisme unique ont marqué plusieurs générations, en Guadeloupe, dans la Caraïbe et bien au-delà.

Dès l’adolescence, son destin se dessine. À 17 ans, il quitte la Guadeloupe pour Paris afin de se perfectionner. Ses cours de chant forgent sa maîtrise vocale, et sa rencontre avec le bassiste Georges Décimus se révèle décisive : il rejoint le groupe Venus One en tant que chanteur principal.

En 1982, il intègre Kassav’, d’abord comme choriste, avant de s’imposer sur scène au fil des concerts triomphaux du groupe. Parallèlement, Patrick Saint-Éloi développe une carrière solo florissante. Son premier album, Mizik cé lanmou (1982), séduit immédiatement le public antillais. Suivent des succès constants — Patrick Saint-Éloi (1984) avec les titres phares Zouké et À la demande, Bizness avec Jean-Philippe Marthély (1986), Bizouk (1992), Zoukamine (1994), Martheloi (1996), puis Lovtans’ (1998). Cet opus illustre bien son engagement : à côté des ballades zouk love, il aborde des thèmes profonds avec des titres comme Inceste ou Rehabilitation, dédié à la mémoire des victimes de l’esclavage.

En 1999, il atteint la consécration : un Olympia à guichets fermés, symbole de son rayonnement. Véritable ambassadeur de la culture guadeloupéenne, Patrick Saint-Éloi reste attaché à ses racines malgré une carrière internationale. L’album Live Olympia (2000) puis Swing Karaïb (2002) confirment son statut d’artiste majeur, avant qu’il ne quitte Kassav’ pour se recentrer sur sa vie personnelle en Guadeloupe, fatigué par le rythme effréné des tournées.

Patrick Saint-Éloi laisse derrière lui un héritage musical immense. Plus qu’un chanteur, il est devenu le « crooner » de la musique antillaise, celui qui a su donner au zouk une dimension universelle sans jamais renier son identité créole. Quinze ans après sa disparition, ses chansons continuent d’accompagner les souvenirs et les émotions de toute une génération.

Patrick Saint-Eloi

Après avoir définitivement tourné la page Kassav’, Patrick Saint-Éloi revient en 2005 avec Plezi, un album où il s’éloigne quelque peu de son image de « zouk lover ». Il y aborde des thématiques plus larges avec des titres comme Ni assé, inspiré par les catastrophes naturelles, ou encore Respé, un ragga-zouk enregistré avec Didier Daly. La même année, il lance son Lov’tour en métropole, avec notamment deux concerts au Bataclan les 4 et 5 novembre.

Pour ses 25 ans de carrière, il publie en 2007 un best of remarqué, Zoukolexion, regroupant une trentaine de titres et quatre inédits. Le 16 juin, il célèbre l’événement sur la scène du Zénith de Paris, dans un concert pensé comme une véritable fête populaire. Quelques mois plus tard, il retrouve son public parisien au Bataclan.

Artiste profondément ancré dans le zouk, Patrick Saint-Éloi revendiquait cependant une large palette d’influences : le gwo ka de son île, mais aussi les sonorités brésiliennes, notamment celles de Djavan et Gilberto Gil, avec lesquels il collabore en 2005.

En parallèle, il met son talent de compositeur au service de nombreux artistes antillais, parmi lesquels Jocelyne Béroard, Tanya Saint-Val, Edith Lefel ou encore Ralph Thamar.

Le 13 août 2008, un immense concert-hommage est organisé en son honneur par la région Guadeloupe, sur le site de Damencourt au Moule. Près de 40 000 personnes y assistent, témoignant de l’attachement populaire à l’artiste. Quelques mois plus tard, le 15 décembre, paraît Zoukolexion vol. 2, une double compilation de 29 titres dont quatre inédits — deux spécialement écrits pour l’occasion, et deux autres initialement composés pour Jocelyne Béroard et Edith Lefel.

Mais la maladie l’affaiblit. Le 18 septembre 2010, Patrick Saint-Éloi s’éteint à l’âge de 51 ans, au domicile de sa sœur, des suites d’un cancer. Il est inhumé le 22 septembre au cimetière du Moule, après une veillée publique rassemblant une foule émue.

Avec sa voix chaude et son élégance scénique, Patrick Saint-Éloi restera le « créole lover » par excellence. Son premier grand succès, West-Indies, l’avait déjà imposé comme une figure incontournable. Admirateur de la chanson française, il avait néanmoins fait le choix de chanter exclusivement en créole, pour donner au zouk une identité et une profondeur universelle.

Patrick SAINT-ELOI – Réhabilitation (live)

Kassav-Djoni – 90

Patrick SAINT-ELOI – Eskizé mwen (live)