Inconnu du grand public il y a à peine un an, Zohran Mamdani prend désormais les rênes de l’une des plus grandes villes du monde. Élu maire de New York ce mercredi 5 novembre, il succède à Éric Adams, en poste depuis 2022. Un souffle de renouveau souffle sur la capitale économique mondiale, et c’est un coup dur pour Donald Trump.
C’est un sacré coup dur pour le président Trump qui jusqu’au dernier moment a fait monter la pression sur les électeurs américains appelés à élire leurs maires. Loin de céder à la peur que représente Donald Trump, la ville de New-York a encore une fois montré qu’elle ne succombait pas à la haine, à la division et au chantage politique du président Républicain.
Oui, comme un défi face à un système MAGA de plus en plus autoritaire, la ville vitrine du capitalisme mondial et bastion Démocrate depuis des décennies, a élu Zohran Mamdani comme Maire.
Jeune figure de la gauche du Parti démocrate et farouche opposant à Donald Trump, a été élu maire de New York à l’issue du scrutin local le plus suivi du pays, organisé mardi et considéré comme un premier test pour le président américain. Âgé de 34 ans, il devance l’ancien gouverneur centriste Andrew Cuomo et le républicain Curtis Sliwa avec 50,4 % des voix, selon les premiers résultats publiés par plusieurs médias américains.
Le soutien tardif de Donald Trump à son principal adversaire n’a pas suffi à sauver l’ex-gouverneur. Même les appels du président aux électeurs juifs pour faire barrage au candidat musulman n’ont pas changé la donne. Sur sa plateforme Truth Social, le milliardaire républicain avait accusé Zohran Mamdani, militant de la cause palestinienne, de nourrir de la haine envers cette communauté, allant jusqu’à écrire : « Toute personne juive qui vote pour Zohran Mamdani (…) est une personne stupide ! »
Il faut dire que, tout au long de la campagne, l’élu du Queens à l’Assemblée de l’État de New York a été critiqué pour son opposition ferme à la politique israélienne. Malgré les attaques, il est resté inflexible sur ses positions, tout en multipliant les gestes de soutien envers la communauté juive. Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, Zohran Mamdani est resté en tête des sondages jusqu’au bout, même après le retrait du maire sortant Éric Adams, qui avait tenté de rallier Andrew Cuomo pour faire barrage au jeune candidat.
« Le futur est entre nos mains, mes amis, nous avons renversé une dynastie politique, a-t-il lancé à la foule de ses supporteurs, réunis au Paramount Theater de Brooklyn. Nous respirons l’air d’une cité qui vient de renaître. »
Zohran Mamdani a fait de la dénonciation des élites politiques de la ville et de la figure du « milliardaire qui achète les élections » l’un des principaux sujets de campagne aux accents dégagistes.

Très apprécié des jeunes électeurs, l’élu démocrate a également séduit de nombreux citoyens qui s’étaient détournés de la politique. L’engouement pour ce scrutin s’est reflété dans la participation : à 18h00, 1,75 million de New-Yorkais avaient déjà voté, contre seulement 1,15 million lors des élections municipales de 2021.
Élu maire de New York mardi, le jeune socialiste a affirmé que la ville, berceau du président américain, pouvait désormais « montrer à une nation déçue par Donald Trump comment reprendre le pouvoir ». Il a été soutenu par des figures de gauche comme Bernie Sanders et l’élue à la Chambre des représentants de New York Alexandria Ocasio-Cortez. Pour autant, il est loin de faire l’unanimité dans son propre camp. Jugé trop extrémiste, notamment pour ses positions considérées comme antisémites et son récent refus d’affirmer qu’Israël avait le droit d’exister en tant qu’État juif. sieurs figures, notamment le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer, ne l’ont pas soutenu publiquement. Et s’il s’est tardivement prononcé pour Zohran Mamdani, le leader des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, ne pense pas qu’il soit « l’avenir » de leur camp, malgré l’engouement à New York.
Malgré tout, le 1er janvier, ce natif d’Ouganda de parents universitaires d’origine indienne, arrivé aux Etats-Unis [dans le Queens] à 7 ans et naturalisé en 2018, entrera en fonction comme le premier maire musulman de la plus grande ville des États-Unis, au grand dam du président républicain qui mène une politique d’expulsion massive d’immigrés.
À plusieurs reprises, le président républicain a menacé d’entraver le mandat du jeune maire démocrate, allant jusqu’à s’opposer, si nécessaire, au versement de certaines subventions fédérales destinées à la ville. Cependant, le locataire de la Maison Blanche devra se plier à la Démocratie et accepter le choix populaire.
Homme de défi, une fois qu’il sera installé à son poste, le jeune élu de 34 ans devra gérer la crise du logement et la gentrification, lutter contre la criminalité et le narcotrafic, naviguer dans les tensions politiques avec l’administration fédérale et les figures républicaines comme le président lui-même. Tout en conservant l’équilibre entre son programme progressiste et les attentes de l’ensemble des New-Yorkais.
A ce propos, le président américain, qui a fait de Zohran Mamdani l’une de ses nouvelles bêtes noires, a rapidement réagi. « Trump n’était pas sur les bulletins de vote, et la paralysie budgétaire, (sont) les deux raisons pour lesquelles les républicains ont perdu les élections ce soir, selon les sondeurs », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.
Il faut dire que New-York n’est pas le seul lieu de résistance au Trumpisme. Son voisin, l’Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l’homme d’affaires républicain Jack Ciattarelli. L’Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l’écart.
Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.
« Les démocrates fument Donald Trump et les républicains extrémistes à travers le pays », s’est réjoui sur X le ténor démocrate Hakeem Jeffries. « Le Parti démocrate est de retour », a ajouté le chef de la minorité à la Chambre des représentants.
Les Californiens ont quant à eux voté en faveur d’un redécoupage de la carte électorale de l’Etat qui favorisera le Parti démocrate, en réponse à une initiative trumpiste similaire au Texas.

