Le nom et le prénom de Charles Henri Salin continuent de résonner dans la mémoire des Guadeloupéens. Une triste affaire de bavure policière dans une Guadeloupe des années 1980 en ébullition. Le jeune lycéen qui sortait du cinéma a été abattu par un gendarme lors d’une patrouille à Boissard, le 18 novembre 1985.
A l’heure où aux Etats-Unis comme en Europe, y compris en France Hexagone, les réseaux sociaux se font l’écho du mouvement Black Lives Matter et que le Monde a été secoué par des manifestations contre les violences policières dont les premières victimes sont les minorités visibles des pays concernés. Alors que l’archipel Guadeloupe a été brutalement réveillé par l’affaire Claude Jean-Pierre, du nom de ce retraité Guadeloupéen mort suite à un contrôle de gendarmerie sur la commune de Deshaie. Il y a trente-cinq ans jour pour jour, un jeune lycéen guadeloupéen était abattu par un gendarme alors qu’il sortait de sa séance de cinéma. Le gendarme coupable de ce méfait n’a jamais été condamné. Bien au contraire, il a même reçu une promotion. Une affaire peu banale qui s’est déroulée dans une Guadeloupe des années 1980 en ébullition. En effet, durant cette période, l’Archipel guadeloupéen était secoué par des revendications d’indépendance mais surtout des attentats.
Contrôle qui a dérapé ou assassinat volontaire ?
Charles-Henri Salin était un lycéen. Ce soir du 18 novembre 1985, il sort du cinéma, son cartable sur le dos. Sa route croise celle d’un convoi de gendarmes patrouillant à Boissard à Pointe-à-Pitre, à la recherche du criminel multirécidiviste Timalon, soupçonné d’avoir tué un gendarme quelques jours plus tôt. Charles-Henri n’ira pas plus loin, il sera tué par Michel Maas, 42 ans maréchal des logis de la Gendarmerie. Celui-ci, armé de son pistolet mitrailleur, tire trois fois sur l’adolescent. Touché en plein thorax, celui-ci s’effondre. Lors de sa déposition, le gendarme dira qu’il a tiré pour sauver sa vie. Sauf, que dans le sac du lycéen, il n’y a aucune arme juste ses matériels scolaires.
Dans les jours qui suivent la tension est forte. La jeunesse de Guadeloupe se révolte et veut comprendre ce qui a provoqué la mort de ce lycéen de Baimbridge. Plusieurs manifestations sont organiséeset appuyées par les groupes politiques autonomistes et indépendantistes, qui voient en cette bavure policière, l’œuvre de la répression coloniale dans ce qu’il considère (encore aujourd’hui) comme l’une des dernières colonies françaises. Le gendarme meurtrier est quant à lui promu adjudant et lors d’un procès en 1990 délocalisé à Paris, il est acquitté. Reconnu coupable, l’adjudant Maas est acquitté. Le tribunal a estimé cette fois qu’en tirant une rafale de pistolet mitrailleur sur Charles-Henri Salin, le gendarme Maas était coupable d’avoir «provoqué la mort sans intention de la donner». Toujours selon le Tribunal, il aurait eut «un motif légitime» de le faire toujours selon le tribunal.
Contrôle policier qui s’est mal déroulé ? Bavure policière sous fond de racisme colonial ? Ou meurtre ? La question ne sera jamais répondue. Aujourd’hui encore, cet épisode tragique hante encore la relation déjà conflictuelle, entre la France et sa région ultramarine.
Une chose est certaine, la justice n’a donc pas été rendue, pour une famille qui pleure un fils et un frère.