Tensions entre le Venezuela et le Guyana : les venezueliens disent oui à l’annexion de l’Essequibo.

Dimanche, les vénézuéliens étaient appelés à voter pour une possible annexion de la région de l’Essequibo qui est de facto partie intégrante du Guyana, pays voisin du Venezuela. Mais, depuis plusieurs semaines, Nicolas Maduro, la revendique et évoque même une possible annexion militaire de cette région guyanaise riche en pétrole et devenue le principal moteur économie de l’ancienne colonie britannique. La guerre est-elle entrain de menacée l’Amérique Latine ? Le Brésil se dit préoccuper et mobiliser son armée en cas de troubles à sa frontière.

Alors que la guerre continue d’ensanglanter l’Ukraine et ses régions annexées du Donbass, Crimée et Kherson, alors que l »Azerbaïdjan a utilisé la force pour reconquérir le Haut-Karabakh tenus depuis trois décennies par les séparatistes proches de l’Arménie. Alors qu’Israel et les groupes palestiniens s’affrontent dans Gaza et en Cisjordanie et que la Chine revendique des îles dans le Pacifique et menace d’envahir la très contestée Taïwan, l’Amérique Latine semble elle aussi se dirigée vers un conflit entre Etats.

Du moins, les tensions qui sont apparues depuis le 1er novembre 2023 semblent l’attester. En effet, depuis cette date, le Vénézuela dirigé par le très contesté Nicolas Maduro évoque une possible annexion de force de la région de l’Essequibo qui fait partie de Facto du territoire du Guyana, ancienne colonie britannique.

Il faut dire que le pays de Simon Bolivar revendique ce territoire depuis son indépendance en 1830. Epoque où le Guyana était encore une colonie britannique. Selon Caracas, la rivière Essequibo constitue la frontière naturelle entre les deux pays, comme au temps de la colonie. Cette province de 160.000 km² représente plus des deux tiers du Guyana soit 65% de son territoire et quelque 125.000 personnes y vivent, soit un cinquième de sa population. Attribué au Guyana, par une décision de justice de 1899, l’Essequibo figure cependant toujours sur les cartes du Venezuela comme partie intégrante de son territoire. Caracas soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l’époque de l’empire espagnol. Une tension que l’on pensait révolue vu la médiation de Cuba en 2004 et la visite d’Hugo Chavez à Georgetown cette même année. L’ancien président avait même déclaré que les tensions entre les deux pays étaient apaisées et faisaient partie du passé.

Pour l’historique, tout remonte au temps reculé ( mais pas trop) de la colonisation. La région un temps exploitée par les hollandais est occupée dès 1665 par les britanniques mais la présence britannique a véritablement commencé en 1745 date à laquelle le nombre de plantations le long de la rivière Demerara et de ses rivières latérales a rapidement augmenté, donnant naissance à la colonie de Demerara. En particulier, les colons britanniques de la Barbade ont commencé à s’installer sur cette terre. Longtemps contestée, la zone fut conquise un temps par les français pour ensuite être remise aux hollandais mais c’est finalement les britanniques qui occuperont le territoire de façon définitive en 1796, bien que ardemment revendiquée par la Couronne d’Espagne. Trop occupée avec les guerres de décolonisation qui l’occupaient dans ses colonies d’Amérique, l’Espagne laissa tomber l’idée d’une reconquête de l’Essequibo. Au final, en 1831, les régions de Demerara et Essequibo fusionnèrent avec la colonie de Berbice pour donner le Guyana Britannique ( Guyane britannique) aujourd’hui nommé le Guyana. Pendant très longtemps, le Venezuela et le Royaume-Uni vont se disputer la zone, comme lors de la crise vénézuélienne en 1895.

Pour Caracas,  l’Espagne (dont ils avaient acquis le territoire) contrôlait des terres allant du fleuve Orénoque au fleuve Amazone, dans l’actuel Brésil. De plus, pour selon le Vénézuela, l’Espagne n’a désigné aux néerlandais que son territoire revendiqué en Guyane, qui ne comprenait pas beaucoup de terres dans le territoire contesté. Pendant ce temps, la Grande-Bretagne, qui avait acquis le territoire néerlandais, a déclaré que la région contestée de la Guyane n’était pas espagnole parce qu’elle était si éloignée et incontrôlée, expliquant que les autochtones d’origine du pays avaient partagé les terres du territoire avec les Néerlandais au lieu de les partager et donc les espagnols présents dans la zone étaient sous l’influence des néerlandais et des britanniques.

Il a fallu une décision de justice pour que la région soit définitivement attribuée à Georgetown. Ainsi,  Le 3 octobre 1899, le Tribunal s’est prononcé largement en faveur de la Grande-Bretagne. La ligne Schomburgk a été établie, avec deux déviations, comme frontière entre la Guyane britannique et le Venezuela. Une dérogation a été que le Venezuela a reçu Barima Point à l’embouchure de l’Orénoque, lui donnant le contrôle incontesté du fleuve, et donc la capacité de lever des droits sur le commerce vénézuélien. La seconde plaçait la frontière au niveau de la rivière Wenamu (en) plutôt qu’au niveau de la rivière Cuyuni, donnant au Venezuela un territoire substantiel à l’est de la ligne. Cependant, la Grande-Bretagne reçut la majeure partie du territoire contesté et toutes les mines d’or.

Les parties vont se retrouver à Genève en Suisse d’où aboutira les Accords de Genève de 1966, accord multilatéral transitoire pour parvenir à une solution finale, beaucoup le définissent comme « un accord pour parvenir à un accord » et bien que dans l’interprétation vénézuélienne, il invalide la sentence de 1899, le statu quo qu’il a dérivé. Par conséquent, la zone revendiquée est sous l’autorité du gouvernement guyanien jusqu’à ce que quelque chose de différent soit résolu dans le cadre du traité. Le premier article du document exprime la prétention du Venezuela à considérer comme nulle et non avenue la décision du tribunal qui a défini sa frontière avec la Guyane britannique. Le Royaume-Uni et le Guyana (alors Guyane britannique) en signant le document reconnaissent la revendication et le désaccord du Venezuela, acceptant ainsi de trouver une solution pratique, pacifique et satisfaisante pour les parties.

Cependant, au Venezuela comme au Guyana les critiques concernant cet accord sont vives. Au Guyana, l’Accord de Genève a été critiqué pour avoir rouvert un dossier qui, pour eux, était clos. En effet, Cheddi Jagan, qui s’opposait à l’accord et qui était à l’époque le chef de l’opposition guyanienne, fondateur du Parti progressiste du peuple (PPP), et qui plus tard fut président de la république, dans son ouvrage The West on Trial (1996), a déploré la réouverture de l’affaire (la reconnaissance a ainsi été donnée à la fausse revendication territoriale vénézuélienne, et ce qui était un dossier clos depuis 1899 a été rouvert).

Alors qu’au Venezuela bien qu’il constitue actuellement le document le plus précieux pour le processus de négociation, on perçoit qu’il manque d’éléments concrets permettant de concrétiser la pleine récupération du territoire en raison des contradictions qu’il présente tant sur le fond que sur la forme.

  • Le Venezuela a permis au Royaume-Uni de transférer le différend territorial à sa colonie,
  • Le Venezuela a permis à la colonie de devenir indépendante sans d’abord résoudre le problème frontalier,
  • Le caractère étatique était donné à une colonie qui ne le possédait pas,
  • Depuis lors, il serait négocié avec l’héritière d’une dépossession que ses colonisateurs concilient et
  • Le rapport de force était échangé : le Venezuela ne serait plus perçu comme la nation faible usurpée par la puissance coloniale du Royaume-Uni, mais désormais le Guyana pauvre et nouvellement indépendant apparaîtrait comme la nation faible devant le pays riche et pétrolier comme le Venezuela qui voudrait lui enlever une partie de « son territoire »
Litige frontalier entre le Venezuela et le Guyana © Guillermo RIVAS PACHECO, Paz PIZARRO, Jean-Michel CORNU, Patricio ARANA / AFP

Dès l’accession à l’indépendance, le Guyana voit son grand voisin menacer son intégrité territorial. Une agressivité qui s’est accentuée avec les années. Peu de temps après que le Guyana ait obtenu son indépendance du Royaume-Uni et que les forces armées britanniques se soient retirées en mai 1966, le Venezuela a commencé à empiéter sur le territoire contrôlé par le Guyana. Cinq mois après l’indépendance du Guyana, les troupes vénézuéliennes ont commencé leur occupation de l’île d’Ankoko et des îles environnantes en octobre 1966, les troupes vénézuéliennes construisant rapidement des installations militaires et une piste d’atterrissage. En 1969, le soulèvement de Rupununi s’est produit dans le cadre d’une tentative des propriétaires de ranchs de faire sécession du Guyana. Divers rapports indiquent que le Venezuela a équipé et soutenu la rébellion.

Autant d’événements qui distendront les relations entre les deux pays frontaliers et ce malgré les nombreuses rencontres bilatérales celle de Port-of-Spain à Trinidad-&-Tobago en 1970, après l’expiration de la Commission mixte créée conformément à l’Accord de Genève de 1966, les présidents Rafael Caldera et Forbes Burnham ont signé le Protocole de Port-of-Spain, qui déclarait un moratoire de 12 ans sur la réclamation par le Venezuela de la Guayana Esequiba, dans le but de permettre aux deux gouvernements de promouvoir la coopération et la compréhension entre les deux pays et de mettre en suspens leur différent. Ce traité négocié avait pour objet de suspendre l’application de l’article IV de l’Accord de Genève pour une période de 12 ans, renouvelable pour d’autres années à la convenance des parties ; De manière informelle et par la presse vénézuélienne, l’idée s’est répandue que ce traité « gèlerait » les pourparlers entre les deux parties sur le conflit frontalier ; cependant, les relations bilatérales se sont poursuivies entre le Guyana et le Venezuela avec le conflit territorial sous-jacent.

A plusieurs reprises ,le Venezuela a menacé d’amputer la région de l’Essequibo à son voisin anglophone mais jamais Caracas n’a osé le faire. De son vivant, le président Hugo Chavez avait apaisé les tensions avec Georgetown sous l’égide de Fidel Castro puissant mentor du président vénézuélien.

Cependant, le Venezuela est devenu plus agressif sous le mandat de Nicolas Maduro et plus déterminé à faire de cette région la sienne depuis la découverte d’importants gisements de pétroles par Exxon Mobil, qui font apparaître un avenir radieux pour le Guyana. Le pays anglophone longtemps considéré comme très pauvre, dispose désormais de réserves de pétrole similaires à celle du Koweït et se place en haut de la liste de réserves per capita dans le monde. Pour information, entre 2015 et 2021, le Center for Strategic and International Studies a écrit qu’environ 8 milliards de barils de réserves de pétrole ont été découverts au Guyana, le Guyana devenant l’un des vingt premiers pays en termes de réserves prouvées de pétrole. En 2023, BBC News a rapporté que le Guyana avait découvert 11 milliards de barils de réserves de pétrole.

De quoi attiser les convoitises du Venezuela dont l’économie en berne est minée par les sanctions internationales portées par les Etats-Unis depuis les mandats d’Hugo Chavez mais alourdies suite à la très contestée élection de 2018 qui a vu la victoire de Nicolas Maduro avec 67,8 % des voix et une participation de 46 % au cours d’un scrutin pour lequel une partie de l’opposition appelait au boycott, tout en dénonçant les conditions d’organisation du scrutin, car les opposants à Maduro reprochait au parti en place, les violences physiques sur les opposants, les menaces à leur encontre, les harcèlements psychologique et les arrestations arbitraires, la mauvaise gestion sécuritaire du pays qui a connu une flambée de violence mais aussi une altération de l’économie ayant pour conséquence le départ massif de vénézueliens vers l’étranger. On estime que de 2015 à 2020 ce sont près de six millions de vénézueliens qui ont fui leur pays.

Un référendum pour mieux légitimer la possible annexion ? Mais déjà des critiques

Le 7 janvier 2021, le président Maduro a publié le décret n°4 415, revendiquant 200 milles marins de fonds marins depuis le delta de l’Orénoque pour le Venezuela, s’étendant jusqu’aux endroits où le Guyana a fait des découvertes de pétrole. Dans la foulée d’autres événements mêlant l’armée vénézuélienne vont survenir comme le 21 janvier 2021 où un bateau de la marine vénézuélienne, le patrouilleur Commandante Hugo Chavez GC 24 a capturé deux bateaux de pêche guyanien dans la ZEE du Guyana. Quelques mois plus tard, le 2 mars 2021, deux avions de combat Soukhoï Su-30 de l’armée de l’air vénézuélienne ont effectué des passages à basse altitude à 460 m au-dessus de la ville guyanienne d’Eteringbang attirant la colère de Georgetown qui par la voie de son Ministre des Affaires étrangères, Hugh Todd a fustigé le climat de tension que fait naître Caracas.

« l’incursion sur notre territoire des deux avions de combat vénézuéliens est une indication claire que le gouvernement du Venezuela est prêt à recourir à l’agression et à l’intimidation pour accomplir ce qui ne peut être réalisé par des moyens légaux : la renonciation par le Guyana à son patrimoine ».

Hugh Todd Ministre des Affaires étrangères du Guyana.

Pour faire valoir son droit sur la région de l’Essequibo, le Guyana a intenté un procès contre son voisin hispanophone et fait appel à la Cour internationale de justice (CIJ) s’est déclarée compétente pour connaître laquelle des deux nations avaient plus de souveraineté que l’autre.

De son côté, Caracas continue les intimidations comme en octobre 2023 date à laquelle il a été rapporté que l’armée vénézuélienne construisait une piste d’atterrissage près de la frontière avec l’Essequiba au Guyana « pour développer » la région. Autre action entreprise par le régime socialiste au pouvoir, ce référendum consultatif organisé le dimanche 3 décembre 2023  et qui s’articule en cinq questions, dont l’une porte effectivement sur l’intégration de cette région au territoire vénézuélien. 

A ce sujet, la plus haute juridiction de l’ONU a ordonné vendredi 1er décembre au Venezuela de s’abstenir de toute action qui modifierait le statu quo dans l’Essequibo, comme le souligne le Communiqué de presse de la CIJ, qui siège à La Haye, a enjoint à Caracas de « s’abstenir d’entreprendre toute action qui modifierait la situation prévalant dans le territoire en litige » Commentaire fustigé par le gouvernement vénézuélien représenté par sa Vice-président Delcy Rodriguez :  « Rien dans le droit international ne permet à la cour de s’immiscer dans les affaires intérieures du Venezuela, ni de prétendre interdire ou modifier un acte souverain » Le Venezuela « poursuivra tous les préparatifs en vue de la tenue du référendum consultatif » a t-elle poursuivi.

source : AFP.

Le président guyanais Irfaan Ali a fait remarquer, en revanche, que la CIJ déclarait que « le Venezuela n’a pas le droit d’annexer ou d’envahir le territoire guyanais ni de prendre d’autres mesures, quelle que soit l’issue du référendum du 3 décembre ». Pour le Guyana, il est clair que ce référendum permettrait au Venezuela de s’emparer de la région de l’Essequibo et de l’annexer de manière « unilatérale et illégale », lui causant un « préjudice irréparable ». Georgetown a notamment accusé le Venezuela d’avoir lancé des préparatifs militaires en vue de l’annexion, ce qu’a démenti Caracas qui se revendique, un pays de paix.

Pour Thomas Posado interviewé sur RFI,

« Ce territoire est vraiment vénézuélien, il a vraiment été pris par les Anglais. Il y a eu en 1899, autour du tribunal de Paris une arnaque à l’encontre du Venezuela. En même temps… il appartient au Guyana et on voit difficilement l’État du Guyana renoncer à 60 % de son territoire. » 

Pour le docteur en sciences politiques et spécialiste du Venezuela, si aujourd’hui, les deux pays connaissent un regain de tension, il y a deux raisons de cette soudaine flambée de tension. La première est bien dû à la présence importante d’hydrocarbures bénéfiques pour consolider l’économie guyanienne que lorgne Caracas et au niveau intérieur, focaliser l’attention du peuple vénézuélien sur la question de l’Essequibo et créer un consensus favorable à un Nicolas Maduro au plus bas dans l’estime des vénézuéliens. :

 » Je vois deux raisons principales. Premièrement, la découverte des champs pétroliers et l’avancée dans l’exploitation de ce pétrole. Le Guyana a confié des concessions à l’entreprise Exxon Mobile. Cela a rendu la revendication de ce territoire par le Venezuela très concrète. Car si cette région est exploitée, on voit difficilement comment le Venezuela pourrait la récupérer. Et la seconde raison est liée à la politique intérieure vénézuélienne. Il y aura une élection présidentielle au 2e semestre 2024. Donc ce référendum permet au président Nicolas Maduro de mobiliser la population vénézuélienne sur une question qui est très ancienne et très consensuelle. Opposants et sympathisants de Nicolas Maduro convergent sur le fait que, d’après eux, cette région appartient au Venezuela… »

 Pour Nicolas Maduro, convoquer un référendum sur cet aspect-là permet de rassembler la population vénézuélienne derrière lui et diviser son opposition déjà prête pour les prochaines échéances électorales. Cette même opposition qui s’est montrée réservée, tiraillée entre ses convictions et sa volonté de ne pas soutenir le pouvoir avant la présidentielle de 2024. La principale opposante Maria Corina Machado a qualifié le référendum de « distraction » dans un contexte de crise.

Ainsi, dimanche 3 décembre, les venezueliens ont convergé vers les urnes pour valider ou non la volonté de leur président et, c’est sans surprise que le  » Oui » l’a emporté. Comme le rapporte le journal Le Monde, les Vénézuéliens se sont dits favorables à l’intégration à leur pays de l’Essequibo. Le vote s’est conclu par une victoire du « oui », avec plus de 95 % de suffrages en ce sens aux cinq questions posées, a fait savoir le Conseil national électoral (CNE), qui n’a pas fourni de chiffre de participation.

De son côté, le président vénézuelien s’est dit satisfait de l’écrasante victoire du  » Oui »,

« Nous avons réalisé les premiers pas d’une nouvelle étape historique dans la lutte pour ce qui nous appartient, pour récupérer ce que les libérateurs nous ont laissé […] L’Essequibo est à nous. »

Nicolas Maduro.

D’ailleurs, comme l’évoque nos confrères du Monde, ce chiffre du nombre de votes, sans annonce officielle de la participation, a généré une polémique, l’opposition accusant le pouvoir de tenter de masquer un fort taux d’abstention et soulignant que 10,5 millions « de votes » ne signifiaient pas 10,5 millions de votants. Henrique Capriles, deux fois candidat de l’opposition à la présidentielle a relayé sur X un chiffre de « 2 110 864 » votants, chacun ayant droit à jusqu’à cinq votes, un « échec retentissant » selon lui. « Il est très difficile de comprendre de tels résultats », a quant à lui déclaré Luis Vicente León, directeur de l’institut de sondage Datanalisis.

Le référendum, en cinq questions, demandait notamment aux Vénézuéliens s’ils sont d’accord pour ne pas reconnaître la compétence de la Cour internationale de Justice (CIJ), saisi par le Guyana, et pour intégrer le territoire au Venezuela. Ce résultat n’aura toutefois pas de conséquences concrètes à court terme : le territoire se trouve au Guyana et il ne s’agit pas d’un vote d’autodétermination. Le scrutin a suscité des inquiétudes à Georgetown, la capitale du Guyana, et sur la scène internationale.

Mais, le pays peut compter sur son alliance avec les Etats-Unis, dont plusieurs compagnies pétrolières sont actives au Guyana. Le Brésil, qui partage une frontière avec le Venezuela et le Guyana, a annoncé intensifier ses actions militaires dans la région et surveiller le conflit.

Le président du Guyana assiste à un lever de drapeau dans la région de l’Essequibo, le 24 novembre 2023. (AFP)

Question militaire, on sait que des officiers supérieurs de l’armée du Guyana et du Brésil se sont rencontrés le 23 novembre pour un échange. Georgetown aurait aussi fait appel à des conseillers américains du Département de Défense. D’autre part, le Guyana envisage l’implantation de bases militaires guyaniennes et étrangères dans la région de l’Essequibo.

S’exprimant sur son compte Facebook officiel, le président ,Irfaan Ali du Guyana a voulu rassuré sa population, « Je tiens à assurer aux Guyaniens qu’il n’y a rien à craindre dans les heures, les jours et les mois à venir, Nous travaillons vingt-quatre heures sur quatre heures pour veiller à ce que nos frontières restent intactes. » « Notre première ligne de défense est la diplomatie et nous sommes dans une position très, très forte » , a-t-il ajouté, assurant que le pays avait un vaste soutien international.

Alors que la guerre continue d’ensanglanter l’Ukraine et ses régions annexées du Donbass, Crimée et Kherson, alors que l’Azerbaïdjan a utilisé la force pour reconquérir le Haut-Karabakh tenus depuis trois décennies par les séparatistes proches de l’Arménie. Alors qu’Israel et les groupes palestiniens s’affrontent dans Gaza et en Cisjordanie et que la Chine revendique des îles dans le Pacifique et menace d’envahir la très contestée Taïwan, l’Amérique Latine semble elle aussi se dirigée vers un conflit entre Etats ? La suite au prochain numéro. Du moins si la nouvelle tentative de médiation entreprise par le Brésil échoue mais selon le rapports des services de renseignements brésiliens, il y a une forte probabilité d’une action militaire imminente de l’armée vénézuélienne contre la République coopérative de Guyana dans les prochains jours, suscitant des inquiétudes quant à la stabilité régionale et aux conflits territoriaux en Amérique du Sud.