» La beauté de l’innocence, on est comme on naît » la première expo photos LGBTQIA+ de Guadeloupe

Du 28 juin 2024 au 13 juillet 2024, se tenait à l’hôtel Arawak, la première exposition photos LGBTQIA+ par Maurice-Alain Lima. Avec ses trente photographies, l’iphonographe a voulu éveiller les consciences et prôner la tolérance. Elle nous trace le cheminement de chrétiens baptisés, catholiques et homosexuels.

Être homosexuel aux Antilles-Françaises et dans la Caraïbe est très souvent un sujet tabou. Entre les railleries, les violences, les harcèlements et le rejet des amis et de la famille, nombreux sont les gays caribéens qui choisissent de se taire. Face à une situation difficile, beaucoup choisissent le chemin de l’exil. La France ou le Québec pour les Antillais francophones, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis pour les anglophones, la Hollande pour les antillais-néerlandais. C’est un exil forcé et douloureux qu’ils optent pour se sentir digne d’être un homme. En quittant leurs pays, ils savent qu’ils ne reviendront jamais.  

La colonisation et le christianisme vont de pair dans la région caraïbe. Importée avec l’arrivée des colons européens, la religion chrétienne a longtemps joué un facteur social. Celui ou celle qui ne croyait pas en Dieu, qui n’était pas baptisé, qui ne faisait pas ses sacrements était renié. Le prête faisait quasiment parti de la famille. Dans certaines familles, c’était même une fierté d’avoir un fils dans les ordres. Avec l’influence de la religion, tout comportement déviant était châtié, à l’époque, ils s’appuyaient et s’appuient jusqu’à présent sur des paroles bibliques (Genèse 1:27, 28) : « Et Dieu se mit à créer l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa.28 En outre, Dieu les bénit et Dieu leur dit : “ Soyez féconds et devenez nombreux, remplissez la terre et soumettez-la ; tenez dans la soumission les poissons de la mer, et les créatures volantes des cieux, et toute créature vivante qui se meut sur la terre. ” ou dans les Proverbes (Proverbes 5:18,19) : « Que ta source d’eau soit bénie, et réjouis-toi avec la femme de ta jeunesse, 19 biche digne d’amour et charmante chèvre de montagne. Que ses seins t’enivrent en tout temps. Sois constamment grisé par son amour »  

Vous l’aurez compris la bible désaprouve l’homosexualité mais ce que l’on ne dit pas c’est qu’elle désapprouve l’homophobie : comprenez la haine des homosexuels, comme l’atteste cette phrase « Honorez [des hommes] de toutes sortes, aimez toute la communauté des frères, craignez Dieu, honorez le roi. » (Pierre 2:17).  

De plus la Bible reconnaît même le droit à la différence, qu’elle souligne dans Romain 7:21-25 : « Je trouve donc cette loi dans mon cas : quand je veux faire ce qui est juste, ce qui est mauvais est présent chez moi. 22 Je prends en effet plaisir à la loi de Dieu selon l’homme que je suis intérieurement, 23 mais je vois dans mes membres une autre loi qui fait la guerre contre la loi de mon intelligence et qui m’emmène captif vers la loi du péché qui est dans mes membres. 24 Homme misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps voué à cette mort ? 25 Grâces [soient rendues] à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ! Ainsi donc, par [mon] intelligence, moi je suis esclave de la loi de Dieu, mais, par [ma] chair, [je suis esclave] de la loi du péché. » En contradiction avec elle-même, elle invite dans Colossien 3-5, les hommes ou les femmes aux tendances « déviantes » à combattre ses pulsions, qu’elles considèrent comme des péchés, « Ne soyez pas dominés par votre corps. Tuez tout désir pour les relations sexuelles mauvaises  »  

Avec le temps, et l’évolution des mentalités notamment en Europe ou en Amérique du Nord, la situation des homosexuels a évolué. Condamnés, violentés par le passé, désormais, ils peuvent se pacser, se marier, divorcer et même dans certains pays adopter des enfants, pourtant malgré ce fait dans la Caraïbe francophone, anglophone néerlandophone ou hispanophone, le cas des homosexuels reste un sujet tabou. Dans la quasi totalité des pays de la Caraïbe, même aux Antilles-Françaises et Néerlandaises où les lois sont les mêmes que la métropole coloniale, l’homosexualité est réprouvée, par la famille, les voisins, les amis, beaucoup optent pour le départ car la pression psychologique est trop forte. Quand ce n’est pas le harcèlement, c’est la violence, comme ce fut le cas pour l’agression d’un jeune guadeloupéen de 19 ans séquestré et torturé pendant cinq jours à cause de son orientation sexuelle. En Guadeloupe, chez les 15-24 ans, six hommes sur 10 et près d’une femme sur deux assimilent l’homosexualité à « une sexualité contre nature » ou à « un problème psychologique », selon une étude de l’Observatoire régional de Santé menée en 2011-2012. Sur l’ensemble de la population, 68% des hommes et 61,5% des femmes pensent de même. Du côté des politiques, c’est le silence, à croire que revendiquer, défendre les LGBT tueraient leur carrière.

Malgré tout, la situation n’est pas si catastrophique car des initiatives locales sont entreprises pour ouvrir les mentalités. C’est le cas de la récente exposition  » La Beauté de l’innocence, on est comme on naît » qui est la toute première exposition photos LGBTQIA+ de la Guadeloupe par l’Iphonographe Maurice-Alain Lima. Avec ses trente photographies, l’iphonographe a voulu éveiller les consciences et prôner la tolérance. Elle nous trace le cheminement de chrétiens baptisés, catholiques et homosexuels. Le iphonographe s’empare de ce fait sociétal pour nous montrer la beauté de l’innocence et de l’amour ; la souffrance de la discrimination, du harcèlement, du rejet, du suicide et autres. La Guadeloupe, terre chrétienne depuis bien longtemps, n’est pas en reste de cette situation et accentue le « quand dira-t-on ».

Maurice Alain Lima bonjour, merci de nous recevoir dans votre exposition à l’Arawak. Une exposition qui s’intitule “ la beauté de l’innocence” Pourquoi ce titre et de quoi traite t-elle ? 
Mais avant tout, qui êtes-vous, quel est votre parcours artistique ? Avez-vous toujours été photographe ? 

Maurice-Alain Lima : C’est vrai qu’il est important de se présenter(rires). Alors, je suis Maurice-Alain Lima, je suis photographe, mais les gens me connaissent plus sur le nom de L’art du regard, je suis Iphonographe, pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, l’Iphonographe, c’est fait des photos avec un iPhone mais qui traite ses photos sur son Iphone. C’est le même travail que celui que fait un photographe fait sur un ordinateur mais je n’ai pas d’ordinateur tout se fait sur mon  Iphone, d’où le nom d’iphonographe c’est la liaison entre IPHONE et photo,  

Il est vrai que votre technique de photographie est innovante, vous prenez des photos à l’Iphone, qu’est-ce qui est mieux ou qui diffère entre un smartphone et un boîtier ? Est-ce la facilité qui vous a poussé à faire ce choix ou la volonté d’innover ?  

Maurice-Alain Lima : A vrai dire, c’était surtout une envie d’innover mais surtout que l’iPhone on l’a en permanence sur soi donc quel que soit l’instant l’endroit on peut capter à tout moment quelque chose un lieu, une personne ou n’importe quoi que l’on peut croiser tandis qu’un appareil photo, il faut l’apporter avec soi, le mettre dans un sac, le sortir, faire les réglages. Puis, il faut constater que les appareils sont tellement performants maintenant qu’on peut réussir à avoir de très belles images, du coup, je n’envie pas mes amis photographes mais j’ai le même résultat qu’eux et leurs appareils.  

Pour revenir à l’exposition ? Quel est votre objectif à travers celle-ci  ? 

Maurice-Alain Lima : Cette exposition parle avant tout d’un fait sociétal, le rejet des homosexuels par les appellerait “les normaux” c’est-à-dire, qu’on nous a inculqué depuis des décennies mais sans oublier que l’homosexuel existe depuis bien longtemps. Elle est avant tout un message de tolérance et d’amour par rapport à la communauté LGBT. Elle invitation à l’acceptation de soi, des différences par les autres surtout que l’Église par le biais du Pape, a ouvert la porte pour que nous chrétiens puissions accepter l’homosexualité.  

D’accord. Mais, comment l’exposition a-t-elle été accueillie par les visiteurs ? Est-ce qu’il y a eu des commentaires négatifs ou positifs ? 

Maurice-Alain Lima : Elle a été très bien accueillie. Le message est passé et il continue de passer et il continuera son cheminement. Le public est venu, il a apprécié la beauté pas de l’innocence mais la beauté des photographies que je leur ai proposé. Ils ont trouvé que c’était courageux de mettre en lumière ce fait sociétal et c’est ma plus grande satisfaction. Cette exposition est composée de trente photographies mettant en scène à  la fois des hommes mais aussi des femmes, certains sont membres de la communauté LGBTQ + d’autres  non.  

Justement comment ces séances photographiques se sont déroulées ? Était-ce difficile ou assez facile de se dévoiler nu ou en pause lascive devant un objectif d’appareil photo enfin Iphone ? 

Maurice-Alain Lima : Avant de commencer à prendre les photos, j’ai d’abord fait comme un mini casting, pour au final n’en recruter que onze pour les trente tableaux que vous avez pu voir. Parmi les onze modèles, cinq sont homosexuels et le reste ce sont des hétérosexuels. En ce qui concerne, ceux qui sont homosexuels, ils n’ont pas eu de mal parce ce qu’ils vivaient leurs passions et puis c’est leur vie, tandis que les hétérosexuels,ils ont joué le jeu mais à la perfection parce qu’ils veulent transmettre cette tolérance. C’est une nouvelle génération qui se lève et qui montre que tout le monde on peut être différent mais on peut se côtoyer et s’aimer. Par exemple, il y a une photo qui est très parlante c’est celleque j’ai nommé “ l’amour est un don de Dieu” où il y a un baiser entre deux hommes pour info, ce sont deux hétérosexuels.  

 » La beauté de l’innocence, on est comme on naît » la première expo photos LGBTQIA+ de Guadeloupe. Photo : ELMS Photography
Justement, que ce genre de prise a été difficile pour les modèles hétérosexuels ?  

Maurice-Alain Lima : Non, il fallait les mettre simplement en confiance. Puis leur expliquer ma vision et mes attentes pour cette prise. La confiance entre le photographe et le modèle est primordiale afin d’obtenir ce que nous désirons. Ils étaient vraiment en confiance et ils ont joué le jeu à la perfection.  

Dans la description que vous faites, vous dites Le iphonographe s’empare de ce fait sociétal pour nous montrer la beauté de l’innocence et de l’amour ; la souffrance de la discrimination, du harcèlement, du rejet, du suicide et autres. La Guadeloupe, terre chrétienne depuis bien longtemps, n’est pas en reste de cette situation et accentue le « quand dira-t-on ». Avez-vous connu ces situations ? Ou des gens proches de vous, vous l’ont témoigné ? 

Maurice-Alain Lima : En fait nous le vivons tous, nous le voyons tous. Il y a le rejet, la discrimination et le harcèlement. Quand on regarde les informations, on entend parler que de ça. A l’école, les enfants sont harcelés. A cause du harcèlement, les enfants se suicident, nous avons ces exemples presque tous les jours et c’est quelque chose que j’ai voulu mettre aussi en lumière avec les homosexuels. D’ailleurs parmi eux, beaucoup de jeunes qui sont homosexuels se sont fait agresser, certains se sont suicidés et il y en a d’autres qui ne le sont pas mais qui se font harceler tant à l’école qu’à la sortie des classes, c’était plus facile pour moi de traiter ça et de mettre ça en lumière. Je voulais rappeler que la discrimination n’a pas lieu d’être, que le rejet n’a pas le lieu d’être. Quand vous avez un parent qui rejette son enfant qui le met à la rue parce qu’il est homosexuel, je trouve cela triste et indécent, surtout que nous sommes des chrétiens et oui la Guadeloupe est une terre chrétienne. Je pense que la Guadeloupe est une des terres les pratiquantes de la chrétienté raison pour laquelle, il y a une forme d’hypocrisie. C’est une vaste supercherie parce qu’on vous dit, “ aimez-vous les uns les autres” à l’église mais lorsqu’on est hors de l’église, on se tire dessus, on rejette son prochain or on a dit d’aimer son prochain. Là encore, c’est une contradiction entre aimer son prochain et le rejeter et comme j’ai cité dans la photo nommée “la femme adultère » “ que celui qui n’a pas péché lui jette la première pierre”, donc qui sommes-nous pour jeter la pierre aux homosexuels, sachant que dans notre société soi-disant puritaine où les hommes mariés sont-ils tous fidèles ? Il faudrait se poser cette question et surtout, sont-ils tous hétéros, parce qu’il y en a beaucoup qui sont mariés et qui ne sont pas fidèle ou qui ne sont pas hétéros. Ils mènent une double vie donc ça faut le savoir et l’Eglise elle n’en est pas responsable mais elle devrait s’approprier de ce sujet pour mettre en conformité les paroles de l’Évangile et la vie actuelle.  

Cette exposition évoque les tabous autour de l’homosexualité, les violences, le rejet ou le mépris que peuvent vivre les membres de la communauté LGBTQIA+ sont-ils encore vivaces aujourd’hui malgré les évolutions sociétales ? 

Maurice-Alain Lima : Selon moi, en France Hexagonale, les choses ont évolué depuis la Loi Taubira dit Loi du Mariage pour tous, mais il y a encore de la discrimination, du rejet et même des agressions. Cependant, en Guadeloupe, je dirais que c’est un sujet qui reste tabou. Selon ce que je sais, la Martinique est beaucoup plus ouverte que nous sur la question LGBT. Ici en Guadeloupe, rares sont les choses qui sont faites à leur égard. Alors qu’en Martinique il y a des choses qui se font. Pour moi, nous devrions nous ouvrir sur la question et être beaucoup plus tolérants envers ces chrétiens car oui, ils le sont tout autant. C’est ça le paradoxe, ils sont baptisés, confirmés et pourtant ils sont homosexuels et on ne peut pas enlever le baptême à un chrétien. Quand on se baptise, c’est pour la vie. Donc, je trouve le rejet dur et même méprisant.  

Donc c’est une forme d’hypocrisie dans notre société guadeloupéenne, où l’on prône une forme de culture de l’homme macho avec pleins de femmes et pourtant, on sait qu’il n’y a pas que des hétéros. A vous entre, c’est question est même très tabou même au sein des familles, selon vous pourquoi ?  

Maurice-Alain Lima : Je pense que, d’après ce que j’ai vu et entendu lors de mes travaux de recherche, ici, en Guadeloupe, le regard des autres importe énormément. On s’occupe beaucoup de ce que l’autre pense de nous mais on ne pense à soi-même mais c’est le regard qui importe. Je vais prendre un exemple tout à fait banal, la belle voiture. Tu en as qui habitent dans des maisons en tôle mais ils ont une BMW. C’est le rejet des autres dont on a peur ici. Il y en a qui, le regard des autres les persécute beaucoup donc ils vont continuer à se cacher. J’espère donc que cette exposition permettra d’ouvrir les mentalités sur cette question. Après, il ne faut pas être trop négatif, ça progresse, je note un certain progrès dans les mentalités notamment venant de la jeunesse qui se lève. Encore, une fois, la Martinique a avancé et elle le fait nettement mieux que nous.  

 » La beauté de l’innocence, on est comme on naît » la première expo photos LGBTQIA+ de Guadeloupe. Photo : ELMS Photography
L’homophobie est toujours d’actualité, malgré les Lois la condamnant, comme on a pu le constater durant les élections législatives récentes, selon vous pourquoi ? 

Maurice-Alain Lima : Vous savez, le Monde ne sait pas construit en un jour, ni Paris d’ailleurs. Il faut laisser le temps au temps; ça progresse doucement mais ça progresse. Toutefois, il faut faire attention aux extrêmes afin qu’ils ne puissent pas nous emmener dans un déclin. Je ne vise pas uniquement les partis politiques mais quand je dis les extrêmes je parle des violents, ceux qui s’en prennent aux gens ce qui est regrettable et qui est navrant mais comme je dis, on est comme on naît. On ne devient pas homosexuel, on l’est et ce contrairement à ce que l’on peut nous dire à travers les livres. J’ai d’ailleurs lu pour mes recherches qu’en Angleterre, on enfermait des gens en en psychiatrie et même en France aussi juste parce qu’ils étaient homosexuels ou lesbiennes car, pour eux, c’était une maladie mais non, ils sont nés comme ça et comment voulez-vous changer quelqu’un qui est né comme ça ? On ne peut pas c’est la vie et comme je le dis, l’homosexualité n’est pas une chose d’aujourd’hui, elle a toujours existé. Donc quand on me demande pourquoi l’homophobie existe encore, je ne sais pas pourquoi cette violence, cette haine envers son prochain, c’est d’ailleurs ça ma problématique : la haine envers son prochain et pourquoi, l’Eglise Catholique n’en fait pas plus. Il est vrai que le Pape a ouvert la voie mais les prêtes, les évèques et les cardinaux sont encore très conservateurs. 

Mais selon vous, l’Eglise ne devrait-elle pas tout simplement s’ouvrir à la question afin que la société elle aussi suive le pas ?  

Maurice-Alain Lima : Je ne vous apprends rien, un prête est un homme. Il a des pulsions. Selon moi, oui, l’Église catholique devrait s’ouvrir au monde en laissant la liberté aux prêtres de se marier ou pas. Oui, on peut rester fidèle à Dieu tout en étant marié, il y a d’autres religions qui nous le montrent. En plus, vous trouvez de l’homosexualité au sein de l’Eglise elle-même. Rappelons les nombreux scandales qui l’ont ébranlé. Après tout, les prêtres comme les sœurs ce sont des Hommes donc c’est de l’hypocrisie et de la supercherie. C’est vrai que mes mots sont durs envers l’Eglise mais je trouve que c’est indécent que de rester conservateur. A cet égard, il faudrait davantage de liberté pour pouvoir entraîner le monde sur  le chemin du Christ. “Il a dit à ses apôtres abandonnez tout et suivez-moi »mais il ne leur a pas dit “ abandonnez vos femmes”. Puis, celui ou celle qui sait que les apôtres n’avaient pas de femme, me le disent.  

Sur une note plus positive, comment voyez-vous l’évolution des mentalités et l’acceptation de la communauté LGBTQIA+ ici ou ailleurs dans le Monde ?   

Maurice-Alain Lima : Pour avoir vécu de très nombreuses années en France Hexagonale, vous avez des quartiers qui leur sont réservés et pourtant tout le monde y va. Là-bas, vous avez des discothèques gays et cela n’empêche pas aux hétéros de venir s’amuser mais ici en Guadeloupe il n’y a rien pour eux. Il n’y a pas de bars, de restaurants. Quand je dis cela, ce n’est pas pour séparer les gens ou faire une différence gays vs hétéros; mais il faut des lieux pour que tout le monde puisse venir s’amuser et que tout le monde justement, se mélange et c’est comme ça que les choses pourront avancer vers plus de tolérance. Rien n’est fait même par les politiques qui pour moi, sont pires que l’Eglise.  

Dans quel sens vous dites cela ?  

Maurice-Alain Lima : Au sens où ils sont encore plus hypocrites que l’Église. Dites-moi, que font-ils, pour la communauté homosexuelle guadeloupéenne ? Dernièrement, en Martinique, il devait y avoir une gaypride à Fort-de-France

 » La beauté de l’innocence, on est comme on naît » la première expo photos LGBTQIA+ de Guadeloupe. Photo : ELMS Photography
Mais elle a eu lieu, non ?  

Maurice-Alain Lima : parce-que la mairie a jugé bon de ne pas donner l’autorisation sous prétexte que ça dérangerait certaines personnes de voir les homosexuels défilés. Alors que ça se fait dans tous les pays du monde, il n’y a pas qu’en France. Pour cet événement, je devais leur apporter quelques photos. je devais justement apporter quelques photos pour qu’ils puissent exposer, c’est la raison pour laquelle je vous en parle, Vous voyez, que font-ils pour la communauté homosexuelle ? Rien. Selon moi, si on veut que les choses changent, le peuple n’avancera jamais si les élites ne donnent pas l’exemple et pourtant parmi nos élus il y en a qui le sont. Mes travaux de recherches m’ont permis de voir et de savoir beaucoup de choses. Je pense qu’il est temps que nos politiciens prennent leur courage et qu’ils puissent mettre en lumière ce fait sociétal pour le faire progresser car tant qu’ils ne le feront pas, ça progressera mais lentement. Pour le vernissage de l’exposition, j’ai invité nombre de politiques lors du vernissage vous en avez vu un ? Personne. C’est vrai qu’il y avait Carole Venutolo qui est la marraine de la ligne d’écoute et Laure Tarer, l’écrivaine qui a lu le message d’une autre écrivaine installée dans l’Hexagone. Il y a eu des représentants d’associations mais pas de politiques.  

Dernière question, l’exposition se termine mais sera-t ’elle de retour dans un autre lieu ? et où pouvons-nous vous suivrez ? 

Maurice-Alain Lima : Oui ! Elle va continuer de vivre parce que là ce n’est qu’une première étape. Prochainement, je vais partir en négociation avec mes partenaires pour organiser une soirée Prestige, qui sera ouverte au public sous réservation, ce sera sur les hauteurs de Goyave, dans une magnifique demeure qui est une chambre d’hôte. Ensuite, l’exposition voyagera d’abord sur Pointe-à-Pitre et peut-être Basse-Terre on va s’en occuper dans les mois à venir. Par la suite, je vais me déplacer pour aller voir l’éducation nationale pour faire une tranche sur le harcèlement pour les élèves dans les écoles, j’espère qu’ils vont accepter pour que le message passe, je suis en négociation avec eux. Je négocie aussi pour qu’elle voyage en France Hexagonale à Paris donc le moment venu j’en dirais plus.  

Avant qu’elle ne parte ailleurs, où est-ce que l’on pourra la suivre, êtes-vous présent sur les réseaux sociaux ?  

Maurice-Alain Lima : Oui, je suis présent et connecté. L’instagram c’est larduregard. Sur Facebook c’est lartduregardaveciphone.