43 kilos de cocaïne saisis, cinq suspects interpellés, des semaines d’enquête de l’Ofast… Mais en Martinique, une simple erreur de procédure a tout fait basculer : l’opération antidrogue s’est soldée par un fiasco, les mis en cause étant relâchés sans poursuites à cause de vice de procédure.
L’histoire est digne d’un polar à la Miami Vice sauf qu’elle se passe à la Martinique. Débutée le 21 juillet, l’enquête menée par l’Office anti-stupéfiants (Ofast) Caraïbe visait un trafic de cocaïne expédiée via des colis de déménagement entre la Martinique et Villiers-le-Bel, dans le Val-d’Oise. Les enquêteurs avaient méticuleusement pisté les colis, du port de Fort-de-France à celui du Havre, jusqu’à leur destination finale. Le 28 août, l’opération culminait avec l’interpellation de cinq suspects et la saisie de 43 kg de cocaïne, soit une valeur estimée à plusieurs millions d’euros.
Toutefois, comme le relate nos confrères de Le Monde : une note interne de la direction nationale de la police judiciaire datée du 28 août , à diffusion restreinte relate ce ratage, qui a abouti à la remise en liberté des suspects d’un trafic de cocaïne entre l’île caribéenne pour une erreur de procédure, assure la note, « imputable à la justice ». Une précision assez rare dans un document officiel, même interne, pour qu’on puisse y lire le courroux policier.

Un coup dur pour la lutte antidrogue :
Selon les détails de la note, un dispositif de surveillance est mis en place et la drogue débarquée par conteneur le 28 août dernier au port du Havre. Après la filature, cinq personnes sont interpellées, dont une femme de 24 ans et quatre hommes âgés de 30 à 37 ans. Mais leur garde à vue est levée rapidement, à la demande du parquet de Fort-de-France, car, le cadre procédural choisi par le parquet martiniquais n’aurait pas été le bon.
Les cinq mis en cause ont été relâchés sans poursuites.
À peine une semaine après la visite du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau en Martinique, qui promettait des renforts face au « tsunami blanc » de cocaïne, une opération antidrogue d’envergure s’effondre sur un simple vice de procédure, infligeant un revers aussi bien opérationnel que symbolique à la lutte contre le narcotrafic outre-mer.
Derrière ce raté, c’est la fragilité du dispositif qui se révèle. Erreurs judiciaires, manque de moyens pour la police et la justice, coordination insuffisante : autant de failles exploitées par des réseaux criminels de plus en plus organisés. Ici, une seule erreur a suffi à réduire à néant des semaines d’enquête.
Dans un contexte où le trafic de cocaïne explose aux Antilles, cette libération résonne comme un avertissement : face aux narcotrafiquants, chaque faux pas procédural se transforme en victoire pour le crime organisé.

A la Martinique le fiasco d’une opération antidrogue après une erreur de procédure