Le Premier ministre met fin à une tradition ancienne : dès 2026, les anciens membres du gouvernement ne bénéficieront plus d’avantages permanents. Chauffeur, voiture de fonction, protection policière.. Voici ce qu’il faut savoir sur ces dispositions.
Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, a relancé dimanche 14 septembre un vieux débat : celui des privilèges accordés aux anciens membres du gouvernement. Dans un contexte de rigueur budgétaire, il a annoncé la fin des “derniers avantages à vie” dont bénéficiaient certains ex-ministres et Premiers ministres. Lundi soir, il a confirmé que cette suppression entrerait en vigueur dès le 1er janvier 2026.
Chose dite, chose fait. Dès le 1er janvier 2026, les anciens ministres perdront leurs “avantages à vie”. L’annonce a été faite lundi par le Premier ministre Sébastien Lecornu, confirmant une promesse formulée ce week-end dans la presse régionale.
C’est fait : les avantages « à vie » des anciens membres du Gouvernement seront supprimés dès le 1er janvier 2026.
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) September 15, 2025
S’il est normal que la République protège les personnes faisant l’objet de menaces, il n’est en revanche pas concevable qu’ils puissent bénéficier d’avantages à vie…
Par cette mesure, il entend abolir non seulement les “derniers avantages à vie”, mais aussi un symbole d’une classe politique perçue comme déconnectée des réalités.
Un tel projet avait déjà été esquissé par ses prédécesseurs Michel Barnier – qui voulait un « train de vie de l’Etat (…) plus sobre, plus simple » – et François Bayrou – qui entendait débusquer les « situations d’avantages indus, excessifs ». Il avait également été poussé par le député centriste Charles de Courson dans une proposition de loi déposée en avril, qui n’avait pas encore été examinée. Mais quels sont ces « privilèges » dont parle Sébastien Lecornu ? Et sont-ils réellement octroyés « à vie »

Les avantages des anciens Premiers ministres
Une indemnité pendant trois mois
À la fin de leur mandat, les Premiers ministres continuent de percevoir leur indemnité pendant trois mois, à condition de ne pas exercer d’activité rémunérée et d’être en règle auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), à laquelle ils doivent transmettre leurs déclarations de patrimoine et d’intérêts. Aucune pension spécifique n’est versée au-delà de cette période.
Un secrétariat pendant dix ans
Pendant dix ans après la fin de leur mandat, les anciens Premiers ministres disposent d’un « agent pour leur secrétariat particulier ». Cet avantage s’arrête au 67e anniversaire, excluant par exemple Michel Barnier et François Bayrou (74 ans), et ne s’applique pas à ceux bénéficiant d’un poste équivalent dans un autre mandat ou fonction publique, comme Jean Castex (RATP) ou Édouard Philippe (maire du Havre).
Ces limitations datent de 2019, avec un décret du premier mandat d’Emmanuel Macron, mettant fin au secrétariat « à vie ». Pour les anciens Premiers ministres dont le mandat s’était terminé avant cette date, une prolongation de dix ans a été accordée, expliquant que des personnalités comme Édith Cresson ou Édouard Balladur, aujourd’hui septuagénaires ou nonagénaires, bénéficient toujours de dépenses de personnel importantes. Laurent Fabius, Premier ministre de 1984 à 1986, conserve son secrétariat encore quatre ans après la fin de son mandat de président du Conseil constitutionnel.
Une voiture avec chauffeur à vie
Tous les 17 anciens Premiers ministres disposent « à vie » d’une voiture de fonction avec chauffeur et des frais associés, à condition de ne pas en bénéficier dans le cadre d’un autre mandat public.
Une protection policière
Enfin, tous les anciens Premiers ministres peuvent bénéficier d’une protection policière. Selon un rapport parlementaire d’octobre 2024, ce privilège, issu d’une « tradition républicaine non écrite », est octroyé systématiquement et sans limitation de durée. En 2019, son coût était estimé à 2,8 millions d’euros, incluant salaires, heures supplémentaires, frais de mission et entretien des véhicules. Si l’on ajoute les voitures avec chauffeur et les secrétaires (1,6 million d’euros), le budget total des avantages atteignait 4,4 millions d’euros cette année-là.
Des économies surtout symboliques
- Ce que veut changer Sébastien Lecornu
Sébastien Lecornu va donc restreindre à compter du 1er janvier la protection policière des anciens ministres. Elle sera « limitée » dans le temps et « reconduite en fonction de la réalité du risque ».
Cependant pour les anciens Premiers ministres, les économies générées par cette réforme resteront avant tout symboliques. Selon le gouvernement, les privilèges prévus par le décret du 20 septembre 2019 ont coûté 1,58 million d’euros en 2024. À cela s’ajoutent les dépenses liées à la protection policière, estimées à 2,8 millions d’euros par an dans un rapport parlementaire de 2019