C’est donc officiel, l’aéroport de la Guadeloupe, ancien aéroport du Raizet a été rebaptisé » Maryse Condé » en hommage à l’écrivaine mondialement originaire de l’archipel français. Tout était parti, d’une sollicitation du président Ary Chalus et avec l’accord de la famille enthousiaste que le Président de la République avait accepté de le renommer. L’arrêté a été publié au journal officiel.
Maryse Condé aura bien plus qu’une statue ou une rue à son nom, bien que c’est déjà le cas. Son nom entre dans la postérité depuis ce dimanche 29 septembre puisque désormais, l’aéroport de la Guadeloupe, ancien aéroport du Raizet, a été rebaptisé » Maryse Condé » en hommage à l’écrivaine mondialement originaire de l’archipel français. Tout était parti, d’une sollicitation du président Ary Chalus et avec l’accord de la famille enthousiaste que le Président de la République avait accepté de le renommer.
En effet, pour rappel après le décès de Maryse Condé, le 2 avril 2024, le président de Région, Ary Chalus, avait officiellement demandé le changement de nom. La décision porte sur le nom administratif de l’aérodrome, jusqu’à présent Pointe-à-Pitre-Le Raizet, a précisé à l’AFP Alain Bièvre, président du Directoire de la SAGPC (Société aéroportuaire Guadeloupe Pôle Caraïbe).
L’arrêté a donc été pris par la ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, Catherine Vautrin, fait suite à une délibération du conseil régional de Guadeloupe le 26 avril 2024. Cette proposition, pourtant soutenue par le président de Région, la famille de l’écrivaine et validée par le président de la République, avait fait débat.
Art. 1er
. – Arrête :
L’aérodrome « Pointe-à-Pitre – Le Raizet » est dénommé « Guadeloupe – Maryse Condé »
Toutefois comme le soulignent nos confrères d’Europe 1 : L’appellation commerciale de l’aéroport est elle Guadeloupe Pôle Caraïbe. Cette appellation pourrait à l’avenir, à la suite de cet arrêté, évoluer ou bien rester identique. Selon des sources aéroportuaires locales, « après vérifications », il s’agirait du « premier aéroport portant le nom d’une femme noire en France et peut être même le premier du monde ».
Maryse Condé, récit d’une vie sans fards.
Avec sa mort, on peut dire que la Guadeloupe, sa terre natale mais plus largement la France, ont perdu un monument, une bibliothèque sacrée. Grande voix de la littérature francophone, depuis 2013, elle s’était retirée dans le sud de la France avec son mari Richard Philcox, après avoir séjourné un temps dans le Marais, à Paris. Elle s’était installée en France, à son retour des États-Unis où elle a vécu et enseigné pendant près de trois décennies. Fondatrice du Centre des études françaises et francophones à l’université Columbia, elle avait contribué à faire connaître la littérature francophone aux Américains.
Écrivaine, mais aussi professeure et journaliste, la Guadeloupéenne a fait de sa vie une épopée mouvementée, rythmée par ses nombreux voyages entre l’Afrique de l’Ouest, sa Guadeloupe natale et les États-Unis. Une carrière longue de soixante ans durant laquelle, Maryse Condé, à travers son oeuvre, aborde inlassablement l’esclavage, le colonialisme, le féminisme, l’identité noire mais surtout créole et la maternité.
Avec sa mort, on peut dire que la Guadeloupe, sa terre natale mais plus largement la France, ont perdu un monument, une bibliothèque sacrée. Grande voix de la littérature francophone, depuis 2013, elle s’était retirée dans le sud de la France avec son mari Richard Philcox, après avoir séjourné un temps dans le Marais, à Paris. Elle s’était installée en France, à son retour des États-Unis où elle a vécu et enseigné pendant près de trois décennies. Fondatrice du Centre des études françaises et francophones à l’université Columbia, elle avait contribué à faire connaître la littérature francophone aux Américains.
Écrivaine, mais aussi professeure et journaliste, la Guadeloupéenne a fait de sa vie une épopée mouvementée, rythmée par ses nombreux voyages entre l’Afrique de l’Ouest, sa Guadeloupe natale et les États-Unis. Une carrière longue de soixante ans durant laquelle, Maryse Condé, à travers son oeuvre, aborde inlassablement l’esclavage, le colonialisme, le féminisme, l’identité noire mais surtout créole et la maternité.
Plusieurs fois récompensée à l’international, l’auteure de Moi, Tituba Sorcière…noire de Salem a été pendant longtemps, boudée par les autorités françaises. Présidents après présidents, la guadeloupéenne Maryse Condé était tout simplement » boycottée » des divers gouvernements. La raison étant liée, sans aucun doute à ses prises de position anticolonialistes et anti-impérialistes. Il faut dire que Maryse Condé, au commencement d’une carrière qui semblait chaotique, a séjourné de nombreuses années dans plusieurs pays qui s’opposaient à toutes les formes d’impérialisme, on peut citer la Guinée de Sékou Touré, seul président qui avait eu l’audace de s’opposer au Général De Gaulle suite au Référendum de 1958 ce qui entraîna une relation trouble entre l’ancienne puissance coloniale et son ancienne colonie. Condé vécut également au Ghana à l’époque dirigé par le leader panafricaniste Kwame Nkrumah.
De plus, tout au long de sa carrière littéraire, elle n’aura de cesse de s’exprimer ouvertement en faveur de l’indépendance de son île natale la Guadeloupe, une position qui déplaisait, il faut le dire à cette France, pays des Droits de L’homme et du Citoyen et qui pourtant, a encore du mal à parler de son passé colonial violent !
Tout ceci lui valut d’être purement et simplement surveillé, étiqueté comme indépendantiste par les différents présidents qui se succédèrent à la tête de l’Etat français, malgré les nombreux succès littéraires, ce qui ne l’empêcha pas de recevoir plusieurs prix à l’étranger. Par exemple, elle est membre honoraire de l’Académie des lettres du Québec de 1998.
Ce n’est qu’à partir de 2001 que Maryse Condé l’indépendantiste reçoit ses premières distinctions nationales, année où elle fut distinguée du titre Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres par le président Jacques Chirac. D’autres distinctions nationales suivront, Chevalier de la Légion d’honneur en 2004, Commandeur de l’ordre national du Mérite en 2007, Grand officier de l’ordre national du Mérite en 2011, Grand officier de la Légion d’honneur en 2014, Grand-croix de l’ordre national du Mérite en 2019 puis en 2020.
Lauréate de nombreux prix, Grand prix littéraire de la Femme – prix Alain-Boucheron, pour Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem ( 1987), Prix Anaïs-Ségalas de l’Académie française, pour La Vie scélérate ( 1988), Prix LiBeratur (Allemagne), pour Ségou : Les Murailles de terre ( 1988) , Prix LiBeratur (Allemagne), pour l’ensemble de son oeuvre (1993) et plus récemment elle a obtenu le Prix de l’Académie française, Prix Carbet de la Caraïbe, Prix Marguerite Yourcenar, Grand Prix Littéraire de la femme, Prix Tropiques) et en 2018, elle a reçu le prix Nobel alternatif de littérature pour son roman Le fabuleux et triste destin d’Ivan et Ivana (2017). Organisé de manière plus démocratique que le Nobel classique, avec un jury populaire de 32 000 personnes à travers le monde appelées à voter pour déterminer le lauréat, le Nobel alternatif a contribué au rayonnement international de l’œuvre de Maryse Condé, en attirant l’attention du grand public à l’écriture singulière et riche de la romancière.
Elle rejoint donc Aimé Césaire, chantre de la négritude dont le nom a été apposé à l’aéroport de la Martinique.