Le président de la République a annoncé ce dimanche soir la dissolution de l’Assemblée nationale lors d’une allocution dimanche 9 juin à la suite des résultats des élections européennes, où son camp a été largement devancé par le Rassemblement national.
Plus de 49 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes ce dimanche 9 juin pour élire pas moins de 81 eurodéputés parmi les 38 listes qui leur étaient proposées. Le RN est arrivé en première position, devant Valérie Hayer et Raphaël Glucksmann. Même si ce ne sont pas les résultats définitifs mais des estimations après sorties des urnes.
Il en ressort que la liste Rassemblement national (RN) emmenée par Jordan Bardella est donnée très largement en tête des élections européennes, avec près de 31,5 % des voix. Un résultat inédit pour le parti d’extrême-droite qui serait donc en tête loin devant Valérie Hayer ( Besoin d’Europe) représentante du parti présidentiel et qui termine donc deuxième avec 15,2% des suffrages exprimés. Elle est suivie de très près par la liste du Parti socialiste – Place publique (PS-PP) de Raphaël Glucksmann (14 %). Arrivées derrière Jordan Bardella, Valérie Hayer et Raphaël Glucksmann, les listes La France insoumise (LFI) de Manon Aubry (8,7 %), Les Républicains (LR) de François-Xavier Bellamy (7,2 %), Reconquête de Marion Maréchal (5,5 %) et Les Écologistes (EELV) de Marie Toussaint (5,2 %) devraient envoyer un petit contingent d’eurodéputés au Parlement européen. Les communistes, emmenés par Léon Deffontaines, n’obtiennent pour leur part aucun siège à Strasbourg, car ils n’ont pas atteint le seuil des 5 %.
En Outremer, où les électeurs étaient invités aux urnes le samedi 08 juin 2024, là aussi, le Rassemblement National conforte son assise dans ces territoires délaissés et sinistrés. D’après les premiers résultats officiels. Jordan Bardella est en tête en Guadeloupe (30,02 %), en Guyane (25,6 %) et à Saint-Barthélemy (34,97 %). En Martinique, c’est LFI qui dépasse de peu le candidat RN (18,6 % contre 17,95 %). Saint-Martin et la Polynésie ont, de leur côté, voté de manière plus large pour le camp présidentiel, Valérie Hayer y recueillant respectivement 33,72 % et 41,5 % des voix.
Une chose est sûre, les élections européennes, qui se déroulaient du 6 au 9 juin dans les 27 pays membres de l’UE, ont un peu plus mobilisé les électeurs de l’Hexagone comparé au dernier scrutin de 2019. À l’échelle nationale, près de 51,4 % des électeurs ont glissé leur bulletin dans l’urne (contre 50,12 % il y a cinq ans). Même son de cloche dans les territoires ultramarins où l’abstention a été vertigineuse.
C’est donc sans surprise que la vague bleue Marine l’emportera aux Européennes et c’est un échec clair pour le camp de la majorité présidentielle clairement sanctionnée à chaque élection par les Français du fait la politique sociale néo-libérale menée depuis 2017.
Cependant, coup de théâtre, le président Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée Nationale.
« L’issue du scrutin européen « n’est pas un bon résultat pour les partis qui défendent l’Europe », « la montée des nationalistes et des démagogues est un danger pour notre nation[…]C’est pourquoi, après avoir procédé aux consultations prévues à l’article douze de notre Constitution, j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je signerai dans quelques instants le décret de convocation des élections législatives qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second. »
Emmanuel Macron président de la République.
Emmanuel Macron s’exprimait à la suite de la publication des premiers résultats des élections européennes. Une victoire qu’il présente comme un danger intérieur ayant pour finalité l’appauvrissement des Français et le déclassement du pays. Il convoque donc des élections législatives le 30 juin et 7 juillet.
« Or, aujourd’hui, les défis qui se présentent à nous, qu’il s’agisse des dangers extérieurs, du dérèglement climatique et de ses conséquences ou des menaces à notre propre cohésion, ces défis exigent la clarté dans nos débats, l’ambition pour le pays et le respect pour chaque Français. Je ne saurai, à l’issue de cette journée, faire comme si de rien n’était à cette situation s’ajoute une fièvre qui s’est emparée ces dernières années du débat public et parlementaire dans notre pays ».
Emmanuel Macron, président de la République.
Des élections législatives anticipées vont donc avoir lieu, pour la première fois depuis 1997, au terme d’une campagne express. D’après l’article 12 de la Constitution, une telle décision peut être prise par le chef de l’État après consultation du Premier ministre, de la présidente de l’Assemblée nationale et du président du Sénat. De nouvelles élections législatives doivent avoir lieu d’ici 20 à 40 jours. Emmanuel Macron a déjà donné les dates : le 30 juin puis le 7 juillet, soit à moins de trois semaines des Jeux olympiques.
Comme nous l’expliquent nos confrères du Parisien. En théorie, tout député sortant peut se représenter s’il le souhaite et si son parti l’investit. À noter que la nouvelle Assemblée nationale se réunira le deuxième jeudi qui suit son élection, soit le 11 juillet. Une session extraordinaire pourrait alors être convoquée.
D’ici là, le gouvernement actuel gère les affaires courantes. Et nul doute que les instituts de sondages mèneront de nombreuses enquêtes afin d’anticiper à quoi pourrait ressembler le nouvel hémicycle. Depuis 2022, Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, dispose d’une majorité relative. Autrement dit, il doit s’allier à d’autres organisations politiques pour dépasser 50 % des sièges.
Évidemment, le RN espère augmenter le nombre de ses députés. « Nous sommes prêts à redresser le pays », a martelé Marine Le Pen ce dimanche soir. Quand à la gauche, va-t-elle parvenir à se rassembler sous une étiquette commune, comme en 2022 autour de la Nupes ?
Les candidats élus le 7 juillet prochain le seront pour cinq ans. Cette mesure choc aura donc une autre conséquence : la présidentielle et les législatives n’auront plus lieu à la même année… à moins d’une nouvelle dissolution.