Sans surprise, le président Nicolas Maduro a été réélu à la tête du Vénézuela bien que nous soyons loin des scores staliniens comme nous l’ont habitué les régimes dictatoriaux, le camps du président réélu parle d’une victoire à 51,2 % tandis que l’opposition dénonce un trucage et affirme avoir remporté le scrutin à 73%. Un résultat définitif sans appel qui a entrainé des manifestations populaires. A ce stade on dénombre un mort et plusieurs centaines de blessé.
On connaît enfin les résultats de l’élection présidentielle vénézuélienne. Sans surprise, le président Nicolas Maduro a été réélu à la tête de la nation Bolivarienne. Bien que nous soyons loin des scores staliniens comme ils nous l’avaient habitué, le camp du président sortant, du coup réélu, parle d’une victoire à 51,2% tandis que l’opposition menée Edmundo Gonzalez Urrutia n’a obtenu que 44,2 % des voix mais celle-ci dénonce un vol et affirme avoir remporté le scrutin à 73%. Un résultat sans appel qui a entraîné des manifestations populaires.
Pourtant, on connaissait déjà la finalité de ces élections. Tout au long de la campagne, la tension était palpable, avec un Nicolas Maduro qui entendait bien conservé le pouvoir qu’il détenait depuis la mort de son mentor, le charismatique leader Hugo Chavez. Pour ce faire, toutes les techniques de dissuasion étaient bonnes. La liberté d’expression déjà au plus bas a été réduite et tous les opposants ou potentiels candidats d’opposition avaient été écartés par le pouvoir en place. L’opposition quant à elle était clairement divisée et diminuée par toutes les restrictions mise en place par le camp présidentielle.
Ainsi comme nous vous le disions, la candidate initiale de la Plate-forme unitaire démocratique (PUD), l’ultralibérale et radicale Maria Corina Machado avait été déclarée inéligible par la Cour suprême car elle était accusée par le pouvoir de « corruption » et de soutenir une invasion étrangère, des Etats-Unis, ce qu’elle a toujours nié. Maria Machado avait pourtant remporté haut la main la primaire de l’opposition et semblait pouvoir rallier derrière elle une opposition souvent divisée. De plus, le Conseil national électoral avait refusé d’inscrire sa remplaçante désignée, Corina Yoris. Autre technique utilisé par le régime bolivarien, le culte de la personnalité autour du leader Maduro. Comme Le Monde le rapportait, la photo du chef de l’Etat apparaissait pourtant à treize reprises sur le futur bulletin de vote publié par le Conseil national électoral. De plus, outre son propre parti, le Parti socialiste unifié (PSUV), douze formations, plus ou moins indépendantes du PSUV, avaient en effet choisi M. Maduro pour candidat. Même si, au total, treize candidats étaient inscrits, « dont douze d’opposition », insiste le chef de l’Etat, le scrutin se jouait entre celui-ci et un ou une éventuelle candidate de la coalition d’opposition, acceptable pour le pouvoir chaviste. Finalement c’est Edmundo Gonzalez Urrutia qui fut désigné comme candidat mais ce discret diplomate et méconnu du grand public, voulait tourner la page de 25 années dirigée par le parti chaviste.
La communauté internationale a multiplié les déclarations à propos de soupçons de fraudes électorales. Les États-Unis ont ainsi affirmé « sérieusement craindre que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien ». La France a quant à elle appelé les autorités vénézuéliennes à faire preuve de « transparence totale » en publiant l’intégralité des procès-verbaux et des résultats, une position également adoptée par l’UE et l’opposition vénézuélienne. Plus encore, neuf pays d’Amérique latine (Argentine, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay) ont appelé à un « réexamen complet » des résultats des élections « avec la présence d’observateurs électoraux indépendants ». Le Brésil et la Colombie, deux pays de gauche, ont demandé une vérification du dépouillement alors que les États-Unis ont affirmé « craindre que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien ».
Caracas a réagi à cette levée de boucliers en retirant son personnel diplomatique de sept pays d’Amérique latine (Argentine, Chili, Costa Rica, Panama, Pérou, République dominicaine et Uruguay), estimant que leur position « porte atteinte à la souveraineté nationale ».
Le Venezuela a aussi annoncé suspendre à partir de mercredi les vols avec le Panama et la République dominicaine, dénonçant des « actions d’ingérence » de ces gouvernements.
De son côté, le président Maduro, dès l’annonce de sa victoire a énoncé son discours de victoire devant une foule en liesse devant laquelle il a évoqué le retour à la paix sociale et la stabilité du pays. « Il y aura la paix, la stabilité et la justice après ce 28 juillet. Et ça commence aujourd’hui ! », a-t-il lancé. Le calme de ses partisans tranche pourtant avec la tension qui marque ce scrutin.
L’opposition de son côté rejette formellement ces résultats et affirme que son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, est vainqueur avec 70% des voix. Maria Corina Machado, la leader de l’opposition, a donné les nouveaux résultats que son camp a calculés, bien différents de ceux communiqués par le Conseil national électoral (CNE). Son candidat remplaçant Edmundo Gonzalez Urrutia aurait amassé plus 6 millions de voix, contre 2,7 millions pour Nicolas Maduro. Elle a affirmé lundi que l’opposition avait désormais les moyens de « prouver » la victoire de Edmundo Gonzalez Urrutia à la présidentielle. « Nous avons les moyens de prouver la vérité », a dit Mme Machado, indiquant que l’opposition avait « la preuve de la victoire » après avoir réuni 73% des bordereaux de résultats des bureaux de vote.
Même son cloche pour une grande partie des quelque 7 millions de Vénézuéliens installés à l’étranger et qui partagent les soupçons de fraudes. Pour eux, la proclamation de Nicolas Maduro comme président par l’autorité électorale a été vécue comme un coup de massue. Et seule une infime minorité des Vénézuéliens de l’étranger ont pu voter dimanche. En Argentine, par exemple, seuls 2 500 des quelque 220 000 membres de la diaspora ont pu s’inscrire sur les listes électorales.
Si l’opposante Maria Corina Machado apparaissait une nouvelle fois très confiante, tout sourire devant les journalistes, elle n’a pourtant présenté aucune stratégie pour faire reconnaître celui qu’elle considère comme le président élu du Venezuela, Edmundo Gonzalez Urrutia. Le 29 juillet, elle avait lancé un appel aux forces armées pour faire respecter l’ordre démocratique, un appel qui est resté sans réponse.
Balayant les critiques de l’opposition et de la communauté internationale, Nicolas Maduro a dénoncé une tentative d’imposer un « coup d’État fasciste au Venezuela ». Il a d’ailleurs appelé lundi à une grande mobilisation de ses partisans en réponse aux rassemblements spontanés des opposants.
Du côté de la communauté internationale, neuf pays d’Amérique latine ont aussi appelé à un « réexamen complet » des résultats, supervisé par des observateurs indépendants. Nicolas Maduro a annoncé le retrait du personnel diplomatique dans sept de ces pays et aussi suspendre dès le 31 juillet les vols à destination et en provenance du Panama et de la République dominicaine. Cela en raison des « actions d’ingérence » des gouvernements de ces deux pays, qui ont mis en doute la transparence de la réélection du président Nicolas Maduro, a annoncé le ministère des Transports. En Russie, pays allié du président chaviste, le Kremlin demande à l’opposition de reconnaître sa défaite.
De son côté, l’Organisation des États américains (OEA) a dénoncé mardi « une manipulation aberrante ». « Tout au long du processus électoral, le régime vénézuélien a appliqué son schéma répressif complété par des actions visant à fausser complètement le résultat électoral », a assuré l’organisation dans un communiqué.
Dans le camp maduriste, on rappelle volontiers que la figure de l’opposition Maria Corina Machado appelait par le passé à l’intervention militaire étrangère.
L’ex-député chaviste Calixto Ortega rejette dans le même temps les accusations de fraudes imputées au parti présidentiel : « Ceux-là mêmes qui, contre la majorité, réclamaient des sanctions contre le Venezuela, et même une invasion militaire, sont aujourd’hui en train de crier à la fraude. C’était prévisible. Mais le processus électoral vénézuélien est absolument vérifiable. Il y a des audits avant, pendant et après le vote. »
Calixto Ortega concède qu’il faudra quand même entendre les 4,5 millions d’électeurs qui ont donné leur voix à l’opposition.
Un mort et plusieurs centaines de blessés :
Sur place, la colère est grande. Dès l’annonce des résultats, ils ont été des milliers à descendre dans les rues de Caracas pour dénoncer le vol. Au moins une personne est morte d’après une ONG dans une des manifestations spontanées qui ont éclaté lundi au Venezuela, ponctuées d’échauffourées avec les forces de l’ordre. Les manifestants, qui ont lancé des pierres, ont été dispersés par des tirs de grenades lacrymogènes alors qu’ils se rapprochaient du centre de la capitale. Nicolas Maduro a été officiellement proclamé lundi président du Venezuela par le Conseil national électoral (CNE). Balayant les critiques de l’opposition et de la communauté internationale, il a dénoncé une tentative d’imposer un « coup d’État fasciste au Venezuela ».
« Au moins une personne a été tuée dans (l’État de) Yaracuy (nord-ouest) et 46 personnes sont détenues » à la suite des événements post-électoraux, a écrit sur X Alfredo Romero, directeur de l’ONG Foro Penal, spécialisée dans la défense des prisonniers politiques.
Pour rappel, Maduro a été réélu pour un troisième mandat consécutif de six ans avec 5,15 millions de voix (51,2 %). Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, en a recueilli un peu moins de 4,5 millions (44,2 %), d’après le CNE.
Si Maduro a reçu le soutien de la Russie et de la Chine ainsi que de ses alliés habituels (Cuba, Nicaragua, Honduras et Bolivie), il semble être isolé avec l’afflux de réactions négatives ou sceptiques de la communauté internationale.