En moins de quinze jours, on déplore deux attaques de barracudas sur la plage du bourg de Saint-Anne qui est l’une des plus belles plages de l’archipel. Mardi, une femme qui se baignait s’est faite attaquée à la main soit quinze jours après celle d’un homme attaqué au pied ayant pour conséquence plusieurs mois de rééducation. Suite à cette première attaque, des balisages avaient été mis en place par la municipalité. Face à cette deuxième attaque, le maire de la ville balnéaire a décidé de prendre un arrêté pour interdire l’accès à une partie de la plage, celle située la plus au fond.
Bien que rares, les événements s’enchainent. Des barracudas ont vraisemblablement élus domicile sur la plage du bourg de Sainte-Anne. Sauf qu’au lieu de cohabiter pacifiquement avec l’homme, ceux-ci, ou du moins un en particulier, ont décidé d’attaquer tout ce qui bouge près d’eux.
Le samedi 6 juillet 2024, peu avant 15 heures, un homme de 53 ans a été attaqué par un barracuda sur la plage du Bourg de Sainte-Anne. La victime, habituée du lieu se baignait avec son épouse quand elle a été mordue à la cheville et à l’orteil droit. Selon son épouse jointe par nos confrères de Guadeloupe La 1ère, alors qu’ils se baignaient dans l’avant dernier lagon de la plage, l’homme a été mordu une première fois, puis une 2ème, alors qu’ils se baignaient dans 50 cm d’eau. Ni l’un, ni l’autre ne portait de bijoux.
Les blessures de son mari sont impressionnantes, mais, plus de peur que de mal, l’homme a été pris en charge par les sapeurs pompiers puis transporté dans un état léger au Centre hospitalier universitaire de Pointe-à-Pitre. Cependant, les morsures ont occasionné une immobilisation claire du pied attaqué pendant six semaines. Il a eu quatre tendons et une artère sectionnés, 35 points et il en a pour 6 à 9 mois de rééducation.
L’épouse de la victime
Il m’a crié, sors vite de l’eau, il y a un requin. La bête faisait entre 1m50 et 1m80 de long. Par sa taille j’ai cru aussi que c’était un requin et puis je n’ai pas vu d’aileron. Il tenait le pied de mon mari dans sa gueule. Mon mari s’est débattu et avec son autre pied l’a fait lacher prise. Quand les pompiers sont arrivés, ils ont tout de suite dit que c’était une morsure de barracuda.
Suite à cette première attaque inédite, des balisages avec des panneaux et des drapeaux indiquant la présence de ces poissons carnivores mais d’ordinaire inoffensifs pour l’Homme avaient été mis en place par la municipalité.
Sauf, que mardi, une nouvelle attaque a été recensée, toujours sur la plage du bourg de Sainte-Anne. Selon nos confrère de RCI Guadeloupe et Guadeloupe la 1ère, une femme qui se baignait aurait été mordue à la main par ce qui s’apparente être un barracuda de très grosse taille. Elle a aussi été évacuée au CHU de Guadeloupe pour y être soignée. Cette deuxième attaque a forcé le Maire Franc Baptiste à interdire l’accès à une partie de la plage, principalement le fond, après l’avant dernier lagon.
De plus, des plongeurs ont déjà effectué une reconnaissance sous-marine et ont en effet aperçu des barracudas vivant dans les rochers situés à l’extrémité de la plage. Malgré les attaques, ni les scientifiques ni la Municipalité ne veulent les tuer mais tous appellent à la vigilance dans l’eau.
Outre l’arrêté pris à titre de précaution, le maire a annoncé être en relation avec des marins pêcheurs et vouloir se mettre en contact avec l’aquarium de Guadeloupe pour essayer de trouver une solution pérenne à ce problème.
Le Barracuda un poisson carnivore bénéfique pour l’écosystème :
Contrairement, à ce que l’on pourrait croire, le Barracuda que l’on retrouve dans les eaux chaudes des océans tropicaux : Océan Atlantique, la mer des Caraïbes et certaines parties de la région Indo-Pacifique, est un poisson carnivore qui se nourrit principalement d’autres poissons. Après avoir lu le site Wild Explained, on sait désormais qu’ils entreprennent des migrations saisonnières, souvent motivées par des changements dans la température de l’eau et la disponibilité de nourriture. Lors de ces migrations, les barracudas peuvent parcourir de longues distances, en suivant les déplacements de leurs proies.
Avec son corps élégant et longiligne, ses dents pointues en forme de poignard sont non seulement tranchantes comme des rasoirs, mais également recourbées, ce qui signifie qu’elles se courbent vers l’arrière. Cette forme unique permet au barracuda de saisir sa proie en toute sécurité, empêchant ainsi toute chance de s’échapper. De plus, le barracuda possède excellente vue, ce qui contribue à ses prouesses de chasse. Ses yeux sont placés haut sur sa tête, offrant un large champ de vision et lui permettant de repérer ses proies potentielles à distance. Cette vue perçante, combinée à ses réflexes ultra-rapides, confère au barracuda un avantage non négligeable en matière de chasse. D’autre part, sa vitesse fulgurante de nage, jusqu’à 60km/h, fait du barracuda un redoutable prédateur.
La technique de chasse du barracuda implique une accélération au cours de laquelle il se propulse vers l’avant, engloutissant sa proie d’un seul mouvement rapide. Cette explosion de vitesse est rendue possible par sa puissante nageoire caudale (queue), ce qui génère une forte poussée. Lorsque le barracuda se rapproche de sa proie, il ouvre sa grande bouche, révélant des rangées de dents acérées.
Il est surtout un prédateur opportuniste, s’attaquant généralement à des poissons plus petit. Son régime alimentaire ne se limite pas aux poissons. On sait que les barracudas consomment des crustacés, des calmars et même d’autres barracudas. Le barracuda est aussi un animal que l’on pourrait qualifier de vorace, il ne cesse de manger en particulier lorsque les proies sont abondantes. Lors d’une frénésie alimentaire, plusieurs barracudas convergeront vers un banc de poissons, créant une scène chaotique et frénétique. Ce comportement garantit que les barracudas peuvent maximiser leurs opportunités d’alimentation, en consommant autant de proies que possible sur une courte période, mais quand ils ne trouvent pas de proie ils peuvent devenir vite agressif.
Là encore, contrairement à ce que l’on pense, sa présence est bénéfique pour l’écosystème des mers. En régulant la taille des populations de leurs proies, ils empêchent certaines espèces de poissons de devenir surpeuplées et d’épuiser leurs sources de nourriture. Ceci, à son tour, contribue à maintenir la santé globale et la diversité de l’écosystème.
Le barracuda, est-il si dangereux pour l’homme ?
On pourrait se poser cette question tant les attaques se multiplient ces dernières années et ce rien qu’en Guadeloupe. En effet, ce sont loin d’être les attaques de ce type dans l’archipel. Depuis 2015, elles s’accroissent. Tout d’abord, un jeune garçon de 9 ans avait eu le pied lacéré par un barracuda. Un an plus tard, soit en 2016, l’archipel avait dénombré trois attaques. Une femme mordue à la cuisse sur la plage d’un hôtel, un homme de 49 ans mordu sur le flanc à la Datcha et une attaque vers l’îlet Fajou, là aussi importantes et assez graves. En 2019, une femme a été attaquée par un barracuda à Bois Jolan à Sainte-Anne. Alors qu’elle se baignait en famille, elle a été sévèrement mordue au pied droit. Elle avait du être opérée en urgence ; le chirurgien avait extrait de son pied deux dents de barracuda.
Alors comment expliquer que l’homme qui n’est clairement pas dans sa chaîne alimentaire se fasse attaquer régulièrement ? La question à cette question est simple, ces attaques se situent souvent dans des zones où de la nourriture est jetée à la mer par des plaisanciers : des restes de pique-nique, des abats de pêche ou encore des appâts. Un comportement qui met en danger les nageurs et les plongeurs. Pour rappel, le barracuda est un prédateur opportuniste, attiré par l’odeur de ces restes, il se présente. Ces poissons considèrent en effet les hommes comme des fournisseurs de nourriture et les agressent lorsqu’ils n’en obtiennent pas.
En 2016, le Parc National de la Guadeloupe apportait d’amples réponses sur le comportement agressif du poisson habitué de nos eaux.
Le poisson est « peu farouche ». « Il n’est pas effrayé par la présence des hommes, bien au contraire. En particulier, un humain qui porte des bijoux, un piercing ou du strass sur son maillot de bain. Le baigneur ressemble alors à « un poisson frétillant brillant au soleil… autrement dit à une proie…Par ailleurs, Il y a toujours des conséquences à nourrir un animal sauvage. Que ce soient des poissons, oiseaux ou des animaux terrestres, les nourrir constitue une perturbation du milieu naturel passible d’amende dans le parc, car les animaux en notre absence se débrouillent très bien seuls. Si nous intervenons, nous modifions les processus naturels.
Parc National de la Guadeloupe.
Bien que ces attaques rarissimes se multiplient, il ne faut pas oublier que le principal prédateur du barracuda et destructeur de la nature, reste l’Homme. En effet, toujours selon le site Wild Explained :
Les barracudas sont fréquemment ciblés par les pêcheurs commerciaux et récréatifs en raison de leur taille et de leurs capacités de combat. Ils sont principalement recherchés pour la pêche sportive, car ils offrent un défi passionnant aux pêcheurs. Dans le même temps, les activités de pêche commerciale constituent une menace pour leurs populations, car la récolte à grande échelle peut entraîner une surpêche et un déclin de la population.
Wild Explained.
En conclusion, comme d’autres espèces peuplant les océans, les barracudas sont confrontés à toute une série de menaces, notamment la destruction de leur habitat, la pollution, le changement climatique et la surpêche. Ces activités perturbent leurs habitats naturels, diminuent la qualité de l’eau et affectent directement leurs populations. De plus, la perte des récifs coralliens, des forêts de mangroves et des herbiers marins, qui constituent des habitats clés pour les barracudas, exacerbe encore les défis auxquels ils sont confrontés et d’autres attaques de ce type seront à déplorer.