Après la médaille d’honneur de la SACD à Paris, l’Oscar d’honneur à Hollywood et la médaille de l’Assemblée nationale, Euzhan Palcy continue d’écrire sa légende. Le 15 octobre dernier, la réalisatrice martiniquaise a été distinguée du « Prix des Humanités » lors de la 49e Mostra de São Paulo, au Brésil. Une nouvelle reconnaissance internationale pour cette pionnière du cinéma, dont les œuvres engagées ont marqué l’histoire du 7ᵉ art.
Il y a des personnalités qui marquent de leur empreinte l’histoire. C’est le cas d’Euzhan Palcy, réalisatrice du chef d’oeuvre » La Rue Case Nègre ». Une reconnaissance internationale qui ne s’est jamais estompée au point que la réalisatrice originaire de la Martinique est devenue une habituée des distinctions internationales.
Oui, chaque année, la réalisatrice martiniquaise reçoit une flopée de prix, tous plus honorables les uns que les autres.
Après la médaille d’honneur de la SACD à Paris, puis l’Oscar d’honneur à Hollywood et la médaille de l’Assemblée nationale, Euzhan Palcy continue d’écrire sa légende. Le 15 octobre dernier, la réalisatrice martiniquaise a été distinguée du « Prix des Humanités » lors de la 49e Mostra de São Paulo, au Brésil.

Le prestigieux Festival international du film de São Paulo, consacré aux longs et courts métrages, déploie cette année encore une programmation exceptionnelle. Réparti dans 28 lieux culturels à travers la ville, l’événement propose plus de 350 films issus de 60 pays, organisés en cinq sections principales. Parmi elles, la Compétition officielle, dédiée aux nouveaux réalisateurs présentant leur premier ou deuxième film (10 à 12 œuvres sélectionnées), les Perspectives internationales, et les Projections spéciales.
Comme le rappelle unifrance.org, « le public est invité à voter chaque année pour le meilleur film ».
La soirée d’ouverture de cette 49e édition a particulièrement brillé grâce à un hommage rendu à Euzhan Palcy, à travers la projection de trois de ses longs métrages emblématiques : Rue Cases-Nègres (1983), Une saison blanche et sèche (1989) et Siméon (1992), ce dernier réunissant notamment des membres du groupe Kassav’.
Visiblement émue, la réalisatrice martiniquaise a reçu une standing ovation à l’issue de cette triple projection. Les films, spécialement sous-titrés en portugais pour l’occasion, ont également été diffusés dans plusieurs autres salles partenaires du festival, prolongeant l’hommage rendu à son œuvre intemporelle.

Biographie d’une réalisatrice engagée :
Née le 13 janvier 1958 en Martinique, est la première réalisatrice noire produite par un studio de Hollywood (Metro Goldwyn Mayer), la seule femme qui ait dirigé Marlon Brando. Très jeune, elle se passionne, pour le cinéma. C’est à l’âge de 17 ans, qu’elle réalise pour la télévision française de Martinique son premier téléfilm, La Messagère. En 1975, Euzhan Palcy s’envole pour Paris sur les conseils de son père qui l’encourage dans son amour du cinéma mais lui conseille aussi de s’inscrire à l’université. Diplômée de la Sorbonne (Lettres et Théâtre), elle étudie également à l’École Louis-Lumière et se spécialise en tant que directeur de la photographie.
Elle est connue pour son film notable, « LA RUE CASE NEGRE » qui est une adaptation du roman éponyme. En 1983. Rue Cases-Nègres émeut le public qui découvre la Martinique an tan lontan et l’existence miséreuse des familles noires attachées aux plantations de canne. Le film est un succès public. Le long métrage remporte dix-sept prix internationaux, en France et aux États-Unis. En réalisant Rue Cases-Nègres en 1983, Euzhan Palcy a mis la Caraïbe française sur la carte de la cinématographie, remportant le Lion d’argent, le Prix de la meilleure actrice au Festival du Film de Venise et un César brisant le plafond de verre de la réalisation dans le cinéma français, en devenant la première cinéaste noire à se voir décerner cette prestigieuse distinction.
Face au succès de ce premier film international, elle se lance dans la réalisation d’un deuxième film »Une saison blanche et sèche », qui est une adaptation du roman de l’écrivain sud-africain André Brink raconte son pays déchiré par l’apartheid et le racisme. La martiniquaise devient la première réalisatrice noire produit par un studio hollywoodien, MGM / UA.
Elle réalise le film « SIMEON » qui est une sorte de conte fantastique et musical, entre la vie et la mort dans lequel le fantôme d’un musicien, poète et séducteur célèbre, est le captif d’une petit fille Orélie dont il ne peut se délivrer qu’en accomplissant une bonne action. Les acteurs de ce nouveau film seront les musiciens du groupe musical antillais KASSAV’, qui composeront la bande originale.
Euzhan Palcy a effectué la majorité de sa carrière aux Etats-Unis. Mais elle avait ses raisons, en particulier le manque d’opportunités en France, et ce n’est un secret pour personne, surtout pour les metteurs en scène et les acteurs noirs. « Si j’étais restée en France, j’aurais peut-être changé de métier. Je n’aurais jamais pu faire ce que j’ai fait. Il fallait partir », confiait la cinéaste à La1ere.fr en mai 2015. Forte de son succès local, national et international, Euzhan part s’installer aux Etats-Unis où en janvier 1999, la télévision américaine diffuse le film Ruby Bridges, une fresque historique qu’elle réalise et coproduit sur une enfant de cinq ans qui se bat pour mettre à bas les barrières de la discrimination raciale dans les années 1960.
Mais ce n’est pas la première récompense nationale, puisque la réalisatrice antillaise de renommée internationale a déjà été promue officier de l’ordre national du Mérite en 2009 et officier de la Légion d’honneur en 2018.

