Le président du Conseil départemental de Guadeloupe, Guy Losbar, a annoncé la suspension conservatoire de son 7ᵉ vice-président, Louis Galantine. L’élu est visé par deux plaintes : l’une pour viol sur mineur de moins de 15 ans, déposée par le chanteur Antonny Drew, l’autre pour agression sexuelle et harcèlement. Par la voix de son avocat, il conteste fermement les accusations.
Pour rappel, nos différents articles sur le sujet n’ont pas pour vocation de porter des accusations ni d’établir un quelconque jugement. Il se fonde sur le témoignage publié par l’artiste sur ses réseaux sociaux. Conformément au droit français, toute personne mise en cause bénéficie de la présomption d’innocence tant qu’aucune condamnation n’a été prononcée.
Ainsi, il a fallu une déclaration publique, pour que plus de trente ans de carrière politique s’effondrent tel un château de carte. Le 21 septembre dernier, à travers un long post Facebook, diffusé ensuite sur l’ensemble de ses réseaux sociaux, le chanteur de zouk love Antonny Drew confiait les maux qui le tracassent depuis son enfance. Il y évoquait une enfance marquée par le dénigrement paternel, des amnésies protectrices et des blessures profondes qui ont entravé sa créativité. Puis, bien des années plus tard, un souvenir refoulé resurgit : une agression sexuelle qu’il dit avoir subie enfant, et dont il affirme que l’auteur serait un homme politique en poste, identifié par lui comme Louis Galantine, actuel vice-président du Conseil départemental de la Guadeloupe.
Antonny Drew raconte également une confrontation récente avec celui qu’il présente comme son agresseur présumé : un homme qu’il décrit comme tremblant, qui aurait tenté d’acheter son silence en lui proposant une forte somme d’argent.
Un témoignage poignant, qui met en lumière les blessures d’un artiste mais aussi les failles d’un système où certains élus peuvent se croire intouchables.
Dans notre article, nous révélions que la page Instagram MetooGuadeloupe qui se présente comme porte-voix de potentielles victimes de viol, d’agressions sexuelles et de harcèlement, d’autres personnes auraient également mis en cause Louis Galantine. Il s’agirait de jeunes hommes qui, pour l’heure, n’oseraient pas témoigner publiquement.

Toutefois, les choses ont évolué puisque le chanteur a depuis porter plainte contre l’élu de la Guadeloupe pour ces faits présumés qui auraient eu lieu le 25 décembre 2002 dans un événement à Pointe-à-Pitre. D’autre part, nous avons appris que l’édile est également visé par une autre plainte déposé au mois d’avril 2025 par un homme qui souhaite rester anonyme. Il y décrit des messages insistants dès son embauche. L’élu aurait envoyé des » je t’aime » multipliait les appels. Par la suite, l’homme affirmerait avoir subi une agression, survenue en fin d’année dernière, sur son lieu de travail. Selon lui, l’élu départemental l’aurait saisi au niveau du bassin et embrassé dans le cou, malgré ses protestations. À partir de là, le climat se serait dégradé. Il fait part de pressions constantes : remarques sur ses horaires, appels matinaux pour commenter sa voiture garée devant chez lui. L’homme raconte avoir consulté la médecine et le psychologue du travail. Et avait déjà à l’époque, indiqué à l’inspection du travail son intention de prendre un avocat et saisir la justice. Il l’a fait à la fin de son contrat, après deux arrêts maladie. Fin avril, il porte plainte pour agression sexuelle et harcèlement.
Qui savait au Département ?
Selon nos confrères de Guadeloupe 1ère, le président du conseil départemental et son directeur de cabinet avaient été alertés, le plaignant les aurait contactés pour relater les faits. Une procédure d’enquête interne a bien été diligentée au sein de la structure présidée par Louis Galantine.
En attendant pour ne pas entacher le bon fonctionnement de l’institution locale, le Président Guy Losbar a décidé hier, le 23 septembre 2025 de suspendre à titre conservatoire toutes les délégations, responsabilités et mandats de représentation confiés à son 7e vice-président vu la gravité des accusations à son encontre.
Cependant, dans son communiqué, Guy Losbar rappelle néanmoins que « la présomption d’innocence s’applique pleinement ». « Il appartient à la justice de faire toute la lumière sur ces accusations, dans le respect des droits de la défense comme des victimes »,

Louis Galantine crie au complot :
Louis Galantine de son côté dément fermement toutes les accusations dont il fait l’objet. L’élu parle d’accusations infamantes et mensongères. En ce qui concerne la première plainte, selon lui,
» je n’ai eu connaissance que d’une plainte d’un salarié qui » aurait allégué des faits de nature pénale très exactement le lendemain où je lui notifiais que son contrat à durée déterminée ne déboucherait pas sur un contrat à durée indéterminée en raison de ses insuffisances professionnelles. »
Pour ce qui est de l’accusation émanent d’Antonny Drew, là encore, il dément les allégations non circonstanciées du chanteur qui coïncident avec la sortie de son nouvel album. Louis Galantine conteste catégoriquement les accusations non étayées du chanteur de zouk tout en disant se tenir à la disposition de la justice tout en récusant les tribunaux improvisés sur les réseaux sociaux. Tout en déléguant à son avocat de défendre son honneur et de faire respecter la présomption d’innocence.
» Je suis aujourd’hui informé des allégations non circonstanciées d’un chanteur qui coïncident avec la sortie de son nouvel album. »
Des propos appuyés par son avocat, Me Philippe Matrone, qui affirme que son client son client « n’a jamais été convoqué » et qu’il a appris l’existence de la plainte « par les réseaux sociaux », y voyant une démarche parallèle à la sortie d’album.
S’agissant de l’ancien salarié, l’avocat évoque des « insuffisances professionnelles caractérisées », juge les faits « flous et incohérents », et assure que la plainte a été déposée « le lendemain de la fin de son contrat ». Selon lui, Louis Galantine « se met en retrait de ses fonctions exécutives » et « réserve ses explications à la justice ». Et rappelle que « la présomption d’innocence reste la règle ».
Sans doute que ces accusations porteront un cout d’arrêt à la longue carrière politique pour Louis Galantine qui a commencé la politique il y a plus de trente ans en tant que Conseiller Municipal de la ville des Abymes avec l’appui du Parti Socialiste de la Guadeloupe.