Le 21 avril dernier, la République commémorait l’acquisition du droit de vote par les femmes, une victoire arrachée de haute lutte en 1944. Fruit de décennies de combats, cette conquête ne s’est pas faite sans heurts, ni uniquement depuis l’Hexagone. Aux Antilles et dans les colonies françaises, certaines ont pris la plume, d’autres la parole ou le pouvoir, défiant le patriarcat et l’ordre colonial. Gerty Archimède, Suzanne Césaire, Jane Léro et Eugénie Tell Éboué incarnent cette génération de femmes pionnières de la politique ultramarine.
Si, de nos jours, une femme peut voter, se présenter à une élection municipale, régionale ou présidentielle comme une évidence, il ne faut pas oublier que ce droit est le fruit d’un long et âpre combat. Pendant des décennies, des générations de femmes ont dû lutter pour être reconnues comme des citoyennes à part entière.
Aujourd’hui, nous vivons dans une société qui, en apparence, repose sur l’égalité. Femmes et hommes bénéficient des mêmes droits civiques sur le papier. Mais cette conquête n’a rien eu d’automatique, ni d’universel, surtout dans les territoires d’outre-mer et on l’oublie très souvent que pendant des siècles la voix des femmes ne comptait pas.
Malgré les révolutions de 1789, 1848 où des femmes étaient bien présentes sur les barricades et la participation active des femmes dans l’effort de guerre lors la Grande Guerre de 1914 et 1918 ainsi que leur rôle majeur dans la résistance français contre l’occupation nazie, les droits politiques étaient l’adage des hommes. Tout a changé le 21 avril 1944. Enfin, les femmes pouvaient exprimer leur choix électoral.
Ce droit est exercé pour la première fois aux élections municipales du 29 avril 1945, les femmes par milliers se sont ruées dans les bureaux de vote, se sont glissés dans l’isoloir, ont choisi leur candidat ou candidate et ont déposé leur enveloppe dans l’urne. A voter ! C’était historique. D’ailleurs comme le soulignent les archivent ou témoignages de l’époque :
Le taux de participation à ce premier vote est élevé. Environ 60% des femmes inscrites sur les listes électorales se rendent aux urnes. Un chiffre comparable à celui des hommes, et ce malgré l’absence de véritable préparation électorale pour ces électrices qui n’avaient jamais participé à un vote national auparavant. Un bouleversement sociétal partout sur le territoire français.
A l’image de la France métropolitaine, dans les plus vieilles colonies de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane et de la Réunion, qui deviendront département en 1946, ce droit s’applique également en Guadeloupe, ce droit s’applique également. Dans une société post-esclavagiste et post-coloniale, c’est une véritable révolution. La voix des femmes compte au même titre que les hommes. Sur place, l’accès à la citoyenneté ne garantit pas l’égalité réelle : beaucoup de femmes antillaises restent marginalisées socialement et économiquement. Les taux d’alphabétisation étaient plus bas chez les femmes, ce qui a limité leur participation politique au début.
Cependant, Guadeloupéennes, Martiniquaises, Guyanaises ou Réunionnaises se sentent concernées par cette évolution puisque depuis plusieurs décennies, nombreuses sont celles qui se sont impliquées dans des mouvements syndicaux ou féminins, comme à la CGT ou dans des groupes catholiques. D’autres ont lutté pour les droits sociaux : éducation, santé, conditions de travail. L’engagement féminin reste souvent invisibilisé, mais il a existé dès les premières années du droit de vote. Dans ces terres de misère, les femmes ont dû faire face au mépris des élites politiques et économiques masculines locales et les autorités coloniales. Elles ont dû bataillé contre les structures sociales racialisées qui les maintenaient dans des rôles subalternes.
Pourtant quelques unes ont réussi à entrer dans l’histoire locale comme nationale.
Eugénie Eboué-Tell : la femme charismatique de Félix Eboué :

Figure majeure féministe et politique, qui a marqué l’histoire de son vivant, Eugénie Eboué-Tell. Femme du Gouverneur Félix Eboué qui sera le premier Gouverneur d’une Colonie à rejoindre la résistance conduite par le Général De Gaulle. Cette petite-fille d’esclave et fille d’d’Hypollite Herménégilde Tell, le premier directeur noir du bagne de Guyane, née le 23 novembre 1889 à Cayenne en Guyane-Française a marqué l’histoire de toute une nation mais étant une femme qui plus est une femme noire, elle est restée dans l’homme de son charismatique mari qu’elle épousa en juin 1922 alors que Félix Eboué était membre du corps des administrateurs coloniaux. Elle quitte sa terre natale afin de suivre mais aussi seconder son mari dans des tâches administratives liés à ses fonctions en Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine), au Soudan français (actuel Mali) et aux Antilles. Tous deux adhèrent à la SFIO, s’intéressent aux langues et cultures des pays qu’ils fréquentent, et détonnent dans le milieu colonial au sein duquel ils vivent.
L’appel du 18 juin 1940 provoque un tournant important : gouverneur du Tchad, Félix Eboué rallie le pays à la France Libre. Cette décision marque l’entrée en Résistance d’Eugénie, de Félix Eboué et de leurs enfants répartis entre la France et le continent africain, aux côtés du Général de Gaulle. Eugénie Eboué s’engage dans les Forces française libres féminines comme infirmière à l’hôpital militaire de Brazzaville au Congo jusqu’en 1944, un engagement qui lui vaudra la Croix de guerre et la médaille de la Résistance à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Veuve dès 1944, elle s’engage en politique à la Libération, sous l’étiquette socialiste et en utilisant désormais le double patronyme d’Eboué-Tell, déléguée à l’Assemblée consultative provisoire puis députée de Guadeloupe des deux Assemblées nationales constituantes entre 1945 et 1946. Tout en s’appuyant sur la mémoire de son époux, très vivace dans l’après-guerre, elle défend également les réformes sociales et économiques du gouvernement provisoire auprès de son électorat en Guadeloupe. Partisane de l’assimilation juridique des territoires d’outre-mer, elle participe au débat sur la loi de départementalisation, qui sera votée en mars 1946. Battue aux législatives de 1946, elle est élue quelques mois plus tard au Conseil de la République (le Sénat de la IVème République), jusqu’en 1952, siégeant d’abord comme socialiste puis comme gaulliste après 1947 à la Commission à l’Education Nationale, à la Commission à l’Intérieur ainsi qu’à la Commission des Outre-mer qu’elle présidera jusqu’en 1951. Dans ses fonctions, elle contribue aussi à l’entrée au Panthéon de Victor Schœlcher et de son mari, en 1949.
Elle s’exprime également sur l’insurrection à Madagascar, sur la loi d’amnistie du 5 janvier 1951 sur les crimes de la Deuxième Guerre mondiale, sur l’égalité dans les départements d’outre-mer, notamment des femmes, en matière de sécurité sociale, de retraite, de congés maternité. Elle défend aussi l’égalité entre les enfants nés de femmes africaines et de soldats français et les enfants français de métropole. Si elle quitte le Parlement en 1952, elle poursuivra ses engagements à l’Assemblée de l’Union Française, au Conseil économique et social et au sein du conseil municipal d’Asnières. Elle meurt 20 novembre 1972, à 82 ans, après une vie d’engagements et de combats pour la liberté et l’égalité, qui lui ont valu d’être élevée au rang de commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur ainsi que dans les ordres du Tchad et de la Côte-d’Ivoire.
Depuis plusieurs années, elle fait l’objet d’une campagne pour la faire entrer au Panthéon, où elle rejoindrait son mari qui y repose déjà. Longtemps reléguée dans son ombre, elle est aujourd’hui redécouverte comme une femme engagée, porteuse d’une certaine histoire des outre-mer et héritière des combats de la Résistance et de la France Libre sous les 4ème et 5ème Républiques.
Gerty Archimède : la première femme avocate de la Guadeloupe :

Gerty Archimède est l’une des plus grandes figures politiques de ces Outre-mer. Elle fut la première femme avocate en Guadeloupe en 1939. Femme politique et militante communiste, féministe et anticolonialiste, qui fut notamment députée de la Guadeloupe de 1946 à 1951. Elle a marqué de son empreinte le paysage politique guadeloupéen et même au-delà.
Elle naît le 26 avril 1909 à Morne-à-l’Eau (Guadeloupe) d’une mère téléphoniste et d’un père boulanger. Son enfance est marquée par un père qui devient en 1910 conseiller général jusqu’en 1945 puis maire de la commune de Morne-à-l’Eau jusqu’en 1951. Gerty Archimède réalise l’intégralité de son parcours scolaire jusqu’au bac en Guadeloupe. Elle se rend alors à Paris, pour passer à la Sorbonne une licence en droit qu’elle finance en travaillant comme employée de banque tout en fréquentant le milieu juridique progressiste. Ses études terminées, elle retourne en Guadeloupe où elle s’installe à Pointe-à-Pitre, passe l’examen du barreau en 1939 et devient à l’orée de la Seconde Guerre mondiale, la première avocate noire de France et la première femme avocate des Antilles françaises.
Le contexte de guerre renforce l’engagement de Gerty Archimède. Elle entre au Parti Communiste Français, dont elle dirigera la branche guadeloupéenne en intégrant le bureau exécutif. En 1946, elle se présente sous l’étiquette communiste aux élections législatives en Guadeloupe, deux ans après l’entrée en vigueur de l’ordonnance du 21 avril 1944 qui a accordé aux femmes le droit de vote et d’éligibilité. Elle est élue députée alors que la loi du 19 mars 1946 vient d’ériger en départements français la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion et la Guyane, qui étaient auparavant des colonies. Gerty Archimède mobilise les femmes guadeloupéennes pour faire de ce changement institutionnel un levier d’amélioration des conditions de vie sur l’île, en ouvrant notamment en 1948 une branche de l’Union des femmes françaises. Avec l’Union des femmes guadeloupéennes, elle défend les droits des femmes, la sécurité sociale, les retraites et la défense de la paix, mot d’ordre international du PCF dans le contexte de la Guerre froide.
A l’Assemblée, elle s’investit dans la Commission de la justice et de la législation, où elle présente en 1947 le projet de loi permettant aux femmes d’investir diverses professions judiciaires. Elle témoigne aussi des difficultés économiques et sociales de la Guadeloupe d’après-guerre, siège à la Commission des territoires d’outre-mer et sera nommée juge-suppléante à la Haute cour de justice.
Battue aux élections législatives de 1951, elle reprend ses activités d’avocate. Elle fait partie de la défense des accusés de l’affaire des “16 de Basse-Pointe » (16 coupeurs de cannes martiniquais qui avaient été arrêtés à Basse-Pointe à la suite du meurtre d’un administrateur blanc dans le contexte d’un conflit social), qui devint à Bordeaux le premier procès du colonialisme français aux Antilles. Les 16 accusés furent tous acquittés. Devenue une figure du barreau de Guadeloupe, Gerty Archimède en assurera la présidence comme bâtonnière entre 1967 et 1970.
Elle reste une personnalité engagée de l’île, élue locale, régulièrement candidate aux législatives, présente dans les luttes sociales et représentant son parti dans de nombreuses conférences autour du monde. En 1969, elle défend la militante africaine-américaine, Angela Davis, contre les douanes françaises qui l’avaient arrêtée avec ses camarades alors qu’elle était de passage en escale en Guadeloupe. Revenant sur cet épisode, Angela Davis lui consacrera un passage admiratif dans son Autobiographie.
Elle s’éteint le 15 août 1980, laissant derrière elle une maison à Basse-Terre qui devient en 1984, le musée Gerty-Archimède, labellisé en 2012 “Maison des Illustres” par le ministère de la culture français.
Aujourd’hui, Gerty Archimède apparaît comme une pionnière dans son engagement féministe et anticolonial. Elle fait partie en 2013, aux côtés de la martiniquaise Paulette Nardal, d’une liste de femmes proposées à François Hollande pour entrer au Panthéon, et la région Guadeloupe lui rend un hommage officiel en faisant de l’année 2019 « l’année Gerty Archimède ». La même année, la philosophe américaine Annette Joseph-Gabriel, spécialisée dans les littératures et les cultures françaises et afro-diasporiques, lui consacre une partie de son ouvrage Reimagining Liberation: How Black Women Transformed Citizenship in the French Empire (Presses Universitaires de l’Illinois).
Suzanne Césaire : La femme dans l’ombre d’Aimé Césaire :

Comment omettre le combat acharné de l’écrivaine et journaliste Suzanne Césaire, femme d’Aimé Césaire, chantre de la négritude qui, officiait dans l’ombre de son charismatique de mari pour la cause des femmes à la Martinique. Cofondatrice de la revue Tropiques, aux côtés d’Aimé Césaire et René Ménil, et Aristide Maugée. Elle fut la cheville ouvrière de l’ombre en contribuant à son succès, au point d’en faire l’un des magazines littéraires les plus influents. Militante active féministe, elle n’a eu de cesse d’écrire sur la condition des femmes, la colonisation, l’identité antillaise. Bien que non engagée dans un parti, elle a posé les bases théoriques d’une pensée décoloniale féminine car sa plume a contribué à éveiller une conscience politique chez de nombreuses femmes antillaises de l’époque. Portrait.
Née le 11 août 1915 aux Trois-Îlets en Martinique, elle est l’auteure d’une œuvre brève mais fulgurante, dans laquelle elle développe une réflexion anticolonialiste invitant les Antillais à renouveler leur mode d’existence politique et poétique. Sa pensée, longtemps occultée, attire aujourd’hui de nombreux chercheurs.
Suzanne Roussi est la fille d’un pharmacien et d’une institutrice. Elle étudie d’abord à Toulouse, puis intègre l’École Normale Supérieure à Paris, en 1936. Elle y fréquente le poète guyanais Léon-Gontran Damas, la future avocate et députée Gerty Archimède et le poète sénégalais Léopold Sédar Senghor. Ils lui présentent le poète martiniquais Aimé Césaire, qu’elle épouse l’année suivante. En pleine effervescence du mouvement politique et culturel de la Négritude, Suzanne Roussi-Césaire participe à la rédaction de la revue L’Étudiant noir, créée par Aimé Césaire en 1935. En 1939, les Césaire rentrent en Martinique pour enseigner au lycée Schoelcher à Fort de France. Aimé Césaire publie la même année la première édition, encore confidentielle, de son Cahier d’un retour au pays natal.
En 1940, l’amiral Georges Robert, administrateur colonial, se rallie au Maréchal Pétain et place les îles de Martinique, Guadeloupe et Saint-Barthélémy et la Guyane sous l’autorité du régime de Vichy. S’ouvre alors la période de la “dissidence” qui voit le départ des Antillais pour la France libre. Les Césaire décident de rester en Martinique, mais d’y affirmer leur indépendance. En 1941, ils fondent avec René Ménil et d’autres intellectuels antillais la revue Tropiques, qui sera plus tard soutenue par les surréalistes André Breton et Wilfredo Lam. s. En 1943, la censure tombe sur la revue Tropiques. Répondant avec le reste de la rédaction au censeur vichyssois qui l’accuse de racisme et se drape dans le souvenir de Victor Schoelcher pour condamner la revue, elle signe une lettre fulgurante aux accents très actuels. Dans Tropiques, elle publique sept articles qui ont tous été rassemblés en 2009 par l’écrivain Daniel Maximin dans le recueil Le Grand Camouflage. Écrits de dissidence (1941-1945).
A travers ses écrits, elle développe une réflexion théorique au croisement de la pensée critique de l’ethnologue allemand Léo Frobenius et du philosophe Alain. Elle y défend aussi l’émergence aux Antilles d’une “poésie cannibale” et surréaliste, en rupture avec la tradition doudouiste des écrits coloniaux. Ainsi, dans son article “Misère d’une poésie”, elle invite à décoloniser la nature et le corps caribéen, à politiser le corps féminin, en particulier. Cet appel à une émancipation esthétique est aussi un appel à un nouveau mode d’existence politique. Plus largement, Suzanne Roussi Césaire y réclame une “lucidité totale” des Antillais face à l’assimilation coloniale. L’heure est au renversement subversif d’une condition subalterne désormais affranchie de ses empêchement. Pourtant, ses travaux n’ont pas eu la même portée que ceux de son époux de qui elle se séparera en 1963. Selon l’Universitaire d’origine Martiniquaise Anny-Dominique Curtius interviewée par nos confrères de Martinique La 1ère en 2021,
» La méconnaissance de l’œuvre de Suzanne Césaire s’explique par l’absurde destin des intellectuelles caribéennes dont la pensée critique et politique a été occultée, je pense par exemple aux sœurs Nardal ou à Amy Jacques Garvey (1895-1973, journaliste et éditrice jamaïcaine, ndlr), épouse de Marcus Garvey (1887-1940, militant politique jamaïcain, l’un des premiers théoriciens du panafricanisme, ndlr). Enfin, souvent racisée et exotisée, Suzanne Césaire a été essentiellement associée au statut d’épouse d’Aimé Césaire de sorte que la célébrité de ce dernier a éclipsé́ la force de sa propre pensée. »
Atteinte d’un cancer du cerveau, Suzanne Césaire s’éteint en 1966. Elle avait cinquante et un an.
Jane Léro : la jeune militante féministe et syndicaliste :

La Martiniquaise Jane Léro peut aussi être citée parmi ces femmes d’histoire. Militante féministe, anticolonialiste et communiste, elle est pourtant méconnue de ces compatriotes. Née dans une famille de la bourgeoisie noire locale, elle a accès à l’éducation, fait rare dans cette Martinique des années 1930. Adolescente, elle intègre le Pensionnat colonial des jeunes filles de Fort-de-France. En 1938, Jane Léro obtient le prix d’honneur en mathématiques et en sciences du lycée Schoelcher. Elle souhaite alors poursuivre ses études supérieures en France, mais seuls ses deux frères Etienne et Thélus, y sont autorisés. De cette différence de traitement naît un premier engagement contre les inégalités femmes-hommes. L’entrée de la France dans la Seconde Guerre mondiale et l’incendie de l’épicerie familiale en 1940, mettent définitivement un terme à ses espoirs de terminer son parcours universitaire à Paris. Elle travaille quelques mois dans une banque avant de s’installer aux Terres Sainville, où accompagnée de sa mère, elle ouvre un commerce de confections et d’ouvrages artisanaux.
Le 11 juin 1944, à la tête d’un groupe de femmes de sensibilité communiste, elle se mobilise pour la création de l’Union des Femmes de la Martinique (UFM) dont elle devient la présidente. Dans un premier temps affiliée à l’Union des femmes françaises, l’association devient autonome au début des années 1960. Par ses prises de position et ses différentes actions, l’Union des Femmes de la Martinique a joué un rôle moteur dans l’histoire sociale et la place des femmes en Martinique, œuvrant ainsi pour davantage de visibilité, une égalité de droits et une meilleure prise en charge de leur besoin en santé et éducation.
En 1949, elle s’installe en France Hexagonale pour poursuivre des études d’assistante sociale. Elle est également à l’origine des comités de l’Ermitage et des Terres Sainville, mis en place dans les quartiers populaires de Fort-de-France.
Jane Léro décède tragiquement le 17 juillet 1961.
Toutes ces personnalités ont non seulement revendiqué le droit de vote, mais aussi posé les bases d’un féminisme enraciné, antillais, conscient de sa condition à la fois de femme, de noire, et de citoyenne d’un territoire longtemps tenu à la marge. Avec leur combat, elle ont tracé le chemin pour qu’aujourd’hui, hommes et femmes puissent vivre ensemble en bonne intelligence, mais on constate que le long chemin de l’égalité est encore loin tant les inégalités et les incompréhensions entre les deux sexes sont encore perceptibles. Comme dans l’Hexagone, aux Antilles-Guyane, la conquête ne s’est pas arrêtée aux urnes. Elle continue dans chaque prise de parole, chaque engagement, chaque femme ou chaque homme qui décide de se battre pour l’égalité.
Nos sources : Page d’accueil | Fondation pour la memoire de l’esclavage