Le mercredi 14 février 2024, Rudy Benjamin, membre fondateur d’Akiyo, fondateur du groupe Point d’Interrogation, fondateur de Dissonance et co-fondateur de VIM est décédé. Une grande perte pour le monde du Carnaval et de la culture de la Guadeloupe.
Le monde du carnaval Guadeloupéen est en deuil. Rudy Benjamin, membre fondateur d’Akiyo, fondateur du groupe Point d’Interrogation et co-fondateur du groupe VIM est décédé. Il avait 65 ans. En parallèle du carnaval, Ruddy Benjamin était un artiste et musicien hors pair qui a eu le mérite de créer le groupe Dissonance. L’homme que nous avons rencontré lors de nos tournages d’Istwa a Mas était un pilier de la culture guadeloupéenne.
Rudy Benjamin a participé à l’enregistrement de plusieurs albums de carnaval. Il a étudié l’histoire du carnaval et tous ses dérivés.
Victime déjà de deux AVC successifs, le troisième lui a été fatal bien qu’il se montrait prudent et veillait à ne pas trop en faire même si, la veille, lors du défilé du mardi-gras à Basse-Terre, il énonçait un programme sans fin qui devait le conduire jusqu’au bout de la nuit. Et ce mercredi il comptait bien porter des couleurs madras et des plumes pour proclamer : » nou sé on métisaj damour « . Comme un message qu’il laisse à tous ceux qui se réclameront de lui.
Puis, comme un symbole, Rudy Benjamin est décédé un mercredi des cendres, dernier jour du carnaval. Ces dernières années, ces derniers mois, ces derniers jours, il s’est attaché à accompagner cette transmission. Son dernier baroud d’honneur a été la « Symphonie porcelaine » une symphonie musicale faite de conques à lambi.
Ainsi, les samedi 17 et dimanche 18 février, ils étaient plusieurs milliers à venir lui rendre un dernier hommage. C’est au complexe Michel Benjamin à Pointe-à-Pitre que s’est tenue la veillée populaire. Tout un symbole puisque Michel était son père.
Le dimanche, famille, amis et membres du groupe VIM étaient réunis aux Pompes Funèbres Dorocant à Chauvel aux Abymes pour un hommage plus solennel et privé où ses amis artistes ont chanté ses plus beaux titres.
Par la suite, le cortège funèbre s’est rendu à Pointe-à-Pitre où des milliers de badauds étaient rassemblés dans l’église et sur le parvis de l’Eglise St Pierre St Paul de Pap pour accompagner Rudy Benjamin à sa dernière demeure.
C’est donc dans une église Saint-Pierre et Saint-Paul bondée que la cérémonie religieuse s’est tenue. Un moment d’émotion ponctué de prières, chants et témoignages. Notamment celui d’Eric Nabajoth. Celui que Rudy Benjamin appelait son mentor, son ami depuis plus de 40 ans. Pendant quelques minutes, il relate leurs discussions, leurs disputes aussi, leurs passions communes. Il salue également les parents du leader de VIM, qui ont nourri son amour pour la musique, pour les mots… Avant de dire au revoir à son « frère ».
Autres moments forts de la cérémonie, « Elwa » repris par Malika Thérésine et VIM puis « Ave Maria » chanté par Marly Mélyon, pour accompagner l’amoureux de la musique qu’était Rudy Benjamin.
À la fin de la cérémonie, ce sont plusieurs centaines de personnes qui attendaient la sortie du cercueil. Une sortie au son de sa mélodie, « la Symphonie porcelaine ». C’est ensuite toute la foule qui reprend en chœur le « Popolopolopo » de ce morceau qui a envoûté ce carnaval 2024. En chef d’orchestre, son fils unique, Axel Benjamin. Un instant de communion et d’unité que le disparu aurait apprécié, lui qui aimait prônait l’amour. Un message que n’a pas manqué de rappeler son fils.