La Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et La Réunion en tête des régions avec le plus fort taux de violences conjugales.

Selon la dernière note du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), la gendarmerie et la police ont enregistré en 2022 environ 244 000 victimes de violences conjugales (commises par leur partenaire ou ex-partenaire) dans l’Hexagone et dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM), soit une augmentation globale de 15% par rapport à 2021. La Seine-Saint-Denis, la Guyane, le Pas-de-Calais, le Nord et La Réunion sont les départements qui affichent le plus fort taux de victimes enregistrées pour 1 000 habitantes âgées de 15 à 64 ans.

Quand nous rencontrons quelqu’un, nous sommes submergés par toute cette vague d’émotions. Puis, vient l’affection pour déboucher par des sentiments incontrôlés. Cette petite boule au ventre que l’on a lorsque l’on pense à l’autre ou l’envie de tout le temps vouloir voir la personne ou d’être en sa compagnie.

Si la relation se passe bien, quelques-uns franchissent le pas des fiançailles et du mariage. Une cérémonie digne des contes de Grimm. Du moins, ceci est la version la plus romantique d’une relation entre personnes.

Il existe l’autre version de l’histoire d’amour. Une beaucoup moins romantique. Le genre de relation toxique faite de brimades, d’insultes et très souvent de coups violents. Nombreuses sont celles et ceux ( car oui, il y a des hommes qui subissent en silence), qui vivent une autre réalité de l’amour. Ils doivent vivre au quotidien avec un conjoint qui les humilie verbalement, ou qui use de techniques de manipulation pour maintenir leur proie en captivité. Quand elles ne sont pas physiques, ces violences sont également psychologiques, sexuelles où les rapports intimes deviennent de véritables supplices et le consentement de l’un ou l’autre est à questionner, elles sont aussi économiques. La violence économique est souvent ignorée car elle est tout simplement méconnue mais de façon générale ;

Les violences économiques conjugales se définissent par un contrôle, un appauvrissement ou un manque à gagner qui peuvent aller jusqu’à la dépossession totale des moyens d’autonomie financière des femmes, indique la newsletter.

Les Glorieuses.

D’ailleurs, à ce sujet, selon un sondage IFOP demandé par Les Glorieuses, 41% des femmes seraient concernées par des violences économiques conjugales. 27% des femmes avec un conjoint qui gagne beaucoup plus qu’elles ont déjà été victimes d’au moins une violence économique de la part de leur partenaire actuel, contre 14% des femmes aux revenus équivalents à leur conjoint. D’autre part, au total, 16% des femmes ont eu un (e) conjoint(e) qui a déjà CONTRÔLÉ / CAPTÉ UNE PART DE LEURS FINANCE. De plus, le sondage estime que 33% des femmes ont eu un (e) conjoint(e) qui a déjà contrôlé leurs dépenses ou les a lésées dans leur train de vie ou sur le plan financier et 12%
des femmes ont été pénalisées ou lésées par un conjoint dans leur parcours ou activité professionnel ( le conjoint a demandé à ce qu’elle arrête de travailler). Le sondage rajoute que 17% des femmes ont eu un (e) conjoint(e) qui a aggravé leur endettement, rogné leurs économies ou dégradé leur capacité d’épargner. Pour finir, le sondage souligne que 19% des femmes ont eu un(e) conjoint(e) qui a lésé leur capital, leurs droits matrimoniaux ou les revenus et les économies de leurs enfants.

D’autant plus que l’étude révèle également qu’une femme sur 3 ayant été victime de violences économiques a subi par la suite une autre forme de violences conjugales. Et au total, 99% des femmes victimes de violences économiques conjugales ont subi aussi d’autres formes de violences conjugales. À savoir verbales, physiques, ou encore psychologiques, et ce dans 69% des cas, en même temps que les violences économiques. Les violences économiques seraient ainsi une porte d’entrée à ces autres formes de violences conjugales.

Violence conjugale. Montage photo : The Link Fwi

Au regard des féminicides, là encore, la France fait pâle figure en Europe. Bien qu’il soit difficile à déterminer, le nombre de féminicides en France ( Hexagone comme Outremer) est très élevé. Selon le collectif «  Féminicides« , il y aurait eu 94 féminicides par compagnons au 7 octobre 2023. Comme il le détaille sur son site, sur les 94 victimes, 78 ont été tuées chez elles, 16 l’ont été ailleurs. 52 étaient en contexte de séparation et/ou de violences connues (ou non-renseignées).  52 étaient mères de famille dont deux ont été tuées devant avec leurs enfants.

Un autre décompte fait état de 32 féminicides depuis le début de l’année au 10 mars 2023. Des chiffres qui seraient bien en deçà de la réalité. Une chose est sûre en 2022, selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur, 145 femmes ont été tuées par leur mari, ex-mari, conjoint ou ex-conjoint. Un nouveau rapport vient d’être publié par le Ministère de l’Intérieur et là encore, il fait état de nombreuses violences conjugales dans les foyers français pour l’année 2022.

Selon la dernière note du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), la gendarmerie et la police ont enregistré en 2022 environ 244 000 victimes de violences conjugales (commises par leur partenaire ou ex-partenaire) dans l’Hexagone et dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM), soit une augmentation globale de 15% par rapport à 2021. Des chiffres véritablement inquiétants surtout lorsque l’on sait que l’Etat a érigé les violences conjugales en cheval de bataille, au point de changer certaines législations en matière de lutte contre les violences conjugales qui ont conduit à étendre peu à peu le champ des atteintes pour lesquelles le caractère conjugal de l’infraction constituait une circonstance aggravante, comme ça a été en particulier le cas en 2020 pour les appels téléphoniques ou messages malveillants, pour les usurpations d’identité et pour les atteintes à la vie privée.

En France, dans la grande majorité des cas, il s’agit de violences physiques (66 % des victimes), le plus souvent sans incapacité totale de travail (ITT) (40 % des victimes). Les violences avec une ITT ne dépassant pas 8 jours, ou aggravées par une autre circonstance, en plus du caractère conjugal, sont près de deux fois moins nombreuses (23 % des victimes). Les violences physiques criminelles (homicides, tortures ou actes de barbarie) restent très rares (moins de 1 %) ; en particulier, l’étude réalisée par la délégation aux victimes (DAV) du ministère de l’intérieur recense 145 homicides conjugaux commis en France en 2022. Comme les années précédentes, les femmes sont les principales victimes : 118 victimes en 2022 contre 122 en 2021 (4 victimes en moins, soit -3,28%). Elles représentent 81% des victimes du total des victimes. Le nombre d’hommes victimes est de 27 contre 21 en 2021 (6 victimes en plus, soit +28,57%).

Toujours selon l’enquête du ministère de l’Intérieur, 30 % des victimes de violences conjugales ont subi des violences verbales ou psychologiques : harcèlement moral (16 %), menaces (13 %), atteintes à la vie privée (5 %) ou injures et diffamations (1 %). Les violences conjugales enregistrées sont beaucoup plus rarement des violences sexuelles (4 % des victimes) ; dans 83 % des cas, il s’agit alors de viols ou de tentatives de viol. Une hausse de 15 % des victime.

Selon l’enquête, le nombre de victimes de violences conjugales enregistrées en 2022 a augmenté de 15 % par rapport à 2021. Cette hausse est de même ampleur que celle observée en 2019 (+18 %), après une progression plus élevée en 2021 (+20 %), faisant suite à l’année 2020 perturbée par les périodes de confinement.

Cependant, au regard des violences sexuelles conjugales, il semblerait qu’elles soient les moins répertoriées mais constituent la catégorie de violences enregistrées qui augmente le plus en 2022 (+21 %). Les violences physiques augmentent globalement dans des proportions similaires (+17 %), mais la hausse des violences sans ITT est beaucoup plus forte que celles des violences aux conséquences physiques plus graves, ayant entrainé une ITT (+24 % contre +8 % lorsque l’ITT est inférieure ou égale à 8 jours et 5 % quand elle est supérieure à 8 jours.) Enfin, les violences verbales ou psychologiques progressent globalement de 11 % sur la même période, avec une hausse nettement plus forte du harcèlement moral (15 %) et des catégories de violences enregistrées concernées par la
création de natures d’infractions spécifiques suite à la loi de Juillet 2020 visant à protéger les victimes de violences conjugales : appels téléphoniques malveillants (+12 %), usurpation d’identité (+14 %) et atteintes à la vie privée (+15 %). En revanche, le nombre de victimes enregistrées pour menaces, qui représentent toujours 40 % des victimes de violences n’ayant occasionné aucun contact physique, n’augmente que de 7 %

Des chiffres là encore très inquiétants quand on voit les actions de sensibilisations, les journées d’action, les nombreuses émissions radiodiffusées ou télévisées sur le sujet. Il y a des quoi se poser des questions surtout quand on sait, grâce au rapport gouvernemental que 86 % des victimes de violences conjugales enregistrées sont des femmes, la moitié a entre 25 et 39 ans et 15 % sont de nationalités étrangères. Néanmoins, selon le rapport ministériel, cette part varie en fonction du type de violences : elle atteint 98 % lorsqu’il s’agit de violences sexuelles,
87 % pour les violences psychologiques et 85 % pour les violences physiques.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les victimes sont jeunes. En général, les plus concernées sont celles qui entrent dans la tranche d’âge des 20 et 45 ans, bien que selon le rapport, la tranche d’âge la plus concernée étant celle des 30-34 ans qui concentre 17 % des victimes. Les victimes enregistrées ont plus rarement moins de 20 ans ou plus de 60 ans (respectivement 6 % et 4 % des victimes). Toutefois, les victimes de violences sexuelles sont plus jeunes : la moitié a moins de 30 ans, contre 36 % des victimes de violences physiques et 30 % des victimes de violences verbales ou psychologiques.

Alors que de façon générale, on stigmatiserait l’étranger ou le musulman, le rapport stipule que globalement, la très grande majorité des victimes de violences conjugales enregistrées en 2022 sont françaises, nées en France et donc de nationalité française. Cependant la part de victimes étrangères (15 %) est deux fois plus élevée que la part d’étrangers vivant en France (8 %).

En terme de violence conjugale, le taux de victimes en 2022 varie en fonction du taux d’urbanisation. En effet, celle-ci serait plus grande dans les zones urbanisées que dans les villages ou petits bourgs par exemple. Les communes rurales affichent globalement moins de violences conjugales enregistrées. D’ailleurs, comme le note le rapport du SSMSI. Comme observé depuis 2016, le taux de victimes dans la population la plus concernée par ce type de violence, soit les femmes de 15 à 64 ans (84 % des victimes), varie fortement selon le degré d’urbanisation.

En moyenne sur l’ensemble du territoire, le taux de femmes victimes de violences conjugales enregistrées pour
1 000 habitantes âgées de 15 à 64 ans est de 9,7 mais seulement de 6,7 pour les communes rurales ; il augmente avec la taille des communes pour atteindre un maximum de 11,7 pour les unités urbaines de 100 000 à 200 000 habitants.

En analysant le graphique, on constate que dans les Outremers, les violences conjugales sont plus présentes dans les zones urbaines que dans les zones urbanisées hexagonales. Par exemple, on recense 8 femmes pour 1000 habitantes victimes de violence dans une commune rurale tandis que dans l’Hexagone ce sont 6 femmes pour 1000 habitantes dans la catégorie commune rurale. Même constat pour les villes de 2000 à 4999 habitants, le rapport fait état de faits de violence plus importants en Outremer que dans l’Hexagone, environ 10 cas pour 1000 habitants ( Outremer). Le constat est quasi le même pour des villes de 5000 à 9999 habitants, ainsi que pour les villes de 10 000 à 19 999 habitants tout comme les villes dépassant les 20 000 habitants, pareil pour celles qui dépassent les 100 000 voire les + 200 000 habitants. Disons-le, la violence conjugale semble plus enracinée dans les territoires ultramarins que dans l’Hexagone.

D’autant que le nombre de femmes de 15 à 64 ans victimes de violences conjugales pour 1 000 habitantes du même âge en 2022, par département est plus important en Seine-Saint-Denis, au Nord-Pas-de-Calais et dans les régions d’Outremer comme la Guadeloupe, la Guyane, La Réunion ou Martinique. Selon le rapport, comme en 2021, les cinq départements aux taux de victimes enregistrées les plus élevés sont la Seine-Saint-Denis (14 ‰) la Guyane (13,9 ‰), le Pas-de-Calais (13,9 ‰), le Nord et La Réunion (13,2 ‰).  On peut ajouter à ces régions, la Guadeloupe qui figure dans le rouge pour les départements les plus violents envers les femmes, ( 13%) des cas.

Des violences qui ont du mal à trouver une suite judiciaire puisque seulement une victime de violences conjugales sur quatre a déclaré cette atteinte aux services de sécurité. Pourtant, 198 000 personnes ont été mises en cause en 2021 pour violences conjugales, dont 69 % pour des violences physiques, 4 % pour des violences sexuelles et 27 % pour un autre type de violences conjugales. Une grande majorité des personnes appréhendées sont des hommes ( 87%) de nationalité française ( 83%) et seulement 13 % ont moins de 25 ans et environ la moitié a entre 30 et 45 ans.

Au regard des victimes comme nous l’écrivions en début d’article, les femmes sont les plus touchées. Selon l’enquête Genese, 6 personnes âgées de 18 à 74 ans vivant en France métropolitaine sur 1 000 déclarent avoir été victimes en 2020 de violences physiques, sexuelles ou psychologiques de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, au cours de l’année écoulée (9 femmes sur 1 000 et 2 hommes sur 1 000). Les femmes sont entre 3 et 4 fois plus souvent victimes de violences conjugales physiques ou psychologiques que les hommes (respectivement 4 ‰ contre 1 ‰ et 3 ‰ contre 1 ‰). L’écart est nettement plus important concernant les violences conjugales sexuelles, avec un taux de victimes parmi les femmes 8 fois supérieur à celui des hommes si l’on prend en compte le harcèlement sexuel (4,4 ‰ contre 0,6 ‰) et 12 fois supérieur en se limitant aux violences sexuelles physiques.


Point positif à toute cette étude est le fait que de plus en plus de femmes ou de victimes portent plainte grâce à une meilleure sensibilisation de la société au phénomène des violences conjugales, un contexte de libération de la parole et l’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de sécurité. C’est donc la raison pour laquelle que depuis 2016, les données augmentent car désormais nous parvenons de mieux en mieux à poser des chiffres sur ces violences à huit clos.

Toutefois, déplore l’étude,

« tous types de violences conjugales confondus, seule­ment un quart des victimes a déclaré l’atteinte subie à la police ou à la gendarmerie. Cette part est plus importante pour les violences physiques (34%) et pour le harcèle­ment moral (26%), mais s’établit seulement à 10% pour les victimes de violences sexuelles conjugales ».

source : IR28 Les violences conjugales en 2022.pdf / DAV-RA_morts_violentes-2023_08_10.pdf