Le carnaval est terminé, l’heure est au carême, au jeûne et à la pénitence. Malgré tout, nous vous partageons notre reportage sur le mariage burlesque du Lundi gras, véritable temps fort des jours gras en Guadeloupe. Une tradition perpétuée par le groupe Point d’Interrogation depuis 14 ans. Reportage.
En Guadeloupe, les jours gras sont un véritable marathon de festivités. Entre la parade du dimanche gras dans les rues de Pointe-à-Pitre, les déboulés nocturnes du lundi notamment celui de Saint-François et de la région pointoise, suivis par les levés en pyjamas le mardi matin aux aurores avec en apothéose la parade de Basse-Terre et celle de Pointe-à-Pitre pour les Mas a Po. L’heure est véritablement à l’amusement avant le mercredi des cendres où l’ensemble de l’archipel entre dans le carême.
Parmi les temps forts des jours gras, il y a le Mariage burlesque, véritable temps fort. Il y a quatorze ans, la tradition a été remise au goût du jour, par le groupe Point d’interrogation.
Que sait-on du Mariage burlesque? Pour certains le mariage burlesque se résume à ça : les filles sont en garçons et les garçons en filles ultra sexy ( à string et talon aiguille) mais derrrière cette extravagance se cache une histoire, une culture.
En effet comme le souligne le site LAMECA, il y a un thème celui des couples mal assortis et dont la mariée, ayant fauté avant le mariage porte pourtant une robe blanche avec voile et couronne de fleurs. .Dans ce couple ridicule, c’est en général un homme déguisé en femme qui joue le rôle de la mariée, tandis qu’une fille représente le marié. Un long cortège suit le couple qui, en cours de route, rencontre l’officier d’Etat Civil qui les unit ainsi que le prêtre qui les bénit.
Cependant, Derrière cette tradition, se cache une lointaine coutume basée sur des rites hérités à la fois d’Europe mais aussi d’Afrique. Ces rites particuliers du lundi gras, avaient pour but de provoquer la fécondité des nouvelles unions, dans de nombreuses communautés des mariages collectifs avaient lieu de Dimanche gras. Les enfants naissent ainsi au début de l’hiver. Coutumes aujourd’hui perdues en Europe mais qui persistent chez les peuples nomades, ainsi chez les Peuls où les jeunes hommes s’habillent, se maquillent, chantent et dansent pour être choisis par les jeunes femmes, lors des grands rassemblements au passage de la saison sèche à la saison des pluies.

Le mariage burlesque s’inscrit avant tout dans le cycle calendaire au terme d’un ensemble de pratiques qui de Noël à la mi-Carême visent à réunir hommes et femmes, à préparer la jeunesse au mariage. La préoccupation essentielle est bien l’accès au mariage, geste fondateur qui assure la survie du groupe. D’autre part, l’absence des femmes fait mieux ressortir leur présence symbolique, dans le rituel et la parole: hommes travestis ou portant noms de femme, rôle des cocus….D’une communauté, essentiellement rurale, qui gère ses propres tensions et impose ses normes (tribunal carnavalesque, charivari) à une communauté urbaine qui se mobilise sur des valeurs, le carnaval accède à l’histoire. De par sa structure il offre un lieu d’accueil particulièrement hospitalier à l’inversion symbolique.
Aujourd’hui, le mariage burlesque, se veut être la satire des couples, une dérision du mariage, de la fidélité, avec l’inversion des rôles sexuels, l’apologie de l’amour et du plaisir, de la séduction, dans le jeu des mots et des apparences: le défi symbolique n’est pas innocent, il croise le politique, les situations sociales et sociétales dans une Guadeloupe mondialisée.

En Guadeloupe notamment, les mariages burlesques sont généralement, organisés par des « Gwoup a Po » qui accompagnent ces mariages avec leur musique du Mass a Saint Jean. Parmi ces groupes, le Point d’interrogation qui chaque année au Lundi Gras organise son carnaval burlesque avec Rony Théophile qui officie comme Maire grimé en femme, ça vaut le détour.