Les créatures et personnages mystiques des Antilles-Guyane.

Depuis quelques années, la fête anglo-saxonne d’Halloween s’est propagée comme une traînée de poudre aux quatre coins de la planète. Preuve de la mondialisation. La Guadeloupe et la Martinique n’y ont pas échappé. Ainsi, jeunes comme moins jeunes célèbrent cette fête méconnue il y a à peine vingt ans. Pourtant, bien avant l’avènement de cette fête commerciale, dans la culture antillaise des êtres et des créatures mystiques ont effrayé plus d’uns.

Aux Antilles, la période de la Toussaint est le moment propice pour les familles de commémorer leurs proches disparus. La tradition veut que chaque 1er Novembre, les familles se recueillent sur les tombes pour les fleurir et les illuminer. Néanmoins, depuis quelques années, la fête anglo-saxonne d’Halloween s’est propagée comme une traînée de poudre sur l’ensemble de la planète. Preuve de la mondialisation. La Guadeloupe et la Martinique n’y ont pas échappé. Ainsi, jeunes comme moins jeunes célèbrent cette fête méconnue il y a à peine vingt ans, délaissant leur tradition ancestrale. Pourtant, bien avant l’avènement de cette fête commerciale, dans la culture antillaise des êtres et des créatures mystiques ont effrayé plus d’uns.

En Guadeloupe et à la Martinique on retrouve les mêmes personnages que dans les légendes européennes et parfois des personnages de contes viennent s’inviter! Certains personnages sont plus connus que d’autres et créent la frayeur de ceux qui disent les rencontrer. Ainsi, à l’image de la société antillaise, il y a un syncrétisme entre les cultures européennes importées par les colons et les cultures africaines. Ensemble, elles sont à l’origine de ces créatures et personnages mystiques typiquement antillais.

1) Le Soukougnan :

C’est sans doute la créature la plus connue et la plus terrifiante de la mythologie antillaise. Le soukougnan encore nommé le volan, est une sorte de vampire qui peut prendre l’apparence d’une boule de feu ou d’un oiseau noir. Dans un engagement avec le diable, il obtient la faculté de se dépouiller de sa peau. Cette peau tombée, le corps devient lumineux et léger. Le soukougnan acquiert le pouvoir de s’élever de terre et de parcourir les airs sous l’apparence d’un feu follet. Semblable à la figure du vampire européen, il suce le sang de ses ennemis. Il n’apparaît que la nuit ; avec les rayons du jour, il redevient homme. Ainsi, s’il était possible de découvrir le lieu où il cache sa peau, rien ne serait plus facile que de le prendre. En semant du sel sur cette peau, le soukougnan en venant la chercher le matin, ne pourrait s’en revêtir, alors on le saisirait dans l’état d’un homme écorché. Son arbre de prédilection est le fromager, appelé « arbre aux esclaves » aux Antilles car, dans les temps sombres de l’esclavage, il servait à punir les esclaves récalcitrants : ils étaient attachés par des liens en cuir que l’on mouillait, les rayons du soleil se chargeant de les rétrécir provoquant ainsi l’entrée des épines dans les chairs du supplicié, lacérant la peau.

2) Le Dowlis ou Dorlis :

Plus connu à la Martinique, le dorlis ou dowlis est un homme doté du pouvoir d’invisibilité. Il s’incruste dans les maisons en passant sous la porte ou par le trou de la serrure pour abuser des femmes dans leur sommeil. Il s’enduit de graisse pour échapper aux prises, et pour endormir le mari il lui tourne le gros orteil. Pour se protéger de lui il faut porter des culottes noires. Il est bon aussi de laisser un balai neuf, tête en bas dans un coin, derrière la porte de la chambre. On peut laisser un bol contenant du sable marin ; le dowlis est obligé de compter tous les grains de sable avant de passer à l’acte. Le Dowlis peut être comparé à un personnage mystique bien européen, l’incube, démon mâle qui prend corps pour abuser sexuellement d’une femme endormie.

3) Diablès la ( la Diablesse )

Esprit maléfique qui n’hésite pas à prendre la forme d’une femme belle et élégante à la longue chevelure. On la croise au bord des rivières, dans les bals ou sur le bord des routes, où elle séduit les hommes connus pour être cavaleurs et les entraîne dans les bois. Ces derniers ne reviennent jamais vivants. Elles sont parfois décrites comme ayant des sabots de cheval à la place des pieds.

4) Bèt a Man Ibè :

S’il y a bien une créature qui effraie aux Antilles et surtout les plus anciens, c’est Bèt a Man Ibè. Pour le mythe, Man Ibè en français madame Hubert était une guérisseuse qui parcourait les bois la nuit, en compagnie de ses chiens, à la recherche de plantes médicinales et magiques. Critiquée et méprisée le jour par ceux et celles qui la consultent en cachette à la nuit tombée. Dame Hubert devient alors un véritable mythe.

Man Ibè et ses étranges chiens traîne dans leur sillage une cacophonie de bruits de chaînes, de grognements et de cris et des petits cochons, ses enfants. Son passage les nuits sans lune provoque la fermeture des volets. Celui qui s’aventure à regarder par le trou de la serrure risque d’être atteint de cécité.

5) Manman Dlo :

Créature mythologique de l’antiquité, la Sirène a toujours fasciné. Chaque culture a son adaptation de cet être mystique. Chez les grecs de l’antiquité, les sirènes sont souvent dépeintes comme des chimères mi-femmes mi-oiseaux. Chez les peuples européens du Nord du Continent, la sirène est un monstre redoutable appelé Margygr (la « géante de mer »), créature composée d’un tronc humain avec une apparence de jeune femme vierge et magnifique avec un bas de poisson. Dans la mythologie africaine, principalement dans la philosophie vaudou arrivée dans les Caraïbes avec les esclaves, la sirène se nomme Mami Wata ( ou Mamui Wata). Être mystique, déesse des Eaux pour la fécondité de la femme et dont la principale demeure est l’Océan, on l’invoque quand une femme souhaite avoir un enfant. Divinité parmi les plus puissantes du Panthéon vaudou son culte est très présent sur la côte atlantique du Togo mais aussi au Nigeria, au Cameroun, au Congo-Brazzaville. Elle est aussi appelée Iemanja dans la tradition du vaudou haïtien ou Simbi dans le culture vaudou brésilienne et cubaine. Apportée par les esclaves dans l’archipel guadeloupéen, le personnage de Mami Wata s’est transmise de génération en génération, passant du statut de divinité à celui de personnage du folklore local. Il s’agit d’une sirène qui ferait chavirer les barques de pêcheurs. Ou d’une vague dans certaines histoires qui aiderait un jeune homme nommé Ti-jan à traverser les océans pour rejoindre sa famille.

6) Le zonbi :

Loin du zombi à l’européenne, le personnage du zonbi antillais est hérité de la lointaine africaine. Le zonbi est inspiré du Dieu Nzambé en kikongo. Cependant, comme en Afrique, le zonbi antillais est l’esprit des morts. Personnage immense, ne possédant ni tête ni bras et il est condamné à errer pour l’éternité parmi les hommes. Il effraie si bien qu’il n’est pas rare encore aujourd’hui d’entendre certains parents dire à leurs enfants « zombi la ké chayé’w » (le zombi va t’emporter).

7) Le Mowfazé ou nonm ki touné an chyen

Le Mowfazé ou nonm ki touné an chyen mérite sa place dans le panthéon des créatures mystiques locales. Mowfazé que l’on peut traduire par ( les métamorphosés) sont des hommes capables de se transformer en chien, on pourrait croire que c’est l’équivalent d’un loup-garou mais non ils se transforment en vrai chiens ! Surtout en les croisant ne leurs lancer surtout pas une pierre, celle ci risquerait de vous retourner au visage !

8) Le Chouval Twa Pat

Le cheval à trois pattes serait en réalité un homme qui se serait transformé pour rappeler que c’est mal de rentrer chez soi en état d’ébriété. Par conséquent, il veut du mal, mais aussi du bien !
L’homme métamorphosé en cheval existe dans de nombreux rites chamaniques, le vaudou haïtien ou dans la sorcellerie africaine. Apparaissant la nuit, sans cavalier, il est reconnaissable au rythme particulier et inquiétant de ses sabots. Son galop fait peur, car il signifie qu’il va vous empêcher de rentrer chez vous.

D’autres personnages mystiques auraient pu eux-aussi faire parti de notre classement. Nous pouvons citer Lom o Baton, Mons a Zabym la ( Le monstre des Abymes) qui ont effrayé grands et petits de génération en génération.

9) Le Baclou :

Appelé aussi « gnome visqueux », il est spécifique à la Guyane et serait la création de personnes cherchant à nuire ou à s’enrichir. Par exemple, à Cayenne, on dit qu’un commerce qui fonctionne très bien cache sous la caisse ou son comptoir un Baclou ! En retour, en cas de réussite, il peut demander l’âme d’un proche (sœur, frère, parents, enfant).
On dit qu’il est très laid, mesure moins d’1 mètre, à l’allure humaine, mais avec une tête de cochon, et les pieds retournés, mais il peut prendre la forme d’un enfant ou d’une femme se transformant progressivement.

10) Le Maskilili

Est un personnage guyanais qui vivrait dans la forêt amazonienne et sortirait que la nuit particulièrement lors du Carnaval pour se nourrir de grains de café vert ou de piment Bondamanjak et repartir dans les bois une fois celui-ci terminé.
C’est un petit monstre, pas très grand, malicieux, mais jamais méchant qui serait pourvu de pieds à l’envers pour que les gens, qui suivent ses pas en forêt (surtout les chasseurs et les enfants) se perdent !

Un commentaire

  1. Merci pour ce partage. Ai appris mais, connais quelques uns. Me suis empressée de noter pour ne pas oublier.

Les commentaires sont fermés.