En Outremer, pour le côté pile, il y a les paysages luxuriants dignes des plus belles cartes postales qui font la renommée de ces territoires mais pour le côté face, des problèmes sociaux, sociétaux sont bien existants. Parmi ces problématiques, il y a un vrai problème de santé publique lié à l’obésité, au diabète et à l’hypertension artérielle font courir un vrai risque à nos populations.
Des Antilles-Françaises aux îles de l’Océan Indien en passant par les territoires du Pacifique, le rêve est absolu. Entre ciel, montagne, forêt et océan, ces bouts de France ont le mérite d’être des terres de villégiature prisées pour des milliers de touristes chaque année. Il faut dire que qu’ils soient des îles, des archipels ou dans l’Amérique Latine, ces terres de France ont de quoi attirer toutes les personnes en quête de tranquillité.
En Outremer, pour le côté pile, il y a les paysages luxuriants dignes des plus belles cartes postales qui font la renommée de ces territoires mais pour le côté face, des problèmes sociaux, sociétaux sont bien existants. Parmi ces problématiques, un vrai problème de santé publique lié à l’obésité, au diabète et à l’hypertension artérielle font courir un vrai risque à nos populations. Les spécialistes parlent même de problèmes chroniques liés à une mauvaise alimentation.
Il est vrai que de base les plats traditionnels des pays d’Outremer sont vraiment riches et l’ont toujours été mais jamais ces peuples n’arrivaient au stade de l’obésité chronique. Disons qu’avec la société moderne de consommation et l’arrivée massive de produits agro transformés par l’industrie agroalimentaire, la situation sanitaire s’est même tendue. En moins de cinq décennies, sont arrivés des aliments extrêmement salés ou sucrés, des boissons aux contenus sucrés et abondants de colorants. Couplé à cela, le manque d’activité physique notamment sportive. Il faut dire que les Outre-mers sont à l’image du Monde. Nous sommes passés de sociétés agricoles, où le dur labeur des champs a laissé place à des emplois où nous sommes en général assis.
Plusieurs enquêtes ont été menées pour montrer l’ampleur de cette épidémie ( oui c’est le cas), c’est notamment le cas de l’Enquête Escal à la Martinique ou Kannari en Guadeloupe comme sur l’île soeur. Comme l’indique l’enquête » Alimentation et nutrition dans les départements et régions d’Outre-mer », qui se repose justement sur différentes études, notamment l’enquête Escal, à la Martinique plus de la moitié de la population adulte était en surcharge pondérale, dont 33 % en surpoids et 20 % en obésité avec, pour l’obésité, près de deux fois plus de femmes concernées (26 % de femmes contre 14 % d’hommes). Les prévalences ont augmenté en une décennie, comme l’indiquait l’enquête Kannari en 2013, avec une progression de huit points pour l’obésité. Ainsi, chez les adultes de 16 ans et plus, la surcharge pondérale touche 52 % d’hommes contre 64 % de femmes en 2013 (fig. 2) L’obésité abdominale touchait en Martinique près de six adultes sur dix (59 %), en augmentation de six points de pourcentage depuis 2004 (53 %, enquête Escal). La prévalence de l’obésité abdominale augmente avec l’âge. Parmi les enfants (3-15 ans), près d’un sur quatre était en surcharge pondérale et moins de 8 % étaient obèses selon l’enquête Escal, tandis qu’en 2013 l’enquête Kannari estimait chez les enfants à 35 % la prévalence de surcharge pondérale, dont près de 10 % d’obèses.
Même constat en Guadeloupe. L’enquête sur la nutrition et les aliments en Outre-mer se reposant toujours sur d’autre enquête comme Kannari, souligne que les résultats en Guadeloupe étaient très proches de ceux de Martinique, avec une surcharge pondérale chez plus de la moitié des individus de 16 ans et plus (57 %) et qui augmentait avec l’âge : la prévalence varie de 25 % chez les adultes âgés de 16 à 24 ans à 75 % chez les personnes de 65 ans ou plus. Les résultats sur l’obésité abdominale de Guadeloupe étaient similaires à la Martinique (six adultes sur dix). En Guadeloupe, les femmes sont davantage touchées que les hommes par l’obésité avec plus du double de femmes concernées (31 % de femmes contre 12 % d’hommes). Pour l’obésité abdominale, l’écart est aussi très important (79 % de femmes contre 37 % d’hommes). Pour la population infantile, la prévalence globale de l’obésité et du surpoids atteignait 22 % des enfants (5-14 ans) en Guadeloupe.
Même son de cloche pour ce qui est de l’île de La Réunion, les prévalences de surcharge pondérale et de l’obésité sont aussi plus élevées que la moyenne hexagonale. Pour les adultes, près d’une personne sur quatre (38 %) est en surcharge pondérale (27 % en surpoids et 11 % obèses). La prévalence déclarée de l’obésité atteignait 14 % chez les femmes et 8,3 % chez les hommes. De plus, un tiers des adultes présentait une obésité abdominale. Aucune étude chez les enfants n’a été réalisée. Si on compare les quatre territoires ultramarins où a été mené le Baromètre santé Dom, c’est à La Réunion que les habitants ont le moins déclaré de surpoids et d’obésité.
Bien qu’elles soient peu nombreuses ou les données très anciennes, en Guyane, la prévalence de surcharge pondérale chez les enfants touchait 18 % des 5-14 ans d’après l’enquête Podium en 2008 et 19 % des 7-11 ans selon l’étude Nutriel en 2009-2010. Tout comme dans les autres Drom, l’obésité touchait en 2008 plus fortement les femmes que les hommes (23 % contre 13 %). À La Réunion, les prévalences de surcharge pondérale et de l’obésité sont aussi plus élevées que la moyenne hexagonale. Pour les adultes, près d’une personne sur quatre (38 %) est en surcharge pondérale (27 % en surpoids et 11 % obèses). La prévalence déclarée de l’obésité atteignait 14 % chez les femmes et 8,3 % chez les hommes. De plus, un tiers des adultes présentait une obésité abdominale. Aucune étude chez les enfants n’a été réalisée. Si on compare les quatre territoires ultramarins où a été mené le Baromètre santé Dom, c’est à La Réunion que les habitants ont le moins déclaré de surpoids et d’obésité.
À Mayotte, les études sont peu nombreuses, mais elles montrent qu’il s’agit du territoire où la prévalence de l’obésité est la plus élevée : Nutrimay a retrouvé une prévalence de la surcharge pondérale à 45,7 % et une prévalence de l’obésité à 20,4 %. Et, à nouveau, on observe une plus grande part d’obésité féminine, avec près d’une femme atteinte sur deux (47 %), contre moins d’un homme sur cinq (17 %) (SOLET et BAROUX, 2009). D’après l’enquête nationale périnatale de 2016, l’obésité avant la grossesse concernait un quart des mères de l’île, soit le double des observations pour l’échantillon national. Chez les enfants, la surcharge pondérale concernait 4,7 % des enfants de moins de 5 ans et 8,5 % des 5-14 ans.
Des maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension ou le cancer sont bien entendu plus présentes en Outremer qu’en France Hexagonale. Toutefois, la situation change d’une région à une autre. L’étude sur l’alimentation et la nutrition indique que la prévalence de syndrome métabolique est de 18 % en Guadeloupe, et 28 % pour la Martinique. Elle est de 31 % à Mayotte et, à La Réunion, de 37,6 % pour les femmes et 29,8 % pour les hommes. Tandis que l’obésité et la surcharge pondérale figurent parmi les facteurs de risque (avec d’autres) du diabète de type 2, qui représente plus de 90 % des cas de diabète. Sur les cinq Drom, la situation la plus préoccupante est celle de La Réunion (la prévalence y est deux fois plus élevée chez les femmes que la moyenne nationale).
De plus, on apprend qu’il y a une différence de répartition des prévalences du diabète selon les sexes par rapport à l’Hexagone. En effet, en France Hexagonale, le diabète touche plus les hommes que les femmes, sauf que dans les Outremers, c’est l’inverse. Ce sont les femmes qui sont les plus touchées par cette maladie. Il y a deux fois plus de femmes traitées pour diabète en comparaison à la moyenne hexagonale (8 % comparés à 16-20 %). Aux Antilles, la prévalence du diabète traité est de près de 9 % en Guadeloupe et 8 % en Martinique (données Santé publique France, 2016), alors que la moyenne pour la France entière (hors Mayotte) est proche de 5 %. En Guyane, la prévalence du diabète traité est près de 8 %. C’est à La Réunion que la prévalence du diabète traité est la plus élevée avec 10 %. À Mayotte, la prévalence globale du diabète s’élevait à 10 %. D’ailleurs, le diabète de type 2 constitue l’une des priorités de santé publique, spécialement à La Réunion. Les fortes prévalences de diabète, d’obésité, de syndrome métabolique et de HTA contribuent à la prévalence élevée de complications, souvent plus précoces, telles que l’IRCT, les maladies coronariennes et les AVC.
Evidemment qui dit diabète dit hypertension artérielle et là encore les territoires ultramarins sont plus concernés que les régions hexagonales. Selon l’enquête Podium9 en 2008 montrent que la prévalence de l’hypertension artérielle était de 17,9 % en Guyane, 27,6 % en Martinique et 29,2 % en Guadeloupe. L’enquête Kannari montre que 39 % des Guadeloupéens adultes et 42 % des Martiniquais souffraient d’hypertension artérielle en 2013. À Mayotte, plus de 15 % de femmes adultes avaient une HTA ( Hypertension Artérielle). Par ailleurs, l’hypercholestérolémie touche une personne diabétique sur trois et l’hypertension artérielle concerne sept personnes diabétiques sur dix et un adulte sur deux aux Antilles. Puis comme le relève, les études sanitaires, la prévalence du diabète se conjugue aussi parfois avec une incidence et une prévalence de l’insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) plus élevées dans les Drom qu’en France hexagonale, en particulier à La Réunion.
Les problèmes de surpoids vont de paire avec la situation économique des personnes. Plus une personne gagne bien sa vie, mieux elle mange. Du moins, plus elle mange sainement et évidemment lorsqu’une personne est en situation de précarité plus elle aura du mal à manger des aliments de bonne qualité nutritive. Nos propos se réfèrent aux études conduites au niveau national ( hexagonal ou à l’international). Ainsi, les informations issues des études en population générale dans les Drom montrent que les prévalences de surcharge pondérale, d’obésité, de syndrome métabolique, de diabète et, dans une moindre mesure, d’hypertension, sont plus élevées chez les personnes ayant un niveau socioéconomique plus faible que chez celles appartenant au plus haut niveau. Les Outremers étant des territoires sinistrés économiquement, il y a donc plus de chance d’avoir une population à risque par rapport à l’Hexagone. On parle même de déficit nutritif. Il est donc crucial de réduire les inégalités sociales de santé sur ces territoires pour que la situation sanitaire et nutritive s’améliore.
En matière d’habitudes alimentaires, là encore, les Outremers font la différence. Alors que dans l’Hexagone une alimentation faite de fruits et de légumes est privilégiée, dans les territoires ultramarins, la consommation de produits dits » saints » est moins fréquente. Ainsi, comme l’indique l’étude sur laquelle repose notre article, les apports en fibres sont légèrement moins élevés que ceux de la France hexagonale, sauf pour La Réunion, et ils sont éloignés des RNP (repères nutritionnels pour la population) notamment chez les femmes martiniquaises. Pour le fer, les apports sont conformes aux RNP. Pour le sodium, les apports sont légèrement inférieurs à la France hexagonale. En ce qui concerne les viandes rouges, selon les données, la consommation serait plus élevée aux Antilles-Françaises que dans l’Hexagone mais entre territoire d’Outre-mer, les résultats sont disparates. Par exemple en Guadeloupe, la viande rouge est quasi omniprésente dans l’alimentation avec 82 % de la population qui estime en consommer régulièrement, contre environ 38 % pour la Martinique et Mayotte. Pourtant pour ce qui est de la consommation de viande, produits de la pêche et les oeufs, 50 % de la population est en dessous du nouveau repère limité de consommation par semaine de 500 g, ces populations préfèrent manger de la viande rouge. Puis, comme nous l’indique l’étude sur l’alimentation, près de quatre adultes mahorais sur dix se situaient en dessous des recommandations.
Dans les Outremers ( hormis La Réunion), l’apport en féculents est plus importante qu’en France Hexagonale bien qu’elle diffère d’un territoire à l’autre. Selon l’enquête RICQUEBOURG en 2018, aux Antilles, la consommation des féculents est ainsi diversifiée, le riz ne constituant pas l’aliment de base et le pain étant le féculent le plus consommé. À La Réunion, les céréales, féculents et légumineuses sont les produits les plus consommés, soit 1,7 fois plus que dans l’Hexagone. Parmi ce groupe de produits, le riz est le plus mangé, comme base de l’alimentation traditionnelle réunionnaise, dix fois plus qu’en France hexagonale
Quant aux apports en énergie, ils sont faibles, ce qui peut être dû à des sous-déclarations (les faibles apports ne correspondant pas aux prévalences d’obésité). L’apport en énergie déclaré est plus faible aux Antilles que dans les autres Drom.
Si la moitié de la population adulte a des apports en viandes, volailles, produits de la pêche et œufs (VPO) conformes au repère de consommation du PNNS en France hexagonale, la situation est disparate dans les Drom avec un pourcentage plus important en Guadeloupe (82 %), contre environ 38 % pour la Martinique et Mayotte. Cet apport est d’environ 10 % plus faible que celui de la France hexagonale, lequel est d’environ 1 800 kcal/j. C’est à Mayotte que les apports en lipides les plus faibles, ils sont d’environ 25 % de l’apport énergétique sans alcool (AESA) (contre 35-40 % de l’AESA) et ceux des glucides de 60 % de l’AESA (contre 40-55 %). C’est pareil, en ce qui concerne l’apport en protéines est également plus faible à Mayotte que dans les autres Drom, mais dans la conformité des repères (12-20 % de l’AESA).
Selon l’étude, la consommation des produits laitiers ainsi que celle des fruits et légumes sont moins élevées dans les territoires ultramarins qu’en France Hexagonale. On parle même d’une insuffisance de consommation pour ses produits notamment à Mayotte ( 2% de la population en consomme) et aux Antilles ( 14% de la population). La Réunion est la seule région où les apports sont conformes au repère de consommation, ( 59% de la population consommes ces produits) soit un chiffre supérieur à l’Hexagone (29 %). Pour ce qui est des fruits et des légumes, les chiffres diffèrent évidemment d’un territoire à un autre mais sont bien entendu plus basses que celle de l’Hexagone. Par exemple : à Mayotte, les fruits et légumes consommés atteignaient les recommandations du plan national nutrition santé pour 18 % des adultes seulement, d’où une carence en vitamines. La consommation de jus de fruits est élevée (presque la moitié à la Martinique). Des similitudes dans le pourcentage de consommateurs en adéquation avec le repère du PNNS : seulement 8 % pour La Réunion et 11 % pour la Martinique, 18 % pour Mayotte et la Guadeloupe.
Cependant, dans ces régions, les aliments sucrés sont plus fréquents que pour l’Hexagone. Comme le précise l’étude sur laquelle repose notre article, les consommations journalières moyennes de boissons sucrées en Guadeloupe et Martinique sont presque trois fois plus élevées que celles de la France hexagonale. La Guyane est presque au double. Les consommations à Mayotte et à La Réunion sont légèrement supérieures à celles de la France Hexagonales. Dans le cas de la Martinique, si on rajoute celle des jus de fruits, la limite journalière de consommation de boissons sucrée est presque atteinte. Trois Réunionnais sur dix consomment des boissons sucrées au moins quatre fois par semaine, dont un sur cinq tous les jours et davantage chez les jeunes de 18 à 30 ans. Quant aux produits sucrés, l’adéquation aux recommandations est plus faible en Guadeloupe (42 %) par rapport à la Martinique, dont le respect est très voisin de celui de la France hexagonale (73 %). C’est à Mayotte que l’adéquation au repère pour les produits sucrés est la plus élevée (90 %).
Une consommation en fonction de l’âge :
Autre fait relevé par les différentes études, est celui de l’âge. Disons que plus on est jeune moins on prend le temps de manger des produits dits sains, légumes, fruits, fibres etc. Comme le démontre l’enquête sur l’Alimentation en Outremer, aux Antilles, la consommation de jus de fruits diminue avec l’avancée en âge. Les personnes de moins de 45 ans mangent moins de fruits et légumes, au contraire des plus de 60 ans. Les moins de 45 ans sont également les plus nombreux à manger de la volaille, de la charcuterie, des gâteaux, boissons sucrées, snacks et produits de fast-food. En particulier, les snacks et produits apéritifs sont fréquemment consommés par les jeunes adultes. C’est aussi le cas à La Réunion où la consommation de fruits et légumes est significativement plus fréquente chez les personnes plus âgées.
Pour revenir aux Antilles ( Guadeloupe îles du Nord comprises et Martinique), l’étude marque que les petits Antillais consomment quant à eux peu de yaourts et de fromage (un enfant sur cinq seulement étant en accord avec le PNNS), peu de fruits et légumes. De plus, près de trois sur dix parmi les 11-15 ans sont en dessous des recommandations du PNNS pour la viande, le poisson et les œufs, mais avec une consommation de poissons au moins deux fois par semaine pour six sur dix d’entre eux. Le constat est plus différent pour la Guyane où selon une autre étude menée en 2014, plus du quart des élèves guyanais du CP au CE2 consommaient une à deux fois par jour des fruits et légumes, et autant en mangeaient quotidiennement trois fois ou plus. Les produits laitiers comme les protéines étaient consommés une à deux fois par jour par un tiers des enfants de 6-10 ans. La quasi-majorité des élèves mangeait des féculents « de temps en temps » et, pour la majorité d’entre eux, l’eau constitue la boisson des repas. La consommation de produits gras, salés ou sucrés était faible pour plus de la moitié des enfants de l’étude mais évidemment, ces données sont inférieures à celles de l’Hexagone.
Puis, l’alimentation saine et équilibrée requise est peu à peu remplacée par des aliments peu recommandés issus de l’industrie des Fast-Food. En Outremer, à la différence de l’Hexagone, les fruits, les légumes et les produits laitiers sont les moins consommés par le jeune public. L’étude écrit même que dans les régions ultramarines, les féculents reculent, tandis que les consommations de protéines animales, de glucides rapides et de produits nouveaux (produits de l’industrie agroalimentaire et des fast-foods) augmentent. Bien entendu, les enfants, les adolescents et les moins de 30 ans sont majoritairement en dessous des seuils préconisés pour les fruits et légumes et en deçà pour le groupe VPO ( viande, poisson, oeuf), ainsi que pour les produits laitiers et d’une manière générale, les adolescents, en particulier les garçons, sont de plus grands consommateurs de boissons sucrées et de produits de type biscuits, aliments gras sucrés et salés, snacks. Les apports en énergies sont notamment plus faibles dans les territoires d’Outremer que dans l’Hexagone.
Le manque d’activité sportive et la sédentarité, autres conséquences de l’obésité et des problèmes de santé :
Dès que l’on évoque le sport tricolore, on pense automatiquement aux Outremers. Depuis plusieurs décennies, ces petits territoires ont été et sont encore des viviers de sportifs de haut niveau qui ont fait briller le sport national aux quatre coins du Monde. Avec ce palmarès, on pourrait croire que l’ensemble de la population est elle aussi portée sur le sport. Détrompez-vous. Ce n’est plus le cas. Les populations sont malheureusement de moins en moins actives et la sédentarité a même pris le pas.
Une large partie des populations ultramarines ne pratique pas le niveau d’activité physique recommandé par les repères nationaux relatifs à l’activité physique délivrés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) d’au moins 30 minutes par jour.
Selon les statistiques recueillies, les habitudes sportives dépendent là encore de l’âge. Bien sûr, d’une région à l’autres, les données diffèrent. La pratique d’une activité physique régulière (au moins cinq fois par semaine) chez les adultes concerne environ un tiers des populations des Drom, soit un niveau assez proche de celui de l’Hexagone.
Ainsi selon le baromètre santé DOM datant de 2014, 36 % des Guyanais déclaraient une activité physique régulière et 25 % rarement ou jamais 44 % des Réunionnais pratiqueraient une activité physique régulière et 12 % moins d’une fois par semaine. Les Martiniquais étaient 28 % à pratiquer régulièrement contre 25 % moins d’une fois par semaine. Quant à Mayotte, les données de l’étude Nutrimay menée en 2006 montrent que 26 % de la population de plus de 15 ans a un niveau d’activité physique modéré et 29 % un niveau élevé. En 2014, il semblerait que 31 % des Guadeloupéens déclaraient une activité physique régulière, 44 % assez régulière (d’une à quatre fois par semaine) et 25 % affirmaient n’en pratiquer que rarement ou jamais (moins d’une fois par semaine). Seule l’Île de La Réunion présenterait la spécificité d’avoir le niveau d’activité physique régulière le plus élevé des Drom et supérieur à l’Hexagone.
L’enquête fait ressortir que les jeunes sont de plus en plus touchés par la sédentarité du fait de la démocratisation des jeux vidéos, d’internet et de la télévision avec ses bouquets de chaînes. Comme l’écrit l’étude, les jours sans école, plus du tiers des 5-6 ans en Guadeloupe (36 %), Martinique et Guyane (35 %) passe plus de trois heures par jour devant la télévision ou les jeux vidéo. Chez les élèves de 15 ans, un quart des lycéens réunionnais déclarent passer quatre heures ou plus sur Internet les jours d’école, et 55 % par jour les week-ends. En Guadeloupe, les jeunes adultes (15-24 ans) sont plus nombreux à regarder la télévision plus de deux heures par jour que les adultes et séniors.
Que ça soit à La Réunion ou qu’aux Antilles, seuls les seniors de 65 ans et plus font l’effort de faire des activités physiques régulières. Comme l’explique l’étude s’appuyant sur d’autres enquêtes, comme « État de santé et conditions de vie des personnes âgées de 65 ans et plus à La Réunion » (2018) établit que les personnes âgées de 65 ans et plus conservaient une activité physique hebdomadaire régulière, 28 % une activité quotidienne, mais ils étaient tout de même 31 % à n’avoir aucune activité. En Guadeloupe, d’après l’étude réalisée par l’Orsag, 43 % des personnes âgées de 65 ans et plus respectent les recommandations nationales.
Des taux de diabètes plus élevés en Outremer qu’en France :
Tous ces changements d’habitudes alimentaires et ce manque d’activités physiques régulières ont entraîné forcément une recrudescence des maladies et autres pathologies nutritionnelles comme l’hypertension et le diabète. D’ailleurs, en évoquant le diabète, selon le magazine Diabètemagazine, spécialisé dans le domaine, en Guadeloupe, à la Martinique, à La Réunion, La Guyane, les régions ou le diabète touche un nombre élevé de personnes. En France Hexagonale, les diabètes tout confondus touchent 5% environ de la population, dans les DOM-TOM, ces taux grimpent à 7% voire 8% de la population.
Pour ce qui est de l’île de La Réunion, la fréquence du diabète traité est la plus élevé en France. La fréquence du diabète traité est de 8.8% à la Réunion, près du double de celle observée en France (5%). La Réunion est caractérisée par un sur-risque féminin, la fréquence du diabète traité est de 9.6% pour les femmes contre 7.9% pour les hommes à La Réunion. La survenue du diabète est plus précoce à La Réunion (55 ans en moyenne contre 60 ans en métropole). Près de 4000 Réunionnais sont admis en Affection de Longue Durée (ALD) pour diabète en moyenne chaque année. Le diabète constitue le 2ème motif d’admission en ALD (28%), après les maladies cardio-vasculaires (37%). Le nombre d’admission en ALD pour diabète a fortement augmenté depuis 2010 (+61%).
En ce qui concerne la Martinique, 8% de la population serait diabétique et ce chiffre est en progression constante. Selon un rapport alarmant de l’OMS, le nombre d’adultes touchés par cette maladie a été multiplié par 4 au cours des 35 dernières années.
En Martinique, c’est carrément 8% d’adultes qui souffrent de diabète. Comme notifié en amont dans notre article et confirmé par l’OMS, cette progression s’explique «par les habitudes alimentaires des gens et leurs modes de vie» avec comme écrit plus haut, une augmentation du surpoids et de l’obésité. Autre fait, c’est qu’à la Martinique, il y a plusieurs facteurs aggravants, notamment génétiques.
En Guadeloupe, 8,3% de la population qui serait concernée par le diabète alors qu’en 2015, on évaluait à 8% le taux de personnes malades. Comme le souligne Diabète Magazine, plusieurs facteurs aggravants expliquent le diabète. D’abord le côté environnemental marqué par la sédentarité et la précarité des populations locales. Sur le plan santé, il y a d’abord l’obésité qui fait le lit du diabète. Il y a aussi un caractère génétique. Il a été démontré que les personnes afro-caribéennes ou originaires d’Inde ont une sensibilité plus forte au diabète.
Même constat en Guyane où 8% de la population locale serait atteinte de diabète et malgré les préventions mises en place, le nombre de malades ne fait qu’augmenter.
Le diabète en Outre-mer est souvent peu dépisté ou découvert au stade de complications comme la perte de vision ou d’une amputation. De plus, un dépistage tardif qui se caractérise par le développement d’une résistance chez certaines personnes. Il y a même des patients ayant un fort de taux de sucre dans le sang qui poursuivent normalement leurs activités sans se rendre compte de rien tout en étant même au bord du coma diabétique. Le diabète est responsable également d’un plus fort taux de mortalité lié à la maladie.
Bien qu’en France les statistiques ethniques ne sont pas autorisées, il semblerait que les gens qui sont d’origine africaine ou indienne ont une prédisposition génétique à fabriquer du diabète, à être obèses ou hypertendus.
Evidemment, il est important de rappeler que ça soit aux Antilles-Guyane qu’à La Réunion où d’autres régions ultramarines plus éloignées certains produits alimentaires vendus, comme les sodas ou les yaourts, comportent un taux de sucre nettement supérieur à ceux des produits équivalents vendus en métropole, malgré la loi Lurel.
Des cas d’hypertension plus fréquents en Outremer qu’en Hexagone :
Comme le rappelle, Santé Publique France, l’hypertension artérielle (HTA) constitue le principal facteur de risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) et un facteur de risque important de morbi-mortalité cardiovasculaire. Elle serait responsable de plus de 10 millions de décès dans le monde selon l’Organisation mondiale de la santé.
Les complications de l’HTA ( Hypertension artérielle) notamment l’AVC et l’insuffisance rénale, sont entre 1,3 et 2 fois plus fréquentes dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) qu’en France Hexagonale, en raison d’une prévalence élevée de l’HTA dans ces territoires.
L’une des raisons est que dans les territoires ultramarins, il y a eu une transition démographique encore en cours dans certains départements, mais aussi d’une transition nutritionnelle et alimentaire récente. En gros, les habitants de ces terres de France sont vieillissants, la sédentarité a aussi pris le dessus et les habitudes alimentaires jadis faites de produits locaux sont peu à peu remplacées par une alimentation pauvre en fruits, légumes, féculents ou viande mais riche en gras et en sucre. Tous ces facteurs conduisent à une prévalence élevée d’obésité qui est un facteur de risque majeur d’HTA.
Par ailleurs, le contexte socio-économique des DROM avec des taux de chômage et de pauvreté plus élevés qu’en métropole et un niveau d’éducation plus bas, contribue largement aux inégalités de santé dans le champ des maladies chroniques et métabolique. Autre élément de compréhension, ces territoires présentent des spécificités liées aux origines ethniques et génétiques particulièrement prégnantes dans le contexte de l’hypertension artérielle au regard du risque d’HTA accru des populations d’origine afro-caribéenne par rapport aux populations caucasiennes.
Selon son étude, Santé Publique France relève que La prévalence de l’hypertension artérielle déclarée variait en fonction des territoires avec une prévalence plus élevée en Martinique (31,5%) et Guadeloupe (29,9%) qu’en Guyane (22,7%) et à La Réunion (20,8%) (tableau 2). En 2019, la prévalence de l’HTA déclarée en France Hexagonale était de 20,0%. Contrairement au territoire hexagonal la prévalence dans chaque DROM était significativement plus élevée chez les femmes que chez les hommes (p<0,01 dans chaque DROM). Cette différence était particulièrement marquée en Guadeloupe (23,6% chez les hommes contre 35,0% chez les femmes, p<0,0002).
De plus, selon l’étude, la prévalence de l’HTA déclarée augmentait significativement avec l’âge dans les quatre territoires pour atteindre plus de 55% dans la tranche d’âge des 75-84 ans, soit plus de 10 points de plus en Guadeloupe, Martinique et à La Réunion par rapport à l’Hexagone.
Evidemment, il est important de rappeler que ça soit aux Antilles-Guyane qu’à La Réunion où d’autres régions ultramarines plus éloignées certains produits alimentaires vendus, comme les sodas ou les yaourts, comportent un taux de sucre nettement supérieur à ceux des produits équivalents vendus en métropole, malgré la loi Lurel.
Des produits trop sucrés en Outremer :
Elle devait être une grande avancée pour nos sociétés ! C’était même le cheval de bataille de la politique du gouvernement socialiste. Après des semaines de longs débats et une levée de boucliers de la part des industriels ( locaux comme nationaux), la Loi sur la limitation des taux de sucre est finalement adoptée le 3 juin 2013.
En effet, bien avant que cette Loi ne soit votée, plusieurs études réalisées entre 2011 et 2013 avaient fait ressortir des différences entre produits importés et fabriqués localement dans certains secteurs alimentaires. Ainsi, une proportion importante des sodas ou des produits laitiers, fabriqués localement dans les Drom avaient des taux de sucres plus importants que leurs équivalents produits et vendus dans l’Hexagone.
Que dit concrètement la Loi de 2013 ?
Dans son article 1er, la loi stipule que « visant à garantir la qualité de l’offre alimentaire en outre-mer » elle prévoit que les aliments distribués dans les régions et collectivités outre-mer ne peuvent avoir une teneur en sucres ajoutés supérieure à celle d’une denrée similaire de la même marque, distribuée en France hexagonale.
Dans son alinéa L. 3232-5, l’article 1 de la Loi de 2013 souligne que : « Lorsque la teneur en sucres ajoutés d’une denrée alimentaire de consommation courante distribuée en France hexagonale diminue, les responsables de la mise sur le marché des denrées similaires de la même marque distribuées dans les collectivités mentionnées au premier alinéa sont autorisés à poursuivre leur commercialisation jusqu’à épuisement des stocks et dans un délai maximal de six mois.
Avant de rajouter dans son alinéa L 3232-6, l’article indique bien que « La teneur en sucres ajoutés des denrées alimentaires de consommation courante destinées au consommateur final distribuées dans les collectivités mentionnées à l’article 73 de la Constitution ainsi que dans les collectivités de Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon, mais non distribuées par les mêmes enseignes en France hexagonale, ne peut être supérieure à la teneur en sucres ajoutés la plus élevée constatée dans les denrées alimentaires assimilables de la même famille les plus distribuées en France hexagonale.
En réponse, des industriels locaux des secteurs des boissons et des produits laitiers ont annoncé des démarches de reformulation des produits et de réduction des teneurs en sucres, mais nous ne disposons pas de bilan systématique à ce jour sur l’ensemble des Drom permettant d’évaluer l’impact de ces engagement. Toutefois, aux vues des différents chiffres issus de diverses enquêtes utilisées pour rédiger cet article, nous pouvons questionner la sincérité des actions des industriels tant locaux que nationaux qui font officiellement foi de bonne volonté.
Selon le rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) publié le 29/10/2023 et réalisé après une enquête sur les boissons rafraichissantes sans alcool ne contenant pas de jus de fruits (sodas, boissons énergisantes etc.). Comme il le souligne, il s’agit là de boissons généralement très caloriques, pauvres en nutriments essentiels (vitamines, minéraux) et dont il est attesté que la consommation contribue de manière importante à l’apport de sucres dans l’alimentation, comme le souligne l’expertise scientifique collective de l’institut de recherche pour le développement, sur la base des études sur les apports nutritionnels et les consommations alimentaires. Cette enquête, menée par les services de la DGCCRF en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion, 28 établissements ont été contrôlés.
Toujours selon l’organisme, les résultats de son enquête ont mis en évidence :
- une bonne sensibilisation des fabricants locaux à la problématique et le fait que certains opérateurs semblent avoir fait le choix, pour diminuer la teneur en sucres des boissons commercialisées outre-mer, de mettre sur le marché des formules allégées contenant des édulcorants dans le but de réduire la teneur en sucres ajoutés.
- un faible taux de non-conformité pour les produits présents à la fois sur le marché ultramarin et sur le territoire hexagonal. En effet, les résultats issus de l’examen d’environ 50 références de produits, essentiellement des sodas, n’ont pas permis de mettre en évidence de non-conformité aux dispositions prévues par la loi Lurel pour ce qui est des boissons rafraîchissantes sans alcool commercialisées à la fois dans l’Hexagone et dans les territoires d’Outre-mer, hormis pour un soda commercialisé en Guyane. L’enquête a établi que ce dernier était importé de Tunisie. Un rappel de la réglementation applicable a été effectué par les services de l’État auprès de l’opérateur concerné en vue d’une remise en conformité.
- une situation un peu plus contrastée pour les boissons présentes uniquement sur le marché ultramarin : sur les 13 références de boissons examinées par les services de la DGCCRF dans le cadre de ce volet de l’enquête, seule 1 boisson énergisante commercialisée à Mayotte se révèle non conforme. Des investigations sont encore en cours concernant 2 boissons commercialisées en Guyane, susceptibles d’être non conformes auprès des opérateurs responsables de leur mise sur le marché au regard de leur teneur en sucres comparée à la teneur la plus élevée constatée dans les denrées alimentaires de la même famille les plus distribuées dans l’Hexagone.
Il est important de rappeler qu’en 2019, un rapport de l’Institut de recherche pour le développement met en cause le manque de suivi statistique sur l’application de cette loi, et observe également que les sodas commercialisés en Guadeloupe et en Martinique, contiennent 2 grammes de sucre en plus pour 100 ml que partout ailleurs en France.
Des accusations également portées par le Canard Enchaîné dans son article daté de la même année, il s’avère bien que les industriels ne joueraient pas le jeu. L’auteur de l’article écrit que » Certaines marques ne jouent pas le jeu et continuent à proposer des produits en teneurs de sucre différenciées. » Il semblerait que dans un rapport, les chercheurs de l’Institut de Recherches et de Développement ( IRD) mandatés par la Direction Générale de la Santé, aurait fait constater que les sodas vendus et consommés en Guadeloupe et à la Martinique avaient en moyenne 2 grammes de sucre en plus par 100 ml que ceux vendus dans l’Hexagone. Les scientifiques notent que la plupart des yaourts ( comme les sodas) restent plus chargés en sucres que ceux consommés en France Hexagonales. Le problème, est que dans les territoires ultramarins, les boissons sucrées comme les sodas sont très prisées des habitants-locaux. Comme le rappel, le Canard Enchaîné, on consomme 57% plus de boissons sucrées en Guadeloupe que dans l’Hexagone. De plus, 11% des Guadeloupéens, à peu près chiffres équivalents pour la Martinique et 14% des Réunionnais sont diabétiques. Soit une prévalence à la maladie deux à trois fois plus forte que dans l’Hexagone. Sans oublier qu’aux Antilles-Françaises ( Guadeloupe, Martinique), les taux d’obésité sont estimés à 27,8% contre 14,5% de la population hexagonale.
C’est d’ailleurs, au cours de la pandémie de coronavirus que les populations ultramarines ont été les plus vulnérables. Une période noire qui aura vu le nombre de décès doublé. Près de 1000 décès au plus fort de la pandémie. Des personnes qui ont certes attrapé la covid-19 mais qui pour une grande majorité présentait des comorbidités comme l’obésité, l’hypertension, le diabète et des problèmes de cholestérol.
Toutes ces questions sanitaires doivent être réglées tant au niveau national avec des lois protégeant vraiment les citoyens de ces territoires qu’au niveau local avec des politiques de prévention sous la forme de colloques santé, de spots publicitaires, de journées de sensibilisation. D’autre part, afin de mieux lutter contre ces problèmes sanitaires doit également passer par l’assiette et plus précisément des actions de promotion de la production agricole locale et transformée. Un meilleur accompagnement des consommateurs dans leur retour vers une amélioration plus saine. Autre solution et non des moindres, la baisse des couts de l’alimentation.