2024 a touché à sa fin et l’heure est au constat. La situation des femmes en France n’est toujours pas reluisante car elles sont les plus touchées par les violences conjugales et intrafamiliales. En France en 2023, les services de sécurité ont enregistré 271 000 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2022, proche du taux d’évolution annuel moyen constaté depuis 2019 (soit 13 %). 85% d’entre elles sont des femmes. Dans les territoires d’Outremer, la situation n’est pas en reste puisque les femmes sont elles-aussi les premières victimes de ces violences en cellule familiale.
L’année 2024 a tiré sa révérence pour laisser place à une année 2025 pleine d’espoir mais aussi de désillusion. Une année qui a été marquée par des événements marquants à l’image des Jeux Olympiques de Paris qui ont suscité la joie nationale et planétaire. 2024 a aussi été une année de tragédies climatiques ou de violences avec le poursuite de la situation de guerre dans laquelle nous sommes plongés depuis un an à Gaza et bientôt trois ans en Ukraine. Sans compter l’instabilité politique nationale depuis que le président a décidé de dissoudre l’Assemblée Nationale suite aux Elections Européennes, engendrant une victoire de la gauche unifiée au sein du NFP ( Nouveau Front Populaire) au soir du 6 juillet 2024. Une victoire volée par ce même Président refusant encore d’admettre ses échecs politiques, donnant pour résultat une situation politique inédite avec des gouvernements temporaires, à l’image de celui de Michel Barnier qui n’a été Premier ministre que trois mois.
Fort heureusement, malgré une situation délétère nationale comme internationale, les Français peuvent se raccrocher à leur famille comme socle. Il faut dire que lorsque nous rencontrons quelqu’un, nous sommes submergés par toute cette vague d’émotions. Puis, vient l’affection pour déboucher par des sentiments incontrôlés. Cette petite boule au ventre que l’on a lorsque l’on pense à l’autre ou l’envie de tout le temps vouloir voir la personne ou d’être en sa compagnie. Si la relation se passe bien, nous franchissons le pas des fiançailles et du mariage. Une cérémonie digne des contes de Grimm. Du moins, ceci est la version la plus romantique d’une relation entre personnes.
Toutefois, l’année se termine sur une note négative à l’égard des femmes. En effet, leur situation en France n’est toujours pas reluisante car, elles sont les plus touchées par les violences conjugales et intrafamiliales. Evidemment, toutes les relations ne finissent pas dans le drame, et heureusement, mais il existe l’autre version de l’histoire d’amour. Une beaucoup moins romantique. Le genre de relation toxique faite de brimades, d’insultes et très souvent de coups violents. Nombreuses sont celles et ceux ( car oui, il y a des hommes qui subissent en silence), qui vivent une autre réalité de l’amour. Ils doivent vivre au quotidien avec un conjoint qui les humilie verbalement, ou qui use de techniques de manipulation pour maintenir leur proie en captivité. Quand elles ne sont pas physiques, ces violences sont également psychologiques, sexuelles où les rapports intimes deviennent de véritables supplices et le consentement de l’un ou l’autre est à questionner, elles sont aussi économiques. La violence économique est souvent ignorée car elle est tout simplement méconnue mais de façon générale.
Selon Les Glorieuses :
Les violences économiques conjugales se définissent par un contrôle, un appauvrissement ou un manque à gagner qui peuvent aller jusqu’à la dépossession totale des moyens d’autonomie financière des femmes, indique la newsletter.
D’ailleurs à ce sujet, l’association féministe estime dans son étude IPOP sur les violences économiques, que 4 femmes sur 10 sont victimes de violence économique soit 40% des femmes Françaises ( de l’Hexagone) vivent ce genre de situation. De plus, dans son étude, Les Glorieuses évaluent à 27% des femmes avec un conjoint qui gagne beaucoup plus qu’elles ont déjà été victimes d’au moins une violence économique de la part de leur partenaire actuel, contre 14% des femmes aux revenus équivalents à leur conjoint. Près d’une femme sur 4 est victime de violences économiques de la part de son partenaire actuel. Selon le sondage IFOP pour Les Glorieuses, 23% des femmes sont victimes de violences économiques de la part de leur partenaire actuel. Une femme sur 3 ayant été victime de violences économiques a subi par la suite une autre forme de violences conjugales. 16% des femmes ont eu un (e)conjoint(e) qui a déjà contrôlé ou capté une part de leur finance. D’autre part, Plus de deux femmes sur trois ayant été victimes de violence économique ont subi en même temps une autre forme de violences conjugales, soit 69% des femmes. 33% des femmes ont eu un (e) conjoint(e) qui a déjà contrôlé leurs dépenses ou les a lésées dans leur train de vie ou sur le plan financier. Là aussi, les chiffres parlent d’eux-mêmes, 12% des femmes ont été pénalisées ou lésées par un conjoint dans leur parcours ou activité professionnel(lle). Être en couple ne signifie pas pour autant accepter de payer les dettes du conjoint. Pourtant, toujours selon le sondage IFOP, 17%des femmes ont eu un (e) conjoint(e) qui a aggravé leur endettement, rogné leurs économies ou dégradé leur capacité d’épargne. Au total, 19% des femmes ont eu un(e) conjoint(e) qui a lésé leur capital, leurs droits matrimoniaux ou les revenus et économies de leurs enfants. L’enquête de Les Glorieuses est claire, 99% des femmes victimes de l’une ou plusieurs formes de violences économiques conjugales ont subi aussi d’autres formes de violences conjugales (verbales, physiques, psychologiques), la majeure partie du temps en même temps.
Bien entendu, cette étude n’a pas pris en compte les territoires ultramarins mais on peut imaginer, en rapport à la situation économique locale, propre à chaque région d’Outremer que, ces violences sont beaucoup plus fréquentes en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à La Réunion, à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie.
Au regard de la question des féminicides, à l’heure où sortira l’article, l’association Nous Toutes dénombre 128 féminicides à la date du 06 décembre 2024 et soixante-treize enfants sont devenus orphelins suite à ces actes contre leurs mères. Tandis que le Collectif Féminicides recense 91 féminicides par conjoint ou un ex-mari au 24 décembre 2024 ( Statistiques complètes ). Une nette progression par rapport à l’année précédente (2023) au cours de laquelle les services de sécurités ont enregistré en 115 homicides et 437 tentatives d’homicide.
Selon les données enregistrées par les services de sécurité ( police nationale, gendarmerie), en France en 2023, 271 000 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire ont eu lieu, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2022, proche du taux d’évolution annuel moyen constaté depuis 2019 (soit 13 %). 85% des victimes sont les femmes. Cette hausse est plus modérée que celle observée en 2022 (+15 %), et 2 fois moins importante que celle de 2021 (+20 %), qui faisait cependant suite à l’année 2020, perturbée par les périodes de confinement. Sur l’ensemble du territoire en 2023, les services de sécurité ont enregistré 4 victimes de violences conjugales pour 1 000 habitants. Des chiffres véritablement inquiétants surtout lorsque l’on sait que l’Etat a érigé les violences conjugales en cheval de bataille, au point de changer certaines législations en matière de lutte contre les violences conjugales qui ont conduit à étendre peu à peu le champ des atteintes pour lesquelles le caractère conjugal de l’infraction constituait une circonstance aggravante.
Sur une période allant de 2016 à 2023, on constate une nette progression des violences conjugales dû mais comme le soulignent les services de sécurité, à une libération de la parole grâce à une politique de sensibilisation initiée par le Gouvernement. Entre 2016 et 2018, on recensait + de 100 000 victimes connues sur l’ensemble du territoire national alors qu’à partir de l’année 2018, le nombre de victimes n’a fait que croître passant à + 150 000 en 2019 à un peu plus de 170 000 en 2020, pour dépasser les 200 000 cas en 2021, alors qu’en 2022, ce chiffre frôlait les 250 000 en 2023. Ainsi, la part des victimes ayant porté plainte pour des faits antérieurs à leur année d’enregistrement est passée de 19% en 2016 à 29% en 2022, les chiffres sont restés stables en 2023. Cependant, le nombre de ces victimes a augmenté de 14% en 2023 comme en 2022.
Pour la même année ( 2023), les violences physiques et administration de substances nuisibles ont elles aussi progressé passant de 160 782 cas en 2022 à 173 308 en 2023. Les violences sexuelles ont elles aussi augmenté, en 2022 , les forces de l’ordre enregistraient 10 629 victimes alors qu’à la fin d’année 2023, 12 107 étaient comptabilisées. Le constat est le même en ce qui concerne les violences verbales ou psychologiques avec 75 222 victimes étaient connues en 2022, ce chiffre est en augmentation pour l’année 2023 avec 85 296 personnes victimes. Ces violences verbales ou psychologiques comprennent notamment les harcèlements moraux et les appels téléphoniques ou messages malveillants, les menaces par téléphones, l’atteinte à l’intimité de la personne ou à la vie privée qui sont aussi en augmentation pour l’année 2023. Dans la majorité des cas de violences ( sexuelles, physiques, morales ou psychologiques) ce sont les femmes qui sont les premières visées par ces comportements malveillants. Ainsi, 75% des victimes d’actes de violences physiques entrainant ou visant à entraîner la mort sont des femmes, 84% des personnes ayant subi des violences physiques et administration de substances chimiques sont aussi des femmes. 97% des victimes de violences sexuelles sont là encore des femmes et 86% des personnes se déclarant victimes de violences psychologiques et verbales sont des femmes.
Toutefois, les services de sécurité estiment que les femmes entre 20 et 45 ans sont les concernées par ces actes violents. La plupart des victimes ont entre 20 et 45 ans (74 %), la tranche d’âge la plus concernée étant celle des 30-34 ans qui concentre 17 % des victimes. Les victimes enregistrées ont rarement moins de 20 ans ou plus de 60 ans (respectivement 6 % et 4 % des victimes). Les victimes de violences sexuelles sont plus jeunes car la moitié a moins de 30 ans, contre 35 % des victimes de violences physiques et 30 % des victimes de violences verbales ou psychologiques. Les victimes entre 60 et 75+ sont-elles vraiment aussi peu nombreuses ? La question peut être posée car ces femmes issues d’autres générations où les tabous persistent, peuvent vivre en silence les violences qu’elles subissent depuis de nombreuses années auprès de leurs époux ou conjoints.
Selon les données des Services de sécurité ( gendarmeries comme police), une personne a plus de chance de subir des violences dans une zone urbaine peuplée ou dans les Départements/Régions d’Outre-mer qu’en zone urbaine rurale. Les conditions sociales et géographiques auraient donc un impact dans le sort des femmes victimes. En 2023, dans les communes rurales, on dénombre 7,5 victimes de violences conjugales pour 1 000 habitantes de 15 à 64 ans et pour la même année, sur l’ensemble du territoire, 10,6 femmes de 15 à 64 ans pour 1 000 habitantes de la même tranche d’âge ont été enregistrées par la police ou la gendarmerie comme victimes de violences conjugales. Ainsi, il
augmente avec la taille des communes pour atteindreun maximum de 13,4 ‰ dans les unités urbaines de 50 000 à 100 000 habitants. Dans les très grandes villes et dans l’unité urbaine de Paris.
La Réunion et les Outremers des territoires de violences conjugales :
Sans commune mesure, les Outremers sont des zones où les femmes sont parmi les plus exposées aux violences selon les données nationales. L’île de La Réunion figure même au deuxième rang des régions avec le plus de violences faites aux femmes. Avec 14,6 victimes pour 1 000 habitantes, l’île de l’Océan Indien vient juste après le Pas-de-Calais ( 15,6 victimes pour 1000 habs) suivie par le Nord (14,5 ‰) et la Seine-Saint-Denis (13,6 ‰). Attention, elle n’est pas la seule à figurer dans le classement puisque la Guyane (13,1 victimes pour 1 000 habitants), la Guadeloupe ( 12‰) et la Martinique (12,08‰) y sont. . À noter qu’à Mayotte, le taux de victimes enregistrées est le plus bas pour les Outre-mer, avec 6,7 mais aussi à l’échelle nationale.
Pour l’année 2023, les services de police et de gendarmerie ont évalué à 271 000 le nombre de personnes autrices d’actes de violence. 68 % pour des violences physiques, 4 % pour des violences sexuelles et 28 % pour un autre type de violences conjugales. Alors que les femmes sont les principales victimes, les hommes de nationalité française sont en général les principaux auteurs. 86% sont de sexe masculin et ils sont jeunes. Ils ont entre 20 et 45 ans. En France en 2023, 16,7 % des victimes enregistrées et 16,9 % des mis en cause pour violences conjugales élucidées ont entre 30 et 34 ans. Les hommes âgés sont-ils moins coupables ou ils bénéficient de la loi du silence de leurs épouses, enfants ou petits-enfants ? Au regard de la récente affaire Pélicot ou plus loin, l’affaire Jacqueline Sauvage du nom de cette femme qui a tué son mari violent en 2012 avant d’être graciée en 2016 par l’ancien président François Hollande, on est en droit de se le demander. En Outremer, territoires d’apparence et du » que dira t-on « , comme leurs compatriotes, les femmes âgées gardent elles aussi le silence sur ce qu’elles subissent.
Point positif à toute cette étude est le fait que de plus en plus de femmes ou de victimes portent plainte grâce à une meilleure sensibilisation de la société au phénomène des violences conjugales, un contexte de libération de la parole et l’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de sécurité. C’est donc la raison pour laquelle que depuis 2016, les données augmentent car désormais nous parvenons de mieux en mieux à poser des chiffres sur ces violences à huit clos mais il reste encore à faire quand nous savons que seule 14% des victimes ont porté plainte auprès des services de sécurité pour les faits qu’elles ont subis entre 2022 et 2023, on peut donc penser qu’il y a beaucoup qui souffrent en silence.