Minoritaire au Parlement, fragilisé par le retrait de son allié de gauche et le mécontentement croissant au sein de son propre parti, regné par la population depuis la gestion autoritaire de la crise Covid-19, Justin Trudeau se retire après presque dix ans à la tête du gouvernement du Canada. Toutefois, il restera au pouvoir jusqu’à ce que son parti lui désigne un successeur.
C’est une page d’histoire qui se tourne pour le Canada, après dix années passées à la tête du Canada, Justin Trudeau, fils de l’ancien premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau, démissionne.
Impopulaire auprès des canadiens depuis sa gestion autoritaire de la Crise Covid-19, sous pression de son propre camp où là aussi sa popularité était au plus bas, lâché en septembre par son principal allié de gauche il a pris cette décision à moins de dix mois des prochaines élections législatives qui se tiendront en octobre alors que le premier ministre démissionnaire avait manifesté son intention de se représenter. Toutefois, il restera au pouvoir jusqu’à ce que son parti lui désigne un successeur.
L’annonce a été faite face à la presse ce lundi où le futur ex dirigeant a déclaré que «malgré tous les efforts, le Parlement est paralysé depuis des mois […] c’est pourquoi j’ai l’intention de démissionner du poste de chef du parti et de premier ministre une fois que le parti aura trouvé un remplaçant.. Pendant les fêtes, j’ai eu le temps de réfléchir avec ma famille. Tout le succès de ma carrière est dû à leur soutien», Je me suis toujours soucié des Canadiens et Le pays mérite un choix clair et réel», a-t-il affirmé avec détermination.
Critiqué dans son propre camp :
Cela fait plusieurs mois qu’une grave crise secoue le Parti libéral au pouvoir qui enchaîne les revers politiques. Depuis l’été dernier, neuf ministres ont quitté le gouvernement ou ont annoncé ne pas vouloir se présenter aux prochaines élections fédérales. Le premier ministre a notamment perdu le soutien de son principal allié de gauche, Jagmeet Singh, mettant fin à une alliance conclue il y a trois ans.
Autre coup dur, la vice-Première ministre, Chrystia Freeland, avait annoncé sa démission du gouvernement en décembre, sur fond de désaccord avec lui sur la manière de gérer la guerre économique qui se profile avec les Etats-Unis de Donald Trump.En effet, le président américain élu, Donald Trump, a en effet promis d’imposer des droits de douane de 25% au Canada et au Mexique dès son retour au pouvoir en janvier. ( nous y viendrons par la suite).
Dans la foulée, plusieurs députés libéraux avaient plaidé pour le départ du dirigeant canadien. Il est également jugé responsable de l’inflation qui frappe le pays, elle avoisine les 2% depuis plusieurs mois –, tout comme de la crise du logement et des services publics.
Conséquence, le gouvernement de Justin Trudeau a survécu de justesse à une série de votes de défiance initiée par l’opposition conservatrice qui gagne en popularité dans les sondages. En parallèle, les détracteurs du chef d’État demandaient depuis plusieurs semaines sa démission. Le parti doit se réunir mercredi pour une grande réunion.
Risque de crise économique avec les États-Unis
À peine élu, Donald Trump a menacé Ottawa de rétorsions économiques, la principale étant cette hausse de tarifs douaniers de 25 %. L’accord entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM – ex-Aléna) devra être renégocié en 2026, voire cette année. Chrystia Freeland en avait été la négociatrice canadienne en 2017, avec succès. Face aux menaces d’une guerre tarifaire, l’ancienne vice-première ministre avait alerté sur la nécessité de préserver la capacité budgétaire du Canada. Pendant ce temps, Justin Trudeau multipliait les cadeaux fiscaux pour plaire aux électeurs. Le premier ministre s’était toutefois rendu en Floride en novembre pour rencontrer Donald Trump dans sa propriété de Mar-a-Lago afin d’éviter une guerre commerciale.
Mais depuis, Donald Trump, qui prendra ses fonctions de président le 20 janvier, a porté des coups humiliants à Justin Trudeau sur les réseaux sociaux, l’appelant à plusieurs reprises «gouverneur» du Canada. Le futur homme fort des États-Unis ne cesse de parler du Canada comme du 51e État des États-Unis. «De nombreux Canadiens souhaitent que le Canada devienne le 51e État. Ils économiseraient énormément d’impôts et de protection militaire. Je pense que c’est une excellente idée», avait-il par exemple tweeté.
Une popularité en baisse
Longtemps plébiscité pour le charme de sa jeunesse, celui qui est surnommé «Kid Kodak» pour son éternel sourire de bon élève a vu sa cote de popularité s’effondrer. Justin Trudeau est perçu par la population comme responsable de la forte inflation qui frappe le pays tout comme la crise du logement et des services publics. La place de favori dans le cœur des Canadiens est désormais occupée par Pierre Poilièvre, le chef du parti conservateur présenté comme le Donald Trump canadien, qui agrège 45% des intentions de vote lors des prochaines législatives, contre 25% pour Justin Trudeau.
Fort de son nouveau statut, le rival du premier ministre l’a ouvertement critiqué le jugeant incapable de faire face à la hausse du coût de la vie, à la crise du logement et à la criminalité, alors que la dette nationale a doublé. C’est ce même adversaire politique qui est à l’origine de la motion qui a failli faire tomber le gouvernement de Justin Trudeau.
Pour tenter d’enrayer sa dégringolade, le premier ministre était même revenu en octobre dernier sur l’un de ses engagements phares : l’immigration. Celui qui promettait d’accueillir 500.000 immigrés par an, a finalement revu les quotas à la baisse, tablant plutôt sur 395.000 nouveaux arrivants en 2025, puis 380.000 l’année suivante et 365.000 en 2027. Ce rétropédalage s’expliquait par la publication d’un sondage révélant que 60% des Canadiens estimaient qu’il y avait trop d’immigration.
Ce coup de frein dans sa politique migratoire n’a cependant pas suffi à faire gagner des points de popularité, le forçant à n’envisager qu’une solution : la démission.