GBH : trois lettres pour désigner un véritable empire commercial de la distribution.
L’oligopole fondé par Bernard Hayot est très souvent accusé d’être l’une des principales causes de la vie chère en Martinique et dans l’ensemble des Outre-mer. Entre des marges exorbitantes sur les produits, un manque de concurrence avéré et une mainmise sur les économies ultramarines via son lobby Eurodom, GBH suscite régulièrement des critiques. Dernièrement, des voix anonymes s’élèvent pour dénoncer des pratiques illégales lors des entretiens d’embauche, qui se transformeraient en véritables interrogatoires. Des agissements qui, s’ils sont avérés, seraient évidemment contraires à la loi.
« Un grand groupe joue un rôle d’étouffement de l’économie, avec l’opacité entourant les prix et les marges réelles, ce qui soulève des questions sur l’équité des pratiques commerciales en Martinique et ailleurs », a déclaré le nouveau ministre des Outre-mer et ancien Premier ministre Manuel Valls. Par ces mots, il désignait le groupe économique que tout le monde connaît, craint, mais dont personne ne peut se passer.
Son nom : GBH, pour Groupe Bernard Hayot, du nom de son fondateur, un homme d’affaires comme il en existe partout dans le monde. Sauf que, du haut de ses 90 ans, Bernard Hayot est le roi de la distribution, aussi bien en Martinique que dans les autres territoires ultramarins français. Certains diront qu’il a su travailler pour bâtir cet empire qui vacille parfois, mais ne tombe jamais. Cependant, Bernard Hayot est un Béké (blanc créole descendant des colons esclavagistes), membre de la grande famille Hayot. Rappelez-vous : dans une interview datant du début des années 1960, son grand-père avait tenu des propos ouvertement racistes et infantilisants à l’égard de la population afrodescendante, pourtant majoritaire en Martinique.
C’était une autre époque, mais le Martiniquais, devenu richissime après avoir commencé dans la vente de poulets, continue de cristalliser la colère des Martiniquais, tout comme celle des Guadeloupéens, et ce, depuis des décennies. À chaque mouvement social, il est pointé du doigt, comme en 2009, ou plus récemment lors des graves tensions qui ont secoué son île natale entre septembre et novembre 2024. Ces événements ont donné lieu à des pillages, des incendies de magasins, des affrontements avec les forces de l’ordre, ainsi qu’à l’arrestation et la mise en détention de Rodrigue Pétitot, leader du RPPRAC. En six décennies, il a transformé son entreprise en un leader incontournable, au point de faire partie d’un cercle restreint de grands groupes exerçant une mainmise sur le secteur économique dans les Outre-mer.
Alors que nous sommes habitués à voir des milliardaires arrogants et flamboyants parader dans les médias, Bernard Hayot se démarque complètement. Il n’incarne pas l’archétype du milliardaire fantasque. Au contraire, il est discret, mais indéniablement puissant. Au-delà de son conglomérat d’entreprises transnationales et de ses participations dans de grands groupes industriels français, il s’est construit un vaste réseau d’alliances. Ce réseau comprend des personnalités politiques, des journalistes, des entrepreneurs locaux, nationaux et internationaux, ainsi que des membres des différents gouvernements de la Ve République.
Point culminant de sa longue carrière d’entrepreneur : la présence de son propre lobby, EURODOM, au sein de l’Union européenne. Son pouvoir est tel que peu de médias locaux osent s’aventurer à parler de lui. Ceux qui le font sont généralement des médias nationaux basés à Paris, eux-mêmes appartenant à des milliardaires tout aussi influents.

Le dernier article en date, publié par notre confrère de Libération, a fait grand bruit en ce début de ce beau mois de janvier 2025. Cet article, particulièrement intéressant, s’appuie sur des documents internes de la multinationale, transmis par l’un de ses anciens employés. On y découvre des marges exorbitantes sur les produits distribués par ses différentes filiales, un manque flagrant de concurrence, ainsi qu’une mainmise sur les économies ultramarines.
Vous l’aurez compris, sa discrétion est mise à mal depuis plusieurs mois. Les critiques sont vives et nombreuses, et les médias commencent à s’intéresser de plus près à la fortune de l’entrepreneur martiniquais. Depuis novembre, nous savons également que le patron de GBH est assigné devant le tribunal mixte de commerce de Fort-de-France afin que le groupe publie ses comptes annuels, comme l’exige la loi. Jusqu’à présent, l’entreprise s’y refusait, préférant s’acquitter d’une amende allant de 1 500 à 3 000 euros en cas de récidive. Une somme dérisoire comparée à un chiffre d’affaires estimé à 4,5 milliards d’euros.
Pourquoi un tel silence ? Tout simplement : le secret des affaires. Toutefois, sans doute sous la pression médiatique, le groupe GBH a fini par publier une partie de ses comptes après six ans de résistance.
Dans une récente interview accordée au média local RCI Martinique, Stéphane Hayot, héritier de l’empire familial, a défendu l’œuvre bâtie par son père et nié toute accusation selon laquelle le groupe jouerait un rôle d’étouffement dans l’économie martiniquaise ou ultramarine. Il a déclaré :
Nous n’avons aucun rôle d’étouffement, notre rôle au contraire, c’est d’être efficace et de répondre aux attentes des clients, aux attentes des consommateurs. Si vous n’êtes pas au rendez-vous de ces attentes, si vous n’êtes pas efficace sur les prix, vous êtes mort, a-t-il finalement défendu.
Selon lui, l’entreprise est loin d’exercer une hégémonie, contrairement à ce que prétendent ses détracteurs. Quant à l’absence de publication des chiffres pendant six ans, il l’explique par l’étroitesse du marché et la forte concurrence qui existerait, tant en Martinique que dans le reste des Outre-mer.
La raison pour laquelle nous ne l’avions pas fait plus tôt, c’est que nous avons fait comme à peu près 80% des entreprises d’outre-mer, nous sommes sur de petits marchés très concurrentiels. Alors que, bien entendu nous déposons nos comptes à l’administration depuis toujours et à tous les services d’enquête chaque fois qu’il y en a eu, et à chaque fois que ça nous a été demandé, nous avons toujours cherché à essayer de ne pas donner trop d’informations à nos concurrents
Cette fois, le groupe martiniquais fait à nouveau parler de lui sur la toile. Des voix anonymes s’élèvent pour dénoncer des pratiques illégales lors des entretiens d’embauche, qui se transformeraient en véritables interrogatoires. Des agissements qui, bien entendu, sont contraires à la loi. Ces témoignages édifiants relayés par la page instagram engagée Las Manti :
Tous évoquent des rendez-vous qui se tiennent, comme dans de nombreuses entreprises professionnelles en France. Toutefois, à la différence des entreprises nationales, il ne s’agit pas d’une seule étape de recrutement, mais de plusieurs, dont la dernière est la plus importante. Elle est dirigée par un certain M. Guintrand, fondateur du cabinet parisien éponyme : Guintrand Consultants – Conseil en ressources humaines Outre-mer. L’homme se considère comme le profiler du groupe GBH, et ses questions vont bien au-delà de l’aspect professionnel. Elles sont clairement très personnelles.
M. Guintrand se présente, évoque ses liens étroits avec la Martinique grâce à sa femme, originaire de l’île (elle serait membre de la communauté Béké), puis, au lieu de s’intéresser à la motivation ou aux compétences du candidat ou de la candidate, il aborde sa vie privée. Il veut notamment savoir si la personne est mariée, en couple ou célibataire, et si elle a un ou plusieurs enfants. Ces questions sont illégales.


Quand elles ne portent pas sur la vie personnelle du candidat, le recruteur pose des questions sur l’opinion politique de l’interviewé(e) ainsi que celle de ses proches, notamment ses parents. Bien entendu, cela est illégal au regard de la législation dans le cadre d’un entretien professionnel.


Lors d’autres entretiens, ce Monsieur Guintrand pose des questions sur la famille du prétendant au poste, notamment les noms et prénoms des parents, voire même des grands-parents. Question encore plus indiscrète : la raison de la couleur de peau très claire de celui ou celle qui postule pour GBH. Lorsque les réponses ne lui conviennent pas, le candidat est tout simplement recalé, au profit de personnes originaires de l’Hexagone, sans aucun lien familial ou géographique avec les Antilles françaises. Évidemment, cela est tout à fait illégal au regard du Code du travail.



Que dit la Loi relative à l’entretien d’embauche ?
Si ces nombreux témoignages anonymes s’avèrent vrais, il y a des illégalités dans la manière dont ces entretiens sont menés. Bien que l’employeur souhaitant recruter du nouveau personnel puisse organiser une procédure de recrutement selon les modalités de son choix (entretiens collectifs ou individuels, tests, recours à un cabinet de recrutement), il existe cependant des règles à respecter, car la loi encadre strictement cette étape du processus. Connaître les droits et les devoirs de chaque partie peut alors s’avérer très utile pour le candidat !
L’article relatif à l’entretien d’embauche : Article L1221-6 du Code du Travail est clair et spécifie que :
Les informations demandées, sous quelque forme que ce soit, au candidat à un emploi ne peuvent avoir comme finalité que d’apprécier sa capacité à occuper l’emploi proposé ou ses aptitudes professionnelles. Ces informations doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l’emploi proposé ou avec l’évaluation des aptitudes professionnelles. Le candidat est tenu de répondre de bonne foi à ces demandes d’informations.
D’autre part, l’offre d’emploi doit répondre à des caractéristiques précises et doit respecter certaines obligations légales :
• être rédigée en langue française
• ne pas comporter de mentions discriminatoires
• ne pas induire le candidat en erreur.
Le recruteur doit rester professionnel, et ses questions ne doivent porter que sur les expériences, les compétences, les missions antérieures et les prétentions salariales. Les questions non liées aux capacités professionnelles ou à l’emploi proposé, telles que celles sur les origines, l’adresse, la situation maritale, le physique, la santé ou la religion, sont interdites. Ces questions sur l’origine d’un candidat lors d’un entretien d’embauche sont illégales, que ce soit sur sa couleur de peau, la sonorité de son nom ou un éventuel accent, même si la conversation est amicale et la question est posée de manière bien intentionnée ou par simple curiosité.
De plus, l’âge du candidat ne peut être demandé, bien qu’il soit souvent mentionné sur le CV ou les profils en ligne. Des exceptions existent pour des cas spécifiques, comme les contrats aidés ou certaines professions (comédiens, métiers nécessitant des aptitudes physiques).
Qui plus est, le professionnel chargé de mener l’entretien doit éviter de poser des questions relatives aux mœurs, car cela est interdit. C’est aussi le cas pour les opinions politiques ou la religion du postulant, qui relèvent du cadre personnel et non professionnel. De même, le recruteur n’a pas à demander si le candidat est syndiqué ou s’il est en mandat d’élu.
Enfin, le recruteur a également l’obligation de respecter l’anonymat et la confidentialité des résultats de ces méthodes (article L. 1221-8 ). Plus globalement, cette obligation s’applique à toutes les informations transmises par écrit par le candidat dans les entreprises de plus de 50 salariés (article L. 1221-7 ).
Un groupe comme GBH qui emploie plusieurs centaines de salariés, même quand il fait appel à des professionnels du recrutement externes, a donc l’obligation de respecter toutes les réglementations. Aux vues des témoignages relayés, ce n’est pas le cas.
Bonjour, je confirme tout ces dires. J’ai moi même était débauché pour travailler dans le groupe.
Entretien d’embauche a ralonge avec des questions hors cadre. Je confirme l attitude de M Guintrand avec ses questions lunaire.
Breff une fois embauchée, le fonctionnement du groupe et les chiffres sont opaque.
Sans compter la mise en avant des collaborateurs qui entrent dans le moule GBH.
De mon côté je faisais mon travaille consciencieusement mais malheureusement je n’étais pas a flatter ma direction et surtout je parlais de Monopole…Chose a ne pas dire!!Non GBH est leader!!!LOL
TOUT CA POUR DIRE QUE JE NE SUIS PAS RESTE LONGTEMPS. M DORNES ma convoquée en remettant en questions mes chiffres sans éléments factuels pour arrivée a une rupture conventionnelle.
IMPORTANT: GBH NE PROPOSE A CES COLLABORATEURS AUCUN AVANTAGES. PAS DE 13e Mois
PAS D’AVANTAGE DANS LE RESEAU DU GROUPE
AUCUN ESPRIT CORPORATE
LAMENTABLE
Travailler chez GBH est une épreuve de tous les jours. Tout le monde passe par Mr Guintrand. Le but de toutes ces questions personnelles est d éliminer toute personne qui représente un risque social et qui pourrait un jour se mettre en travers de la politique de terreur exercée sur les salariés. Harcèlement, chantage, intimidation sont des pratiques quotidiennes lorsque l’on travaille dans ce groupe. Ils ne veulent donc embaucher que ceux qui baissent la tête et acceptent toutes sortes de choses.