Un an avec sursis pour Rodrigue Pétitot, leader du RPPRAC.

C’est un ouf de soulagement. Rodrigue Petitot, figure emblématique du mouvement contre la vie chère en Martinique mené par le RPPRAC a été condamné à un an de prison avec sursis simple. Il devra également s’acquitter d’amendes et de réparations financières envers les parties civiles, à l’issue de son procès en visioconférence.

Inconnu jusqu’à peu, hormis dans le monde la rue vu son passé, Rodrigue Pétitot est devenu un leader charismatique qui mène depuis septembre 2024, un combat frontal contre la vie chère en Martinique au sein du RPPRAC pour Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens. Le mouvement social martiniquais qui se veut apolitique et sans idéologie syndicale particulière a émergé ces dernières mois en réponse à la hausse constante du coût de la vie dans l’île et aux nombreuses injustices que subissent les Martiniquais. Décriés pour les uns, acclamés par d’autres, Le RPPRAC a réussi à mobiliser une large partie de la population martiniquaise et à mettre en lumière un problème qui touche de nombreux foyers. Les actions de ce mouvement ont contraint les pouvoirs publics et les acteurs économiques à prendre en compte leurs revendications.

Ce mouvement a particulièrement gagné en visibilité en 2024, notamment en raison des manifestations qu’il a organisées. Des événements qui ont donné lieu à des pillages, des incendies de magasins, des affrontements avec les forces de l’ordre, engendrant le retour sur l’île de la CRS-8 ainsi qu’à l’arrestation et la mise en détention à plusieurs reprises de ce dernier dont une qui a suivi son altercation très médiatisée avec l’ancien préfet de l’île dans la résidence préfectorale.

Pour celles et ceux qui ne s’en souviendraient pas, rappelez-vous, Le 11 novembre dernier, accompagné de trois autres membres du RPPRAC, il s’était introduit dans l’enceinte du domicile du préfet dans le but d’obtenir un rendez-vous avec le ministre des Outre-mer en place à cette période, François-Noël Buffet.

La séquence s’était achevée par une confrontation verbale musclée avec Jean-Christophe Bouvier, préfet de la Martinique. Dans le cadre de cette affaire, Rodrigue Petitot avait été interpellé le 12 novembre avant d’être remis en liberté dans l’attente de son procès puis d’être à nouveau incarcéré pour une autre affaire.

Par la suite la cour d’appel avait prononcé sa mise en détention pour les faits commis le 11 novembre sur la route de Didier, à la demande du parquet.

Rodrigue Petitot • ©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Le Tribunal à l’écoute du peuple :

Mercredi s’est donc tenu le procès du leader du mouvement de contestation dans une ambiance survoltée avec des militants venus en nombre soutenir leur héro, le tout sous bonne garde policière. Alors que la Procureure demandait une peine de 30 mois de prison dont 15 avec sursis et que la défense a sollicité la relaxe dans sa plaidoirie. Au final, Rodrigue Pétitot a bénéficié d’une certaine clémence puisqu’il a été condamné à un an de prison avec sursis. Cette décision, mise en délibéré à l’issue de deux jours d’audience, a été rendue lors d’une audience en visioconférence. En plus de cette peine de sursis, Rodrigue Petitot devra verser une amende de 500 euros. Il est également tenu de réparer les dommages causés à la partie civile, incluant un euro symbolique au préfet de la Martinique, Jean-Christophe Bouvier, et 500 euros à chaque policier impliqué. Il devra aussi porter un bracelet électronique. Les explications de l’un de ses avocats, Me Maya Saxemard, avocate de Rodrigue Petitot :

Pour son autre avocat, le ténor Me Germany, c’est une victoire en demi teinte :

C’est donc un ouf de soulagement pour lui mais surtout pour les Martiniquais qui le supporte dans ce combat face au puissant lobby béké ( nom donné aux descendants des colons esclavagistes de l’île), mais il est sûr que cette condamnation marque un nouveau chapitre dans le combat mené par Rodrigue Petitot et le mouvement qu’il représente. Dès sa libération, il s’est rendu au QG de l’association à Dillon, à la rencontre de ses sympathisants qui l’attendaient nombreux.

Dans son discours de libération, Rodrigue Pétitot s’est dit plus déterminé que jamais à poursuivre la lutte pour une plus grande justice sociale en Martinique mais aussi pour l’ensemble des Outremers. Les revendications du RPPRAC sont claires :

Une meilleure prise en compte des spécificités martiniquaises dans les politiques économiques et sociales. L’alignement des prix des produits de première nécessité sur ceux de la métropole. Le développement de l’agriculture locale pour réduire la dépendance aux importations et favoriser une alimentation plus saine et plus durable. Une plus grande transparence dans la fixation des prix par les grandes surfaces.

Leur lutte a le mérite d’avoir permis ( fait pression) aux parlementaires de voter un texte de loi présentée par Béatrice Bellay (PS, Martinique) vise notamment à faciliter le plafonnement par l’Etat du prix d’un panier de biens de première nécessité pour le ramener au niveau constaté en France Hexagonale mais aussi à lutter contre les monopoles et les oligopoles et à contrer la toute-puissance de la grande distribution.  Le premier texte a été adopté par 180 voix « pour » (celles de la gauche et du Rassemblement national) et une seule « contre », les élus de la droite et du centre s’étant abstenus.