Il y a dix ans, le gwoka faisait son entrée à l’Unesco. Ce patrimoine culturel local de Guadeloupe est désormais mondial. Il est terminé le temps du dénigrement, le gwoka est partout, s’écoute, se vit et se transmet aux jeunes générations. Le gwoka âme de la Guadeloupe se mélange même à d’autres styles musicaux comme lors de la cinquième édition du Gwadloup Electronik Groove qui s’est tenue au fondal Ka à Duval Petit Canal.
Le Gwoka c’est l’âme de la Guadeloupe. Cette musique vibrante est l’identité même des ces îles. Pilier de la vie sociale et culturelle, le Gwoka a fait un long chemin vers une reconnaissance pleine et entière. Cette musique née dans la douleur de l’esclavage et la colonisation, a longtemps été considérée comme une musique jouée par des personnes de bas niveau car c’était les esclaves originaire de la lointaine Afrique qui connaissaient les secrets de ces rythmes diabolisés par les colons mais qui aujourd’hui bercent des générations de Guadeloupéens.
Le Gwoka est donc à l’image de la Guadeloupe, métissé, puisqu’il est issu des différents rythmes amenés par les différents peuples qui ont été acheminés de force et vigorant car, contrairement à la pensée, la vie sous les tropiques et sur des îles était loin de la farniente que les stéréotypes véhiculés. Sept rythmes le composent :
Le KALADJA est un rythme qui peut se jouer de façon lente ou rapide mais peut aussi se jouer rapidement.
Le TUMBLAK est vif, rapide. C’est le rythme de la fête mais il fait aussi référence à l’érotisme avec des mouvements sensuels chorégraphiés.
Le GRAJ pour stimuler le travail dans les champs de canne et de manioc. C’est un rythme qui est lié au travail et au labeur.
Le LEWOZ, est un rythme de référence du Gwo ka. Il est considéré comme un rythme de combat. Il a donné son nom au rassemblement festif du samedi soir (jour de la paye) pendant lequel chacun fait apprécier son talent.
Le PADJANBEL, peut être joué de la façon « Grajanbèl » ou « Padjanbèl« . C’est un rythme en 3/4. C’est une danse de travail qui rappellent les mouvements saccadés des esclaves des plantations notamment la coupe de la canne. le Padjanbèl est également un rythme de femme qui symbolise la fierté, la libération de l’esclavage.
Le MENNDE est le rythme de la fête, celle qui laisse exploser les pensées les plus libertines, sexuelles, contraires aux bonnes mœurs. De ce fait c’est un rythme joué aux abords des lieux de vie nocturne. Il se dit que ce rythme serait à la base du ZOUK.
Le WOULE accompagnait la construction des routes en pavés de pierre. Les ouvriers concassaient les pierres à l’aide de leurs masses au rythme du WOULE. On le retrouve aussi dans les champs pendant les récoltes, c’est un rythme du travail.
Comme certains spécialistes et historiens aiment à le dire, le Gwoka est né des états d’âme d’un peuple, de ses joies, de ses peurs et c’est pour cela qu’il existe tant de rythmes différents. Chaque rythme de base est porteur de sentiments ! Lent, rapide, langoureux, frénétique, festif, charmeur, envoûtant chaque rythme accompagnait l’esclave dans sa vie.
Malgré les nombreuses critiques qui avaient cours contre le genre ( musical), il y a dix ans, le gwoka faisait son entrée à l’Unesco. Ce patrimoine culturel local de Guadeloupe est désormais mondial. Il est terminé le temps du dénigrement, le gwoka est partout, s’écoute, se vit et se transmet aux jeunes générations. Le gwoka âme de la Guadeloupe se mélange même à d’autres styles musicaux comme lors de la cinquième édition du Gwadloup Electronik Groove qui s’est tenue au fondal Ka à Duval Petit Canal.
Le Gwadloup Electronik Groove quand le gwoka rencontre l’électro :
Les fondatrices de ce jeune événement ont été claires, lors de sa présentation : » Le fondement de notre initiative est la réunion de musiciens et de DJs professionnels, dont le point commun est de maîtriser parfaitement l’expression musicale qui leur est propre, tout en étant réceptifs à une forme d’ouverture créative qui puisse ensuite être concrétisée face au public dans le cadre de la soirée festive en plein air. »
« La dimension « publics » a toujours été au cœur de ce projet : en effet, nous comptons offrir à la population locale un accès aux musiques électroniques en lui proposant un processus de création musicale qui soit à la fois ouvert sur l’extérieur et centré sur la Caraïbe. C’est à travers des apports culturels d’origines diverses qui se rencontrent et s’entremêlent que nous pensons être en mesure de mettre en place une dynamique créative et novatrice. Notre projet est aujourd’hui élargi à une association plus ouverte de la tradition et de la modernité au-delà de la Guadeloupe, au niveau des DFA, de la Caraïbe, voire de la Réunion, tout en restant toujours résolument situé dans une perspective internationale. Mais le concept de base reste le même : permette qu’une alchimie soit possible entre les sons, les rythmes et le groove liés à la musique électronique et ceux issus des musiques traditionnelles, qui restent le vecteur culturel fondamental. »
Une cinquième édition qui s’est déroulée comme nous le disions sur le site de Duval Petit Canal. Lieu emblématique pour la mise en valeur de la culture gwo ka et pour la défense du patrimoine culturel guadeloupéen. Par ailleurs, cette nouvelle édition s’est faite dans un contexte historique puisque la manifestation s’est voulue être un hommage au Xème anniversaire de l’inscription du gwo ka au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Un programme survolté face à un public toujours nombreux et enjoué par les rythmes groove et ka. Une belle programme avec Frédéric Caracas et Erick Cosaque, Yvon Anzala, le DJ haïtien international Gardy Girault, qui a développé la « Raratech », Boris Adelaïde, artiste à la renommée internationale, porte-parole de l’électro-bèlè de Martinique, le DJ électro-percussionniste Wakanda ETNi avec son style « afromazonian ». Il y avait également la DJ Queen Ci productrice originaire de la Martinique, le collectif House An Nou, trio de musiciens et
danseurs composé de Ricky Soul, DJ musicien et danseur de house d’origine guadeloupéenne accompagné de Julie Rs, danseuse et de Laurent Succab, tambouyé guadeloupéen. Pour compléter cette programmation, le public guadeloupéen a eu l’occasion de (re)découvrir au niveau local l’association de la DJ Cendryn avec Anzala et son fils ainsi que le duo constitué par DJ Wiking et le tambouyé Joël Jean.
Photos à découvrir ici :
Bon reportage. Bien illustrer