Meryl, Kalash et Kima , trois artistes de la Martinique nominés pour la cérémonie des Flammes 2024.

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L’année dernière, les principaux acteurs de l’industrie de la musique urbaine française ont créé la surprise en initiant leur propre cérémonie de récompenses. Lassés d’être boudés par les gros de l’industrie musicale nationale qui a longtemps les ignorés, malgré l’amour grandissant qu’a le public pour le genre musical Rap.

Disons-le, entre le rap et la France, il y a comme une histoire d’amour tapageuse. Depuis plus de trente ans, le style musical venus tout droit de New York a séduit les français. Aujourd’hui, la France est un réservoir de talents et il y a de vraies pépites. Cependant, l’ancienne génération de rappeurs comme ceux issus de la nouvelle, vous diront tous que le rap est pourtant boudé des cérémonies musicales nationales qui préfèrent récompenser des artistes plus  » écoutables  » provenant de la scène variété ou électro. Un manque de reconnaissance pour des artistes vendeurs en plusieurs dizaines voire des centaines de milliers d’albums ou qui font des millions de streams à chaque sortie d’album ou de single sur les plateformes d’écoute ou de téléchargement.

D’ailleurs, le développement d’internet et des moteurs de recherche dans les années 1990 a favorisé le développement de nouveaux moyens de communication et de consommation. Parmi eux, on a vu, l’émergence au début des années 2000 de sites comme Napster, Youtube ou encore Dailymotion permettant l’écoute en ligne de musiques ou de vidéos clips, tous genres confondus. Par la suite, au sortir de la décennie 2010, nous avons constaté le déploiement d’applications comme le français Deezer, Spotify, et les américains Apple Music, Youtube Music, Tidal, Amazon Music etc. Face à l’accroissement de ce nouveaux moyens d’écoute musicaux, beaucoup voyaient cette nouvelle façon de consommer la musique comme un véritable danger pour l’industrie musicale. Certains, pessimistes prédisaient même un avenir ombrageux pour la musique.

Beaucoup voyaient cette nouvelle façon de consommer la musique comme un véritable danger pour l’industrie musicale. Certains, pessimistes prédisaient même un avenir ombrageux pour la musique.

Ainsi, le développement de ces nouveaux moyens de communication et d’écoute a favorisé l’essor d’artistes longtemps restés à l’écart du business. Disons-le clairement, nul ne peut ignorer un marché aussi porteur que le rap. Selon la SACEM,  » en 2021, le rap et les autres musiques urbaines (R&B, trap, drill etc) dominent de manière écrasante le paysage phonographique français. La France est devenue le deuxième marché mondial du rap après les États-Unis, sa terre de naissance dans la deuxième moitié des années 70, avec une scène locale qui renverse tout sur son passage.

Au cours de cette enquête menée par Red Bull, Tsugi et l’agence de production de concerts Super ! en partenariat avec la Sacem, il est avéré que 78% des 14-24 ans interrogés pour cette enquête écoutent des musiques urbaines made in France. De plus, les tops 10 des titres de Deezer et de YouTube étaient en 2020 exclusivement constitués de morceaux “rap” à l’instar du top 25 d’Apple Music et du Top 5 de Spotify. En outre, entre 2009 et 2019, le nombre de sociétaires dans le top 1000 de la Sacem issus de l’urbain a été multiplié par 3, quand les montants répartis au titre de ce même répertoire, toujours dans le top 1000, ont été multipliés par six.

Malgré les chiffres, le rap français a toujours du mal à se frayer une place dans les cérémonies nationales, sans doute du fait de sa connotation urbaine et son ancrage avec les banlieues, zones considérées comme des lieux de non-droit avec une population immigrée.

Malgré ce gentil  » boycott » de la part des cérémonies de récompenses françaises comme les NRJ Music Awards ou les Victoires de la Musique., les rappeurs ont décidé de faire leur propre cérémonie à l’image des célèbres BET AWARDS, mettant à l’honneur les plus grands rappeurs US et qui sont regardés dans le Monde entier et que des générations entières de petits français ne ratent pour rien au monde. Sans doute est-ce dû à la création des Flammes, mais on constate que de plus en plus d’artistes urbains arrivent à s’imposer dans les cérémonies musicales traditionnelles précitées.

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Face à l’engouement de la précédente édition, la cérémonie des Flammes revient pour un deuxième volet pour le plus grand plaisir des passionnés du rap et autres musiques urbaines. Pour cette nouvelle édition 2024, la cérémonie a voulu faire les choses bien. Permettre au public de choisir son artiste préféré. Pour la catégorie « La Flamme du morceau caribéen ou d’inspiration caribéenne » de l’année plusieurs artistes originaires des Outremers étaient annoncés. On parle de Kalash avec le titre « Doliprane », Kima avec « Toxic », Lé Will & Deuspi avec « Kompa Freestyle », Mathieu White et son titre « Tou sa ki fo », Maurane Voyer et « Zaboka », Meryl pour « Jack Sparrow », Mik L avec « Ambiancé », Nesly et Fanny J pour leur duo « Cordialement », Rachelle Allison feat Jahyanai avec « Trophy » et Ayewai, Dj Kopp & Dj Despy » pour « No wata ».

Il ne manquait plus qu’à faire un choix et pour ce faire, le public avait jusqu’au 25 mars pour voter donc à ce stade, les votes sont clos et à l’issue de ce plébiscite,

Finalement, c’est Kalash, Meryl et Kima, trois artistes originaires de la Martinique qui auront la tâche de porter les couleurs des Antilles-Françaises et plus largement des Outremers. Ils seront donc en compétition vu qu’ils sont dans la même catégorie. La Flamme du morceau caribéen ou d’inspiration caribéenne qui récompense le morceau qui s’inscrit dans le paysage des cultures populaires, mais dont les sonorités puisent leur inspiration dans les courants musicaux issus de l’espace caraïbe. Kalash y est sélectionné avec le morceau « Doliprane », Kima avec « Toxic » et Meryl avec « Jack Sparrow ».

Pour y prétendre, le titre devait répondre à plusieurs critères de sélection et notamment :

  • être sorti au cours de l’année 2023
  • avoir atteint le seuil de 250 000 streams sur Spotify au 31/01/2024
  • être interprétée majoritairement en français ou en créole à base lexicale française.

Ce n’est pas la première fois que Kalash et Meryl concourent aux Flammes puisque pour la première édition, Kalash avait enflammé la scène du théâtre du Châtelet où il a interprété ses plus grands tubes comme « Mada », « Bendo », « Mwaka Moon », « Tombolo » ou encore une version revisitée de « Delbor » avec Daddy Yod. De plus, le chanteur de reggae dancehall martiniquais était nominé dans la catégorie morceau caribéen ou d’inspiration caribéenne de l’année pour son titre « Laptop » en duo avec l’artiste Maureen, avait été récompensé. En ce qui concerne, Meryl, avait sublimé son titre « Jack Sparrow » dans une prestation live remarquable. La chanteuse a interprété le titre de son retour (nouvel album « Ozoror ») en live.

Meryl fait aussi partie des finalistes pour la Flamme de l’artiste féminine aux côtés d’Aya Nakamura et de Nej.

La chanteuse originaire du Lamentin en Martinique, est aussi sélectionnée dans une troisième catégorie, celle de la Flamme de la révélation scénique de l’année qui récompense un jeune artiste qui a su se démarquer par « sa proposition scénique originale, qui a transcendé son œuvre et a donné envie de l’imaginer sur une scène encore plus grande ».

Kalash, Kima et Meryl ne seront pas les seuls martiniquais annoncés aux Flammes Awards 2024. Cette année, Specta, le créateur de contenus sur le web spécialisé dans la musique urbaine sera membre du jury.

Specta

Specta n’en est pas à sa première collaboration avec l’organisation. L’année dernière, le mélomane a été sollicité pour son expertise.

La 2e édition de la cérémonie des cultures urbaines se déroulera le jeudi 25 avril au Théâtre du Châtelet à Paris.