Pour beaucoup, le 8 Mars c’est la journée de la Femme. Cependant, le 8 Mars c’est surtout la journée internationale des Droits de la Femme. Deux termes à différencier pour mieux combattre les stéréotypes et les violences que subissent les femmes à travers le monde et même chez nous. Il est important pour The Link Fwi de le rappeler.
D’ordinaire, quand on dit « 8 mars », dans la pensée collective, notamment celle des hommes, ce jour est synonyme de » journée de la femme ». Ils ont tout faux. Le 8 mars n’est pas la « journée de la femme » mais c’est la journée internationale des Droits de la femme. Il est important de le souligner pour mieux combattre les stéréotypes et les violences que subissent les femmes tant en Guadeloupe, en Outremer que de par le Monde.
On le sait, le combat pour l’égalité entre nos deux sexes ( et même le troisième sexe) est loin d’être terminé. Dans notre pays, les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes. Certaines entreprises rechignent à embaucher des personnes de sexe féminin par peur des congés de maternité et les violences conjugales, intrafamiliales ainsi que les féminicides sont toujours très importants. Ainsi, la date du 8 mars est connue de tous comme la journée qui permet de mettre en lumière les injustices dont sont victimes les femmes, d’autres dates ont par le passé eu des objectifs similaires.
Aux origines de cette manifestation internationale :
Pour la petite histoire, la Journée internationale des droits des femmes (International Women’s Day) est le fruit des luttes féministes menées en Europe et en Amérique entre les années 1910 et 1920. Cette journée unique vise à mettre en avant la lutte pour les droits des femmes, notamment pour la réduction des inégalités avec les hommes. Ce n’est qu’en 1977 que les Nations unies l’ont officialisée, invitant tous les pays du monde à célébrer une journée en faveur des droits des femmes.
Avant que cette date unique ne soit choisie par l’ONU, il en existait plusieurs. On parle du 28 février 1909, aux États-Unis, le Parti socialiste d’Amérique a organisé une « Journée nationale de la femme » (National Woman’s Day). Cette journée a été marquée par des manifestations et des rassemblements pour revendiquer le droit de vote des femmes. Il y a eu également le 19 mars 1911 définie comme première journée internationale suite à la proposition de Clara Zetkin lors de la 2e Conférence internationale des femmes socialistes en 1910, la première Journée internationale des femmes a été célébrée dans plusieurs pays européens, notamment en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse. Cette journée a été choisie en commémoration de la Commune de Paris. Du côté de la Russie, dès les dernières années de l’Empire Russe, une « Journée internationale des ouvrières » est célébrée le 3 mars 1913 puis le 8 mars 1914. Lors du 8 mars 1917 (23 février 1917 selon le calendrier julien en vigueur dans le pays à ce moment-là), qui coïncide avec le début de la révolution russe, des femmes manifestent dans les rues de Petrograd (Saint-Pétersbourg) pour exiger « le pain et la paix ». En 1921, la Russie soviétique devient le premier pays à officialiser cette journée. Le 11 novembre 1972, la Belgique organise une Journée des femmes en Europe en présence de Simone de Beauvoir.
C’est finalement en 1977 que l’ONU officialise le 8 mars comme étant la journée des droits des femmes partout dans le monde, en incitant tous les pays à la célébrer. En ce qui concerne la France, le 8 mars a été officiellement reconnu comme la journée internationale des droits des femmes en 1982, sous l’impulsion d’Yvette Roudy, ministre déléguée aux droits des femmes, et grâce à la mobilisation du mouvement de libération des femmes (MLF).
La Journée internationale des femmes fait ainsi partie des 87 journées internationales reconnues ou introduites par l’ONU. Elle est marquée par des manifestations à travers le monde, offrant l’occasion de faire le point sur la situation des femmes dans la société et de revendiquer plus d’égalité. Traditionnellement, les groupes et associations féministes organisent des mobilisations pour faire avancer leurs revendications, améliorer la condition féminine et célébrer les victoires et avancées obtenues.
Les objectifs de la journée internationale du 8 mars :
Derrière cette manifestation internationale, il y a la volonté de célébrer les réalisations des femmes dans tous les domaines, à sensibiliser aux inégalités persistantes et à promouvoir l’égalité des droits. Les manifestations et les événements organisés à l’occasion du 8 mars sont l’occasion de revendiquer des avancées en matière de droits des femmes, de lutter contre les discriminations et les violences, et de promouvoir l’égalité des sexes.
A l’heure où nous écrivons, les inégalités entre les femmes et les hommes sont les plus historiques et les plus structurelles de nos sociétés. Malgré des avancées ces dernières décennies, le chemin reste long pour atteindre l’égalité. Selon l’ONU, les femmes devront actuellement attendre encore plus de 300 ans avant de connaitre un monde égalitaire (source ONU Femmes) ! Les femmes et les jeunes filles continuent de subir le sexisme, la discrimination, les violences basées sur le genre, l’exclusion sociale et économique.
En effet selon OXFAM : Plus de 60 % des plus pauvres sont des femmes, soit 435 millions de femmes vivant avec moins de 1,9 $ par jour, 47 millions de femmes avaient basculé dans l’extrême pauvreté à cause de la pandémie de Covid19. Selon la Banque Mondiale, dans le monde, 2,4 milliards de femmes en âge de travailler n’ont pas les mêmes opportunités économiques que les hommes. À l’échelle mondiale, le salaire des femmes ne représente que 77 % de celui des hommes. Une femme sur trois soit 736 millions de femmes – a été victime de violences sexistes et sexuelles au cours de sa vie et une femme est tuée par son conjoint ou membre de sa famille toutes les 11 minutes. Toujours selon les Nations Unies, dans le pire des scénarios climatiques, l’insécurité alimentaire devrait toucher jusqu’à 236 millions de femmes et de filles supplémentaires, contre 131 millions d’hommes et de garçons de plus, en raison du changement climatique. Les femmes consacrent environ 2,5 fois plus de temps aux soins non rémunérés et aux travaux domestiques que les hommes.
Même son de cloche pour la France où les inégalités entre les hommes et les femmes sont encore très importantes. Selon les données OXFAM : Les salariées françaises gagnent en moyenne 22,2% de moins que les salariés français. Cet écart est de 14,2% à équivalent temps plein et de 3,8% à poste comparable. 20% des femmes inactives le sont à cause des « obligations familiales », c’est 4 fois plus que la part des hommes inactifs pour ces mêmes raisons. 53% des pauvres en France sont des femmes, soit 4,9 millions de femmes vivant sous le seuil de pauvreté. Deux tiers des personnes ayant recours à l’aide alimentaire sont des femmes.
En matière de violence conjugale, la situation est très préoccupante en France Hexagonale comme dans les territoires d’Outremer. Selon les données fournies par les forces de l’ordre, En France, en 2023, les services de sécurité ont enregistré 271 000 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2022, proche du taux d’évolution annuel moyen constaté depuis 2019 (soit 13 %). 85% d’entre elles sont des femmes. Dans les territoires d’Outremer, la situation n’est pas en reste puisque les femmes sont elles-aussi les premières victimes de ces violences en cellule familiale.
Sans commune mesure, les Outremers sont des zones où les femmes sont parmi les plus exposées aux violences selon les données nationales. L’île de La Réunion figure même au deuxième rang des régions avec le plus de violences faites aux femmes. Avec 14,6 victimes pour 1 000 habitantes, l’île de l’Océan Indien vient juste après le Pas-de-Calais ( 15,6 victimes pour 1000 habs) suivie par le Nord (14,5 ‰) et la Seine-Saint-Denis (13,6 ‰). Attention, elle n’est pas la seule à figurer dans le classement puisque la Guyane (13,1 victimes pour 1 000 habitants), la Guadeloupe ( 12‰) et la Martinique (12,08‰) y sont. . À noter qu’à Mayotte, le taux de victimes enregistrées est le plus bas pour les Outre-mer, avec 6,7 mais aussi à l’échelle nationale.
Notre article complet sur les violences faites aux femmes en 2024 : Les Outremers des territoires de violences conjugales. – The Link Fwi
Comme le souligne Oxfam, le 8 mars n’est donc pas la seule journée de l’année ou il faut complimenter et bien traiter les femmes. Bien au contraire, le combat pour les droits des femmes est un combat de tous les jours, devant impliquer autant les femmes que les hommes.