Les Outremers des territoires de violence avec des homicides toujours plus nombreux.

Dès que l’on évoque les Antilles, la Guyane ou La Réunion, très vite les stéréotype de plage, soleil, farniente, foret tropicale, rivière resurgissent. Pourtant, ces départements éloignés de la mère patrie sont des territoires de violence. Entre les braquages, les violences volontaires, les assassinats et le trafic de stupéfiant, la Guyane, la Guadeloupe, la Martinique et désormais La Réunion, trônent en tête des départements les plus violents de France.

Ah ! Les Outremers et leurs plages, leurs rivières, leurs paysages verdoyants et leurs espèces endémiques qui en font de véritables paradis sur terre. En effet, dès que l’on évoque les Antilles-Françaises, la Guyane ou La Réunion, ce sont les stéréotypes de farniente sur une plage le soleil couchant qui reviennent.

Pourtant, ces territoires éloignés de la Mère Patrie sont des zones de violence où les taux d’homicide, les agressions et les atteintes aux personnes sont plus élevées que dans l’Hexagone. Entre les braquages, les violences volontaires, les assassinats et le trafic de stupéfiant, les Antilles-Guyane et La Réunion trônent en tête des départements les plus violents de France. Disons-le, les Outremers sont des territoires de violence.

De façon générale, dans l’ensemble du territoire national, les chiffres de la violence sont en augmentation notamment ceux concernant les tentatives d’homicide. Selon le rapport national des services de sécurité, 3 584 victimes de tentatives d’homicide, soit une hausse moyenne de 8 % par an depuis 2016. On compte ainsi quatre victimes de tentatives d’homicide pour une victime d’homicide abouti (hors attentats) en 2022. Les tentatives d’homicide sont moins souvent commises dans un cadre intrafamilial que les homicides aboutis (14 % des victimes contre 28 %).

A cette même période, c’est dans les territoires ultramarins que le taux est plus élevé. Le nombre moyen de victimes de tentatives d’homicide enregistrées par an varie de 0,2 à 43,9 pour 100 000 habitants, les taux les plus élevés étant observés dans les départements d’outre-mer, comme pour les homicides aboutis. Enfin, sur la période, environ 2 500 personnes en moyenne ont été mises en cause par an pour tentative d’homicide, soit deux fois plus que pour les homicides aboutis. Ce sont très majoritairement des hommes, encore plus dans le cas des tentatives d’homicide que des homicides aboutis (91 % des mis en cause contre 86 %) ; plus de la moitié a entre 20 et 39 ans, une part équivalente pour les tentatives d’homicide et les homicides aboutis (respectivement 58 % et 56 % des mis en cause). Il y a donc un taux beaucoup trop élevé d’homicides comme de tentatives d’homicide par rapport au nombre d’habitants dans les territoires ultramarins.

Comme le relate le rapport du Service Statistique Ministériel de la Sécurité Intérieure, en 2022, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 3 584 victimes de tentatives d’homicide, soit quatre fois plus que de victimes d’homicides aboutis. De façon significative, depuis 2016, la violence a augmenté en France. le nombre de victimes de tentatives d’homicide a augmenté de 8 % en moyenne par an, passant de 2 259 victimes enregistrées par les services de sécurité en 2016 à 3 584 victimes en 2022 (+59 % sur six). Même constat pour ce qui est du rapport entre le nombre de tentatives d’homicide et le nombre d’homicides (hors attentats) a également évolué : en 2016, on compte trois victimes de tentatives d’homicide enregistrées pour une victime d’homicide, et en 2022, quatre victimes de tentatives d’homicide pour une victime d’homicide.

Pour cette même période, les services de sécurité ont enregistré en moyenne par an 3 650 victimes d’homicides ou tentatives d’homicide : 850 victimes décédées et 2 800 victimes non décédées.

De façon générale, les victimes sont majoritairement des hommes, près de 70 % pour les homicides et de 80 % pour les tentatives. Selon les services de sécurité ces actes sont en général commis hors du cadre familial. Ces parts atteignent respectivement 81 % et 86 % en dehors du cadre familial. C’est l’inverse au sein de la famille, où
plus de 60 % des victimes sont des femmes, 66 % pour les homicides et 62 % pour les tentatives d’homicide. Ces parts sont encore plus élevées si l’on se restreint au cadre conjugal, atteignant respectivement 82 % et 73%.

Les hommes sont deux fois plus victimes d’homicides aboutis que les femmes, et 4 fois plus de tentatives d’homicide, avec des taux de victimes pour 100 000 habitants de 1,8 contre 0,8 et 6,7 contre 1,7 respectivement. De plus, 86% des auteurs d’homicides aboutis et 91% des auteurs de tentatives d’homicides sont des hommes. . Les femmes sont
cependant un peu plus nombreuses quand l’auteur a un lien familial avec sa victime.

De toutes les régions françaises c’est en Outre-mer que la violence est plus marquée, notamment en Guyane-Française, en Guadeloupe, à la Martinique où  les taux d’homicides et de tentatives d’homicide sont vertigineux comparé à ceux des régions hexagonales du moins c’est ce qui ressort du service des statistiques du ministère de l’Intérieur, publié jeudi 25 janvier et comprenant les données de la période 2016-2022.

Les départements d’outre-mer affichent les taux les plus élevés, le maximum étant atteint en Guyane, avec des taux 10 fois supérieurs à la moyenne nationale. La Guadeloupe et la Martinique suivent de très près la région française d’Amérique Latine. Les deux régions caribéennes enregistrent des taux de victimes d’homicide aboutis comme de tentatives d’homicide environ 5 fois supérieurs à la moyenne nationale.

Au regard des chiffres nationaux, les Antilles-Françaises et la Guyane sont là aussi en tête des régions où le taux d’homicides ou de tentatives d’homicide est le plus élevé. Bien entendu, dans les deux cas, c’est la Guyane qui se retrouve en tête du classement avec un taux moyen annuel de victimes pour 100 000 habitants, hors cadre familial, de 10,6 pour les homicides et de 42,4 pour les tentatives d’homicide. En Guadeloupe, il est estimé que le taux moyen de victimes d’ homicides est de 9,4 homicides pour 100 000 habitants alors que pour l’Hexagone, il est de 1,3 et 1,5 pour l’ensemble du territoire national. Tandis que pour la Martinique, le taux moyens de victimes d’homicides est d’environ 6,5 homicides pour 100 000 habitants. Là encore, c’est beaucoup plus élevé que les chiffres hexagonaux.

En ce qui concerne la question les taux départementaux d’homicides et de tentatives d’homicide dans le cadre familial ou hors cadre familial, les Outremers arrivent encore en tête de ce bien triste classement principalement la Guyane.

Le trafic de drogue entrainant régulièrement des règlements de compte est l’une des causes principales de cette augmentation des homicides ou tentatives d’homicides en Guyane comme aux Antilles. Par exemple en Guadeloupe, deuxième territoire avec le plus fort taux de violence et d’homicide, rien qu’en 2023, 36 homicides ont été commis rien que pour l’année 2023 et dix-huit l’étaient par arme à feu. D’ailleurs, pour cette même année, les services de police et de gendarmerie ont saisi pas moins de quatre cent armes à feu en 2023 et pour la grand majorité des détenteurs d’armes illégales sont de plus en plus jeunes, parfois, mineurs. Des armes de plus e plus nombreuses et qui entrent illégalement sur le territoire par le même chemin d’approvisionnement que la drogue.

Des taux d’homicides très élevés en Outremers mais il est important de les identifier :

Parler de la violence en Outremer et définir les territoires ultramarins comme un seul ensemble est malheureusement une grave erreur puisque chaque territoire à un type de violence qui lui est propre. En effet, certains sont plus touchés par les violences conjugales ou intrafamiliales tandis que d’autres sont plus concernés par des règlements de compte ou des rixes liés au trafic de stupéfiant. C’est d’ailleurs, ce qu’avancent dans leur étude sur la question de l’homicide volontaire en Outremer, Aurélien Langlade Keltoume Larche. Les deux chercheurs précisent qu’à travers leur travail de recherche, leur volonté est avant tout d’établir les raisons de cette violence et surtout si les territoires ultramarins étaient réellement plus violents que ceux de l’Hexagone.

Une chose est sure d’un territoire à l’autre, la violence n’est pas la même puisque comme on l’apprend dans l’étude, que le taux d’homicide en Outre-mer varie de 1,4 pour 100 000 habitants pour la Polynésie française à 11,6 pour la Guyane. Au-delà du taux, les caractéristiques de ces crimes divergent complètement : les types d’homicides y sont différents (50 % d’homicides familiaux en Polynésie française contre 27 % en Guyane), le mode opératoire également (58 % d’usage d’arme à feu en Guyane contre aucun en Polynésie), les caractéristiques des victimes (des victimes plus âgées et de sexe féminin en Polynésie qu’en Guyane) et des auteurs (plus de mis en cause de nationalité étrangère et de mis en cause sans emploi en Guyane qu’en Polynésie). Pour ce qui est du mode opération, il est quasi identique entre les Antilles-Françaises et la Guyane. Ainsi que ça soit en Guadeloupe, à la Martinique et en Guyane, c’est l’arme à feu qui est le plus privilégiée pour commettre un crime alors que dans les autres territoires ultramarins, c’est l’arme blanche.

Pour ce qui est du motif, encore une fois, les deux chercheurs notent une différence où aux Antilles comme en Guyane, les homicides les plus fréquents dans ces trois départements sont liés à des altercations (respectivement 37 %, 36 % et 33 %). Le mode opératoire est également un élément qui les rapproche puisque l’utilisation d’une arme à feu y est très fréquente (respectivement 49 %, 67 % et 68 %). En général, en Guadeloupe, Martinique, Guyane, les crimes sont principalement commis sur la voie publique (respectivement 61 %, 73 % et 61 %) et la moyenne d’âge des mis en cause y est quasiment la même (33,4 ans, 32,4 ans et 31,1 ans), et ils sont très majoritairement sans emploi et ont très fréquemment des problèmes judiciaires et des antécédents avec la police et sur ce point les Antilles-Françaises se démarquent de la Guyane où 67 % pour les mis en cause d’homicides commis en Guyane et 85 % des mis en cause pour homicides commis en Martinique et Guadeloupe. Cependant, les auteurs d’homicide en Guyane sont pour beaucoup de nationalité étrangère.

En ce qui concerne, les îles de l’Océan Indien, à savoir l’île de la Réunion et Mayotte, les caractéristiques sont similaires au sens où les agressions se font sur fond d’alcool notamment à la Réunion. Les quasi totalité des altercations sont commises sans armes, respectivement 53 % pour La Réunion et 68 % à Mayotte et souvent sur la voie publique (respectivement 50 % et 79 %). Le profil des victimes d’homicides commis à la Réunion et à Mayotte apparaît également très proche. Très peu de femmes y sont victimes (aucune pour Mayotte), et les mineurs victimes y sont plus nombreux que dans les autres territoires d’Outre-mer (respectivement 17 % et 16 %). Elles sont majoritairement sans emploi et plus d’un tiers d’entre elles ont des antécédents policier. Pour ce qui est des profils des auteurs, dans ces deux territoires, il y a peu de femmes, aucune à Mayotte et peu de mineurs. Mais les violences conjugales sont très nombreuses notamment à La Réunion où entre 2022 et 2023, elles sont en hausse de 17%. En moyenne, douze femmes se rendent au commissariat ou à la gendarmerie chaque jour pour porter plainte. Sur l’île de l’Océan Indien, dix-sept interventions quotidiennes des forces de l’ordre ont lieu pour cause de violences familiales. 

Alors que pour les régions de l’Océan Pacifique, là aussi, les données sont différentes des deux premiers sous ensembles cités. Que ça soit en Nouvelle Calédonie ou en Polynésie Françaises, les crimes ont souvent lieu dans le cadre familial, ( 32 % pour la Nouvelle Calédonie et 50 % et la Polynésie) et évidemment ce sont les femmes qui sont les premières victimes d’homicide, respectivement 18 % pour la Nouvelle-Calédonie et 37 % pour la Polynésie Française et bien souvent ceux qui commettent ces homicides ont peu d’antécédents judiciaires où des problèmes avec la Police pareil pour les victimes.

Des chiffres qui sont évidemment au dessus de la moyenne nationale et donc de l’Hexagone, d’ailleurs le tableau qui suit est un bon indicateur.

Les causes de cette violence :

Lorsque nous évoquons les raisons de cette violence, là n’est pas pour nous de la justifier mais il est important de comprendre, ses causes mais il convient de mettre en corrélation la violence notamment les crimes et homicides et la situation économique des populations de ces régions.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette violence quotidienne, qui faut le dire exaspère les habitants de ces territoires. Le plus important est évidemment la pauvreté, bien plus criante que dans l’Hexagone. D’ailleurs, nul n’est censé ignoré que les Outremers, au-delà de la carte postale sont parmi les régions les plus sinistrées et pauvres au niveau national. Pour les habitants de la Guadeloupe, de la Martinique, de Guyane, de la Réunion et encore plus de Mayotte, la vie est plutôt difficile. Une situation qui s’est aggravée avec la crise Covid-19. Il est même à craindre une augmentation de la pauvreté dans ces territoires. Bien entendu, il convient de définir la pauvreté à notre échelle ultramarine. Celle-ci se définit, pour une personne qui vit dans un logement bien souvent insalubre situé dans des quartiers populaires semblables à des bidonvilles avec un peu plus de 500€ par mois mais selon l’INSEE, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion, la moitié des personnes vivant en logement ordinaire en situation de grande pauvreté ont un niveau de vie inférieur à 700 euros par mois. Alors qu’à La Guyane, le niveau médian des personnes en situation de grande pauvreté est estimé à 470€ par mois soit 1 000 euros de revenu disponible pour un couple avec deux enfants, ce qui équivaudrait pour un couple avec deux enfants à 1 000 euros de revenu disponible.

Toujours selon l’Observatoire des inégalités,  » Toute une partie des habitants Outre-mer vivent dans des conditions parfois proches de celles des pays les plus pauvres du monde alors que la France est l’un des plus riches « , parlant notamment de la situation en Guyane-Française et à Mayotte qui sont les deux régions françaises les plus pauvres.

Selon l’INSEE, la grande pauvreté est 5 à 15 fois plus fréquente dans les départements d’outre-mer (DOM) qu’en France métropolitaine. Elle y est aussi beaucoup plus intense. Dans les quatre DOM historiques (Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion), les familles monoparentales, les personnes sans emploi, les retraités et les ménages dits complexes sont particulièrement touchés. Outre sa dimension monétaire, la caractéristique majeure de la grande pauvreté par rapport à des situations moins aiguës de pauvreté est la fréquence de privations, y compris pour des besoins fondamentaux comme la nourriture ou l’habillement pour 4 à 8 personnes sur 10 en situation de grande pauvreté. De plus, toujours selon l’organisme des statistiques au seuil national, le taux de pauvreté monétaire est 2 à 4 fois plus élevé en outre-mer qu’en France métropolitaine, en lien avec des niveaux de vie plus faibles dans les DOM. On sait aussi qu’en matière de privation, c’est en Outremer qu’elle est le plus criante. En effet, selon l’INSEE la privation matérielle et sociale y est également de 3 à 5 fois plus fréquente que dans l’Hexagone.

Rien qu’en 2017, le pourcentage d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté (60 % du niveau de vie médian en France) est de 34 % pour la Guadeloupe, 33 % pour la Martinique, 53 % pour la Guyane, 42 % pour la Réunion et 77 % pour Mayotte quand ce pourcentage est de 14 pour la France métropolitaine.

Une situation de grande pauvreté dû au chômage, plus répandu que dans l’Hexagone. Selon l’INSEE, 25% des chômeurs des Antilles-Françaises et de l’île de La Réunion sont dans une situation de grande pauvreté alors qu’en Guyane, 43% d’entre eux sont très pauvres.

Une situation de pauvreté qui engendrerait frustration, vulnérabilité et colère et qui rendrait les populations des Antilles comme de la Guyane et même des autres territoires plus en clin à la violence mais surtout à la tentation d’entrer dans des réseaux de trafic de stupéfiants. La forte consommation d’alcool et de drogue mène très souvent à des comportements violents. Disons-le, les Outremers sont des lieux criminogènes et avec l’augmentation de la précarité, il se pourrait que la violence augmente elle aussi. Une violence influencée notamment par les pays limitrophes qui connaissent des troubles intérieurs, on pense notamment à Haïti ou le Venezuela.

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